Bonjour à tous,
Un complément sur le naufrage de GINETTE
GINETTE
Rapport du Lieutenant de Vaisseau BONGRAIN
Commandant le RICHELIEU
RICHELIEU, SLACK et GINETTE appareillent de Corfou à 14h00 et font route vers la passe sud. Les barrages franchis, fait route pour passer à 100 m de Syvota, puis route au S22E pour passer entre Paxos et la côte d’Epire. Je comptais mettre la section en ligne de recherche à 1000 m de distance.
GINETTE était à 1600m derrière RICHELIEU et chassait son poste à 200m derrière SLACK
A 17h20, nous entendons un bruit sourd et le sous-patron me dit : « la GINETTE saute ! » Le temps de me retourner et il n’y avait de visible que la gerbe de l’explosion, particulièrement blanche, et affectant la forme suivante :
Cette gerbe subsista environ 1 minute et, quand elle se fut dissipée, il ne restait que quelques débris minuscules à la surface.
Je fais mettre aux postes de combat et fais aussitôt demi-tour, suivi par le SLACK. Un objet cylindrique à 200 m des débris semblant posséder un sillage et je fais ouvrir le feu. Mais en regardant avec les jumelles, je vois que ce que nous prenions pour un sillage est une légère fumée qui sort de l’objet, une boite de phosphore.
Pensant qu’il pouvait s’agir d’une mine et non d’un sous-marin, je fais mettre cap au large à 800 m environ des débris et mets les embarcations à la mer. Je continue à patrouiller en lacets vers l’ouest, dans l’hypothèse d’un sous-marin. Puis je rallie Syvota pour reprendre mes embarcations qu’avait récupérées le GABRIELLA.
L’interrogatoire des survivants nous a appris que le choc initial avait eu lieu à bâbord, entre les haubans et la passerelle, sans qu’aucun sillage ne soit visible. Une explosion plus faible (chaudière) a suivi la première.
L’examen des débris montre que les doris qui étaient entre les haubans et le treuil ont été brisés, mais non déchiquetés. En revanche, la passerelle a été mise en miettes comme en témoigne le support en bois du projecteur, complètement déchiqueté, et les quelques objets qui remontèrent à la surface pendant que les canots étaient sur les lieux du sinistre : cartes, documents nautiques qui étaient dans la chambre du capitaine.
C’est donc par le travers de la passerelle que la mine a explosé. Le tirant d’eau est d’environ 4 m à cet endroit.
Les quelques objets recueillis sont complètement hors d’usage et je ne pense pas qu’il y ait lieu de les mentionner administrativement.
J’attire votre attention, Amiral, sur la conduite pleine d’abnégation du quartier maître canonnier PERRON Jules, qui sauva le matelot BRUSQ grièvement blessé. Je vous signale également que plusieurs des disparus étaient pères de familles nombreuses comme le patron DORSO, 4 enfants, ou le chef mécanicien FAURET, 7 enfants. Il serait à mon avis nécessaire de demander au département d’accorder à tous les soutiens de famille la pension du grade supérieur.
Note de l’Amiral de GUEYDON
Au Vice-Amiral commandant en chef de la 1ère armée navale
Je m’associe pleinement aux propositions du LV Bongrain. J’ai déjà signalé la conduite du QM timonier PERRON et j’ai demandé pour lui la médaille militaire.
Il me semblerait très légitime que la Marine s’intéresse tout particulièrement aux familles de ceux qui sont morts sur GINETTE.
Liste des rescapés
PATARY Jean Sous patron
PERRON Jules QM canonnier
LE PEN Joseph Chauffeur
LE GUERSON Louis Mlot sans spé.
SOURMAIGNE Robert QM mécanicien
GUIFFAUT Pierre Fusilier (blessé)
BRUSQ Jean Mlot sans spé. Jean Brusq est décédé de ses blessures peu de temps après son sauvetage (figure dans la liste des disparus)
Liste des disparus
La liste des disparus est conforme à la liste donnée ci-dessus par Malou (Le matelot MEHEUST se prénomme bien Francis).
Voici à nouveau cette liste avec les quartiers d’inscription et les domiciles
A l’exception de Brusq, Glussot, Héritier, Martin et Méheust (probablement célibataires) tous les autres furent promus au grade supérieur.
nota: après vérification, le prénom de HERITIER (très peu lisible) doit être Jacques.
Cdlt