Re,
La division navale de Syrie
Elle est constituée le 15 avril 1916, sous le commandement du C.A. de Spitz, remplacé le 4 mars 1917 par le C.A. Varney avec les bâtiments suivants :
Pothuau, Jaureguiberry, Requin, la 7e escadrille de torpilleurs, la Division de patrouille de Syrie et quelques chalutiers.
Le 4 octobre 1916, le
Pothuau est détaché à Djibouti où il rejoindra le
D'Entrecasteaux et le
D'Estrées. A partir du 27 janvier 1918, la Division navale de Syrie détache à Djeddah, pour la Mission militaire française du Hedjaz, dirigée par le Colonel Brémond, deux petits bâtiments : le
Saint Brieuc et le
El Hadj.
Le
D'Estrées, venant de Méditerranée, avait été désigné en août 1916, pour conduire à Djeddah la mission militaire française, et pour escorter les bâtiments de commerce transportant les pèlerins originaires de l’empire français. Sa mission terminée, il rallia Djibouti fin septembre 1916. Il y trouva une situation confuse provoquée par la déposition à Addis Abbeba du prince héritier éthiopien, Lidj Yassou, qui attendait d’être proclamé empereur et roi, mais dont les sympathies ouvertement musulmanes et pro-turques avaient provoqué une révolte des chefs éthiopiens, et sa destitution. Il s’était réfugié à Diré-Daoua, gare du chemin de fer franco-éthiopien, tandis que le gouverneur de la Côte française des Somalis craignait un coup de force contre Djibouti.
Le 3 octobre 1916, Paris donna l’ordre au "
D'Entrecasteaux", qui était à Oran, de rallier Djibouti, pour y rejoindre le "
Pothuau" et le "
D’Estrées".
Le 2 novembre 1916 le Ras Tafari, futur empereur Haïlé Sélassié 1er, entre à Addis abbeba et condamne l’ex-prince héritier à la détention perpétuelle.
Quelques mois après éclata l’incident qui intéressa la Marine, chargée de contrôler le détroit de Bab el-Mandeb, dont la rive arabe était occupée par les troupes turques du général Saïd Pacha.
Les légations allemande et turque à Addis Abbeba étaient complètement coupée de Berlin et de Constantinople, et le ministre allemand von Syburg décida en mars 1917 d’envoyer l’un de ses conseillers. Arnold Holtz, au Yémen, accompagné d’un sujet autrichien Karmelich, et d’une très importante escorte de mercenaires afars. Il devait retrouver à Hoddeidah la mission militaire allemande et lui remettre son sac de dépêches pour Berlin. Le trajet choisi cheminait à travers le nord de la Côte française des Somalis pour aboutir à Khor Anghar, au nord d’Obock où le boutre d’Henry de Monfreid devait assurer le passage de la mission à travers le Bab el-Mandeb et son débarquement au Yémen. Monfreid, qui avait une épouse allemande, avait été contacté dès le début de la guerre par Berlin, mais il jouait les agents doubles et tenait le gouverneur de Djibouti au courant. Son boutre devait être intercepté par un navire français.
Holtz se rendait parfaitement compte des difficultés qu’il risquerait de rencontrer, aussi décida-t’il de confier ses documents à un émissaire arabe qui, pensait-il, pourrait gagner le Yémen, sans se faire remarquer, et remettrait les documents à la mission militaire allemande auprès du général Saïd Pacha, commandant le 7e Corps d’armée turc. Mais cet émissaire arabe le trahit et livra les documents au gouverneur de Djibouti pour 2 000 thalers de Marie Thérèse. On découvrit parmi ces documents une lettre adressée à Henry de Monfreid, et dans laquelle Holtz lui assurait qu’il le proposerait auprès du gouverneur impérial pour une décoration "méritée par votre patriotisme, et par l’aide que vous m’avez promis", Holtz fut intercepté avec sa troupe à 30 km à l’intérieur du territoire français, et après un combat assez violent, il se rendit, avec Karmelich.
