Re: Vendredi 13 - Malchance pour les U-boat
Publié : jeu. mai 15, 2008 10:31 pm
Bonjour à toutes et à tous,
J'essaie de m'lancer quoi !
Histoire relatée par Lowel Thomas dans son livre "Les corsaires sous-marins" Payot 1930
d'après les souvenirs du commandant von Spiegel - U.32
"j'avais assez l'expérience de la mer pour savoir qu'un vendredi 13 porte malheur, en général.
Peut-être que vous, terrien, n'y croyez pas. Allez à la mer et vous en serez convaincu.
"Nous sommes en 1915, au mois de janvier, le 13, et un vendredi! Les autorités maritimes auraient pu s'en apercevoir, mais les amiraux d'alors ne faisaient guère attention aux idées et aux préférences des marins.
"Trois sous-marins sortent de Wilhelmshaven et partent en croisière en Mer du Nord: l'U.22, commandant Hoppe; l'U.31, commandant Wachendorff; et mon bâtiment, l'U.32. Je vais vous raconter l'histoire de ces trois navires qui prirent la mer un vendredi 13.
"En ce qui concerne mon navire, il y a peu à dire. Nous eûmes une guigne constante. Notre mission consistait à croiser à l'embouchure de la Tamise et à essayer d'y faire le plus de mal possible.
Du jour de notre départ, à celui de notre retour, la tempête fit rage. Notre appareil qui mesurait la force du vent était gradué de un à douze. Il indiqua onze tout le temps. La mer brisait sans cesse sur le kiosque; quant au pont, il était continuellement submergé, on ne pouvait y envoyer un homme sans l'attacher solidement. Avec cela et les roulis incroyables du bateau, nous eûmes une véritable épidémie de bras, de jambes et d'épaules cassés. Nous restâmes en mer neuf jours sans voir un seul navire. Nous rentrâmes le 22 janvier, les deux autres sous-marins ne s'y trouvaient pas encore. Les jours passèrent sans qu'ils donnent signe de vie.
L'HISTOIRE HORRIBLE DE L'U.22 ET DE L'U.7
"Cinq jours après, le bruit se répandit que l'U.22 rentrait. Tous à bord, nous nous pressions sur le pont pour applaudir le retour du bâtiment qu'on croyait perdu. Mais les officiers et les hommes se tenaient immobiles sur le pont, sans répondre à nos "hurrah" chaleureux. On eût dit des statues. Leurs visages étaient blancs et sombres. On eût dit un équipage fantôme échappé aux griffes de la mort. Hoppe, le commandant, portait sur son visage des marques d'horreur inoubliables.
"L'U.22 s'amarra. Hoppe, marchant comme un automate, monta sur le quai et alla trouver le chef de flottille. Il le salua d'un geste brusque.
"Je vous rend compte" dit-il d'une voix brisée, "Je vous rend compte que j'ai torpillé l'U.7. Je ramène un seul survivant de l'équipage".
"Le commandant de l'U.7, Georg Koenig, était le meilleur ami de Hoppe. Depuis de longues années, ils étaient inséparables. Quand on voyait Koenig, on cherchait toujours Hoppe. Ils vivaient à terre ensemble. Ce qui était à l'un, était à l'autre.
"On avait l'habitude de toujours avertir par T.S.F. les commandants quand d'autres sous-marins se trouvaient dans leur voisinage. Quelquechose avait mal fonctionné. Hoppe n'avait pas reçu le message l'informant que Koenig opérait dans son secteur....
- Un sous-marin devant !
"Le navire, assez loin, marchait en demi-plongée. Tous les sous-marins, amis ou ennemis se ressemblent, vus de loin. Pour s'assurer de sa nationalité, Hoppe avait fait le signal de reconnaissance, mais il était tard dans l'après-midi et Hoppe avait le soleil dans les yeux, il ne put distinguer la réponse de Koenig.
Un autre signal et une autre réponse toujours invisible pour Hoppe. Il pensa avoir affaire à un anglais, plongea et fit une attaque splendide. L'explosion violente envoya par le fond la coque d'acier.
"Hoppe se dirigea en hâte vers le lieu du sinistre. Un homme nageait. L'U.22 le repêcha aussitôt. La première chose que vit Hoppe fut le ruban du bonnet: "Deutsche Unterseeboats Flottille". Il venait de couler l'U.7 que commandait son ami bien-aimé Koenig.
"Hoppe fut tué deux ans après, quand son sous-marin fut détruit par le bateau-piège fameux du commandant Gordon Campbell.
LE SOUS-MARIN FANTÔME
"Le troisième sous-marin, l'U.31, ne revint jamais. Des semaines et des mois passèrent sans qu'on sût rien de lui. Il s'était bel et bien évanoui et on pensait qu'il avait dû toucher une mine.
Six mois après, il reparut d'une façon sensationnelle. Il était devenu "le sous-marin fantôme"
"Vous connaissez la vieille légende du vaisseau armé par les morts. Pendant la guerre naquit la légende de l'aéroplane volant en plein ciel, piloté par un mort. Voici maintenant celle du sous-marin.
