DROME - Aviso transport

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Ar Brav
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Re: DROME - Aviso transport

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

La zone du naufrage du Kerbihan et la position de la Drôme, coulée le même jour :

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Cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
alain13
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Re: DROME - Aviso transport

Message par alain13 »

Bonjour,

Du 5 octobre 1914 au 21 avril 1916, la DROME était commandée par le CC Marcel RONDELEUX. Elle était chargée d'approvisionner en munitions les navires de l'escadre des Dardanelles. Durant cette période et malgré ses nombreux aller-retour entre les ports français et celle-ci, elle n'a jamais rencontré de sous-marins.
Promu capitaine de frégate Marcel Rondeleux, après un bref séjour comme commandant en second sur le GAULOIS dont il réchappe au torpillage, est nommé commandant de l'Escadrille de Patrouille de Saint-Nazaire.

(source: ses carnets "Sur les Routes du large, 1914-1916", Editions de France 1936).

Est fait allusion dans son livre, à la rencontre de la DROME et du petit chalutier (dragueur?) GINETTE qui franchissaient côte à côte à moins de 50 mètres, le 20 mars 1916 à 15h15, le barrage du chenal de Corfou. A 18h20 GINETTE sautait sur une mine à 2 milles dans le sud-est de l'île Sybota faisant 19 morts et 7 survivants.

Cordialement,
Alain
Memgam
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Re: DROME - Aviso transport

Message par Memgam »

Bonjour,

"25 janvier.
Le Bulletin de la guerre sous-marine m'a apporté ces jours-ci, une pénible nouvelle qui me laisse le coeur tout endolori. La Drôme, sur laquelle j'ai vécu tant d'heures émouvantes au début de la guerre, a sauté le 18 sur une mine devant Marseille et a disparu en moins d'une minute, engloutissant avec elle 26 hommes sur les 58 de son effectif. Ainsi, le vieux transport, à force de courir les mers, a trouvé la même fin que tant de routiers de la guerre navale tombés au champ d'honneur.
J'évoque avec une profonde tristesse le souvenir de mes anciens subordonnés disparus dans la catastrophe, et notamment des meilleurs d'entre-eux : le maître mécanicien Tourment, d'un dévouement infatigable, et mon ancien secrétaire Flottes, second-maître fourrier d'une valeur exceptionnelle, qui avait insisté auprès du commissaire général de Toulon, dont il était l'homme de confiance, pour embarquer et courir comme ses camarades les risques de la guerre : le courageux garçon a été servi au-delà de ses espérances !
Nul commentaire ne saurait rendre l'horreur tragique de la catastrophe d'une manière plus éloquente que le sobre communiqué donné dans le Bulletin de la guerre sous-marine du 20 février 1918.
Le 23 janvier au matin, le transport Drôme, venant de Toulon sous l'escorte du D'iberville, rentrait dans le chenal de sécurité de Marseille, lorsque, à 5 h 45, une violente explosion se produisit à bâbord devant. Le navire gîta fortement sur bâbord et des flammes très hautes s'élevèrent de la cale avant dont les panneaux ont été projetés à la mer. Quelques secondes après, une deuxième explossion se produit un peu sur l'arrière ; c'est probablement la cale-citerne, pleine de barils de mazout, qui saute, produisant vraisemblablement une déchirure de la chaudière avant. Des flammes et de la vapeur environnent le navire, une forte lame balaie tout ce qui se trouve sur le pont, et le bâtiment s'engloutit : le tout a duré à peine vingt secondes.
Les patrouilleurs du front de mer viennent au secours des naufragés, dont le sauvetage est plein de difficultés, dans une mer grosse d'épaves et de mazout enflammé...
A 8 h 15, le Kerbihan hisse le signale de "Mines en vues ! " coupe les orins de deux mines, et quelques minutes après saute sur une autre, mouillée à une faible immersion. Le commandant a disparu avec la plus grande partie de l'équipage.
Et il y a des gens qui demandent ce qu'ont fait les marins pendant la guerre !"

