LA LOIRE - Société Nantaise de Navigation à Vapeur

Rutilius
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LA LOIRE — Transport pénitenciaire — Compagnie nantaise de navigation à vapeur, Nantes.

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Bonjour à tous,


Récompenses consécutives à la perte du transport La Loire,
survenue le 31 mars 1918



Citations à l’ordre de l’armée

Journal officiel du 23 août 1918, p. 7.430.

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Inscription au tableau spécial de la Légion d'honneur

□ Par décision du Ministre de la Marine ne date du 20 janvier 1919 (J.O. 25 janv. 1919, p. 996), le capitaine Olivier de LANGLOIS fut inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants :

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Inscription à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 7 mars 1922 (art. 2 ; J.O. 15 mars 1922, p. 2.952 et 2.954), fut inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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lucien michele
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Re: LA LOIRE - Société Nantaise de Navigation à Vapeur

Message par lucien michele »

Bonjour à tous,

Voici une note manuscrite, annexée au rôle d’équipage, qui confirme le remorquage jusqu’à la baie d’Aboukir.

http://img178.imageshack.us/img178/3624/loire4np3.jpg

Le rôle est en très mauvais état, mais a pu être sauvé par le capitaine de Langlais lors du naufrage. Il porte néanmoins de fortes traces d’humidité… sans doute a-t-il reçu un peu d’eau de mer lors du transfert dans les canots de sauvetage. C’est un document émouvant.


Olivier
Bonjour à toutes et à tous,

Voici la fiche MDH d'un soldat décédé sur La Loire le 31 mars 1918

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... m_rotate=F

Cordialement

Michèle
"Mais VIEILLE CHAMPAGNE ne disparaît pas tout à fait ! Non."
http://liverdun.com/pagesperso/lucienlo ... /index.htm
Rutilius
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Message par Rutilius »

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Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


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La Loire en 1916


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Bibliothèque nationale de France ~ Département Estampes et photographie
Photographie de presse de l’Agence Rol ~ Réf. Rol 46.717


La Loire à quai à Salonique ― Débarquement de matériel


LA LOIRE -  Transport - I - .jpg
LA LOIRE - Transport - I - .jpg (181.65 Kio) Consulté 1496 fois

« La Guerre. Documents de la Section photographique de l’Armée (Ministère de la Guerre) »,
Fasc. III, « Les alliés à Salonique », Librairie Armand Colin, Paris, s. d., Planche XXIV, p. 82.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Bonsoir à tous,


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L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 3.468, Vendredi 17 juillet 1908, p. 1.


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L’Ouest-Éclair — éd. de Rennes —, n° 3.469, Samedi 17 juillet 1908, p. 1.


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ULLMO Charles Benjamin


Né le 17 février 1882 à Lyon (Rhône) et décédé le 21 septembre 1957 à Cayenne (Guyane).

• Fils de David ULLMO, né vers 1840, négociant en cuirs, et de Charlotte Mathilde PARAF, née vers 1846, sans profession, son épouse (Registre des actes de naissance du Ier arrondissement de la ville de Lyon, Année 1882, f° 29, acte n° 133).

Admis le 30 septembre 1898 à l’École navale à la suite du concours ouvert la même année, étant classé 3e sur une liste de 76 élèves (Déc. min. 10 sept. 1898, J.O. 11 sept. 1898, p. 5.750).

Nommé au grade d’aspirant de 2e classe à compter du 1er août 1900, étant classé 8e sur une liste de 74 élèves (Déc. min. 7 août 1900, J.O. 8 août 1894, p. 5.269).

Avec les autres aspirants, embarque le 9 octobre 1900 sur le bâtiment-école d’application Duguay-Trouin.

Promu au grade d’aspirant de 1re classe à compter du 1er octobre 1901, étant classé 8e sur une liste de 73 élèves (D. 7 août 1901, J.O. 10 août 1901, p. 5.058). Attaché au port de Toulon (J.O. 11 août 1901, p. 5.124). Destiné à l’Escadre de Méditerranée (Ibid.).

