Re: LA RANCE ― Cargo ― Compagnie générale transatlantique.
Publié : jeu. oct. 09, 2008 2:18 am
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Bonsoir à tous,
■ La perte du cargo La Rance (2 décembre 1917).
● Commandant Émile VEDEL : « Quatre années de guerre sous-marine », éd. Plon-Nourrit, Paris, 1919, p. 276 à 278.
« [...] Le 2 décembre [1917] au matin, le s.s. français Rance, commandé par le capitaine au long-cours Gaillard, se trouvait à 25 milles au Sud de l’île Planier (atterrages de Marseille), lorsque l'officier de quart vit arriver une torpille, qui, suivant sa direction, devait frapper le navire par le travers des machines. Ayant mis immédiatement la barre toute à gauche, il obtint que la Rance fût atteinte beaucoup plus sur l'arrière, ce qui rendit les conséquences de l'explosion un peu moins foudroyantes. La pièce de poupe se trouvant hors de combat, le commandant ordonna d’armer celle de l'avant, mais le sous-marin ne se montra pas tant que le navire ne fut pas évacué.
Etant chargé de fûts vides, la Rance se maintenait à flots, mais s’enfonçait progressivement par l’arrière. Comme l’eau commençait à gagner les machines, le signal d'abandon fut donné, et l’équipage s'affala dans les embarcations. La mer était très grosse, et un canot où vingt-et-un hommes avaient pris place se défonça contre le bord. Ce que voyant, le commandant Gaillard fit immédiatement pousser la dernière baleinière, avec les 13 marins qu’elle portait, afin qu’il ne leur arrivât pas le même accident. C’était se sacrifier volontairement. Il savait d’ailleurs qu’il restait encore, sur la Rance, un officier mécanicien occupé à faire passer à la baleinière de quoi vider l’eau, et le télégraphiste en train de demander du secours. Tous trois disparurent avec le bâtiment, ayant accompli magnifiquement leur devoir.
Prévenu à 11 h. 25 par le S.O.S. de la Rance, le patrouilleur Gabriella arrivait une heure plus tard, surprenant le sous-marin, qui, maintenant qu’il n’y avait plus de danger, achevait sa victime à coup de canon. A peine la Gabriella avait-elle ouvert le feu sur lui qu’il plongeait. Le patrouilleur manœuvra alors pour recueillir les embarcations, opération rendue très difficile par les lames déferlantes.
Quatre hommes dans un youyou furent les premiers sauvés. A 2 heures de l’après-midi, ce fut le tour de la baleinière et des treize marins qu’elle contenait. A 4 heures, on accostait un radeau sur lequel ne se trouvait qu'un seul naufragé, mais qui glisse entre ses planches, au moment où on va le repêcher. En réalité, il venait de mourir d’épuisement. N’en sachant rien, deux hommes de la Gabriella sautent sur le radeau pris à la remorque, et brisent les planches avec une hache pour en retirer celui qui n’est plus qu’un cadavre. Mais l’amarre casse, et il faut exécuter une manœuvre des plus risquées pour rejoindre le radeau parti à la dérive et rembarquer ses occupants. Enfin, à 5 heures du soir, le dernier canot est atteint, celui qui s’était à moitié brisé contre le bord.
Tels étaient les dangers journellement encourus par nos marins de commerce, pour nous ravitailler, et par nos marins de l’État, pour les protéger et les sauver. Oh ! comme j’espère que cette fraternité dans le péril, la plus vraie de toutes, les aura rapprochés à jamais. [...] »
● L’Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 5.681, Mardi 12 févr. 1918, p. 4.
« A L'ORDRE DE L'ARMÉE. ― Sont cités à l'ordre de l'armée :
― GAILLARD, lieutenant de vaisseau auxiliaire : A fait preuve de courage et d'abnégation en refusant d'abandonner son bâtiment torpillé, sachant qu'il ne serait pas le dernier à quitter le bord. Disparu avec son navire.
― AUTRET, 2e mécanicien, Le Havre : Lors du torpillage de son bâtiment, s'est signalé par son courage et son abnégation en restant dans la machine jusqu'à l'ordre d'abandonner ; a concouru à l'organisation du sauvetage. Disparu avec son bâtiment.
― SIMONEAU, quartier-maître T.S.F. : Lors du torpillage de son bâtiment, a fait preuve de courageuse abnégation en continuant à transmettre des signaux pendant l'abandon du navire. Disparu victime de son esprit de devoir. »
― SIMONEAU Eugène Paul, né le 9 juillet 1896 au Mans (Sarthe) et domicilié à Paris, au 21, rue Davy (17e Arr.), mort le 2 décembre 1917, étant « disparu en mer avec le vapeur La Rance (D. M. du 3 décembre 1917) », Quartier-maître électricien T.S.F., Front de mer de Marseille, Matricule n° 100.307 – 2 (Jug. Trib. Bordeaux, 28 oct. 1918, transcrit à Bordeaux, le 6 déc. 1918).
