Forum PAGES 14-18

Bonjour,

Au hasard de pérégrinations sur Internet, j'ai trouvé le texte suivant :

Uniforme des officiers français - Par dépêche 266-0/1 en date du 23 septembre 1914, le ministre de la guerre écrit ce qui suit : "Les témoignages de prisonniers ayant démontré que les officiers français sont facilement reconnus à leur tenue, et qu'ils sont pris comme objectif par les meilleurs tireurs ennemis, le général commandant en chef les armées de l'Est prescrit que les officiers d'infanterie, jusqu'au grade de colonel inclus, porteraient dans les opérations la capote de troupe sans galons, les insignes de grade figurant seulement au képi. J'ai décidé que cette mesure serait généralisée. Vous voudrez bien donner des instructions pour que tout officier (ou adjudant) d'infanterie soit muni d'une capote de troupe par les soins de son dépôt ou du dépôt le plus proche, s'il s'agit d'un officier sans troupe ou d'un officier qui ne peut passer par son dépôt et est muni de pièces justifiant de son envoi aux armées. Les officiers (et adjudants) qui ne désireraient pas bénéficier de cette mesure devront se procurer dans le commerce une capote d'une couleur ou d'un modèle identique. "

1 - Pensez-vous que ce texte soit authentique ?
2 - Des assauts menés par des officiers portant casoar et gants blancs ont-ils eu lieu après sa parution ? (s'il est authentique)
3 - Des officiers portant une tenue aussi voyante ont-il survécu à de tels assauts ?
4 - Dans ce cas, et toujours si le texte est authentique, ont-ils été sanctionnés (par exemple pour mise en danger inconsidérée de la ressource rare que constituaient alors des officiers d'infanterie bien formés) ?

Cordialement.

François Xavier

Bonsoir,
Le texte me semble authentique.
Concernant les saint cyriens, il s'agit de ceux de la promotion sortante qui terminaient leur cycle d'etude et qui rejoindronr directement leur unite au debut des hostilites,Il me semble que l'un des leader de cette proposition etait le sous lieutenant Alarmeus, tous n'ont pas excecute leur premier assaut en cette tenue car tous n'avaient pas fait ce serment. par ailleurs si il est evident que le port du casoar ( shako avec un panache de plumes blanches et rouges) en faisait une cible le reste de l'uniforma pantalon garance et veste bleue foncee ne differait que peut de la tenue classique.cette geste a marque les generations suivante et il me semble que l'une des promotions ulterieure de Saint cyr prit le nom de "serment de 14"
Certes cette attitude "bravache " a ete l'occasion de nombres de tues mais dans le meme temps a eu une utilisation patriotique certaine. de nos jours ou tout est etudie a l'aune de notre societe materialiste ce type d'attitude non "rentable "en terme de "cout efficacite" peut choquer, il n'est pas du tout certain qu'a l'epoque nos anciens aient juge de meme, par ailleurs et meme si effectivement cela parait stupide la demarche avait pour but de "prouver" a leurs hommes qu'un officier qui exigeait eventuellement de ses soldats qu'ils aillent a la mort sans grand espoir appliquait cette exigence a lui meme. Par ailleurs ces officiers fraichement nommes etaient tous tres jeunes et ce type d'action est aussi le "privilege " de cet age avec ce que de nos jours les psy appellent les tendances suicidaires de la jeunesse.
dans le meme registre c'est la jeunesse etudiante allemande qui s'est elancee au coude a coude a l'assaut des troupes alliees a Langemark (et peu d'entre eux survecurent
Dans la serie des actes de ce type au combat un des generaux de Napoleon chargeait nu , un autre ne portait en guis d'arme que sa pipe etc... tous ces actes pouvaient avoir un effet d'entrainement sur leurs suborc donnes
cordialement

