Re: EUROPE Quatre-mâts barque
Publié : mer. août 06, 2008 1:38 pm
Bonjour à tous,
EUROPE
Lancé le 17 Mai 1897 aux chantiers Laporte de Rouen pour la compagnie d’Orbigny et Faustin qui possédait déjà une flotte de vapeurs.
Ces armateurs de La Rochelle avaient envisagé la construction de cinq quatre-mâts barques, mais deux seulement virent le jour : EUROPE et ASIE.
Dans la nuit du 14 au 15 Août, le navire se trouvait à quai en rivière, terminant son armement lorsque se produisit en Seine le phénomène du mascaret. Un bollard d’amarrage du quai fut arraché du terre-plein par la violence du flot et le navire s’écarta de la berge. Au jusant, ne retrouvant pas la souille qu’il avait creusé, il se coucha sur tribord et chavira sur le wharf. Ses vergues s’enfoncèrent profondément dans le sol. Le redressement fut long et difficile ; il fallut démâter le navire, puis refaire tout le gréement et la mâture. Mais la coque n’avait subi aucun dommage.
Racheté en 1908 par l’armement Bordes pour lequel il fera neuf voyages du Chili. Auparavant, il avait fait des voyage vers l’Orégon, pour le transport des blés.
Caractéristiques de l’EUROPE
Quatre-mâts barque en acier type 4ba
3590 tpl 2839 txJB 2452 tx JN
Voici le quatre-mâts EUROPE (Source "Cap-Horniers Français" de Brigitte et Yvonnick Le Coat)
La perte de l’EUROPE
En 1917, l’EUROPE effectue un voyage sur l’Australie où il charge 3000 tonnes de blé. Il quitte Sydney le 25 Juin à destination de Pauillac. Il ne possède ni armement, ni TSF.
Capitaine Adolphe NICOLAS CLC né le 11/09/1883 à Brest inscrit à Brest domicilié à Brest
Second Jean SOLM
Il prend la route du cap Horn en contournant la Nouvelle Zélande par le nord. Il franchit l’équateur, en Atlantique, le 24 Août. Le 24 Septembre 1917 il n’est plus qu’à 300 milles des côtes et de sa destination finale.
Récit du capitaine Nicolas
« A 07h00 le 24 Septembre, je venais de quitter la dunette et m’apprêtais à déjeuner, quand le second, qui était de quart, me cria : « -Capitaine ! un sous-marin par tribord ! »
A peine prononçait-il ces paroles que j’entendis le bruit du canon. Montant précipitamment, j’aperçus à environ quatre milles sur tribord arrière un sous-marin en surface, s’avançant à bonne vitesse sur nous, tout en continuant à nous encadrer d’obus. Je fis immédiatement amener les voiles volantes et mettre à la mer les deux embarcations de sauvetage. Chaque homme y embarque aussitôt, muni de sa ceinture de sauvetage. Le tout est effectué sans aucune panique. Me trouvant dans la chambre de veille, un obus vint à éclater à cent mètres dans le sillage. Je rejoignis ma baleinière et, après avoir vérifié que j’étais le dernier à bord, j’embarquai et fis larguer. La baleinière de bâbord, sous les ordres du second, avait déjà quitté le bord.
Le capitaine allemand hissa alors un pavillon blanc et nous fit signe d’accoster le sous-marin. Il nous obligea à emmener sur l’EUROPE une équipe munie de bombes, qui pilla le navire. Cependant, l’officier autorisa les marins français à récupérer la troisième embarcation, les sextants, le chronomètre et des vivres. Puis ils placèrent les charges explosives et, à 10h40, nous évacuâmes à nouveau le voilier.
La première bombe éclata une heure plus tard, mais ne fit guère de dommages. Les autres n’explosant pas, le sous-marin se plaça à 200 m et coula l’EUROPE de dix coups de canons.
Il se dirigea ensuite vers un petit trois-mâts norvégien qui passait, le LOUIS BOSSERT (nota : 605 tx), et le coula également de dix coups de canons.Enfin, il s’éloigna vers l’ouest.
Bien tristement, nous commençâmes notre nouveau voyage dans trois embarcations. Il y avait neuf hommes dans la première baleinière, treize dans la deuxième et huit dans la chaloupe. Nous décidâmes à l’unanimité de gagner la côte bretonne entre Ouessant et Belle Ile. Les jours suivants, une brise fraîche de SW avait succédé au calme. Naviguant tantôt à l’aviron, tantôt à la voile, suivant la force du vent, nous fîmes route à l’est. Les embarcations se perdirent de vue.
Le 28 Septembre, avant le lever du jour, nous aperçûmes les balais du feu d’Ouessant. Nous avions parcouru 300 milles en quatre jours. A la tombée de la nuit, aux approches d’Ar Men, je fus recueilli par l’aviso CASSIOPEE. J’y retrouvai l’équipage de la chaloupe, recueilli une heure trente plus tôt à 27 milles de Penmarc’h.
Nous débarquâmes donc à dix sept à Audierne.
Rentré chez moi, à Brest, je reçus le 1er Octobre des nouvelles de la baleinière du second. Elle avait été récupérée le 30 Septembre à 03h00 du matin par le chalutier armé ETOILE DE L’EST près du phare de la Vieille. Son personnel au complet a été déposé à Brest par ce vapeur. »
Le sous-marin attaquant
C’était le sous-marin UC 63 de l’OL Karsten von HEYDEBRECK.
Ce commandant devait disparaitre avec son sous-marin le 1er Novembre 1917.