"Un sous-marin navigue doucement en surface. Tout paraît normal à son bord. Il semble menaçant, paré à plonger et à lancer des torpilles. En fait, c'est le vent qui le pousse et il finit par s'échouer sur la côte Est de l'Angleterre.
Des pêcheurs étonnés, donnent l'alarme. Les autorités maritimes arrivent en hâte. Le sous-marin, immobile comme un roc, est échoué sur un banc de sable. On monte à son bord, on le prend en remorque et, à son arrivée au port, on le met en cale sèche.
"Voici ce qu'on découvre:
Ce sous-marin est l'U.31 qui avait pris la mer six mois auparavant, un vendredi 13. Il est en parfait état. Il pourrait être en croisière active. Mais officiers et matelots sont dans leurs couchettes et dans leurs hamacs. Ils semblent endormis, ils sont morts.
"La dernière inscription sur le journal du bord remonte à six mois. D'après ce document, le sous-marin a appareillé de Wilhelmshaven pour une des premières grandes croisières sous-marines de la guerre. Rien d'anormal ne s'est produit. Son voyage s'est effectué normalement et sans événement extraordinaire. Brusquement le journal s'arrête six mois jour pour jour avant qu'on ait retrouvé le sous-marin.
"Ce sous-marin, manoeuré par des morts a donc croisé pendant six mois dans les eaux de la Mer du Nord sillonnées de patrouilles nombreuses. Cela dépasse les bornes de l'imagination. Les techniciens n'ont pu trouver qu'une explication de ce mystère et cette explication est vraisemblablement la bonne.
"Le sous-marin avait dû se poser sur le fond pour y passer la nuit ainsi qu'il le faisait souvent. Les officiers et l'équipage étaient allés dormir, tandis que le navire reposait en sécurité au fond de la mer. On avait laissé, sans doute, un seul factionnaire qui avait dû, lui aussi, succomber à la tentation de faire un petit somme: Il ne s'en était pas réveillé.
"Des gaz empoisonnés (il s'en formait souvent sur les sous-marins de modèle ancien), avaient dû pénétrer dans le compartiment où l'équipage dormait et asphyxier tout le personnel pendant son sommeil. Le navire était resté sur le fond. L'air comprimé avait fui petit à petit et chassé graduellement l'eau des ballasts à mesure que les mois passaient. Enfin, un beau jour, le sous-marin avait retrouvé une flottabilité positive et fait surface. Il devait se trouver près de la côte sur laquelle il avait été rapidement poussé.
"C'est là, un épisode unique dans l'histoire des corsaires sous-marins"
J'essaie de m'lancer quoi !

Histoire relatée par Lowel Thomas dans son livre "Les corsaires sous-marins" Payot 1930
d'après les souvenirs du commandant von Spiegel - U.32
"j'avais assez l'expérience de la mer pour savoir qu'un vendredi 13 porte malheur, en général.
Peut-être que vous, terrien, n'y croyez pas. Allez à la mer et vous en serez convaincu.
"Nous sommes en 1915, au mois de janvier, le 13, et un vendredi! Les autorités maritimes auraient pu s'en apercevoir, mais les amiraux d'alors ne faisaient guère attention aux idées et aux préférences des marins.
"Trois sous-marins sortent de Wilhelmshaven et partent en croisière en Mer du Nord: l'U.22, commandant Hoppe; l'U.31, commandant Wachendorff; et mon bâtiment, l'U.32. Je vais vous raconter l'histoire de ces trois navires qui prirent la mer un vendredi 13.
"En ce qui concerne mon navire, il y a peu à dire. Nous eûmes une guigne constante. Notre mission consistait à croiser à l'embouchure de la Tamise et à essayer d'y faire le plus de mal possible.
Du jour de notre départ, à celui de notre retour, la tempête fit rage. Notre appareil qui mesurait la force du vent était gradué de un à douze. Il indiqua onze tout le temps. La mer brisait sans cesse sur le kiosque; quant au pont, il était continuellement submergé, on ne pouvait y envoyer un homme sans l'attacher solidement. Avec cela et les roulis incroyables du bateau, nous eûmes une véritable épidémie de bras, de jambes et d'épaules cassés. Nous restâmes en mer neuf jours sans voir un seul navire. Nous rentrâmes le 22 janvier, les deux autres sous-marins ne s'y trouvaient pas encore. Les jours passèrent sans qu'ils donnent signe de vie.
L'HISTOIRE HORRIBLE DE L'U.22 ET DE L'U.7
"Cinq jours après, le bruit se répandit que l'U.22 rentrait. Tous à bord, nous nous pressions sur le pont pour applaudir le retour du bâtiment qu'on croyait perdu. Mais les officiers et les hommes se tenaient immobiles sur le pont, sans répondre à nos "hurrah" chaleureux. On eût dit des statues. Leurs visages étaient blancs et sombres. On eût dit un équipage fantôme échappé aux griffes de la mort. Hoppe, le commandant, portait sur son visage des marques d'horreur inoubliables.