Bonjour à tous,
Pour conforter Pierreth, effectivement une promotion de Saint-Cyr (la 150ème, 1963-1965) a pris le nom de "Serment de 1914"
Par ailleurs je vous signale deux articles sur le Saint-Cyrien de 1914 parus dans les n° 256 et 259 (février 2007 pour ce dernier) de la revue Militaria magazine.
Le Musée du Souvenir des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan présente des souvenirs d'Allard Meus et Alain de Fayolle élèves mentionnés le plus souvent dans les récits liés au "serment de 1914".
L'article de Militaria (n° 259) se termine ainsi, l'auteur (Christian BENOIT) écrivant : "...Consulté sur ce point le général HUMBERT affirme : "....après la guerre, je n'ai rencontré aucun de mes 288 camarades survivants sur 456 qui m'ai dit être parti en "caso" et gants blancs."
Cela n'enlève rien, pour autant, me semble t-il à la force symbolique du serment de 1914.
Géraud

Bonjour à tous,

je ne résiste pas au plaisir de retranscrire ce témoignage de Gaston Lavy, soldat au 20 RIT, au sujet de son capitaine, de visite au front :

"Comme c'est la première fois que nous avons sa visite depuis que nous sommes là nous levons la tête surpris. Nous le voyons apparaître sur le plateau vêtu d'une capote de soldat et sans aucun galon [...] Notre brave capitaine explique alors au sergent qu'il s'est transformé en simple soldat pour tromper les observateurs boches, lesquels dit-il ne tirent pas sur un homme de troupe mais pour un officier n'hésitent pas à déclencher un tir. [...] Le capitaine son kodak à la main tire une photo. Il charge une seconde plaque pour aller tirer les autres ouvrages mais apprenant que nous sommes journellement bombardés il change subitement d'idée, rentre son appareil et tout pâle nous quitte aussitôt partant à grandes enjambées. Nous ne l'avons jamais revu ".

Amicalement

Bonsoir,
Je ne suis pas un grand spécialiste (hélas!) de l'histoire de St Cyr mais mes fonctions à l'Association des Amis du Musée du Souvenir des Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan me donnent l'occasion de cotoyer les officiers responsables du musée...et d'apprendre.
Cordialement,
G/CL

bonsoir,
Unpoint me semble par contre a étudier: les officiers en 1914 étaient ils vraiment visés du fait de leur tenue? , la date de la directive du ministere de la guerre est de la deuxieme quinzaine de septembre donc peu de temps apres la victoire de la marne et avant la fin de la "course à la mer" donc durant la phase mobile de la guerre. Durant cette période un grand nombre de tués le furent sans même avoir vu l'enemi du fait de l'artillerie (ce qui ira d'ailleurs en augmentant durant la phase statique) les artilleurs ne pouvaient naturellement pas distinguer les uniformes. il en est de même pour les mitrailleurs , et dans le cas ou les troupoes avancent a leur rencontre , l'exitation du combat, la peur aussi limitent serieusement la precision des tirs d'infanterie, les conceptions d'offensive (y compris chez nos adversaires ) ne donnaient que peu de place a l'utilisation de tireurs d'elite qui pour etre efficaces ont besoin de positions fixes abritées des vues de l'ennemi, les conditions seront plus facilement remplies pendant la guerre des tranchees. Un uniforme plus neutre aurait-il protege plus efficacement les officiers (en admettant qu'ils aient deliberement ete vises?) je n'en suis pas sur car lors de l'offensive a cette epoque les officiers marchent sabre en main (ce qui peut a moyenne distance etre reperable) plusieurs pas en avant de leur section ou compagnie, le role de " serre file" etant devolu a un sous officier ils faisaient donc de toute façons une cible facilement reperable
concernant l'assaut en casoar seule pour ce qui le firent fut effectuee la premiere attaque, la question ne se posait plus pour les promotions suivantes

Bonjour à tous,

je viens de terminer un intéressant ouvrage sur les St-Cyriens justement et que je recommande, intutilé En casoar et gants blancs d'Albert Paluel-Marmont où sont détaillés les combats et décès de certains de ces jeunes officiers.

Amicalement,
Olivier