Re: VALENTINE Quatre-mâts
Publié : sam. juin 21, 2008 4:34 pm
Bonjour à tous,
VALENTINE
Quatre-mâts barque en acier lancé en 1901 aux chantiers de Rouen pour l’armement Bordes. (4e du nom) Voilier type ADOLPHE, des chantiers dunkerquois
Caractéristiques
3910 tpl 3120 tx JB 2756 tx JN
Longueur 97,87 m Largeur 13, 52 m Creux 8,28 m
Longueur du gaillard 27 m Longueur de la dunette 21 m
4306 m2 de voilure
Voici le VALENTINE sous voiles

Et à quai (source "Cap-Horniers Français" Brigitte et Yvonnick Le Coat Collection Le Querhic/Blanchet)

VALENTINE resta toujours sous le pavillon de la maison Bordes. En 1903, il effectua la plus rapide traversée d’Europe au Chili jamais réalisée par cette compagnie, reliant l’ile de Wight à Iquique en 56 jours. Ce record ne fut jamais égalé par d’autres grands voiliers.
La plupart des navires Bordes n’étaient pas armés à Nantes, mais plutôt à Dunkerque.
La perte du VALENTINE
Parti fin Septembre 1914 de Port Talbot avec une cargaison de charbon pour Iquique, Valentine était presque arrivé à destination lorsqu’il fut arraisonné, le 3 Novembre, par le croiseur LEIPZIG appartenant à l’escadre du Pacifique de l’amiral von Spee. C’était au lendemain de la bataille de Coronel. Après Coronel, le LEIPZIG n’était pas rentré à Valparaiso et avait repris la chasse aux navires de commerce.
Le capitaine du VALENTINE est Félix GUILLOU né le 22/06/1877 à Plounez et inscrit à Paimpol. Le second est Pierre Hervi. Voici le rapport du capitaine Guillou.
« Nous avons croisé un convoi de deux vapeurs escortés d’un navire de guerre naviguant tous feux masqués. Ce dernier allume un projecteur, montre ses feux de route et, évoluant dans nos eaux, cherche à lire notre nom. Vers 09h00, au moyen d’un coup de sirène suivi d’un coup de canon, il nous somme de stopper. Obéissant immédiatement à cette injonction, nous avons mis en panne à l’aide des deux bordées. Il nous a ensuite pris en remorque jusqu’à la baie NW de Mas a Fuera (nota : dans l’ile San Ambrosio, petit ilôt perdu du Pacifique sud, appartenant au Chili et situé à environ 400 milles dans l’ouest de Taltal.)
Les Allemands ont proposé aux marins français, contre rémunération, d’aider au déchargement du charbon et de dégréer le voilier. Ceux-ci ont refusé.
Le 7 Novembre vers 05h00 du matin un officier du LEIPZIG est venu nous communiquer la décision de l’Amiral allemand. Les provisions du navire sont réquisitionnées pour les divers navires sur rade ; après déchargement, le voilier sera coulé. Si nous refusons d’exécuter les ordres concernant le démâtage, nous ne serons pas reconduits à terre. J’ai réuni l’équipage et dressé un procès-verbal par lequel, étant Français, nous refusons toute aide , quoi qu’il advienne, pour faciliter le déchargement du charbon.
Le navire a été pillé. Deux chronomètres et quatorze cartes marines ont été données à un officier du cuirassé SCHARNHORST.
Le 16 Novembre, trois essais sont faits au moyen d’explosifs pour démâter le VALENTINE. Mais c’est seulement le 17 qu’ils ont réussi à faire tomber le mât de misaine.
Ce même jour dans la matinée, par ordre du commandant du croiseur PRINZ EITEL FRIEDRICH, nous avons transporté nos bagages sur le vapeur SACRAMENTO. Dans l’après-midi, on nous a conduit sur ce vapeur avec promesse d’être déposés sur la terre ferme.
Le 18 Novembre 1914, quitté Mas a Fuera vers midi. Il ne restait plus de VALENTINE que la coque et le mât d’artimon.