Le 10 septembre 1903, débarque du croiseur cuirassé Pothuau, de l’Escadre de Méditerranée, étant dési-gné pour embarquer dans l’Escadre de l’Extrême-Orient (J.O. 5 sept. 1903, p. 5.603). Pour rejoindre sa destination, embarque à Lorient sur le croiseur cuirassé Geydon (Ibid.).

Promu au grade d’enseigne de vaisseau à compter du 5 octobre 1903 (D. ... 1903, J.O. ... 1903, p. ...).

En Septembre 1905, désigné pour embarquer sur le cuirassé Gaulois, dans l’Escadre de la Méditerranée (J.O. 23 sept. 1905, p. 5.701).

En 1907, embarqué comme second sur le torpilleur Carabine, dans l’Escadre de Méditerranée.

Condamné le 22 février 1908 par le premier Conseil de guerre maritime permanent de Toulon à la peine de la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire pour le crime de trahison, crime prévu et puni par l’article 76 du Code pénal alors en vigueur, ayant été jugé « coupable d’avoir, pendant l’année 1907, à Toulon, à Paris, et en tout autre lieu, entretenu par correspondance et verbalement des intelligences avec un agent d’une puissance étrangère, pour lui procurer les moyens d’entreprendre la guerre contre la France en lui livrant des documents secrets sur lesquels [était] basée l’action offensive et défensive de la marine française. » — Conseil de guerre présidé par le capitaine de vaisseau François Léon GROSSE.

Le 22 mai 1908, rejet par la Chambre criminelle de la Cour de cassation du pourvoi en cassation du juge-ment rendu le 22 février 1908 par le premier Conseil de guerre maritime permanent de Toulon (Bull. crim. 1908, n° 212, p. 388 — Dalloz 1909, I., p. 328, rapport du conseiller Mercier).

Dégradé publiquement le 12 juin 1908 sur la place Saint-Roch, à Toulon, par le premier maître de mous-queterie Alexandre MORIN.

Le 17 juillet 1908, avec 514 forçats ou récidivistes relégués, embarque à l’Île d’Aix sur le transport La Loire pour être déporté au bagne de l’Île du Diable (Guyane).

En Mai 1923, par décision du Gouverneur de la Guyane française, transféré de l’Île du Diable à Cayenne, demeurant néanmoins placé sous surveillance policière (Le Temps, n° 22.556, Jeudi 10 mai 1923, p. 4, en rubrique « Nouvelles du jour »).

Gracié en 1933 par le Président de la République Albert LEBRUN.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: LA LOIRE - Société Nantaise de Navigation à Vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques autres CP de LA LOIRE

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Torpillage du 31 Mars 1918

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Télégrammes divers du Ministère des Affaires étrangères

1er au 6 Avril (d’Alexandrie ou Port Saïd)

Le transport LOIRE qui avait quitté Alexandrie pour Port Saïd et Tunis a été torpillé. 9 officiers, 32 sous-officiers et 396 soldats et marins ont été ramenés ici par torpilleur japonais.

LOIRE torpillé le 31 Mars à 20h00 par 37°51 N et 30°20 E. Beau temps et nuit noire. Navire semble brisé entre cales 1 et 2. Un soldat a disparu en plus du matelot déjà signalé.

Soldat Zegu et marin Quartin disparus. Evacuation en ordre parfait. On espère ramener le navire à Alexandrie. 10 hommes légèrement blessés.

Amirauté fait tous ses efforts pour échouer LA LOIRE dans la baie d’Aboukir.

Transport LOIRE venant de Marseille chargé de matériel et de troupes militaires françaises de Port Saïd torpillé hier soir après son départ d’Alexandrie. Il continue à flotter et on le remorque à la vitesse de 4 nœuds.