Voici un tableau montrant l’attaque de l’EUROPE (détail) sans doute peint par un marin du voilier
et l’abandon du quatre-mâts
(Source: Cap-horniers Français de Brigitte et Yvonnick Le Coat)
Cdlt
Olivier
EUROPE
Lancé le 17 Mai 1897 aux chantiers Laporte de Rouen pour la compagnie d’Orbigny et Faustin qui possédait déjà une flotte de vapeurs.
Ces armateurs de La Rochelle avaient envisagé la construction de cinq quatre-mâts barques, mais deux seulement virent le jour : EUROPE et ASIE.
Dans la nuit du 14 au 15 Août, le navire se trouvait à quai en rivière, terminant son armement lorsque se produisit en Seine le phénomène du mascaret. Un bollard d’amarrage du quai fut arraché du terre-plein par la violence du flot et le navire s’écarta de la berge. Au jusant, ne retrouvant pas la souille qu’il avait creusé, il se coucha sur tribord et chavira sur le wharf. Ses vergues s’enfoncèrent profondément dans le sol. Le redressement fut long et difficile ; il fallut démâter le navire, puis refaire tout le gréement et la mâture. Mais la coque n’avait subi aucun dommage.
Racheté en 1908 par l’armement Bordes pour lequel il fera neuf voyages du Chili. Auparavant, il avait fait des voyage vers l’Orégon, pour le transport des blés.
Caractéristiques de l’EUROPE
Quatre-mâts barque en acier type 4ba
3590 tpl 2839 txJB 2452 tx JN
Voici le quatre-mâts EUROPE (Source "Cap-Horniers Français" de Brigitte et Yvonnick Le Coat)
La perte de l’EUROPE
En 1917, l’EUROPE effectue un voyage sur l’Australie où il charge 3000 tonnes de blé. Il quitte Sydney le 25 Juin à destination de Pauillac. Il ne possède ni armement, ni TSF.
Capitaine Adolphe NICOLAS CLC né le 11/09/1883 à Brest inscrit à Brest domicilié à Brest
Second Jean SOLM
Il prend la route du cap Horn en contournant la Nouvelle Zélande par le nord. Il franchit l’équateur, en Atlantique, le 24 Août. Le 24 Septembre 1917 il n’est plus qu’à 300 milles des côtes et de sa destination finale.
Récit du capitaine Nicolas
« A 07h00 le 24 Septembre, je venais de quitter la dunette et m’apprêtais à déjeuner, quand le second, qui était de quart, me cria : « -Capitaine ! un sous-marin par tribord ! »
A peine prononçait-il ces paroles que j’entendis le bruit du canon. Montant précipitamment, j’aperçus à environ quatre milles sur tribord arrière un sous-marin en surface, s’avançant à bonne vitesse sur nous, tout en continuant à nous encadrer d’obus. Je fis immédiatement amener les voiles volantes et mettre à la mer les deux embarcations de sauvetage. Chaque homme y embarque aussitôt, muni de sa ceinture de sauvetage. Le tout est effectué sans aucune panique. Me trouvant dans la chambre de veille, un obus vint à éclater à cent mètres dans le sillage. Je rejoignis ma baleinière et, après avoir vérifié que j’étais le dernier à bord, j’embarquai et fis larguer. La baleinière de bâbord, sous les ordres du second, avait déjà quitté le bord.
Le capitaine allemand hissa alors un pavillon blanc et nous fit signe d’accoster le sous-marin. Il nous obligea à emmener sur l’EUROPE une équipe munie de bombes, qui pilla le navire. Cependant, l’officier autorisa les marins français à récupérer la troisième embarcation, les sextants, le chronomètre et des vivres. Puis ils placèrent les charges explosives et, à 10h40, nous évacuâmes à nouveau le voilier.
La première bombe éclata une heure plus tard, mais ne fit guère de dommages. Les autres n’explosant pas, le sous-marin se plaça à 200 m et coula l’EUROPE de dix coups de canons.
Il se dirigea ensuite vers un petit trois-mâts norvégien qui passait, le LOUIS BOSSERT (nota : 605 tx), et le coula également de dix coups de canons.Enfin, il s’éloigna vers l’ouest.
Bien tristement, nous commençâmes notre nouveau voyage dans trois embarcations. Il y avait neuf hommes dans la première baleinière, treize dans la deuxième et huit dans la chaloupe. Nous décidâmes à l’unanimité de gagner la côte bretonne entre Ouessant et Belle Ile. Les jours suivants, une brise fraîche de SW avait succédé au calme. Naviguant tantôt à l’aviron, tantôt à la voile, suivant la force du vent, nous fîmes route à l’est. Les embarcations se perdirent de vue.
Le 28 Septembre, avant le lever du jour, nous aperçûmes les balais du feu d’Ouessant. Nous avions parcouru 300 milles en quatre jours. A la tombée de la nuit, aux approches d’Ar Men, je fus recueilli par l’aviso CASSIOPEE. J’y retrouvai l’équipage de la chaloupe, recueilli une heure trente plus tôt à 27 milles de Penmarc’h.
Nous débarquâmes donc à dix sept à Audierne.
Rentré chez moi, à Brest, je reçus le 1er Octobre des nouvelles de la baleinière du second. Elle avait été récupérée le 30 Septembre à 03h00 du matin par le chalutier armé ETOILE DE L’EST près du phare de la Vieille. Son personnel au complet a été déposé à Brest par ce vapeur. »
Le sous-marin attaquant
C’était le sous-marin UC 63 de l’OL Karsten von HEYDEBRECK.
Ce commandant devait disparaitre avec son sous-marin le 1er Novembre 1917.
Voici un tableau montrant l’attaque de l’EUROPE (détail) sans doute peint par un marin du voilier
et l’abandon du quatre-mâts
(Source: Cap-horniers Français de Brigitte et Yvonnick Le Coat)
Cdlt
Olivier