Mouillé sur rade de Valparaiso le 20 Novembre vers 17h30. »
Cet arraisonnement du VALENTINE sera à l’origine d’un incident diplomatique entre le Chili et l’Allemagne. Il est relaté dans le journal « Le Phare de la Loire » du 23 Novembre 1914.
« Santiago du Chili. Un vapeur est arrivé à Valparaiso sous pavillon américain et portant le nom de SACRAMENTO.
Le capitaine a déclaré qu’un vaisseau de guerre allemand l’avait capturé en haute mer, amené à l’ile Juan Fernandez (nota : San Ambrosio) et obligé à livrer ses provisions et 6000 tonnes de charbon.
Les autorités chiliennes ont ouvert une enquête pour établir les responsabilités. Elles ont découvert qu’elles se trouvaient face à une véritable violation de leur neutralité.
Voici ce qui s’est passé en réalité :
Le vapeur SACRAMENTO, immatriculé à San Francisco, Californie, est arrivé à Valparaiso avec 32 matelots du trois-mâts français VALENTINE (nota : en réalité quatre-mâts, mais le journaliste n’est pas à un mât près) et deux matelots chinois sauvés du TITANIA (nota : peut-être un navire anglais qui avait sombré le 24 Août 1914 au NE de Nouméa, mais sans certitude)
Ces deux navires avaient été coulés dans le Pacifique par les vaisseaux de guerre allemands.
En fait, le capitaine du SACRAMENTO a vendu sa cargaison de charbon et ses provisions aux navires SCHARNHORST, GNEISENAU et NÜRNBERG, qui avaient récemment quitté Valparaiso.
Le transbordement de la cargaison sur les navires allemands s’est effectué aux iles Juan Fernandez. C’est une violation de la neutralité du Chili sous couvert de pavillon américain. Le SACRAMENTO a été conduit au port par des marins allemands et les autorités chiliennes leur ont notifié qu’ils ne pourraient s’en éloigner jusqu’à la fin de la guerre ».
source : Mémoire des marins des voiliers de l'armement Bordes par Brigitte et Yvonnick Le Coat.
Cdlt
Olivier
VALENTINE
Quatre-mâts barque en acier lancé en 1901 aux chantiers de Rouen pour l’armement Bordes. (4e du nom) Voilier type ADOLPHE, des chantiers dunkerquois
Caractéristiques
3910 tpl 3120 tx JB 2756 tx JN
Longueur 97,87 m Largeur 13, 52 m Creux 8,28 m
Longueur du gaillard 27 m Longueur de la dunette 21 m
4306 m2 de voilure
Voici le VALENTINE sous voiles

Et à quai (source "Cap-Horniers Français" Brigitte et Yvonnick Le Coat Collection Le Querhic/Blanchet)

VALENTINE resta toujours sous le pavillon de la maison Bordes. En 1903, il effectua la plus rapide traversée d’Europe au Chili jamais réalisée par cette compagnie, reliant l’ile de Wight à Iquique en 56 jours. Ce record ne fut jamais égalé par d’autres grands voiliers.
La plupart des navires Bordes n’étaient pas armés à Nantes, mais plutôt à Dunkerque.
La perte du VALENTINE
Parti fin Septembre 1914 de Port Talbot avec une cargaison de charbon pour Iquique, Valentine était presque arrivé à destination lorsqu’il fut arraisonné, le 3 Novembre, par le croiseur LEIPZIG appartenant à l’escadre du Pacifique de l’amiral von Spee. C’était au lendemain de la bataille de Coronel. Après Coronel, le LEIPZIG n’était pas rentré à Valparaiso et avait repris la chasse aux navires de commerce.
Le capitaine du VALENTINE est Félix GUILLOU né le 22/06/1877 à Plounez et inscrit à Paimpol. Le second est Pierre Hervi. Voici le rapport du capitaine Guillou.