On déplore 2 victimes seulement et 10 blessés légers. Tous les autres passagers sont à Alexandrie. On espère échouer LA LOIRE dans la baie d’Aboukir.

Radio-télégramme intercepté annonce que LOIRE est en train de couler.

Vapeur LOIRE s’est mis à la côte dans la baie d’Aboukir à 1,5 mille au NEqE de Nelson Island.

Situation LOIRE aggravée. Cales 4 et 5 envahies par l’eau. Bâtiment enfoncé par l’arrière. Déchargement ne peut être tenté que par scaphandriers.

LOIRE Coulé par 15 m sur récif Culloden. Arrière émergeant encore, mais bâtiment s’enfonce progressivement et gite de 20° sur bâbord. Grosse houle empêche tout travail de déchargement de la cale arrière.

Deux victimes :

- CAUTIN Jean Marie, matelot canonnier 16990.4 Sa plaque d’identité portait le nom de CARTIN. Le corps de cet homme, noyé, a été retrouvé à la côte le 4 Avril.
- ZEQUEWITZ Charles, soldat de l’infanterie coloniale du 4e RIC. Sans doute tué à son poste de couchage par l’explosion. Son corps n’a pas été retrouvé.

Trois blessés dont deux grièvement, tous soldats.

Rapport du capitaine LV auxiliaire DE LANGLAIS

Quitté Alexandrie le 31 Mars 1918 à 14h00 à destination de Port Saïd avec 75 hommes d’équipage, 317 soldats dont 9 officiers et 137 marins et 991 tonnes de marchandises diverses pour le commerce et le Gouvernement, dont 222 tonnes de munitions situées dans la cale IV.
TE avant 5 m et arrière 6,20 m.
Débarqué le pilote en dehors de la passe. Route et zigzags conformément aux instructions reçues. Exercices d’attaque et d’abandon du navire effectués à 15h00. Tous les passagers sont en permanence revêtus de leurs ceintures de sauvetage. Hublots fermés. Service TSF assuré par 4 télégraphistes. Veille complète et permanente, nuit et jour, avec 2 canonniers à chaque pièce, 2 matelots dans les vigies, 2 matelots aux bossoirs, 1 timonier et 4 matelots sur les passerelles, 2 matelots aux garants des embarcations.
Les troupes passagères fournissaient en permanence 1 officier, 3 sous-officiers 16 hommes sur la passerelle haute, et échelonnés le long des pavois, et équipés de fusils.
Contre-hublots mis en place et rondes effectuées constamment pour les lumières.

Malgré cette vigilance, le bord n’a rien aperçu lors du torpillage.

A 18h45, par le travers du phare de Rosette, à 8 milles, changé de route et venu au N60E en continuant à faire des lacets. Nuit sombre, mer belle, petite brise de NE.
A 19h43, par 31°37 N et 30°25 E, à 9,5 milles au N30E de Rosette, tous feux éteints, une forte explosion se produit à bâbord avant sur l’arrière du panneau de la cale 1. L’embardée de 20° sur bâbord venait de commencer. La mâture et tout le navire sont fortement ébranlés. Aussitôt la gerbe d’eau et les débris retombés, mis les machines en arrière toute et stoppé le navire étale. Donné l’ordre au télégraphiste d’envoyer SOS et donné la position.

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La cale 1 a le panneau complètement ouvert et est pleine d’eau. Le panneau supérieur de la cale 2 est soulagé. Et la sonde à cette cale accuse 2 m d’au. Comme il n’y a pas péril immédiat, donné ordre de ne pas évacuer le navire. Fait procéder à l’enlèvement des blessés du faux-pont n° 1 qui sont envoyés à l’infirmerie et pansés par les docteurs passagers.

Vers 11h00, l’eau montant dans la cale 2 malgré les moyens d’épuisement, l’avant du navire s’enfonce rapidement. Ordre est donné d’évacuer les passagers seulement. Radeaux et canots sont mis à la mer et les passagers y prennent place. Les radeaux sont remorqués par les canots jusqu’au convoyeur T. et les blessés sont évacués par les canots revenus vides le long du bord.

