Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous,

PROVINCIA Navire auxiliaire (1914-1915)

Chantier :

Ateliers & Chantiers de Provence, Port de Bouc.
Commencé : 1902
Mis à flot : 1903
Terminé : 04.1903
En service : 1903 (MM)
En service : 1914 (MN)
Retiré : 03.10.1915 (MN)
Caractéristiques : 3 586 tjb ; 2 245 tjn ; 4 900 tpl ; 1 600 cv ; 96,32 x 13,4 m ; 1 machine alternative ; 11 nœuds ; éventuellement 1 000 hommes en entrepont.
Armement : N. C.

Observations :

Cargo mixte construit à Port de Bouc pour le compte de Compagnie Française de Navigation à Vapeur Cyprien Fabre & Cie.
1903 : mis en service sur la ligne de New-York
1914 : réquisitionné
07.1915 : figure à l’effectif des bâtiments affectés au service du corps expéditionnaire français aux Dardanelles. Il est intégré au groupe des transports de charbon composé de :
Algérie
Bayonnaise
Berthe
Biarritz
Breton
Constance
Jeanne-Marie
Provincia
Saint-Simon
Socoa
01.10.1915 : allant des Dardanelles à Toulon, il est coulé par 35°53N et 020°56E à l'aide de charges de sabordage après avoir été évacué par son équipage. Il revenait à vide de Moudros où il avait transporté du charbon. Il sombre à 50 milles dans le sud de Matapan et l’ouest de la Crète sous l'effet des explosifs posés par l'équipage du sous-marin allemand U-33 (KL Konrad Gansser).

Tout renseignement (photo, etc.) sera le bienvenu, merci par avance.

Cordialement,
Franck

Bonjour Franck, bonjour à tous

PROVINCIA FR 1T (11)
3,523 Cie. Française de Nav. à Vapeur (Cyp. Fabre & Cie.), Marseille 316.0 x 44.0
P/C Chant. & Atel. de Provence, Port de Bouc (4/03) #5
Captured, shelled and scuttled with explosives by U 33, 1 Oct 1915, 50 miles south of Cape Matapan, voy. Mudros - Toulon
Starke Register 1902

Je pense que la date du 1.10 est correcte, cela fait deux sources qui l'indiquent. A revérifier ultérieurement avec le KTB car ma copie commence en Déc.1915. Dommage !
A noter également que deux jours plus tard, U 33 coulait de la même façon et dans les mêmes parages le vapeur Sainte Marguerite de l'armement Daher et le 4, il endommageait avec une torpille le Yunnan qui était remorqué jusqu'à Milos où il était échoué. Le 7, il rencontrait l'Amiral Hamelin (voir ce fil). Ceci pour le seul pavillon français mais durant cette patrouille, U 33 fit de gros ravages dans le secteur, envoyant par le fond plus de 40000 tonnes de navires alliés.
Cdlt
Yves

01 ou 03.10.1915 : allant des Dardanelles à Toulon, est torpillé à 50 milles dans le sud de Matapan et l’ouest de la Crète par le sous-marin allemand U-33 (KL Konrad Gansser).
La date du 01.10 est donnée par A. Spindler, celle du 03.10 par le Lloyd’s.

Bonsoir à tous,

Lu dans La Croix, n° 9992, du Mercredi 6 octobre 1915, p. 7 :

" La guerre sur mer. - Vapeur français torpillé.

Le vapeur Provincia, à la Compagnie Cyprien Fabre, de Marseille, se trouvait dimanche matin dans le sud de la Grèce, à quelque milles de Cérigo. Il se dirigeait vers le Pirée quand, à environ 300 mètres du navire, surgit un sous-marin ennemi. Le commandant Reig essaya de l'éviter, mais sa vitesse, réduite à 10 noeuds à l'heure, l'empêcha de mettre ce projet à exécution.

