Bonjour à tous,
BLANC NEZ
Rapport d'enquête
Le 27 Octobre dans la soirée, le BLANC NEZ était en patrouille à peu de distance de la bouée de la Bassure de Baas. A 19h10, ressenti une violente secousse suivie d'une explosion qui paraît plus faible que celle des mines allemandes. Une voie d'eau se déclare à l'arrière et le gouvernail a cessé de fonctionner. Le commandant, l'enseigne de vaisseau Laporte, donne l'ordre de disposer les embarcations (un canot et deux doris) mais d'attendre pour les mettre à l'eau, car il a espoir de sauver le bâtiment. Il fait brûler des Costons et lancer des fusées.
Le BLANC NEZ donne alors de la bande sur tribord et l'ordre est donné de mettre les canots à l'eau. Cinq ou dix hommes prennent place dans le premier, un doris, mais coincé sous le flanc du BLANC NEZ, il chavire. Deux ou trois hommes seulement parviennent à remonter à bord ou dans le canot qui vient d'être mis à l'eau.
Le BLANC NEZ a alors coulé. Il n'a pas flotté plus d'un quart d'heure après l'explosion. On a aperçu le commandant seul dans un doris sans aviron, qui a rapidement été perdu de vue, dérivant plus vite que le canot.
Le canot, qui n'a plus qu'un seul aviron, a dérivé vers la terre poussé par le vent. A 23h00, il est arrivé sur la côte et a été pris dans les déferlantes d'une mer très dure. Il a chaviré et, sur les quinze hommes qu'il portait, neuf seulement ont pu atteindre le rivage, certains tellement exténués qu'ils n'ont pas eu la force de quitter la grève jusqu'au lendemain matin. Les survivants ont été recueillis dans des maisons d'Audrecelle (nota : entre Boulogne et le cap Gris Nez) et dans les fermes des environs.
Rapport du Cdt LE VAVASSEUR (Marine Dunkerque )
Le 27 à
19h00, le fort de la Crèche a aperçu des fusées dans le NNW. Très mauvais temps et mer grosse.
Fait appareiller torpilleur 224 et arraisonneur HOLLAND.
20h35
MADELEINE II signale « Etant au sud bouée Bassure de Baas, entendu trois détonations. BLANC NEZ a lancé trois Costons et fusées, mais j'ai perdu ses feux et il ne répond plus à la TSF. »
Toutefois, le télégramme n'a pu être déchiffré qu'à 21h30.
21h20
MADELEINE II envoie : « Recherché vainement BLANC NEZ. Mer grosse. Doit prendre la cape. »
Ces deux télégrammes n'avaient rien d'inquiétant. La non-réponse de BLANC NEZ pouvait s'expliquer par le fait que la veille TSF n'était pas assurée, ou que son petit poste radio avait un fonctionnement défectueux.
De plus, le 1er maître Bourriot, commandant MADELEINE II, a pensé que BLANC NEZ avait aperçu un sous-marin et lancé des fusées de détresse en remplacement des fusées éclairantes qui elles aussi avaient un fonctionnement très défectueux.
23h00
Confirmé à MADELEINE II, SAINT LOUIS II et SAINT ANDRE qu'il fallait continuer les recherches. Mais personne n'a aperçu le BLANC NEZ.
07h30
Appris que neuf hommes du BLANC NEZ étaient parvenus jusqu'à la côte.
Selon les survivants interrogés, BLANC NEZ a du sauter sur une mine, car il est improbable qu'un sous-marin ait pu lancer une torpille vu les conditions de temps du moment.
La proportion très élevée des pertes s'explique par le mauvais temps et les grains de grêle.
Malheureusement, aucun des gradés de quart n'a survécu. Les survivants, couchés au moment de l'explosion, ne donnent que des renseignements imprécis et parfois contradictoires.
Cdlt