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Malgré l’ordre donné à l’équipage de ne pas abandonner le navire, il ne reste pas à bord de personnel machine suffisant pour permettre au navire de faire route par ses propres moyens.
Vers minuit, les moyens d’épuisement qui fonctionnent bien à la cale 2 n’empêcheront pas l’eau de monter. Le navire s’enfonce par l’avant et prend de la gite sur bâbord. Le faux-pont 1 et les logements avant sont pleins d’eau. Les hélices émergent. Ordre est donné d’évacuer le navire, la position devenant de plus en plus dangereuse. Les passagers qui n’avaient pas voulu abandonner le navire et le reste du personnel prennent place dans les embarcations qui restent le long du bord. Le chef d’escorte signalant qu’il va remorquer le navire, le personnel du pont et de la machine remonte à bord. La remorque est donnée par l'arrière au convoyeur V. Les moyens d’épuisement continuent à fonctionner. Les embarcations sont amarrées le long du bord et remorquées avec le navire. La direction générale suivie est l’Ouest, par les étoiles, les compas soulevés par l’explosion étant tombés au fond de leurs boites. Le navire fait de grandes embardées qui fatiguent beaucoup la remorque.

Le 1er Avril 1918 à 04h00, la remorque casse au chaumard de couronnement. Vers 05h30 elle est reprise, mais elle casse à nouveau bien qu’elle soit faite par deux aussières neuves en manille de 90 mm de diamètre bout à bout. Le navire continue à apiquer et l’eau monte sur le pont à bâbord du gaillard. La cloison étanche fuit dans le faux-pont 3 qui se remplit et l’eau tombe dans la cale 3 par-dessus l’hiloire du panneau. Dans la crainte de voir le navire chavirer, je donne l’ordre d’évacuer le bord. L’équipage et les passagers restants rejoignent le convoyeur remorqueur.
Vers 06h30, les torpilleurs convoyeurs font passer tout l’équipage sur l’un et tous les passagers sur l’autre.
Le remorqueur anglais RESCUE, arrivé sur les lieux, se dispose à envoyer une remorque. Une partie de l’équipage pont et machine rejoint alors le bord et prend la remorque, puis met les moyens d’épuisement de la cale 2 à la cale 3, mais l’apiquage du navire ne permet pas une bonne efficacité de ces moyens. L’eau continue à monter lentement dans les logements et la bande devient inquiétante. A 11h45, le personnel prend place dans les embarcations, prêtes à s’écarter en cas d’accident impromptu. De temps à autre, je fais faire une ronde à bord. Vers 14h00, un second remorqueur approche et donne une remorque. Mais il s’écarte trop et la remorque hâle du travers augmentant encore la bande et mettant le navire en position critique. On largue cette remorque et le navire touche par l’avant à 14h50. La sonde donne 15 m à l’étrave, 10,5 m par le travers de la passerelle et 10 m derrière. Nous sommes échoués à l’accore de Culloden reef à 1,5 mille au N54E de l’île Nelson.

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Embarqué les hommes d’équipage à bord du convoyeur japonais. Le remorqueur RESCUE reste mouillé de garde près du bord, prêt à donner tout secours. Entre 18h00 et 19h00, le vent fraîchit de NW et la mer se forme. Les lames déferlent sur le pont avant et le long du bord. Dans la nuit, la houle se forme et soulève le navire qui retombe lourdement sur le fond. Il garde un mouvement de roulis et l’avant s’enfonce de plus en plus tandis que l’arrière monte hors de l’eau. Les panneaux des cales 2 et 3 sont bien condamnés.