Tous ces événements, et la menace qui pesait sur la Côte française des Somalis, avaient eu pour conséquence la concentration à Djibouti d’une division navale occasionnelle composée du
D'Estrées, du
Pothuau (commandant supérieur - capitaine de vaisseau de la Fournière) et du
D’Entrecasteaux. Après une mission à Massawa et à Djeddah, le
Pothuau accompagné par le
D’Entrecasteaux séjourne à Rabegh jusqu’à la fin de 1916 pour appuyer le débarquement d’un petit détachement français ; le
D’Estrées reste à Djibouti.
Le regroupement de la division occasionnelle se fait à Djibouti en janvier 1917.
Dès le début de 1917, après quelques escortes de convois français entre Madagascar et Djibouti, le
Pothuau, le
D’Estrées et le
D’Entrecasteaux sont mis pour emploi aux ordres du vice-amiral britannique commandant en chef l’escadre des Indes orientales, avec Djibouti comme base. Ils doivent participer à la patrouille franco-britannique basée sur Socotra.
La situation dans l’océan Indien est à cette date troublée par l’apparition d’un corsaire allemand qui sème la panique. Des mines ont été trouvées devant Colombo le 22 février 1917. Le 27 février, le corsaire a capturé et armé le pétrolier britannique
Turitella, à 4 jours de navigation dans l’ouest de Ceylan. Le
Turitella armé en corsaire secondaire est venu mouiller des mines, le 5 mars, à l’entrée d’Aden, où il a été détruit lui-même par une explosion.
A partir du 18 mars, le
D’Entrecasteaux escorte les convois de Madagascar, le
D’Estrées participe à la patrouille de Socotra. Quand au
Pothuau, il est envoyé avec le porte-avions britannique
Raven à la recherche du corsaire dans l’océan Indien. Il quittera Aden le 12 mars, et séjournera à Colombo du 5 au 12 avril.
La base navale de Djibouti (1917-1918)
A l’arrivée du
Pothuau à Djibouti, son commandant, le capitaine de vaisseau de La Fournière, qui est également commandant supérieur, constate que les moyens flottants se résument à un remorqueur de 200 Tx et à 3 petits vapeurs de 10 à 20 Tx. Après quelques discussions avec Paris, il obtient des dragues rudimentaires, et, surtout l’installation d’un poste de TSF de 5 kws. Les moyens de charbonnage et de ravitaillement en eau restent notoirement insuffisants.
Malgré quelques efforts, les élements de défense et de protection n’existent pratiquement pas. Il n’y a en fait, pour défendre ce territoire, qu’une compagne de tirailleurs.
Pendant une partie de l’année 1917, le
Pothuau, le
D’Estrées, et le
D’Entrecasteaux, basés sur Djibouti participent à l’escorte des convois de Madagascar et à la patrouille de Socotra ; la situation dans l’océan Indien s’est améliorée. Le corsaire principal est, de source sûre, rentré en Allemagne, le
Turitella a été détruit le 5 mars. Reste un troisième navire de commerce que le corsaire aurait armé, mais qui ne donne pas signe de vie depuis plusieurs mois. Aussi le
D’Entrecasteaux est autorisé le 22 juillet à rallier Malte pour carénage, et il ne reparaîtra pas en mer Rouge pendant l’année 1917. Il est cependant remplacé par le
Du Chayla à partir du 1er janvier 1918 et jusqu’au 13 mars 1918. Le
Pothuau rejoint Saïgon pour carénage le 6 mai 1917.
Le
D’Estrées continue jusqu’au 11 mai 1918 à assurer la patrouille de Socotra avant de rallier la France pour réparations. Il sera remplacé à Djibouti jusqu’au 11 juillet 1918 par le
Cassard.
Après cette date et jusqu’à l’armistice, la marine française ne participera plus à la croisière de Socotra. La situation dans l’océan Indien était redevenu normale, et il n’était plus nécessaire de former et d’escorter les convois de Madagascar.
Sa seule activité en mer Rouge sera d’assister la mission française du Hedjaz du colonel Brémond, en assurant l’escorte de Suez à Djeddah, avec le
Saint Brieuc et le
El Hadj, des navires transportant les pèlerins de l’empire français.
Voir là :
http://www.stratisc.org/pub_LabrousseMROC_14.html
Cordialement,
Franck