MARINE MARCHANDE - L'armement des navires marchands

[Ar Brav]

Fournir aux navires à la mer des renseignements relatifs à la position des sous-marins en opération est un des moyens les plus pratiques, un des plus importants facteurs de la sécurité de navigation, de même que la faculté de pouvoir demander une assistance immédiate contribue puissamment à la défense du navire attaqué. Ce double résultat est l'objet de la T. S. F. Au début de la guerre, aucun bâtiment, sauf les paquebots, n'en était pourvu. Le Calvados a succombé avec un bon nombre de braves tirailleurs en vue des côtes de l'Oranie, en 1915, faute d'avoir pu frapper l'air de ses appels de détresse. Presque tous les bateaux français de plus de 500 tonnes ont possédé un poste de radiotélégraphie. On devine que ce ne fut pas une mince affaire que de réaliser l'instruction des 2.000 spécialistes indispensables pour assurer ce service technique. Afin de parer aux avaries et aux chutes d'antennes résultant de l'explosion des torpilles ou des obus, un certain nombre de paquebots importants furent munis de postes de secours dont l'emploi tendait à se généraliser.
Il nous faudrait parler aussi des immenses efforts accomplis pour doter la marine marchande d'engins de sauvetage efficaces. Il ne s'agit plus seulement de défendre les passagers contre l'immersion, mais de les protéger contre l'asphyxie, en leur distribuant des masques ; car on peut tout craindre des Allemands qui ne reculeront pas plus ici qu'ailleurs devant l'emploi même des gaz toxiques. Aux horreurs des noyades en masse ils s'empresseront d'ajouter celles des brûlures d'ypérite.

(à suivre)

[Ar Brav]

L'éducation de la flotte de commerce a été confiée aux centres d'A. M. B. C. (Armement Militaire des Bâtiments de Commerce) qui doivent assurer le bon entretien du matériel et l'instruction du personnel embarqué. Ils surveillent la mise à bord du matériel, opèrent la visite de ce matériel, entraînent les hommes destinés à utiliser les armes et les engins. Ils délivrent aux capitaines tous les documents concernant la défense. Les officiers des centres d'A. M. B. C., répartis dans tous les ports de commerce, se tiennent en contact avec les capitaines ; ils entretiennent avec eux des rapports continuels, recueillent leurs observations et leur communiquent tous les renseignements utiles. Se rendant à bord lors de l'arrivée des navires, afin d'inspecter la défense, ils y font installer les armes réglementaires et procèdent aux tirs d'essais. C'est toute une catégorie nouvelle de combattants qu'il a fallu former. Ainsi, la marine de guerre étend son réseau tutélaire sur tous ceux qui sillonnent les mers : elle a été le guide de ces marins de commerce qui ont dû s'improviser canonniers, torpilleurs, timoniers, et qui furent de précieux artisans de la victoire, en même temps que les fidèles commissionnaires de notre ravitaillement.

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

Bon, bien évidemment, l’orientation du propos est à remettre dans le contexte de l’époque, encore une fois. Les torpilles chargées à l’ypérite, ou par un autre moyen, je saisi mal l’intérêt, elles font suffisamment de dégâts sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours aux gaz, à fortiori en pleine mer. Quelqu’un pourra sans doute préciser.
Quant aux marins de commerce qui ont dû s’improviser timoniers, diable, comment faisaient-ils donc avant pour parcourir la planète en tous sens ? Il n’y avait guère de bâtiments militaires, à l’époque, se risquant sur le cap Horn…

Bref, indépendamment de quelques remarques pertinentes qui ne manqueront pas d’être formulées, on note bien, entres autres, le degré d’impréparation de la Marine au début du conflit, face au péril sous-marin.

Cordialement,
Franck

[Yves D]