2 Avril 1918

Gros temps avec mer houleuse et vagues déferlantes. L’avant s’enfonce de plus en plus et l’eau arrive au panneau 2. L’arrière continue à s’élever et des secousses se produisent sous la cale 3.
Mr. BONTOUX, Agent Général des Messageries Maritimes à Alexandrie et Monsieur TUMPAKIS, Agent du Véritas, viennent pour se rendre compte de la situation du navire.
Le vent mollit dans la nuit, mais la houle reste forte. Moyens d’épuisement toujours en action. Essayé de remettre en état le poste TSF avarié.

3 Avril 1918

Les vagues déferlent violemment et couvrent tout l’avant jusqu’à la passerelle. L’avant est encore plus enfoncé et le gouvernail est hors de l’eau. Le panneau 3 est défoncé et la gite augmente sur bâbord. Un ingénieur anglais vient avec les capitaines de RESCUE et JERICHO. Vers 10h00, l’eau gagne rapidement la cale 3 et le bateau prend 23° de gite sur bâbord. Le RESCUE repartant pour Alexandrie, j’y envoie le 2e capitaine pour rendre compte de la situation. L’eau atteint la chaufferie et éteint les feux, puis envahit la machine et les cales 4 et 5. Le navire se redresse.
Le chalutier JERICHO jugeant la situation dangereuse m’ordonne par écrit de faire évacuer le navire avant la nuit. Je consens à lui envoyer mon équipage à condition qu’il revienne le lendemain. Il est convenu que je reste à bord, avec une embarcation armée par mes hommes à proximité. Mais à 15h00, le JERICHO part sans préavis pour Alexandrie alors qu’il reste encore 22 hommes à bord. Commandé de l’eau et des vivres à Aboukir.

4 Avril 1918

Le vent mollit et la houle de NW tombe. Mais la mer continue à briser sur le pont. L’eau monte dans le compartiment des machines qui sont complètement couvertes et dans les cales 4 et 5. Le bâtiment est échoué par le travers et les sondes montrent qu’il monte sur le banc.
A 18h00, arrivée de Monsieur MAGOT, intendant militaire, chef du transit maritime de Port Saïd, et Henry BONTOUX, Agent Général des Messageries Maritimes, accompagnés d’entrepreneurs de sauvetage et du 2e capitaine.

5 Avril 1918

Le navire continue à s’enfoncer et le sable étant chassé par la mer, les sondes accusent des fonds de roches friables. Le commandant du JERICHO monte à bord. Le navire fatigue mais n’est pas cassé. A 17h00, 10,5 m par le travers de la passerelle, 7,5 m à la cale 4, 9,5 m à l’hôpital, 8,5 à la cale 5 et 7 m à l’arrière. A partir de la cale 4 le navire ne porte donc pas.

6 Avril 1918

Même situation. L’ingénieur et le capitaine du RESCUE viennent à bord.
A 10h00 j’embarque sur ce navire avec 12 hommes pour régler la situation de mon équipage voir les autorités et déposer mon rapport. Le 2e capitaine reste à bord avec 9 hommes.

Commentaire

L’explosion est certainement due à une torpille. Les débris trouvés à bord le confirment, entre autres deux vis marquées 9835 zeta. Un des canonniers de la pièce avant a aussi tiré 3 coups, croyant apercevoir le sous-marin par tribord, 10 minutes après l’explosion. Un convoyeur japonais a aussi tiré un coup.
Les deux convoyeurs, T et V, ont fait tout leur possible pour atténuer les conséquences du torpillage et assurer le sauvetage du navire et des passagers. Pendant l’évacuation sur l’un, l’autre patrouillait sans arrêt et nous entourait d’un nuage de fumée. Vers 10h00, le sous-marin aurait à nouveau été aperçu et aurait lancé une torpille contre le convoyeur V. Les bâtiments anglais accourus à notre aide ont aussi prêté toute l’assistance possible, surtout le RESCUE.