Source : Marcel Rondeleux, L'apogée de la guerre sous-marine 1917-1918, Les éditions de France, 1937, pages 185-186.

Cordialement.
Memgam
Rutilius
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DRÔME — Transport de 3e classe à hélice (1887~1918).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


Récompenses consécutives à la perte du transport Drôme


Journal officiel du 17 juillet 1918, p. 6.177.

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: DROME - Aviso transport

Message par Memgam »

Bonjour,

La Drôme,

Source : Armée et Marine, n° 50 du 16 décembre 1900, page 1087.

Cordialement


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Memgam
marpie
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Re: DROME - Aviso transport

Message par marpie »

Bonjour à tous ,

Extrait du JO du 13 avril 1916 (p 3110) :

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Bien amicalement
Marpie
Rutilius
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DRÔME — Transport de 3e classe à hélice (1887~1918).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

■ Historique (complément).

— 11 août 1893 : Aborde le cargo Octeville, bâtiment de la société en nom collectif C. Brown et Corblet, du Havre, commandé par le capitaine au long-cours Yves LEMANCHEC. Cinq victimes.

Journal des débats politiques et littéraires, Samedi 12 août 1893, p. 2.

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Le Temps, n° 14.167, Vendredi 23 mars 1900, p. 3.

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V. : Conseil d’État, 16 mars 1900, Sieurs Brown, Corblet et autres : Rec. 1900, p. 213.

—> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... ville.zoom
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
NIALA
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Re: DROME - Aviso transport

Message par NIALA »

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Une belle vue de l'aviso-transport la Drome
Cordialement

Alain
olivier 12
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Re: DROME - Aviso transport

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

DROME

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Naufrage du 23 Janvier 1918. Rapport du capitaine

Appareillé de Toulon le 22 Janvier 1918 à 23h35, avec 260 tonnes de matériel, escorté par le contre torpilleur D’IBERVILLE. Franchi le barrage le 23 à 00h00.

A 00h35, quitté les chenaux de sécurité et fait route au Sud avec des lacets de façon à m’écarter de 2 milles en dehors de la limite du banc des Banquières et pour rejoindre un point situé à 5 milles dans le S30E du Planier (origine des chenaux de sécurité de Marseille). Atteint ce point à 04h30.
Pendant toute cette traversée, temps forcé avec mer très forte, brise passant rapidement au Nord et devenant très forte. Mer hachée, mais très bonne visibilité. Pris le chenal de sécurité au N009E, exactement dans le milieu du fuseau blanc du Saut du Marrot.

A 05h45, demandé par Collomb au patrouilleur ORB : « DROME demande pilote et ordres ». Allumé mes feux pour accuser ma manœuvre à ce patrouilleur qui avait ses feux de route et ses feux de position. J’avais dépassé le feu du Planier de 2,5 milles quand un grand choc se produisit qui provoqua une formidable explosion. La cale avant s’enflamma et une autre explosion, plus forte encore, se produisit presque aussitôt au panneau milieu. Toutes les ouvres mortes du navire furent recouvertes d’une flamme très intense qui dépassait en hauteur la passerelle et le gaillard. Le navire ressemblait à une véritable torche. Les fuites considérables de vapeur que je constatai m’indiquèrent d’une façon formelle que les chaudières motrices avaient explosé.

Le pont arrière sembla se couvrir d’une masse énorme d’eau se dirigeant vers l’avant. Elle atteignit la passerelle de manœuvre et envahit toute la partie avant, sauf le gaillard qui se maintint un peu plus longtemps. Le navire se coucha sur la gauche et s’enfonça en formant un angle de 20° avec l’horizontale.

La durée maximum de cette catastrophe fut de vingt secondes et ne donna pas le temps matériel à l’équipage de quitter son poste de mouillage, où il se trouvait, pour rejoindre le poste d’évacuation. La mer était forte et la brise fraîchissait. Deus radeaux ont toutefois pu être dessaisis.
Je me fais un devoir de signaler la conduite admirable de mon équipage. Pas un cri n’a été poussé. Grâce à son entrain et à sa bonne volonté, nous avons pu restreindre de beaucoup les conséquences de ce sinistre qui, malheureusement, atteint le chiffre de 26 hommes.