Bonsoir à tous,
■ La perte du cargo La Rance (2 décembre 1917).
● Commandant Émile VEDEL : « Quatre années de guerre sous-marine », éd. Plon-Nourrit, Paris, 1919, p. 276 à 278.
« [...] Le 2 décembre [1917] au matin, le s.s. français Rance, commandé par le capitaine au long-cours Gaillard, se trouvait à 25 milles au Sud de l’île Planier (atterrages de Marseille), lorsque l'officier de quart vit arriver une torpille, qui, suivant sa direction, devait frapper le navire par le travers des machines. Ayant mis immédiatement la barre toute à gauche, il obtint que la Rance fût atteinte beaucoup plus sur l'arrière, ce qui rendit les conséquences de l'explosion un peu moins foudroyantes. La pièce de poupe se trouvant hors de combat, le commandant ordonna d’armer celle de l'avant, mais le sous-marin ne se montra pas tant que le navire ne fut pas évacué.
Etant chargé de fûts vides, la Rance se maintenait à flots, mais s’enfonçait progressivement par l’arrière. Comme l’eau commençait à gagner les machines, le signal d'abandon fut donné, et l’équipage s'affala dans les embarcations. La mer était très grosse, et un canot où vingt-et-un hommes avaient pris place se défonça contre le bord. Ce que voyant, le commandant Gaillard fit immédiatement pousser la dernière baleinière, avec les 13 marins qu’elle portait, afin qu’il ne leur arrivât pas le même accident. C’était se sacrifier volontairement. Il savait d’ailleurs qu’il restait encore, sur la Rance, un officier mécanicien occupé à faire passer à la baleinière de quoi vider l’eau, et le télégraphiste en train de demander du secours. Tous trois disparurent avec le bâtiment, ayant accompli magnifiquement leur devoir.
Prévenu à 11 h. 25 par le S.O.S. de la Rance, le patrouilleur Gabriella arrivait une heure plus tard, surprenant le sous-marin, qui, maintenant qu’il n’y avait plus de danger, achevait sa victime à coup de canon. A peine la Gabriella avait-elle ouvert le feu sur lui qu’il plongeait. Le patrouilleur manœuvra alors pour recueillir les embarcations, opération rendue très difficile par les lames déferlantes.
Quatre hommes dans un youyou furent les premiers sauvés. A 2 heures de l’après-midi, ce fut le tour de la baleinière et des treize marins qu’elle contenait. A 4 heures, on accostait un radeau sur lequel ne se trouvait qu'un seul naufragé, mais qui glisse entre ses planches, au moment où on va le repêcher. En réalité, il venait de mourir d’épuisement. N’en sachant rien, deux hommes de la Gabriella sautent sur le radeau pris à la remorque, et brisent les planches avec une hache pour en retirer celui qui n’est plus qu’un cadavre. Mais l’amarre casse, et il faut exécuter une manœuvre des plus risquées pour rejoindre le radeau parti à la dérive et rembarquer ses occupants. Enfin, à 5 heures du soir, le dernier canot est atteint, celui qui s’était à moitié brisé contre le bord.
Tels étaient les dangers journellement encourus par nos marins de commerce, pour nous ravitailler, et par nos marins de l’État, pour les protéger et les sauver. Oh ! comme j’espère que cette fraternité dans le péril, la plus vraie de toutes, les aura rapprochés à jamais. [...] »
● L’Ouest-Éclair – éd. de Caen –, n° 5.681, Mardi 12 févr. 1918, p. 4.
« A L'ORDRE DE L'ARMÉE. ― Sont cités à l'ordre de l'armée :
― GAILLARD, lieutenant de vaisseau auxiliaire : A fait preuve de courage et d'abnégation en refusant d'abandonner son bâtiment torpillé, sachant qu'il ne serait pas le dernier à quitter le bord. Disparu avec son navire.
― AUTRET, 2e mécanicien, Le Havre : Lors du torpillage de son bâtiment, s'est signalé par son courage et son abnégation en restant dans la machine jusqu'à l'ordre d'abandonner ; a concouru à l'organisation du sauvetage. Disparu avec son bâtiment.
― SIMONEAU, quartier-maître T.S.F. : Lors du torpillage de son bâtiment, a fait preuve de courageuse abnégation en continuant à transmettre des signaux pendant l'abandon du navire. Disparu victime de son esprit de devoir. »
― SIMONEAU Eugène Paul, né le 9 juillet 1896 au Mans (Sarthe) et domicilié à Paris, au 21, rue Davy (17e Arr.), mort le 2 décembre 1917, étant « disparu en mer avec le vapeur La Rance (D. M. du 3 décembre 1917) », Quartier-maître électricien T.S.F., Front de mer de Marseille, Matricule n° 100.307 – 2 (Jug. Trib. Bordeaux, 28 oct. 1918, transcrit à Bordeaux, le 6 déc. 1918).