Je tiens à signaler le sang froid et l’aide donnée par tous les officiers passagers pour l’évacuation de leurs soldats qui sont restés très disciplinés. Le commandant d’armes, le capitaine PIGEAUD est resté sur la passerelle jusqu’à l’évacuation du navire à 06h00 le 1er Avril, ainsi que le capitaine GRENET qui a pris le commandement d’une embarcation. Le médecin major de 1ère classe THIBAUDET, le médecin major de 2e classe VIERON se sont particulièrement signalés en aidant les officiers et les marins grâce à leur énergie et à leurs qualités de marins.
Dans le détachement je signale
- Le QM de timonerie BLOUIN François, Saint Brieuc 34175, qui n’a pas quitté un seul instant la passerelle et a été d’un grand secours pour le sauvetage. (POTHUAU et CASTELLORIZO)
- Le QM POIREAU (JAUREGUIBERRY) qui a coopéré avec la plus grande ardeur au sauvetage.
- Le timonier breveté DUPAIN Auguste qui s’est très bien conduit
- Une dizaine de marins qui se sont les mieux comportés, mais dont je n’ai pu savoir les noms.

Les matelots de l’équipage ont montré le plus grand calme et ont fait tout leur possible pour éviter toute panique et tout désarroi parmi les passagers.
Tous les officiers ont fait leur devoir avec la plus grande énergie, inspirant pleine confiance aux passagers. Grâce à leur valeur professionnelle et leur courage, deux passagers seulement ont disparu et le navire a pu être maintenu à flot et échoué. Les officiers mécaniciens ont fait pleinement leur devoir, maintenant les pompes en activité jusqu’au dernier moment. Malgré le danger permanent, tous les officiers sont restés à bord pour coopérer au sauvetage du navire et de la cargaison. Je signale d’une façon tout à fait spéciale :
- Le 2e capitaine Jean Marie POITEVIN
- Le chef mécanicien Célestin GUILLOU
Ainsi que les deux lieutenants et les deux officiers mécaniciens.

Parmi le personnel pont je signale Caradec, Le Nénan, Le Goff, Duval, Caravano, Gomis et le fusilier Calvez.
Parmi le personnel machine : Allain, Casanova, Yacomo, Gauthier, Tricot, Mallet, Lofficial et Matecat.
Le restaurateur Brun est toujours resté à bord.

Les plis secrets ont été jetés à la mer. Les papiers du bord et les 3 chronomètres ont été transportés sur le JERICHO.

Rapport du Commandant d’Armes, Capitaine PIGEAUD du 22e colonial

LA LOIRE a quitté Alexandrie le 31 Mars 1918 à 14h00 pour Port Saïd. Effectif des passagers : 7 officiers, 2 médecins, 32 sous-officiers et 396 marins et soldats.

Vers 19h50 le paquebot est soulevé par une explosion qui se produit à l’avant et commence à couler. L’alerte est aussitôt donnée et les consignes prévues appliquées. Le commandant prescrit l’évacuation pour les passagers. Les servants de la pièce avant ouvre le feu qur un objectif qui leur semble être un sous-marin à fleur d’eau.
L’évacuation s’effectue avec calme malgré l’obscurité et la perte de nombreux radeaux produite par la trombe d’eau. On eut à surmonter des difficultés assez grandes pour retirer les blessés de la cale où ils étaient ensevelis sous des débris divers et alors que les escaliers étaient détruits. A 21h10 le dernier homme des troupes embarquées avait évacué le paquebot. Les troupes furent transportées sur le destroyer convoyeur japonais T où elles furent reçues avec beaucoup de soins et de courtoisie.
Entre 23h00 et 05h00, le 2e destroyer de l’escorte essaie sans réussir de prendre LA LOIRE en remorque. A chaque fois, les aussières cassent. A 05h30, le commandant, jugeant que son navire pouvait disparaître d’un moment à l’autre, donne l’ordre d’évacuation complète. Le bord fut quitté par l’équipage restant, officiers, médecins, commandant d’armes, 2e capitaine et capitaine dont l’émotion bien visible prenait au cœur.
Les pertes sont de 2 disparus et 10 blessés. Les troupes passagères ont été ramenées par le torpilleur japonais T à Alexandrie où elles ont été reçues par l’autorité militaire anglaise et l’autorité civile française et installées au camp 4.
Les rescapés ; qui s’étaient sauvés avec très peu d’effets, en ont reçus de l’intendance anglaise. Ils ont été l’objet des soins les plus dévoués de la part du Consul de France, de la colonie française et des différentes œuvres de secours aux blessés de guerre, ainsi que des autorités anglaises.
Après un séjour de 24 heures à Alexandrie, les rescapés, sauf un détachement laissé pour aider au sauvetage du matériel laissé à bord de LA LOIRE ont quitté Alexandrie par train spécial et sont arrivés à Port Saïd le 2 à 07h00 du matin.