Je signale particulièrement :

ANQUETIL 1er maître timonier
TOURMENT Maître mécanicien
MADEC 2nd maître timonier
LE GUILLOU 2nd maître mécanicien
PRAT 2nd maître mécanicien
FLOTTES 2nd maître fourrier
LAGARDE 2nd maître TSF

Disparus glorieusement avec leur bâtiment.

Les 1er maîtres timoniers LE DANTEC et MAREC, ainsi que le maître de manœuvre MEVEL qui sont restés à leur poste avec moi jusqu’à ce que la vague envahissante nous enlève littéralement du poste de manœuvre où nous nous trouvions. J’ai été blessé et projeté le long du bord. Par un vrai miracle, j’eus la chance, avec ces derniers, de ne pas être happé par les remous du navire, ni capelé dans les cordages. Mais je suis resté pendant une demi heure dans la position la plus critique, avant d’être recueilli par le JEAN D’AGREVE qui m’a donné l’hospitalité, ainsi qu’à 6 survivants, jusqu’à notre mise à terre.

Le matelot timonier SICARD aidé du QM infirmier BOUSSARD, a réussi à retirer d’une situation très critique le 1er maître LE DANTEC qui eût certainement été écrasé par les épaves flottantes qui l’entouraient, et à le hisser sur un radeau.

Le nombre de survivants est de 32, dont 25 ont été sauvés par l’ORB qui se trouvait sur les lieux mêmes au moment du sinistre. Les 7 autres ont été sauvés par le JEAN D’AGREVE. Le travail des embarcations fut très difficile vu l’état de la mer qui était couverte de barils de mazout, de débris de mâture et d’espars de toutes sortes.

Voici la signature du capitaine Allaire au bas de son rapport

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Rapport de l’Enseigne de Vaisseau LE BARON, commandant l’ORB au LV MOYON, commandant la flottille du Front de Mer

Le 23 Janvier 1918, me trouvant en service de convoyage à proximité de l’arraisonneur, vers 05h45, à 1,7 mille au N69W du sémaphore de Croisette, le transport DROME vers lequel je me dirigeais pour le convoyer m’a signalé : »DROME demande pilote et ordres ». Dès le signal reçu, une explosion suivie d’une gerbe de flammes s’est fait entendre. Elle provenait de ce navire qui était à 600 m de moi dans le SW. Jugeant qu’il venait de toucher une mine, ou d’être torpillé, je me suis dirigé vers lui.

Arrivé sur les lieux et ne voyant plus le navire, j’ai fait mettre à l’eau mes deux embarcations pour recueillir les survivants dont j’entendais les cris d’appel. J’explorai les alentours. La nuit très noire jusqu’à 06h20 et la mer grosse par une très forte brise de SE ont beaucoup gêné mes recherches et je n’ai pu recueillir que 25 hommes. J’ai patrouillé jusqu’à 07h30 sur les lieux et, après m’être assuré qu’il ne restait plus personne à recueillir, je me suis dirigé, après en avoir reçu l’ordre, sur le port où j’ai remis ces naufragés aux mains des autorités maritimes dans le bassin de la Joliette.

Je signale la conduite digne d’éloges de mon équipage, conduite que j’ai déjà appréciée en plusieurs autres circonstances. Il n’a pas hésité, malgré les difficultés, à armer des embarcations pour porter secours aux survivants.

Rapport du CC FORGET, commandant le croiseur D’IBERVILLE

Quitté Toulon le 23 Janvier 1918 à 00h00 pour convoyer DROME jusqu’à Marseille. Ciel couvert. Nuit noire. Jolie brise d’ESE. Petite houle.

