Re: LATOUCHE-TREVILLE - Croiseur
Publié : mar. avr. 01, 2008 9:36 pm
Bonjour à tous,
LATOUCHE-TREVILLE Croiseur cuirassé type Chanzy (1895 – 1920)
Chantier :
Forges & Chantiers de la Méditerranée, Graville, Le Havre.
Commencé : 1890
Mis à flot : 08.10.1892
Terminé : 1895
En service : 06.05.1895
Retiré : 21.06.1920
Caractéristiques : 4 748 t ; 8 800 cv ; 110 x 14 x 6,20 m ; 2 cheminées ; 2 machines Creusot ; 16 chaudières Belleville ; 2 hélices ; 17 nds ; 393-410 h.
Armement : II de 194 + VI de 138 + IV de 65 + 8 divers + 6 projecteurs de 40 + IV TLT aériens de 460 sous cuirasse supprimés en 1907.
Observations :
18.12.1889 : date du marché
10.1893 : du Havre à Cherbourg pour essais
10.1893 : division du Nord
1895 : division navale de l’école supérieure de guerre
1897 : Levant, escadre de la Méditerranée
06.1897 : retour à Toulon et mis en réserve
10.1897-1899 : escadre de la Méditerranée
02.1905 : en réserve à Toulon. Est désigné pour commander le bâtiment le capitaine de frégate Nicol
02.1907 : annexe de l’école de canonnage
22.09.1908 : lors d'un exercice de tir aux Salins-d'Hyères, se produit un accident qui tue quatorze marins au total. Cinquième accident grave depuis trois ans dans La Marine (Cf. catastrophe du Iéna). Voir également l'article plus bas *
1912 : en réserve à Toulon
12.1912 : réarmé
02.08.1914-21.02.1919 : campagnes de guerre
1914 : Bizerte, Casablanca
10.1914 : blocus du canal d’Otrante ; Bizerte, Sardaigne ; bombardement de Koum Kaleh
04.06.1915 : avarié lors des bombardements des Dardanelles
09.1916-1918 : Salonique, puis blocus en Grèce
12.1918 : ramène de Castignano (Italie) à Toulon le corps de l’amiral Sènes dont les obsèques solennelles auront lieu à Toulon le 02.01.1919
26.06.1920 : désarmé, sert de dépôt
1926 : démoli.
Sources :
Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, Tome II, 1870-2006, LV Jean-Michel Roche, Imp. Rezotel-Maury Millau, 2005
http://www.netmarine.net/dico/index.htm
Les marques particulières des navires de guerre français 1900-1950, Jean Guiglini, SHM, 2002
Répertoire des navires de guerre français, Jacques Vichot, Pierre Boucheix, refondu par Hubert Michéa, AAMM, 2003
French Warships of World War I, Jean Labayle-Couhat, Ian Allan Ltd, 1974
Jane’s Fighting Ships 1914, Fred T. Jane, David & Charles Reprints, 1968
*
Article relevé dans un blog du Monde :
15 octobre 2008 : Le ministre tente de sauver sa tête
Une vingtaine de matelots s’affaire autour du canon de 350** du croiseur cuirassé Latouche Tréville. Il est tard, l’exercice de tir touche à sa fin, chacun est fatigué mais heureux. Soudain, un bruit terrible, un éclair dévastateur, une monstrueuse boule de feu en expansion constante jaillit de la tourelle commandant la pièce d’artillerie.
Après quelques minutes de cauchemar, au moment où les premiers secours arrivent, on relève des dizaines de blessés horriblement brûlés… et treize marins ont perdu la vie.
Ce drame qui endeuille à nouveau la marine française s’est produit le 22 septembre dernier.
15 octobre : G. Clemenceau nous réunit dans son bureau, le ministre de la Marine Gaston Thomson, le ministre de la Guerre Marie-Georges Picquart, le directeur de cabinet Etienne Winter et moi.
Le Président du Conseil commence, avec calme mais détermination : ” La Chambre ne nous fait aucun cadeau. Il faut dire qu’il y a de quoi. Naufrages des croiseurs Sully, Jean Bart et Chanzy, des sous-marins Lutin et Farfadet, explosion du cuirassé Iena… et maintenant, cet accident lamentable sur le Latouche Tréville. Mon rival Delcassé, ce monsieur “je sais tout”, ne cesse de se répandre dans la presse ou dans les couloirs du parlement sur le fait que mon gouvernement est “incapable de préparer le pays au combat”. Plusieurs interpellations du gouvernement sont prévues dans les prochains ordres du jour. Bref, ça barde ! “
Thomson, blême, tente de se justifier : ” Les explosions sont largement dues à la poudre B qui remplace la célèbre poudre noire et produit beaucoup moins de fumée. L’utilisation de cet explosif n’est pas encore totalement maîtrisée par les marins et les risques restent importants.”
