ASNIERES Quatre-mâts barque

olivier 12
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quatre-mâts barque ASNIERES

Lancé le 7 Juin 1902 aux forges et chantiers de la Méditerranée, au Havre (Graville) pour le compte de la Société Anonyme des Long-courriers Français dont ce fut le sixième et dernier navire.
Identique au CHAMPIGNY lancé quelques mois plus tôt.

Les autres voiliers de la compagnie étaient les trois-mâts VINCENNES, VERSAILLES, NEUILLY et JOINVILLE.

Caractéristiques de l’ASNIERES

Longueur 95 m Largeur 13,74 m Creux 7,28 m Tirant d’eau 6,50 m
3850 tpl 3230 tx JB 2715 tx JN

Pris au chantier par le capitaine Touzé, qui le quitta en 1912 pour prendre sa retraite.

Racheté par la Société Générale d’Armement de Nantes lors de la guerre de 14.

Extrait du rôle

Quatre-mâts barque ASNIERES immatriculé à Nantes n° 257
Armé administrativement le 4 Avril 1916 (au cabotage) à Nantes. Destination Cardiff.
L’équipage a embarqué à Falmouth le 14 Mars 1916

Capitaine Charles GROBERT CLC né le 8 Octobre 1880 à Versailles Inscrit à Toulon
Second Pierre LEROY Maitre au cabotage né le 22 Février 1884 à Saint Briac Inscrit à Saint Malo
(Officiers du voyage précédent; voir ci-dessous pour l'état-major au moment de la capture)

« Le quatre-mâts ASNIERES a été capturé et coulé le 2 Janvier 1917 par un corsaire allemand par 03°16 N et 29°10 W.
L’équipage est resté prisonnier à bord du corsaire du 2 au 12 Janvier 1917. Embarqué le 12 sur le vapeur japonais HUDSON MARU. Débarqué le 15 Janvier à Pernambouc. Parti pour Bahia-Blanca et embarqué sur le SEQUANA le 22 Janvier . Arrivé à Bordeaux le 13 Février 1917.
L’équipage a sauvé tous ses effets. Les papiers du bord ont été confisqués par le commandant du corsaire allemand. »

Comme pour le NANTES capturé quelques jours plus tôt, le corsaire était le MOEWE.

Dans son ouvrage sur les derniers grands voiliers, le capitaine Lacroix signale que l’ASNIERES était chargé de 4300 tx de blé et qu’il effectuait une traversée Bahia-Blanca / Bordeaux.


Voici une photo de l'ASNIERES dans le bassin du Commerce à Cherbourg.

Image

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Olivier
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Terraillon Marc
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

Dans l'ouvrage de RANDIER, il est indiqué :

ASNIERES
4 mats barque
type Champigny
Jauge brute : 3103
Construit en 1902
Au Havre - Forges et chantiers de la Méditerranée

Compagnie des Long-courriers français

Coulé en Atlantique par Moewe en janvier 1917

A bientot



Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
olivier 12
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Il va falloir que je consulte à nouveau le rôle de désarmement de l'ASNIERES. Il semblerait que les officiers n'étaient ni Charles Grobert, ni Pierre Leroy, en fait débarqués en 1916.
Au moment du naufrage, le capitaine aurait été Ernest Ybert. Lui et tout son équipage venaient du quatre-mâts VILLE DU HAVRE qui avait été coulé le 7 Mars 1916.
Ils s'en sortaient sans mal pour la seconde fois.

Cdlt

Olivier
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonsoir à tous,

Voici l'état-major de l'ASNIERES au moment de la capture

Capitaine Ernest YBERT CLC né le 20 Juillet 1881 à Regnéville Inscrit à Granville domicilié à Bréhal

Second Joseph ROUVRAIS cap. cabotage né le 20 Mai 1874 à Saint Briac Inscrit à Saint Malo domicilié à Saint Lunaire

Lieutenant Célestin LELIEVRE LLC né le 15 Mai 1880 à Perrier Inscrit à Granville domicilié à Coutances.

cdlt

Olivier
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edithybert
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par edithybert »

Bonjour à tous,
Le rôle d'équipage de l'Asnières comporte bien le nom du capitaine Grobert en entête. Mais, il signale que le capitaine Ernest Ybert, né à Regnéville, dans la Manche, domicilié à Bréhal, a embarqué à Falmouth le 14 mars 1916. C'est lui qui commandait le navire lors de sa capture le 2 janvier 1917. Ernest Ybert a laissé des mémoires très précis sur sa vie de marin et a aussi envoyé des rapports de mer à sa compagnie pour la perte des quatre-mâts Ville du Havre et Asnières. je peux en transemttre une copie.
Edith Ybert
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olivier 12
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, Bonjour Edith Ybert,

Merci pour ces renseignements précis sur le capitaine Ybert, sans doute un de vos aïeux.
Les rôles et les archives sont souvent difficiles à déchiffrer et cela conduit parfois à donner des noms incorrects.
Essayant de reconstituer l'histoire des grands voiliers coulés pendant la guerre de 14-18, je serais bien sûr très intéressé par tout ce qu'à pu écrire le capitaine Ybert sur sa vie de marin et sur les affaires du VILLE DU HAVRE et de l'ASNIERES.
(Vous pouvez me contacter par message privé)

Cdlt
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Grâce à Edith Ybert, voici une transcription du rapport de mer de son aïeul relatant la capture de l'ASNIERES. On peut rapprocher ce rapport de celui du capitaine Carmené, du NANTES.