Zigzagué dès la sortie du chenal de sécurité, D’IBERVILLE derrière DROME à moins de 500 m. Vitesse 10 nœuds. Tous feux éteints, y compris feu de poupe.
A 05h30, pris le chenal de sécurité de Marseille, D’IBERVILLE derrière DROME.
A 05h35, D’IBERVILLE fait reconnaître le convoi par l’arraisonneur qui escorte aussitôt.
A 05h45, étant trop rapprochés de DROME, nous diminuons la vitesse à 8 nœuds et venons sur la gauche. Nous sommes à environ 1 mille dans le Nord de Tiboulen.
A 05h48, entendu sourde et très violente explosion, instantanément suivie d’une deuxième. DROME apparaît, enveloppé d’une énorme flamme, et disparaît en moins de 30 secondes. L’obscurité redevient complète et seules apparaissent les flammes et deux bouées de sauvetage de DROME.

Dans l’immense lueur provenant de l’explosion, la surface de la mer a été puissamment éclairée. Aucune trace de sillage de torpille et j’ai la conviction absolue que DROME a sauté sur une ou deux mines. D’IBERVILLE était à 150 m sur bâbord arrière. Battu en arrière toute pour éviter le champ de mines supposé. Les machines partent instantanément et nous n’approchons pas à moins de 50 m de DROME. Culons et stoppons à 800 m environ, dans le chenal de sécurité.
Dès l’explosion, alerte et postes de combat. Amené rapidement deux baleinières qui sont envoyées sur les lieux pour procéder au sauvetage. Eclairé la zone avec notre projecteur avant. Fait SOS. Vu l’arraisonneur et deux petits chalutiers sur les lieux du sinistre.

A 06h05, fait SOS DROME et D’IBERVILLE dans chenal de sécurité de Marseille.
A 06h06, manœuvré pour rester dans le chenal de sécurité à proximité des sauveteurs et continué à éclairer.
A 06h35, aperçu un grand voilier chargé dans le SE et le grand vapeur GENERAL GALLIENI dans le SSW faisant route vers le chenal de sécurité. Je tiens à empêcher ces navires d’entrer dans le chenal et les attaque au Collomb et au projecteur.
A 06h46, GALLIENI fait SOS 43°07 et 05°18. Fait route sur lui.
A 06h48, GALLIENI revient route au Nord et tire 3 coups de canon par tribord. Les points de chute sont sur notre avant à moins de 1000 m. Je suppose qu’il a aperçu le sous-marin et fait route sur le dernier point de chute. Mouillé 4 grenades dont une seule (la première) explose. Rien constaté, mais vers 06h55, un homme de veille sur bâbord de la passerelle aperçoit une grande gerbe d’eau semblant provenir de l’explosion d’une mine à droite de l’île Riou. GALLIENI range Pomègue à toucher et rentre indemne à Marseille.
Envoyé TSF suivant à Marine Marseille : « DROME a sauté dans chenal de sécurité, très probablement sur mine. Dois-je faire passer vapeurs qui arrivent ».

A 07h00 signalé route dangereuse à ALGOL et de ne pas prendre chenal de sécurité. ALGOL rallie et prend poste derrière nous. Patrouillé tous les deux à 15 nœuds dans le Sud du point d’arraisonnement. Routes diverses. Jolie brise d’ESE. Equipage toujours aux postes de combat.

A 08h00, nouvelle explosion d’une mine dans le chenal de sécurité et perte d’un chalutier. (Nota : il s’agit du KERBIHAN) Grande gerbe d’eau. L’homme de veille sur bâbord déclare spontanément que c’est exactement ce qu’il vient de voir à droite de Riou.
Cette constatation permet de supposer qu’un 2e sous-marin attaquait GALLIENI tandis que le premier passait sous Riou. C’est ce 2e sous-marin que nous avons tenté de grenader.
A 10h00, trois chalutiers patrouillent et 3 avions survolent la zone au Sud du Planier.
A 11H00, rentré à Marseille par le chenal de secours et à 15h00, D’IBERVILLE et ALGOL s’amarrent dans le vieux port.

