Bonjour à tous,
Quelques renseignements sur le naufrage de ce navire
MARC FRAISSINET
Rapport du capitaine
Le 27 Octobre 1917, débarqué à Bône un contingent de spahis avec leurs bagages et 250 chevaux dont 5 tués par le mauvais temps pendant la traversée.
Appareillé le 28 Octobre à 14h00 pour Salonique, chargé de matériel de guerre et de munitions pour l'armée d'Orient embarqués à Marseille et ayant embarqué du fourrage en balles à Bône.
Avant l'appareillage, avons procédé à des réparations d'extrême urgence d'avaries dues au mauvais temps.
Temps à grains de NW. Mer un peu houleuse. Suivi les routes recommandées.
A 18h30, aperçu un petit bâtiment que nous reconnaissons comme étant le chalutier convoyeur ALBATROS 2.
Vent de NW fraîchissant, mer devenant grosse avec forts grains de NW.
A 20h30, par 37°10 N et 08°37 E, violente explosion par le travers de la soute à charbon bâbord qui ébranle tout le navire et soulève une formidable colonne d'eau, de charbon et de feu. Les embarcations de bâbord sont démolies. La TSF ne fonctionne plus car le tuyau d'arrivée d'essence au groupe électrogène a été coupé et on ne peut le démarrer. Aucun signal n'est donc envoyé.
Le navire donne une forte gite sur bâbord. Le transmetteur d'ordre de la passerelle a été démoli.
Nous avons été frappés par une torpille.
J'envoie le second capitaine faire stopper les machines. Mais le compartiment machine est déjà envahi par l'eau. L'officier de quart a déjà fermé la soupape et fait évacuer.
Mis aux postes de combat et d'évacuation car le navire s'enfonce rapidement. Coupé les saisines des embarcations bâbord et des radeaux de l'avant.
Jeté à la mer les papiers et les documents secrets dans un sac plombé. Après avoir vérifié qu'il ne reste personne à bord, embarqué dans un canot alors que le pont est déjà immergé. La pontée a été entièrement enlevée par la mer qui balaie le château central. Nous nous écartons du navire.
Sommes recueillis par ALBATROS 2 dans un laps de temps relativement court vu les circonstances et l'état de la mer. Effectué l'appel et constaté l'absence du matelot Nourry Eugène, ainsi que d'un matelot passager de l'EROS. Effectué alors des recherches au milieu des épaves. Au bout de trois heures, nous retrouvons le matelot Nourry, seul sur un radeau et très abattu.
Le passager disparu s'était jeté à l'eau afin d'atteindre une embarcation et a coulé à pic, peut-être victime d'une congestion.
A 23h45, le MARC FRAISSINET, qui flottait encore, disparaît.
Je signale le grand sang-froid des officiers, la belle conduite du 1er chauffeur Pietri, du maître d'équipage Pesce, du quartier maître canonnier Lelias qui n'a quitté son poste qu'au dernier moment et sur mon ordre, ainsi que des convoyeurs militaires Arnal et Guillaumont.
Le sous-marin attaquant
C'était donc l'UB 50 du KL Franz BECKER
Cdlt