Bonjour Christophe, bonjour Franck, bonjour à tous,
Voici les caractéristiques du BALKAN
Construit au chantier Dumbarton en 1882
Longueur 79,24 m Largeur 11,31 m Creux 7m
Jauge brute 1709 tx
1 machine compound deux cylindres
Puissance 1500 cv
Réquisitionné, appartenant à la Société Fraissinet dont le gérant, Alfred Fraissinet, était président de la commission des réquisitions maritimes, le BALKAN assurait la desserte de la Corse avec l'IBERIA et le PELION.
Aucun navire desservant la Corse n'ayant encore été torpillé en 1918, une légende voulait que des ordres spéciaux aient été donnés par le gouvernement allemand concernant cette île. Mais il s'agissait en fait d'une simple coïncidence, et Août 1918 vit la fin de cette légende avec le torpillage du BALKAN.
Voici le récit du torpillage.
Le BALKAN quitta Marseille pour Bastia le 15 Août 1918 sous les ordres du commandant Giorgi, avec environ 450 passagers dont 300 permissionnaires et 150 civils, hommes femmes et enfants.
L'équipage se composait de 32 hommes.
Il prit la mer en même temps que le PELION, courrier d'Ajaccio, escortés du contre-torpilleur BOREE. Au large de Toulon, le BOREE est remplacé par un autre navire de guerre.
A 22h00, nuit noire et mer calme. Le PELION et son escorte quittent le BALKAN et font route plus au sud, vers Ajaccio.Celui-ci poursuit seul vers Bastia.
A 01h35, à 8 milles au large de Calvi, le matelot de veille aperçoit sur tribord un sous-marin en surface, qui se confond avec les flots et le signale immédiatement au commandant Giorgi qui est sur la passerelle. Presque aussitôt, une torpille frappe le navire par le travers du grand mât arrière, entre les cales 3 et 4. L'antenne radio tombe et l'officier radio, Armand Gavini, ne peut envoyer aucun message. De toutes façons, le drame est très rapide. Les passagers affluent sur le pont du BALKAN qui gite très fortement sur tribord. Moins d'une minute après l'explosion de la torpille, le BALKAN se dresse verticalement et s'enfonce dans les flots comme une flèche, entrainant équipage et passagers. La disparition est si rapide qu'aucun moyen de sauvetage n'a pu être mis en action.
A la surface de la mer flottent néanmoins sept radeaux qui se sont détachés du navire et sur lesquels s'entassent les malheureux qui ont pu surnager. Mais il faut lutter pour sa survie, et des scènes tragiques se produisent.
Quelques minutes plus tard, il y a seulement 102 survivants sur ces radeaux, qui peuvent voir dans le lointain le feu de la pointe Revellata. Parmi eux douze hommes d'équipage, dont un seul officier, le second mécanicien Pierre Anfriani. Il va prendre la direction des opérations, relier les radeaux entre eux et, à l'aide de morceaux de planches en guise d'avirons, tenter de gagner la côte. Les malheureux vont ramer toute la nuit, aucun navire n'étant en vue. Vers 10h00 du matin, ils ne sont plus qu'à 3 milles de la côte lorsque deux hydravions qui patrouillent entre Calvi et l'Ile Rousse les aperçoivent. L'un d'eux se pose, tandis que l'autre va chercher du secours. Quelque temps plus tard, une vedette arrive de Calvi et recueille les 102 rescapés.
A noter que Pierre Anfriani, seul officier survivant, avait déjà été torpillé le 9 Avril 1917 sur l'ESTEREL près de Port Vendres, et le 28 Octobre 1917 sur le MARC FRAISSINET entre Marseille et l'Orient. Il s'en sortait vivant pour la 3e fois.
Il recevra le témoignage de satisfaction suivant :
"Après le torpillage du BALKAN, a pris le commandement des radeaux surchargés de survivants, procédé à la répartition de ceux-ci, maintenu le moral des naufragés avec énergie et sang froid. A réussi à faire manoeuvrer tout le groupe de radeaux pour se rapprocher de la côte. Quand les secours sont arrivés, neuf heures après le torpillage, a refusé d'être recueilli avant les naufragés dont la situation lui semblait périlleuse. Déjà rescapé de deux navires torpillés."
Selon le site d'Yves, le sous-marin torpilleur était l'UB 48 du KL Wolfgang STEINBAUER.
La catastrophe du BALKAN sera, avec environ 400 disparus, la plus importante jamais enregistrée sur les lignes de Corse.
Voici une représentation du BALKAN (source "Corsica Marittima")

Cordialement
Olivier