Je tiens à signaler le calme et le sang froid absolu de tous à bord de D’IBERVILLE et en particulier du personnel chauffeur et mécanicien. Par sa manœuvre rapide et instantanée, ils ont sauvé le bâtiment en exécutant avec promptitude et sans hésitations l’ordre de battre en arrière toute tandis que D’IBERVILLE était ébranlé très fortement par l’explosion voisine. Monsieur la Mécanicien Principal BOINARD a été digne d’éloges et je n’ai qu’à me louer des services rendus par Monsieur le Lieutenant de Vaisseau LECOMPERE, officier en second.

En ce qui concerne le matériel, je renouvelle avec la plus grande insistance ma demande du 1er Décembre pour que D’IBERVILLE soit muni du plus grand nombre possible de grenades offrant toute garantie de bon fonctionnement. Une occasion fugitive de grenader un sous-marin peut se présenter favorablement et il serait criminel de la laisser s’échapper faute de ces engins peu coûteux que sont les grenades (quand elles fonctionnent bien). D’IBERVILLE a des installations qui lui permettent de recevoir 32 grenades et il n’en a que 8 ce qui est tout à fait insuffisant.

Rapport de la commission d’enquête


Après avoir entendu tous les témoins du sinistre, la commission reconnaît que le transport DROME allant de Toulon à Marseille, se trouvait le 23 Janvier 1918 à 05h45 à 1,5 mille de l’île Maire, suivant correctement le chenal de sécurité, lorsqu’une violente explosion se produisit à bâbord, un peu sur l’avant de la passerelle.
Le navire gita fortement sur bâbord et des flammes très hautes s’élevèrent de la cale avant dont les panneaux avaient été projetés à la mer par l’effet de l’explosion.
Quelques secondes après, une deuxième explosion se produisit sur l’arrière de la passerelle. C’était la cale citerne pleine de barils de mazout qui venait de sauter, produisant une déchirure de la chaudière avant. Des flammes et de la vapeur enveloppèrent le navire et une forte lame balaya tout ce qui se trouvait sur le pont, tandis que le navire s’engloutissait. Les témoignages recueillis permettent d’affirmer que les munitions situées dans les soutes de l’arrière n’ont pas explosé.
La soudaineté de la disparition du bâtiment, 20 secondes, n’a pas permis au commandant de prendre des mesures pour sauver l’équipage. Mais deux radeaux ont été largués par les soins du maître de manœuvre Pierre MEVEL.
Si l’on n’a pas à déplorer plus de victimes (26 hommes) c’est à l’habitude qu’avait le commandant de mettre de bonne heure aux postes de mouillage.
Le commandant de DROME a été entraîné à la mer par la vague déferlant sur la passerelle où il se trouvait au milieu des flammes du mazout qui brûlait à la surface de l’eau.
Le 1er maître de timonerie LE MAREC, de quart sur la passerelle, a été jeté à terre par la première explosion. Il est resté fidèlement auprès du commandant et a été entraîné avec lui au moment de l’engloutissement du navire.
Le maître de manœuvre MEVEL, après la première explosion, coupa posément les saisines des radeaux, et c’est la mer qui l’arracha à sa besogne et l’entraîna avec elle. L’équipage de DROME a fait preuve d’un calme, d’un sang froid et d’une discipline dignes d’être signalés.

Les hommes aux postes de mouillage dans le poste avant, bloqués par les flammes, ont pu s’échapper grâce à la présence d’esprit des matelots RAVAUX et DURANTEAU qui ont défoncé à coups de tête le panneau d’accès du gaillard.
Le personnel de la machine est resté consciencieusement à son poste de manœuvre. A la mer, les survivants qui l’ont pu ont porté secours à leurs camarades.
Le matelot timonier SICARD, ayant réussi à monter sur un radeau, a porté secours au QM infirmier BOUSSARD, qui ne savait pas nager, et l’a aidé à monter sur le radeau. Le matelot gabier LE ROUZIC a donné une épave à un homme ne sachant pas nager et l’a mené vers l’embarcation de l’ORB. Le matelot DURANTEAU a exhorté au courage le matelot fourrier ARNAUD qui ne savait pas nager et allait lâcher l’épave qui le soutenait.