Bonjour à tous

Je pense que l'on doit rechercher une partie de cette impréparation chez nous comme dans toutes les autres Marines marchandes dans le fait que pratiquement personne n'avait osé imaginer qu'un jour le sous-marin, cette arme quasi inconnue dix ans plus tôt serait utilisé dans une sorte de nouvelle guerre de course des temps modernes. La Merchant Navy n'était pas mieux préparée, elle s'est adaptée comme chez nous à une situation nouvelle et non sans mal d'ailleurs quand il a fallu absolument vaincre les réticences et l'esprit d'indépendance des équipages du commerce face à l'armement des navires et à la navigation en convoi.
Quant aux Marines dites de guerre leur impréparation était presque aussi grande mais là on se heurtait plus à des questions idéologiques qu'à des questions technologiques. Quoi ! Ce misérable sous-marin, cette arme des faibles, que dis-je, ce paria des profondeurs, allait remettre en cause tous nos monstres cuirassés ? Allons donc, c'est impensable ! Le réveil a été brutal et ce dès les premières semaines de la guerre.
Ce réveil effectué, lentement d'abord car l'inertie à vaincre était importante, puis de façon plus accélérée ensuite, les armes et les tactiques pour contrer le pouvoir du sous-marin sont apparues jusqu'à devenir parfaitement rodées à la fin de la guerre. Le graphique des U-Boot détruits abonde dans le même sens. Stratégiquement parlant, ce sont les politiques qui ont fait perdre la guerre sous-marine allemande car jusqu'à la fin 1916 le sous-marin faisait la course en tête. Le lancement de la guerre sous-marine totale le 1.2.1917 et ses extraordinaires résultats dans les mois qui ont suivi démontre éloquemment la supériorité de l'arme sous-marine en ce tournant de la guerre mais le Kaiser avait trop longtemps "retenu son épée" pour qu'elle puisse porter le coup décisif ; les moyens alliés de contre offensive qui avaient déjà fait bien du chemin depuis 1914 allaient bientôt donner à plein et renverser le cours.
Alors oui, l'impréparation était grande dans ce domaine mais sous la pression des évènements et dans l'urgence pour la survie, aidés en celà par la puissance industrielle américaine, les Alliés, bien que tardivement, ont fait face. Le destin du monde eût été changé si les sous-marins du Kaiser n'avaient pas attendu 1917 pour porter l'estocade dans la partie faible des marines marchandes alliées. Mais c'est là pure spéculation. What if...?

Merci Franck pour ce fil. Un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et de sang. Un sujet capital dans l'histoire de 14-18 sur mer.
Cordialement
Yves

[ALVF]

Bonjour,

La lecture très intéressante des extraits du chapitre du contrôleur de 1ère classe La Bruyère sur l'armement des navires marchands est surprenante sur un point particulier: l'auteur ne semble pas développer l'armement d'origine "Guerre" à l'exception du "75".
Pourtant, à la lecture de notes prises au S.H.M. de Cherbourg, voilà quelques années, je retrouve des chiffres significatifs:

En 1923, l'arsenal de Cherbourg est chargé de remettre en état et de tenir disponible pour l'armement des navires de commerce les matériels d'artillerie utilisés pendant la guerre:
-124 canons de 75mm "Guerre" sur affûts Mles 1916 et 1917.
-486 canons de 90 mm "Guerre" sur affûts Mles 1915, 1916, 1917 et 1918.
-2 canons de 120 L "Guerre" sur affûts Mle 1917.
-53 canons de 155L "Guerre" sur affûts Mle 1917.

-18 canons de 100mm "Marine".
-14 canons de 138mm "Marine".

En outre, depuis 1920, un nombre important de canons débarqués des navires marchands était réservé ainsi:
-290 canons de 90mm "Guerre" pour l'armement des Postes de défense et points importants de la côte situés en dehors des Fronts de Mer des ports.
-154 canons de 120 L "Guerre" sur affûts 1917 pour l'armement d'ouvrages des fronts de mer.

On voit que les 90 Mle 1877 sur affûts "Crinoline" était omniprésents sur les navires marchands en 1918, les affûts pour ces canons ont été construits à Ruelle, dans des arsenaux divers et même à l'étranger, puisque le Musée Royal de l'Armée de Bruxelles possède des affûts pour 90 "Guerre" fabriqués en Angleterre par Elswick!Les variantes d'affûts 1915 et suivants concernent les conditions de rapidité du pointage (à bras, mécanique,etc...) permettant d'ajuster un tir sur cible animée d'une bonne vitesse.
En 1939-1940, les 90mm "Guerre" seront remontés sur de nombreux navires de commerce et serviront aussi à la défense des phares, petits ports, postes de défense, etc...
Si je n'étais pas absorbé par d'autres études sur l'artillerie, je serais bien tenté de "creuser" ce sujet passionnant qui ne semble pas avoir beaucoup tenté les historiens maritimes!Il est vrai que je n'ai pas encore lu d'étude précise sur le développement de l'artillerie navale en général, alors que les études sur les batiments sont nombreuses!
Cordialement, Guy.

[Ar Brav]

Bonjour Guy,

Merci beaucoup pour vos compléments de spécialiste. Il est vrai qu'il est difficile de trouver des ouvrages sur la question, pourtant le sujet me paraît porteur. En souhaitant que votre tentation évolue....

Cordialement,
Franck

[Terraillon Marc]

Bonsoir

Merci pour les informations sur l'armement.

Et comme Franck, j'espére que Guy se laissera tenter par une recherche sur les canons de la marine (qui sauf erreur, sont les plus gros de l'époque)

A bientot

[Ar Brav]

Bonjour à tous,

Un topo de Guy et d'Yves sur les canons de Marine ICI

Cordialement,
Franck

[Terraillon Marc]

Bonjour,

Et une illustration de Gervese sur l'utilisation de l'armement :





A bientot

[nanoukplongee]

Bonsoir
Je recherche des infos sur le vapeur AMBC "Hendaye" basé au dépôt de Rochefort en 1917.
Merci
Nanouk