Bonjour à tous,
LA GAULE
Capitaine AGOSTINI Antoine Bastia 295
Compagnie Paquet. Gouvernement français.
Traversée Marseille – Salonique
Armement :
- 1 canon de 47 mm modèle 1885 à recul à l’avant
- 1 canon de 75 mm modèle guerre à l’arrière
- 2 appareils fumigènes
Equipage 40 hommes tous Français, dont soldats convoyeurs de matériel.
Rapport du capitaine
Le 23 Juin 1917 à 04h00, franchi la passe Nord du détroit de Messine. Doublé le cap Dell Armi à 06h00. A 08h50, doublé Spartivento et fait route au S79E sur Navarin. Beau temps. Mer calme.
Vers 16h30, par 37°38 N et 17°22 E, sans avoir vu ni le sous-marin, ni sa trace, une torpille nous est lancée par bâbord d’une distance de 800 m environ. Le matelot Crescioni, de veille dans la hune, la voit le premier et crie « Torpille à bâbord ». Etant sur la passerelle, je vois le sillage qui vient légèrement sur l’avant du travers et dont le prolongement passe par la passerelle. Mis à gauche toute et forcé la machine pendant que sur mon ordre le 2e capitaine met aux postes de combat.
Au cri « Torpille à bâbord » le télégraphiste a lancé un SOS avec la position du navire qu’il a constamment sous la main. Pour activer l’abattée sur bâbord, je prends moi-même la barre et bouscule le matelot qui ne va pas assez vite. La torpille n’est plus qu’à 150 m mais l’abattée est déjà bien prononcée et l’engin passe à 1 ou 2 m du gouvernail. Je donne l’ordre au télégraphiste de lancé un Allo (torpillage manqué) qui est répété par Malte.
A mon signal, deux coups de sifflet, le chalutier WALKYRIE, qui était devant moi, passe derrière. Mis le cap au S60E de peur que le sous-marin ne soit pas seul ou qu’il me rattrape en plongée. Pour éviter une nouvelle attaque, navigué en zigzags irréguliers à des intervalles de 10 à 20 minutes.
A 17h30, aperçu sur bâbord, un peu sur l’avant du travers, à environ 1200 m, un sillage puis un périscope. Cessé les zigzags en venant sur la droite et fait feu à deux reprises avec la pièce de 47 mm. Les coups tombent près du but, mais tout disparaît aussitôt.
A 18h20, repris la navigation en zigzags jusqu’à la nuit, en venant progressivement au S60E vrai.
A 21h15, repris l’allure normale de la machine et fait route sur Navarin.
Voici le schéma des manoeuvres effectuées par LA GAULE
Signé Agostini, à bord du CHARLEMAGNE. Salonique 8 Juillet 1917
Extrait du rapport d’enquête
L’officier enquêteur reprend les indications données par le commandant et le maître d’équipage qui faisait fonction d’officier de quart à la passerelle, tout en ergotant un peu sur la distance de la torpille quand elle a été aperçue. Il conclue :
Un seul fait ressort nettement : le matelot de vigie CRESCIONI Pierre, Bastia 5294, en sursis d’appel, a rempli consciencieusement son devoir. Il a aperçu la torpille à bonne distance et l’a signalée aussitôt. Il a fait preuve d’initiative heureuse en indiquant avec le bras la manœuvre à faire. Son cas mérite de retenir l’attention de l’Autorité supérieure.
Récompenses
Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre
AGOSTINI Antoine Capitaine EV1 auxiliaire
Pour avoir préservé son bâtiment d’une attaque à la torpille grâce à l’opportunité et à la rapidité de sa manœuvre.
CRESCIONI Pierre Matelot Bastia 5294
Etant de veille dans la mâture et apercevant une torpille a fait preuve d’une intelligente initiative en donnant directement les ordres convenables à la barre.
Vapeur LA GAULE
Pour la bonne veille exercée à bord et la bonne attitude de son équipage lors d’une attaque de ce bâtiment à la torpille.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié.
Toutefois, comme pour le dragueur CAPRICIEUSE qui sera manqué de peu le lendemain 24 Juin, on pourrait penser au sous-marin autrichien U 31 du LV Franz NEJEBSY. A vérifier par des spécialistes…
Cdlt