La commission croit devoir appeler l’attention sur chacun de ces hommes dans le but de leur faire obtenir une récompense en rapport avec le sang froid et le dévouement dont ils ont fait preuve, et se permet d’insister sur l’esprit d’abnégation de tout cet équipage, dont une partie a péri à son poste, victime du devoir.

La commission déclare qu’elle considère comme absolument dégagée la responsabilité du commandant qui, d’après tous les renseignements recueillis dans l’enquête, s’est montré digne des fonctions qui lui avaient été confiées et qui, devant la soudaineté du sinistre, n’a pu prendre aucune mesure pour éviter la catastrophe et empêcher la perte de son bâtiment. Elle se fait un devoir d’attirer l’attention de l’Autorité Supérieure sur cet officier qui, déjà dans deux circonstances difficiles (sur HORTA et ALENTEJO) a montré des qualités de sang froid, d’initiative et de courage dignes des plus grands éloges.

Elle croit aussi devoir faire mention de la belle conduite des équipages des patrouilleurs ORB et JEAN D’AGREVE qui, dans une mer grosse et pleines d’épaves et de mazout enflammé, ont porté secours à leurs camarades.

Le sous-marin poseur de la mine

Il s’agissait de l’UC 67 du Kptlt Karl NEUMANN. (Martin NIEMÖLLER ne prendra le commandement de ce sous-marin qu’en Juin 1918.)

Il semble bien qu’il était en fait en cours d’opération de mouillage de ses mines, en ce 23 Janvier 1918, quand DROME a sauté sur l’une des premières qu’il venait de mouiller. C’est très probablement le sous-marin aperçu à quelques centaines de mètres des lieux de l’explosion par GENERAL GALLIENI et grenadé sans succès par D’IBERVILLE.
UC 67 va en effet lancer deux torpilles (à 06h35 et 06h55) sur GENERAL GALLIENI. Celui-ci va les apercevoir à temps et les éviter d’extrême justesse.
La grande gerbe d’eau aperçue par le veilleur de bâbord de D’IBERVILLE est très certainement l’explosion de la 2e torpille qui s’est perdue du côté de l’île Riou.

Les récompenses. Propositions.


Citation à l’Ordre de la Brigade

LE DANTEC Mathurin 1er maître de timonerie

Officier marinier faisant fonction d’officier en second de réelle valeur. A su tenir ses hommes en main et veiller à leur évacuation. N’a quitté le bord que lorsqu’il a été enlevé par la mer.

Médaille Militaire

LE MAREC Aimé 1er maître de timonerie

Excellent sous-officier. Etait de quart au moment de l’accident. A secondé le commandant dans la surveillance d’évacuation et n’a quitté le navire que lorsqu’il a été projeté au dehors par la mer. A fait preuve de beaucoup de sang froid et a veillé à l’évacuation et au maintien du bon ordre.

MEVEL Pierre Maître de manœuvre

Sous-officier très courageux. A été enlevé par la mer en essayant de couper, au mépris de tout danger, les saisines des radeaux du vent.

Médaille du sauvetage

SICARD François Matelot timonier

Sujet très courageux et très soucieux de son devoir. A Opéré le sauvetage du QM BOUSSARD, de l’officier en second LE DANTEC, en danger de se noyer par nuit noire et mer grosse au milieu d’épaves.

Témoignage Officiel de Satisfaction

BOUSSARD Thomas QM infirmier

Ne sachant pas nager, a aidé le matelot SICARD à opérer avec succès le sauvetage du 1er maître LE DANTEC en danger imminent de se noyer, par nuit noire et mer très vive.

RAVAUX Marius Matelot chauffeur

Malgré l’incendie, a défoncé à coup de tête le panneau du gaillard, assurant l’évacuation du poste.

DURANTEAU Félix Matelot fusilier

Malgré l’incendie, a défoncé à coups de tête le panneau du gaillard, assurant l’évacuation du poste. A encouragé ses camarades à lutter contre la mer et a réussi à sauver le matelot fourrier ARNAUD.