Le commandant du sous-marin donna l'ordre au Provincia de stopper, lui accordant dix minutes pour mettre les embarcations à la mer. Les quarante hommes qui composaient l'équipage se réfugièrent dans les canots et prirent le large. Le sous-marin lança alors une torpille sur le Provincia, qui ne tarda pas à s'enfoncer dans les flots.

Construit à Port-de-Bouc en 1902, le Provincia mesurait 100 mètres de long sur 12 de large et jaugeait 3523 tonnes. Il était affecté, avant la guerre, à la ligne de l'Amérique du Sud. On croit que le sous-marin était de nationalité autrichienne."

Il semble donc que la Provincia a bel et bien été torpillée le Dimanche 3 octobre 1915 au matin, comme l'indique le Lloyd's.

Bien à vous,

Daniel.

Merci Daniel, cela fait 2 sources contre 2. Il est temps de vérifier le KTB de l'U 33. Je plonge à sa recherche et je reviens sur ce fil dès que j'ai un résultat.
Cdlt
Yves

Par contre selon mes sources, il faisait route de Moudros sur Toulon et pas vers Le Pirée...

Boujour Yves,
Bonjour à tous,

Complément de recherche sur le torpillage de la Provincia :


-- Le Temps, n° 19814 du 6 octobre 1915, p. 2 :

" SUR MER. - Un vapeur français coulé au sud de la Grèce. -

Notre correspondant de Marseille télégraphie que le vapeur Provincia, de la Compagnie Fabre, du port de Marseille, a été coulé en Méditerranée par un sous-marin autrichien. Le vapeur, commandé par le capitaine Reig, se touvait dimanche matin dans le sud de la Grèce, à quelques milles de Cérigo ; il se dirigeait vers le Pirée ; tout à coup, un sous-marin émergea ; le commandant Reig reçut l'ordre de stopper et l'officier du sous-marin lui donna dix minutes pour amener les embarcations et quitter le navire.

Ainsi fut fait, et les quarante hommes de l'équipage prirent le large ; le sous-marin lança alors sa torpille et coula le vapeur. Les canots ayant à bord l'équipage purent arriver sans encombre à Cérigo.

La Provincia, lancée à Port-de-Bouc en 1903, mesurait 100 mètres de long ; elle jaugeait 5500 tonnes."


-- Ouest-Eclair - édition de Caen -, n° 5924, 6 octobre 1915, p. 4 :

" Un paquebot français est torpillé en Méditerranée. -

MARSEILLE, 5 octobre. - Le ministre de la marine a communiqué, ce soir, à la Compagnie Cyprien Fabre, que son vapeur Provincia a été coulé par un sous-marin autrichien, dimanche matin, au large de Cérigo, dans le Sud-Ouest de la côte grecque.

Le sous-marin autrichien apparut et donna l'ordre au Provincia de mettre ses embarcations à la mer. Quarante hommes d'équipage prirent place dans les chaloupes et gagnèrent la côte. Pendant ce temps le sous-marin coula le navire, puis il disparut."

A s'en tenir à ce communiqué officiel, que se borne à reprendre Ouest-Eclair, la date du Dimanche 3 octobre 1915 ne semble faire aucun doute. En revanche, la destination du navire demeure incertaine, faute d'être expressément indiquée dans ce même document.

Bien à vous,

Daniel.

Bonjour à tous

Voila, j'ai sous les yeux un extrait du KTB à la date du 1.10.1915
Eh bien, le doute est levé, le Provincia a été coulé le 1.10 par 35.53N 20.56E à l'aide de charges de sabordage après avoir été évacué par son équipage et il revenait à vide de Moudros où il avait transporté du charbon.
Il n'a donc pas été torpillé (terme encore une fois utilisé improprement) le 3 octobre. Il s'agit vraisemblablement d'une erreur de transmission qui aura été reprise par la presse. Comme quoi il est toujours indispensable de recouper toutes les informations surtout celles des journaux avec les documents officiels.