RAPPORT DE MER
du Capitaine au Long-Cours E. YBERT, Commandant le Quatre Mâts "ASNIERES".

___________
Je soussigné E. YBERT, Capitaine au Long-Cours, Commandant le quatre-mâts "ASNIERES du port de Nantes, jaugeant 2715 tonnes, appartenant à la Société Générale d'Armement monté par 29 hommes d'équipage tout compris, déclare avoir quitté le port de BAHIA-BLANCA, le 29 Novembre 1916, avec un chargement de 4033 tonnes de blé, pour le Ministre du commerce de France, à destination de Pauillac. Le navire étant en parfait état de navigabilité.

Quitté le mouillage de la rade de BAHIA-BLANCA à 11 heures en remorque, pilote à bord. Débarqué le pilote à 11 heures du soir dans le travers du bateau feu et mouillé, les vents étant contraires dans l'Est du bateau-feu. Le 30 à 5 heures du matin appareillé avec jolie brise du Sud, fait route à l'Est ¼ Sud Est. Les jours suivants, fait route à l'Est avec des vents variables du Nord, temps bouché et pluie.

Le 12 Décembre par 40° Sud et 40° Ouest, les vents ayant halé l'Ouest, fait route au N.N.E. Coupé 30° Sud par 32° Ouest pris les alizés de Sud Est par environ 27° Sud. Ces vents d'abord E.N.E. halent l'Est à mesure que l'on remonte au Nord. Coupé l'Equateur le 31 Décembre par 28°Ouest ; petites brises du Sud-Est. Passé à 25 milles dans l'Est de l'île Saint Paul. Le 2 Janvier 1917 à 9 heures du matin, temps clair, aperçu à l'horizon, un vapeur nous coupant la route. Je n'ai porté à ce vapeur que l'attention ordinaire. Comme nos deux routes se coupaient le vapeur se rapprochait rapidement. Je ne mis aucun signal, ne me souciant pas de faire connaître ma position. Le vapeur vient à toucher l'arrière du navire de façon à lire le nom, puis aussitôt, hissa le pavillon de guerre allemand et le signal M.N. qui veut dire : "Stoppez immédiatement". Je dus obéir et mettre en panne. Le corsaire allemand, qui ne portait d'ailleurs aucun nom, débarqua une embarcation qui m'accosta avec un officier et 12 hommes armés. L'officier en arrivant me demanda d'où je venais, de quoi j'étais chargé et ma destination. Je lui dis que je venais de BAHIA-BLANCA avec un chargement de blé et à destination de PAUILLAC. "Votre navire est de bonne prise, me dit-il, nous allons le couler ; dites à vos hommes d'emporter tout ce qui leur appartient, nous allons les transborder à notre bord". L'officier vint avec moi dans le salon où je dus lui remettre les papiers du navire. Pendant ce temps, une deuxième embarcation arriva avec une seconde équipe de matelots allemands. Aussitôt tous commencèrent d'enlever la farine, les conserves, l'argenterie, instruments, cartes, enfin, enfin, tout ce qui appartenait au navire et pouvait s'enlever.

Aussitôt prêts, les hommes de l'équipage furent transbordés à bord de l'allemand avec leurs effets. Les officiers partirent par l'avant dernière embarcation et ayant manifesté le désir de rester à bord jusqu'au dernier moment, je vis placer une bombe le long du galhauban de cacatois de tribord de misaine et l’autre le long du galhauban du grand mât avant, à tribord également. A ce moment, j'embarquai en dernier avec l'officier qui venait d'allumer les bombes. L'embarcation poussa aussitôt, s'éloigna dans la direction du corsaire, 5 minutes après on entendit deux explosions, je vis le blé remonter à la surface. Le navire commença à piquer un peu de l'avant, l'embarcation accosta le long du corsaire. Je montai à bord, l'on me conduisit aussitôt au commandant. Ce dernier me dit : "Je regrette d'être obligé de couler un si beau navire, c'est la guerre. Je vais vous garder quelques jours prisonniers et vous enverrai par un neutre, aussitôt que l'occasion se présentera.

Il fait un peu chaud dans le logement où l'on va vous mettre, mais je fais monter les prisonniers le plus souvent possible sur le pont." Je fus reconduit par un officier sur le pont, là, je vis l'ASNIERES s'enfoncer peu à eu par l'avant, l'arrière sortir hors de l'eau, on entendit une explosion, les mâts de perroquets tombèrent les uns après les autres et tout disparut. Position à ce moment : Latitude : 3°16 Nord, Longitude 29°10 Ouest.

