Bonsoir,
Si de tels éléments peuvent être présentés sur le forum, plus d'un parmi nous sera intéressé (et j'en suis).
Le cas échéant, bien sincèrement, merci d'avance !
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Bonjour,
Voici donc les circonstances dans lesquelles mon grand-père, Gustave Gaymard, lieutenant de réserve, chef de section de la 7eme compagnie du 140 RI, a été tué le 3 septembre 1914 (rectificatif) au cours d’une intervention sur la commune de Mortagne pour reprendre Saint-Dié.
Le 1er septembre, le colonel Bulot transmit l’ordre au lieutenant Gaymard posté à La Croix-Idoux de se rendre avec ses deux cents sapeurs en reconnaissance dans le bois de la Madeleine en direction du lieu-dit Les Tiges. A peine s’étaient-ils mis en route sur le chemin qui mène au col du Haut-Jacques qu’une violente fusillade éclata, au niveau du carrefour dit La voie de Sausseraye.
L’épisode a été décrit en détail dans une lettre de l’adjudant mitrailleur Deschamps du 3 mars 1916 adressée à ma grand-mère. En voici un extrait :
Le trois septembre 1914 au matin, notre compagnie se trouvait en réserve, lorsque nous reçûmes l’ordre de nous porter en avant pour renforcer la ligne. Nous avancions sous bois et la fusillade avait l’air terrible. Au bout d’un certain temps les balles commençant à siffler, le lieutenant Gaymard nous fit prendre une formation déployée et, précédés par lui, nous continuions à avancer. Arrivés sur la ligne de feu et couchés dans les broussailles, nous primes part au combat. Malgré nos avertissements, le lieutenant Gaymard s’obstinait à rester debout, refusant absolument de se coucher afin de mieux nous commander. Je me trouvais à ce moment à deux ou trois pas devant lui. Tout à coup, je l’entendis pousser un léger cri et je le vis s’affaisser. Je me précipitai pour le ramasser et le conduire à l’arrière, mais il était mortellement atteint et deux minutes plus tard, sans avoir repris connaissance, il expirait. Quoique étant parmi nous depuis peu de temps, il avait su de suite se faire aimer de ses hommes et sa mort jeta la consternation parmi nous ; nous venions de perdre un officier bon et courageux et en qui nous pouvions avoir toute confiance.
Gustave fut inhumé sur le lieu de sa mort avec neuf autres de ses camarades dont quatre lieutenants tués le même jour où la veille. Dix croix en bois de sapin portant les noms des victimes gravés au fer rouge furent plantées sur leurs tombes. Fait Chevalier de la Légion d’Honneur par arrêté ministériel du 19 mai 1920, Croix de Guerre, Gustave Gaymard fut cité à l’ordre de son régiment : A été tué à la tête de sa section en repoussant une attaque allemande.
La famille a payé un lourd tribut pour cette guerre. Gustave a été tué quelques jours après son frère Jean, mort à la bataille de Guise sur l’Oise pour reprendre Saint-Quentin alors que Louis, son autre frère, médecin, était au front comme aide major au quatrième corps d’armée.
Amitiés