J’ai l’honneur de signaler la brillante attitude de Monsieur le LV auxiliaire de LANGLAIS, commandant de LA LOIRE, qui s’est montré d’un calme et d’un sang froid remarquable, d’un esprit de décision très net et d’un courage à toute épreuve.
Un état de propositions sera établi en faveur des officiers du bord et de la troupe, des marins et des soldats qui se sont particulièrement distingués au cours de l’évacuation du navire et du transbordement des passagers sur les destroyers d’escorte.
Les officiers et marins des destroyers japonais V et T ont fait aux rescapés un accueil très cordial et très empressé. Je laisse au commandant de LA LOIRE le soin de faire ressortir la façon active qu’ils ont apportée à la protection du navire et à son sauvetage.

(A suivre)

Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: LA LOIRE - Société Nantaise de Navigation à Vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

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Une CP identique a déjà été mise sur le forum. Mais celle-ci fut envoyée en 1908 à sa famille par le lieutenant au long cours Georges Bichon, alors embarqué sur LA LOIRE. Il fit trois voyages de Guyane sur ce navire, à des dates assez espacées entre 1908 et 1912.
En Avril 1917, il fut torpillé alors qu'il était second capitaine du SAINT SIMON, mais s'en sortit de justesse (15 disparus). En 1918, il commandait le SAINT MARC de la Navale de l'Ouest.

Le naufrage de LA LOIRE (Suite)

Rapport de Monsieur BONTOUX Agent Général des Messageries Maritime à Alexandrie au Directeur de la Compagnie.

Nous ne reprendrons que quelques éléments de ce très long rapport qui reprend tout le déroulement des faits en apportant çà et là quelques précisions complémentaires.

Le départ de LA LOIRE, d’abord fixé au 2 Avril, fut avancé au 31 Mars afin de profiter de l’escorte de deux destroyers japonais : HINOKI et YANAGUI.
Après le torpillage, les convoyeurs japonais ont finalement renoncé à remorquer LA LOIRE jusqu’à Alexandrie avec tous ses passagers. Il y avait deux disparus un soldat et un marin permissionnaire.
Le sous-marin qui a torpillé LA LOIRE a essayé le lendemain matin, mais sans succès, de torpiller le convoyeur japonais chargé de rescapés.
L’Amirauté britannique a envoyé des chalutiers et un navire sauveteur, le RESCUE, qui a pu remorquer LA LOIRE par l’arrière et l’échouer sur un banc de sable devant Aboukir. De toutes façons, LA LOIRE n’aurait pas pu franchir les passes d’Alexandrie en raison de sa trop forte immersion.
Je me suis rendu à Aboukir. Le commandant estimait qu’avec des moyens puissants on pourrait épuiser l’eau de la cale 2 et faire flotter à nouveau le navire. Je suis revenu à Alexandrie, mais le port n’était pas en mesure de nous fournir l’outillage nécessaire. Il n’a avait même pas de pompes. L’ingénieur en chef des ports d’Egypte a estimé que la seule solution était de faire appel au navire sauveteur danois PROTECTOR, qui était justement dans le port, procédant au relèvement du BERMUDIAN.
Le capitaine Fabricius, du PROTECTOR, se déclara prêt à aller sur les lieux avec deux plongeurs et une pompe s’il obtenait une autorisation du Lloyd avec lequel il était en contrat pour le BERMUDIAN.

