Bonjour
Suite et fin de l'histoire du KLEBER :
Le second du bord, Plessix, qui avait pris le commandement, fit mettre en panne pour débarquer le canot et le doris, et y mettre six de ses hommes et un blessé, gardant avec lui trois hommes pour pouvoir continuer le combat avec chances de succès quand l'Allemand serait à petite distance.
Au cours de cette opération, M. Plessix tomba, blessé à mort ; le maître d'équipage Monnier le remplaça, pour assurer l'exécution du projet qu'il avait conçu, et fit déborder les sept hommes répartis entre les deux embarcations.
Le feu avait cessé, et en quelques minutes le canot fut bord à bord avec le sous-marin, qui fit embarquer les matelots, pendant que Monnier surveillait ses mouvements à la lueur du soleil couchant. En dehors du maître d'équipage, il n'y avait plus à bord que le chef de pièce Jain, son aide Bazille, et les corps du capitaine et du second, étendus sur le grand panneau ; gardant sur le pont les Français recueillis par lui, et qui pouvaient lui servir d'otages et de garantie, le sous-marin se rapprocha lentement.
Par mesure de précaution, il fit tirer quelques coups de canon, auxquels Monnier, bien caché et immobile avec ses hommes, ne répondit pas ; ce ne fut qu'à 500 m qu'il ouvrit le feu à nouveau avec la crainte angoissante de tuer ses camarades, massés près du kiosque. Les coups n'atteignirent pas le but, mais le commandant allemand, surpris et ne pouvant rester sous le feu du voilier à si courte distance, donna l'ordre de plonger immédiatement, abandonnant les Français qui étaient sur le pont, en même temps qu'un homme de son propre équipage.
Tous furent recueillis par le canot du
Kléber, resté près du corsaire, et il fit route aussitôt vers la terre ; il fut rattrapé avant de l'atteindre par le sous-marin remonté en surface pour essayer de retrouver son matelot projeté à l'eau.
Quand il l'eut repris, il abandonna à nouveau l'embarcation et ses occupants et disparut.
Pendant ce temps, Monnier, à peu près seul valide à bord, orientait sa voilure et parvenait à mouiller son navire sur rade de Groix le 8 septembre au matin ; à deux heures après midi, le canot et le doris arrivaient à leur tour avec leur monde au complet.
Le combat avait duré plus de deux heures, et 200 coups de canon au moins avaient été échangés ; si la hausse de la pièce du
Kléber ne s'était pas faussée au moment où Monnier tenait son adversaire à cinq cents mètres, il est probable que celui-ci aurait été coulé.
A la suite de cet événement, la croix de chevalier de la Légion d'honneur fut décernée au maître d'équipage Pierre Monnier ; sept hommes de son bord reçurent la médaille militaire et le
Kléber fut cité à l'ordre du jour de l'armée navale avec tous ses marins.
Tiré de l'ouvrage "Les derniers voiliers caboteurs français" de L. LACROIX
A bientot