Clemenceau se durcit : ” Ecoutez, Thomson, sur les navires allemands ou britanniques, on trouve aussi de la poudre B et rien ne saute. Non, la vérité, c’est que c’est le foutoir dans votre marine. Le rapport de la commission d’enquête le montre : entretien défectueux du matériel, absence de consignes de sécurité précises, personnel mal formé, investissements mal suivis et inefficaces… J’ai été patient avec vous, j’ai accepté les augmentations de crédits que vous me demandiez avec insistance mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Je souhaite que vous retrouviez rapidement votre siège de député de Constantine, vous y êtes plus à l’aise. “
Thomson rougit : ” Ce que vous dites est injuste. Je répare les errements de mes prédécesseurs et il n’est pas possible de tout corriger en deux ans. “
Clemenceau plus doux mais implacable : ” Vous avez raison techniquement mais tort politiquement. La Chambre veut une tête. Ce sera la vôtre. Vous me remettrez votre démission dans une semaine… pas avant. Nous laissons encore monter la pression pendant sept ou huit jours puis vous partez. Si vous nous quittiez tout de suite, les parlementaires voudraient un autre bouc émissaire et cela risquerait d’être moi. Désolé mon vieux. “
Thomson sort de la pièce presque sans un mot, la face blanche, le front luisant.
Je reste atterré par la brutalité de l’échange.
Clemenceau reprend, sans émotion apparente : ” Il faut réfléchir déjà au successeur. Evitons un politique. Je veux un administrateur. Quelqu’un qui sait compter et se faire obéir des bureaux. Un homme qui n’a pas le souci de plaire et de se faire élire un jour à nouveau. “
Il se retourne vers moi : ” Parmi vos collègues du Conseil d’Etat, vous pouvez regarder ? Il me faut un nom, vite. “
**
Il s'agit d'une erreur, le Latouche-Tréville n'est pas équipé de 350 mm.
Cordialement,
Franck
LATOUCHE-TREVILLE Croiseur cuirassé type Chanzy (1895 – 1920)
Chantier :
Forges & Chantiers de la Méditerranée, Graville, Le Havre.
Commencé : 1890
Mis à flot : 08.10.1892
Terminé : 1895
En service : 06.05.1895
Retiré : 21.06.1920
Caractéristiques : 4 748 t ; 8 800 cv ; 110 x 14 x 6,20 m ; 2 cheminées ; 2 machines Creusot ; 16 chaudières Belleville ; 2 hélices ; 17 nds ; 393-410 h.
Armement : II de 194 + VI de 138 + IV de 65 + 8 divers + 6 projecteurs de 40 + IV TLT aériens de 460 sous cuirasse supprimés en 1907.
Observations :
18.12.1889 : date du marché
10.1893 : du Havre à Cherbourg pour essais
10.1893 : division du Nord
1895 : division navale de l’école supérieure de guerre
1897 : Levant, escadre de la Méditerranée
06.1897 : retour à Toulon et mis en réserve
10.1897-1899 : escadre de la Méditerranée
02.1905 : en réserve à Toulon. Est désigné pour commander le bâtiment le capitaine de frégate Nicol
02.1907 : annexe de l’école de canonnage
22.09.1908 : lors d'un exercice de tir aux Salins-d'Hyères, se produit un accident qui tue quatorze marins au total. Cinquième accident grave depuis trois ans dans La Marine (Cf. catastrophe du Iéna). Voir également l'article plus bas *
1912 : en réserve à Toulon
12.1912 : réarmé
02.08.1914-21.02.1919 : campagnes de guerre
1914 : Bizerte, Casablanca
10.1914 : blocus du canal d’Otrante ; Bizerte, Sardaigne ; bombardement de Koum Kaleh
04.06.1915 : avarié lors des bombardements des Dardanelles
09.1916-1918 : Salonique, puis blocus en Grèce
12.1918 : ramène de Castignano (Italie) à Toulon le corps de l’amiral Sènes dont les obsèques solennelles auront lieu à Toulon le 02.01.1919
26.06.1920 : désarmé, sert de dépôt
1926 : démoli.