On notera au passage l'utilisation par U 33 du pavillon autrichien et la protestation du Capitaine Reig auprès du KL Gansser sur ce sujet.
Cordialement
Yves

Bonjour Yves,
Bonjour à tous,

Merci pour la confirmation, l'erreur est corrigée. Je vais finir par ne plus employer le terme "torpillé" tellement il est utilisé à mauvais escient.
D'où l'intérêt du forum
Quant à la protestation du Capitaine Reig que l'on imagine de pure forme, elle n'est pas sans rappeler les changements permanents de pavillon et d'identité des Q-Ships, et, si l'on gratte un peu, qui est dans la plus pure tradition de la marine à voile quelques grosses décennies plus tôt du côté des Caraïbes pour le plus grand profit des monarques européens (pour faire court)...

Amts,
Franck

Bonjour

La fiche du navire est en ligne

http://www.navires-14-18.com/fichiers/P ... U33_V3.pdf

A bientot

Bonjour à tous,


● La Croix, n° 10.001, Samedi 16 octobre 1915, p. 7 en rubrique « La guerre sur mer » :

« Vapeurs français torpillés en Méditerranée.

Le Mossoul, courrier du Levant des Messageries maritimes, a débarqué à Marseille les équipages du Yunnan, du Provincia, dont nous avons signalé le torpillage, ainsi que l'équipage du vapeur Sainte-Marguerite, ce dernier vapeur ayant été torpillé, lui aussi, dans la Méditerranée.
L'équipage de ce dernier n'a pas vu le sous-marin ; les 32 hommes ont pu atteindre la terre. Comme pour le Provincia, le torpillage a eu lieu sans avertissement.
Le paquebot Yunnan a été torpillé sans avis préalable ... [illisible] ... le sauvetage de l'équipage s'est opéré dans le plus grand calme et dans l'ordre le plus parfait. Tous les marins ont été recueillis par un navire de guerre. Quant au paquebot, qui n'avait pas coulé, il a été reconduit en remorque. »


● L’Ouest-Éclair, – éd. de Caen –, n° 5964, Samedi 16 octobre 1915, p. 4 :

« Comment fut torpillé le paquebot français Yunnan

MARSEILLE, 15 octobre. ― Le paquebot Mossoul est arrivé cet après-midi, venant de Salonique et du Pirée. Il avait à bord les équipages des vapeurs Yunnan, Provincia et Sainte-Marguerite, torpillés dernièrement par un sous-marin ennemi dans la mer Égée.
Comme le Provincia, la Sainte-Marguerite, le Yunnan a été torpillé sans avis préalable. Sur les hommes de quart, huit ont été tués et cinq blessés. Le sauvetage de l’équipage s’est opéré dans le plus grand calme et dans l’ordre le plus parfait. Tous les marins ont été recueillis par un navire de guerre. Quant au paquebot qui n’avait pas coulé, il a été reconduit en remorque.
On sait que l’équipage du Provincia avait été recueilli par le transatlantique anglais Olympic et que les marins de la Sainte-Marguerite avaient pu regagner la terre. »
____________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.

Bonjour à tous,

PROVINCIA

Un complément sur la perte de ce navire, qui confirme définitivement la pose de charges explosives, comme signalée par le KTB du sous-marin.

Rapport du capitaine REIG commandant du PROVINCIA

Le 1er Octobre vers 08h00 du matin, le PROVINCIA qui avait quitté Moudros le 29 Septembre se trouvait à 100 milles à l’ouest de Cerigotto (Cythère). Le temps était très beau.

Un coup de canon venant de l’arrière a attiré mon attention. L’obus est tombé à 50 m sur l’arrière, puis un 2e coup, une minute après, est tombé par le travers bâbord.
Le sous-marin naviguait en surface, à bonne vitesse, se dirigeant sur nous. Un 3e obus a atteint la cheminée. Nous filions 8 nœuds et le sous-marin gagnait rapidement sur nous.