« Nous avons croisé un convoi de deux vapeurs escortés d’un navire de guerre naviguant tous feux masqués. Ce dernier allume un projecteur, montre ses feux de route et, évoluant dans nos eaux, cherche à lire notre nom. Vers 09h00, au moyen d’un coup de sirène suivi d’un coup de canon, il nous somme de stopper. Obéissant immédiatement à cette injonction, nous avons mis en panne à l’aide des deux bordées. Il nous a ensuite pris en remorque jusqu’à la baie NW de Mas a Fuera (nota : dans l’ile San Ambrosio, petit ilôt perdu du Pacifique sud, appartenant au Chili et situé à environ 400 milles dans l’ouest de Taltal.)
Les Allemands ont proposé aux marins français, contre rémunération, d’aider au déchargement du charbon et de dégréer le voilier. Ceux-ci ont refusé.
Le 7 Novembre vers 05h00 du matin un officier du LEIPZIG est venu nous communiquer la décision de l’Amiral allemand. Les provisions du navire sont réquisitionnées pour les divers navires sur rade ; après déchargement, le voilier sera coulé. Si nous refusons d’exécuter les ordres concernant le démâtage, nous ne serons pas reconduits à terre. J’ai réuni l’équipage et dressé un procès-verbal par lequel, étant Français, nous refusons toute aide , quoi qu’il advienne, pour faciliter le déchargement du charbon.
Le navire a été pillé. Deux chronomètres et quatorze cartes marines ont été données à un officier du cuirassé SCHARNHORST.
Le 16 Novembre, trois essais sont faits au moyen d’explosifs pour démâter le VALENTINE. Mais c’est seulement le 17 qu’ils ont réussi à faire tomber le mât de misaine.
Ce même jour dans la matinée, par ordre du commandant du croiseur PRINZ EITEL FRIEDRICH, nous avons transporté nos bagages sur le vapeur SACRAMENTO. Dans l’après-midi, on nous a conduit sur ce vapeur avec promesse d’être déposés sur la terre ferme.
Le 18 Novembre 1914, quitté Mas a Fuera vers midi. Il ne restait plus de VALENTINE que la coque et le mât d’artimon.
Mouillé sur rade de Valparaiso le 20 Novembre vers 17h30. »
Cet arraisonnement du VALENTINE sera à l’origine d’un incident diplomatique entre le Chili et l’Allemagne. Il est relaté dans le journal « Le Phare de la Loire » du 23 Novembre 1914.
« Santiago du Chili. Un vapeur est arrivé à Valparaiso sous pavillon américain et portant le nom de SACRAMENTO.
Le capitaine a déclaré qu’un vaisseau de guerre allemand l’avait capturé en haute mer, amené à l’ile Juan Fernandez (nota : San Ambrosio) et obligé à livrer ses provisions et 6000 tonnes de charbon.
Les autorités chiliennes ont ouvert une enquête pour établir les responsabilités. Elles ont découvert qu’elles se trouvaient face à une véritable violation de leur neutralité.
Voici ce qui s’est passé en réalité :
Le vapeur SACRAMENTO, immatriculé à San Francisco, Californie, est arrivé à Valparaiso avec 32 matelots du trois-mâts français VALENTINE (nota : en réalité quatre-mâts, mais le journaliste n’est pas à un mât près) et deux matelots chinois sauvés du TITANIA (nota : peut-être un navire anglais qui avait sombré le 24 Août 1914 au NE de Nouméa, mais sans certitude)
Ces deux navires avaient été coulés dans le Pacifique par les vaisseaux de guerre allemands.
En fait, le capitaine du SACRAMENTO a vendu sa cargaison de charbon et ses provisions aux navires SCHARNHORST, GNEISENAU et NÜRNBERG, qui avaient récemment quitté Valparaiso.
Le transbordement de la cargaison sur les navires allemands s’est effectué aux iles Juan Fernandez. C’est une violation de la neutralité du Chili sous couvert de pavillon américain. Le SACRAMENTO a été conduit au port par des marins allemands et les autorités chiliennes leur ont notifié qu’ils ne pourraient s’en éloigner jusqu’à la fin de la guerre ».
source : Mémoire des marins des voiliers de l'armement Bordes par Brigitte et Yvonnick Le Coat.
Cdlt
Olivier