Sources :
Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, Tome II, 1870-2006, LV Jean-Michel Roche, Imp. Rezotel-Maury Millau, 2005
http://www.netmarine.net/dico/index.htm
Les marques particulières des navires de guerre français 1900-1950, Jean Guiglini, SHM, 2002
Répertoire des navires de guerre français, Jacques Vichot, Pierre Boucheix, refondu par Hubert Michéa, AAMM, 2003
French Warships of World War I, Jean Labayle-Couhat, Ian Allan Ltd, 1974
Jane’s Fighting Ships 1914, Fred T. Jane, David & Charles Reprints, 1968
*
Article relevé dans un blog du Monde :
15 octobre 2008 : Le ministre tente de sauver sa tête
Une vingtaine de matelots s’affaire autour du canon de 350** du croiseur cuirassé Latouche Tréville. Il est tard, l’exercice de tir touche à sa fin, chacun est fatigué mais heureux. Soudain, un bruit terrible, un éclair dévastateur, une monstrueuse boule de feu en expansion constante jaillit de la tourelle commandant la pièce d’artillerie.
Après quelques minutes de cauchemar, au moment où les premiers secours arrivent, on relève des dizaines de blessés horriblement brûlés… et treize marins ont perdu la vie.
Ce drame qui endeuille à nouveau la marine française s’est produit le 22 septembre dernier.
15 octobre : G. Clemenceau nous réunit dans son bureau, le ministre de la Marine Gaston Thomson, le ministre de la Guerre Marie-Georges Picquart, le directeur de cabinet Etienne Winter et moi.
Le Président du Conseil commence, avec calme mais détermination : ” La Chambre ne nous fait aucun cadeau. Il faut dire qu’il y a de quoi. Naufrages des croiseurs Sully, Jean Bart et Chanzy, des sous-marins Lutin et Farfadet, explosion du cuirassé Iena… et maintenant, cet accident lamentable sur le Latouche Tréville. Mon rival Delcassé, ce monsieur “je sais tout”, ne cesse de se répandre dans la presse ou dans les couloirs du parlement sur le fait que mon gouvernement est “incapable de préparer le pays au combat”. Plusieurs interpellations du gouvernement sont prévues dans les prochains ordres du jour. Bref, ça barde ! “
Thomson, blême, tente de se justifier : ” Les explosions sont largement dues à la poudre B qui remplace la célèbre poudre noire et produit beaucoup moins de fumée. L’utilisation de cet explosif n’est pas encore totalement maîtrisée par les marins et les risques restent importants.”
Clemenceau se durcit : ” Ecoutez, Thomson, sur les navires allemands ou britanniques, on trouve aussi de la poudre B et rien ne saute. Non, la vérité, c’est que c’est le foutoir dans votre marine. Le rapport de la commission d’enquête le montre : entretien défectueux du matériel, absence de consignes de sécurité précises, personnel mal formé, investissements mal suivis et inefficaces… J’ai été patient avec vous, j’ai accepté les augmentations de crédits que vous me demandiez avec insistance mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Je souhaite que vous retrouviez rapidement votre siège de député de Constantine, vous y êtes plus à l’aise. “
Thomson rougit : ” Ce que vous dites est injuste. Je répare les errements de mes prédécesseurs et il n’est pas possible de tout corriger en deux ans. “
Clemenceau plus doux mais implacable : ” Vous avez raison techniquement mais tort politiquement. La Chambre veut une tête. Ce sera la vôtre. Vous me remettrez votre démission dans une semaine… pas avant. Nous laissons encore monter la pression pendant sept ou huit jours puis vous partez. Si vous nous quittiez tout de suite, les parlementaires voudraient un autre bouc émissaire et cela risquerait d’être moi. Désolé mon vieux. “
Thomson sort de la pièce presque sans un mot, la face blanche, le front luisant.
Je reste atterré par la brutalité de l’échange.
Clemenceau reprend, sans émotion apparente : ” Il faut réfléchir déjà au successeur. Evitons un politique. Je veux un administrateur. Quelqu’un qui sait compter et se faire obéir des bureaux. Un homme qui n’a pas le souci de plaire et de se faire élire un jour à nouveau. “
Il se retourne vers moi : ” Parmi vos collègues du Conseil d’Etat, vous pouvez regarder ? Il me faut un nom, vite. “
**
Il s'agit d'une erreur, le Latouche-Tréville n'est pas équipé de 350 mm.
Cordialement,
Franck