LE ROUZIC Stanislas Matelot gabier

Matelot courageux qui a abandonné l’épave sur laquelle il se trouvait pour la donner à un camarade ne sachant pas nager, assurant ainsi son sauvetage.

Equipage DROME

Pour la discipline, l’entrain et l’esprit d’abnégation de tout l’équipage, dont une partie a péri à son poste, victime du devoir.

Equipages ORB et JEAN D’AGREVE, arraisonneurs du Front de Mer de Marseille

Ont fait preuve de dévouement et de sens marin en recueillant les naufragés de DROME, malgré des difficultés presque insurmontables, montrant un absolu mépris du danger. Ont entouré les rescapés de leurs bons soins jusqu’à leur mise à terre.

Note du 14 Août 1919. Commandant du port de Marseille

J’ai l’honneur de vous faire connaître que les travaux de renflouage de DROME sont suspendus. Deux bouées ont été laissées sur l’emplacement de l’épave en attente de la décision de l’Autorité supérieure à ce sujet.

Lettre du 14 Octobre 1919, du CA commandant Marine Marseille à Madame Veuve PRAT, 15 rue Saint Genès, Clermont Ferrand

Madame,

Dans votre lettre du 4 Octobre vous m’avez demandé de vous faire connaître si DROME avait été renfloué et, dans l’affirmative, si l’on avait retrouvé quelques traces des disparus.

J’ai le regret de vous informer que les travaux de renflouage de DROME n’ont donné aucun résultat et sont abandonnés pour le moment.

Au cas où ces travaux seraient repris avec succès, vous pouvez être certaine que si l’on retrouve quelque trace des disparus, vous en serez immédiatement informée.

Note du 20 Octobre 1932 au directeur de la Société Générale de Remorquage de Marseille

En réponse à votre lettre du 15 Octobre, j’ai l’honneur de vous faire connaître que le transport de l’Etat DROME a coulé le 23 Janvier 1918 sur une mine, à l’entrée de Marseille.
La position de l’épave, donnée le 9 Février 1918 est à 1,8 mille au N55W de Croisette.

Le chargement de ce navire se composait de 1500 barils contenant 260 tonnes de résidus de naphte.

Ce chargement a brûlé en grande partie à la suite de l’explosion.

Cdlt
olivier
Rutilius
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DRÔME — Transport de 3e classe à hélice (1887~1918).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


Marin du transport Drôme décédé antérieurement à la perte de ce bâtiment


— COCHARD Jean Marie, né le 18 août 1892 à Kerlouan (Finistère) et y domicilié, décédé le 3 août 1915 « après s’être jeté à la mer dans un accès de délire » [Corps retrouvé et inhumé à Moudros (Grèce)]. Mate-lot de 3e classe sans spécialité, inscrit le 8 octobre 1912 au quartier de Morlaix, n° 35.171 ; classe 1912, n° 1.643 au recrutement de Brest. (Acte de décès transcrit le 12 avr.1923 à Kerlouan). [Non déclaré « Mort pour la France »]

• Fils de Jean Marie COCHARD et de Marie TUGRÉAT, son épouse.

• Frère de :

— COCHARD Léon François, né le 10 avril 1888 à Kerlouan (Finistère) et y domicilié, au lieu-dit Permenez, disparu le 23 juin 1916 lors de la perte du torpilleur d’escadre Fourche, torpillé par le sous-marin autrichien U-15 (Linenschiffleutnant Friedrich Fähndrich), à 20 milles dans l’Est d’Otrante (Grèce), par 40° 9’ N. et 18° 48’ E. Quartier-maître chauffeur, inscrit le 15 juin 1906 au quartier de Morlaix, n° 34.969 ; classe 1908, n° 491 au recrutement de Brest. Célibataire. (Jug. Trib. civ. 1re inst. Lorient, 21 nov. 1916, transcrit à Lorient, le 13 déc. 1916 : Registre des actes de décès de la ville de Lorient, Année 1916, f° 250, acte n° 1.245, n° 13).
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 02, 2022 8:39 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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