Je fus ensuite enfermé avec les autres prisonniers et nous sommes restés sur le corsaire allemand jusqu'au 12 Janvier, jour où les prisonniers ont été transbordés sur un vapeur japonais pour être débarqué à Pernambouc le 16.
Avant le transbordement, l'on a fait signer à tous les membres de l'équipage de l'ASNIERES, l'engagement de ne pas porter les armes contre l'Allemagne ou ses Alliés pendant la durée de la présente guerre.


Bordeaux le 13 Février 1917.
Signé :

E. YBERT
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un complément sur le naufrage de l'ASNIERES.

Le capitaine Ybert donne, dans ses mémoires, l'explication sur l'origine des clichés pris lors du naufrage du trois-mâts NANTES, coulé par le MOEWE alors qu'il se trouvait prisonnier à bord.

"L’origine de ces photos était assez curieuse. Le Moëwe avait capturé au début de sa croisière le vapeur anglais Saint-Théodore chargé de 700 tonnes de charbon, allant de Newport News à Gênes. Comme sur tous les vapeurs anglais, l’état-major était anglais et l’équipage composé de neutres. Parmi ces derniers, il y avait un jeune Américain qui, ayant terminé ses humanités, était embarqué pour avoir des émotions. Il y avait réussi puisque huit jours après le départ, le navire avait été capturé par le corsaire. L’état major avait été transbordé sur le Moëwe et l’équipage neutre laissé à bord. Quatre officiers allemands dont deux pour le pont et deux pour la machine avaient pris charge du navire. Les deux navires descendaient au sud. Quelques jours après, lorsque le Nantes fut arraisonné, le Saint-Théodore stoppa près du Moëwe pendant que l’on pillait le Nantes. Les deux officiers de la machine allèrent rejoindre les deux officiers du pont sur la passerelle pour voir le Nantes en train de couler. Mon jeune Américain qui avait dissimulé son Kodak en profita pour prendre une photo du corsaire et plusieurs du Nantes en train de couler. Deux jours plus tard, le Saint-Théodore ayant été armé de canons, un équipage de matelots allemands vint à bord et les neutres vinrent à bord du corsaire. Le Saint-Théodore devint pirate à son tour. Les neutres jouissaient à bord d’une plus grande liberté que les autres prisonniers. Ils restaient sur le pont toute la journée et ne descendaient dans le faux- pont qu’au moment des alertes. Le jeune Américain proposa au capitaine du Nantes de lui vendre ses clichés pour cent dollars. Carmené lui dit qu’il verrait plus tard. Lorsque je fus à bord à mon tour, Carmené me raconta la chose et me proposa l’affaire par moitié. Toujours prudent, je lui dis qu’il n’y avait peut-être rien dans le Kodak et nous ne fîmes pas l’affaire. En arrivant à Pernambouc, mon jeune Américain s’empressa de faire développer ses photos et vendit 5 francs chaque photo. Nous en achetâmes plusieurs, ce qui nous permit d’en donner à ceux qui recherchaient le corsaire. La presse avait signalé le fait de la photo prise par le jeune Américain et, avant notre départ, il reçut un câble de New York lui offrant cinq mille dollars pour l’exclusivité du cliché . Il était trop tard. Mon bon ami Carmené me reprocha naturellement ma prudence. Je lui dis :
« Bah, nous aurions aussi vendu des photos ! »
A l’escale de Dakar, je remis une photo du corsaire au commandant d’un croiseur français en train de charbonner et qui faisait partie de la division qui recherchait le corsaire. Je lui donnai aussi des renseignements sur la façon dont le Moëwe se camouflait. Le commandant me remercia chaleureusement. "

On constate tout de même que les Américains avaient plus le sens des affaires que les Français.... :)

Les photos en questions figurent à la fiche NANTES

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Memgam
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par Memgam »

Pour en savoir plus sur le capitaine E. Ybert, voir le sujet Ville du Havre
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olivier 12
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Re: ASNIERES Quatre-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un petit complément avec les renseignements donnés sur le MOËWE par le capitaine Ybert :

- Le corsaire est parti de Kiel avant le 4 Décembre 1916 avec un effectif de 250 hommes. Au premier Janvier il en restait 220, 30 ayant armé le vapeur capturé YARROWDALE pour conduire à Kiel 440 marins provenant de diverses prises.

- Le commandant est un homme d'environ 40 ans, brun, bien pris, avec des yeux bruns, une moustache et un bouc. Sa signature semble être IUNG.

- Le second est un jeune homme de 24 ans, rasé, portant la Croix de Fer. Il m'a dit que c'est lui qui avait conduit l'APAM à New York après sa capture en Février 1916. C'est donc bien le MOËWE qui a pris l'ASNIERES, car on sait que l'APAM avait été pris par lui.

- Autres captures en Janvier 17
. 5 Janvier HUDSON MARU
. 7 Janvier RADNORSHIRE (Santos-Londres)
. 9 Janvier MINIEH

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