Stoppé et appelé l’équipage aux postes de sauvetage. L’équipage a été réparti dans les deux grandes embarcations qui ont été débordées. Le commandant du sous-marin a alors fait signe de se rapprocher et a demandé le capitaine. Je suis monté à bord.
Le sous-marin portait un pavillon autrichien et avait un canon d’environ 80 mm sur l’avant du kiosque.
Le commandant parlait très bien français, ainsi que les deux officiers qui étaient avec lui. Il s’est fait remettre les papiers du bord et s’est servi de l’une de nos embarcations pour envoyer un officier et quelques hommes sur le PROVINCIA. Pendant ce temps, je suis resté à bord du sous-marin.
Ils ont pris les deux chronomètres et le baromètre enregistreur. A leur retour sur le sous-marin, le PROVINCIA a plongé par l’arrière et a disparu vers 10h00, ce qui prouve que les pétards mis à bord avaient fait explosion. Je suis remonté dans l’embarcation et nous avons fait route cap au nord.

Vers 15h30, nous avons été recueillis par le vapeur anglais OLYMPIC, qui transportait plus de 6000 hommes de troupe, et qui nous a ramenés à Moudros.

Signé REIG CLC

Note du Vice Amiral DARTIGE DU FOURNET, commandant l’Escadre Française des Dardanelles, au Ministre
…
J’ai vu moi-même le capitaine du vapeur charbonnier PROVINCIA à son retour à Moudros avec l’OLYMPIC.
Je regrette bien vivement, avec ce capitaine, que la Marine française ne soit pas entrée, comme l’Amirauté anglaise, dans la voie d’armer d’un canon tous les navires de commerce appelés à traverser des parages fréquentés par les sous-marins ennemis, ce qui est le cas pour les navires naviguant dans le bassin oriental de la Méditerranée.

D’après le capitaine du PROVINCIA, s’il avait eu un canon, il eut pu facilement balayer le pont du sous-marin qui était à quelques encablures et sur lequel la majeure partie de l’équipage se trouvait rassemblée. Non seulement il aurait pu faucher l’équipage, mais certainement aussi couler le sous-marin. De tels avertissements rendraient ceux-ci plus circonspects et moins audacieux.

J’ai prié l’amiral de Robeck de transmettre au commandant de l’OLYMPIC mes remerciements chaleureux et je m’associe à la proposition de l’amiral de Bon de lui adresser ceux du Ministre.

Cette récompense sera d’autant plus opportune qu’au cours de l’entretien, l’amiral de Robeck ne m’a pas caché qu’il sera obligé d’infliger une réprimande au commandant de l’OLYMPIC pour avoir stoppé dans un endroit ou se trouvait un sous-marin ennemi et avoir ainsi compromis la sécurité d’un bâtiment de grande valeur et la vie des 6000 hommes de troupe qu’il transportait d’Angleterre à Moudros.

J’ai répondu à mon collègue anglais que ces considérations de discipline intérieure n’étaient pas de mon ressort mais que, pour mon compte, j’appréciais la haute conception que le commandant de l’OLYMPIC avait de ses devoirs d’humanité et de solidarité.

Signé Dartige du Fournet

Voici quelques vues de l’OLYMPIC

qui récupéra les naufragés du PROVINCIA.
J’ignore qui était son commandant à l’époque.

Mais le 12 Mai 1918, alors qu’il se trouvait dans les parages de Lizard avec 5000 soldats américains, l’équipage de l’OLYMPIC, commandé par le capitaine Albert Haddock, aperçut le périscope d’un sous-marin. C’était l’U 103 du KL Claus Rucker.
A peine l’officier britannique eut-il vu le sous-marin qu’il changea de cap et fonça sur lui à 22 nœuds. Surpris, l’Allemand plongea en catastrophe, mais trop tard. Il glissa sous l’étrave du paquebot et fut ouvert comme une boite de conserve par la gigantesque hélice. Il coula avec une dizaine d’hommes.







Conclusion

Vu la position du naufrage, à l'ouest de Cythère, et la provenance, Moudros, on peut affirmer que le PROVINCIA ne se dirigeait pas vers Le Pirée comme l'écrit le journal Le Temps...

Cdlt