"L'U.22 s'amarra. Hoppe, marchant comme un automate, monta sur le quai et alla trouver le chef de flottille. Il le salua d'un geste brusque.
"Je vous rend compte" dit-il d'une voix brisée, "Je vous rend compte que j'ai torpillé l'U.7. Je ramène un seul survivant de l'équipage".
"Le commandant de l'U.7, Georg Koenig, était le meilleur ami de Hoppe. Depuis de longues années, ils étaient inséparables. Quand on voyait Koenig, on cherchait toujours Hoppe. Ils vivaient à terre ensemble. Ce qui était à l'un, était à l'autre.
"On avait l'habitude de toujours avertir par T.S.F. les commandants quand d'autres sous-marins se trouvaient dans leur voisinage. Quelquechose avait mal fonctionné. Hoppe n'avait pas reçu le message l'informant que Koenig opérait dans son secteur....
- Un sous-marin devant !
"Le navire, assez loin, marchait en demi-plongée. Tous les sous-marins, amis ou ennemis se ressemblent, vus de loin. Pour s'assurer de sa nationalité, Hoppe avait fait le signal de reconnaissance, mais il était tard dans l'après-midi et Hoppe avait le soleil dans les yeux, il ne put distinguer la réponse de Koenig.
Un autre signal et une autre réponse toujours invisible pour Hoppe. Il pensa avoir affaire à un anglais, plongea et fit une attaque splendide. L'explosion violente envoya par le fond la coque d'acier.
"Hoppe se dirigea en hâte vers le lieu du sinistre. Un homme nageait. L'U.22 le repêcha aussitôt. La première chose que vit Hoppe fut le ruban du bonnet: "Deutsche Unterseeboats Flottille". Il venait de couler l'U.7 que commandait son ami bien-aimé Koenig.
"Hoppe fut tué deux ans après, quand son sous-marin fut détruit par le bateau-piège fameux du commandant Gordon Campbell.
LE SOUS-MARIN FANTÔME
"Le troisième sous-marin, l'U.31, ne revint jamais. Des semaines et des mois passèrent sans qu'on sût rien de lui. Il s'était bel et bien évanoui et on pensait qu'il avait dû toucher une mine.
Six mois après, il reparut d'une façon sensationnelle. Il était devenu "le sous-marin fantôme"
"Vous connaissez la vieille légende du vaisseau armé par les morts. Pendant la guerre naquit la légende de l'aéroplane volant en plein ciel, piloté par un mort. Voici maintenant celle du sous-marin.
"Un sous-marin navigue doucement en surface. Tout paraît normal à son bord. Il semble menaçant, paré à plonger et à lancer des torpilles. En fait, c'est le vent qui le pousse et il finit par s'échouer sur la côte Est de l'Angleterre.
Des pêcheurs étonnés, donnent l'alarme. Les autorités maritimes arrivent en hâte. Le sous-marin, immobile comme un roc, est échoué sur un banc de sable. On monte à son bord, on le prend en remorque et, à son arrivée au port, on le met en cale sèche.
"Voici ce qu'on découvre:
Ce sous-marin est l'U.31 qui avait pris la mer six mois auparavant, un vendredi 13. Il est en parfait état. Il pourrait être en croisière active. Mais officiers et matelots sont dans leurs couchettes et dans leurs hamacs. Ils semblent endormis, ils sont morts.
"La dernière inscription sur le journal du bord remonte à six mois. D'après ce document, le sous-marin a appareillé de Wilhelmshaven pour une des premières grandes croisières sous-marines de la guerre. Rien d'anormal ne s'est produit. Son voyage s'est effectué normalement et sans événement extraordinaire. Brusquement le journal s'arrête six mois jour pour jour avant qu'on ait retrouvé le sous-marin.
"Ce sous-marin, manoeuré par des morts a donc croisé pendant six mois dans les eaux de la Mer du Nord sillonnées de patrouilles nombreuses. Cela dépasse les bornes de l'imagination. Les techniciens n'ont pu trouver qu'une explication de ce mystère et cette explication est vraisemblablement la bonne.
"Le sous-marin avait dû se poser sur le fond pour y passer la nuit ainsi qu'il le faisait souvent. Les officiers et l'équipage étaient allés dormir, tandis que le navire reposait en sécurité au fond de la mer. On avait laissé, sans doute, un seul factionnaire qui avait dû, lui aussi, succomber à la tentation de faire un petit somme: Il ne s'en était pas réveillé.
"Des gaz empoisonnés (il s'en formait souvent sur les sous-marins de modèle ancien), avaient dû pénétrer dans le compartiment où l'équipage dormait et asphyxier tout le personnel pendant son sommeil. Le navire était resté sur le fond. L'air comprimé avait fui petit à petit et chassé graduellement l'eau des ballasts à mesure que les mois passaient. Enfin, un beau jour, le sous-marin avait retrouvé une flottabilité positive et fait surface. Il devait se trouver près de la côte sur laquelle il avait été rapidement poussé.
"C'est là, un épisode unique dans l'histoire des corsaires sous-marins"