Dans la soirée du 3, le commandant du chalutier resté prête de LA LOIRE, constata que cales 3, 4, 5 et machine étaient pleines d’eau et que la situation était désespérée. Il donna au commandant de Langlais l’ordre de quitter son navire avec tout son équipage. Le commandant de Langlais refusa formellement de déférer à cet ordre et resta avec une vingtaine d’hommes, transférant tous les autres sur le JERICHO qui les ramena à Alexandrie.

L’Amirauté anglaise nous avisa que le PROTECTOR n’avait pas reçu l’autorisation de venir à notre aide et ne devait s’occuper que du BERMUDIAN. La Lloyd lui faisait défense de s’occuper de LA LOIRE. Je n’ai pas compris le motif de cette interdiction.

L’Amirauté, influencée sans doute par les déclarations répétées du capitaine du JERICHO qui n’a cessé de vouloir regarder le navire comme perdu et a tout fait pour rendre le sauvetage impossible, nous laissa entendre qu’elle était prête à nous donner un concours actif pour le sauvetage, enveloppé des meilleures promesses, mais quand nous demandâmes à faire tirer le navire de sa position, nous ne rencontrâmes que des sourires et on se borna à nous conseiller de décharger au plus tôt les marchandises.
Décharger les marchandises était facile à dire, mais difficile à faire vu l’éloignement et la forte houle. Nous n’avions aucune entreprise de sauvetage sous la main. Nous nous rendîmes à Aboukir où nous perdîmes deux jours en pourparlers. Hier, des allèges, un remorqueur et des scaphandriers sont arrivés à Aboukir. L’Amiral VARNEY, commandant la Division française de Syrie à mis à notre disposition le grand chalutier MAROC commandé par le CF Douzamy qui va remplacer le JERICHO. Pendant le déchargement de l’arrière, les scaphandriers vont sonder la brèche pour envisager un plan de sauvetage. Le commandant du PROTECTOR nous apportera discrètement son concours officieux.
L’Amirauté britannique a constaté la ténacité avec laquelle nous préparons un sauvetage, même si elle juge que ce sauvetage est du domaine de l’impossible. L’Amirauté de Malte, dont elle relève, lui a télégraphié que toute cette affaire ne concernait que l’Etat français.

Si LA LOIRE est sauvé, comme je l’espère, il faut y voir le résultat de la solide construction de sa coque, et surtout de l’énergie du commandant de Langlais.

Rapport du 5 Avril 1918 de l’officier garde-côte de Brullos district

Dans la matinée du 4 courant, j’ai reçu un message de El Hanfi qu’un corps avait été trouvé sur le bord de la mer à 2 km à l’Est du Out Post. Je suis allé à cet endroit et j’ai trouvé le corps d’un homme d’environ 30 ans, blanc, cheveux noirs , épais et longs, mais à moitié chauve. Taille 1,75 m, légère moustache brune, aucune marque distinctive. Vêtement bleu et flanelle blanche sous la chemise. Avait une ceinture de sauvetage attachée à son poignet gauche. Plaque d’identité blanche portant l’inscription « CARTIN 16990 Jean ». Cette plaque a été envoyée au bureau du Directeur Est. Le cadavre a été fouillé, mais rien n’a été trouvé sur lui. Un cercueil a été fait et porté à Hanafi Mourada et le policier de Markaz a été requis pour creuser une tombe pour ce corps actuellement enterré à Baltim. L’enterrement a eu lieu ce matin de la manière suivante :
- En présence du policier Sawari, des gardes côtes marins, de Ghafirra, du pasteur
- Cercueil couvert des insignes égyptiens
- Service funéraire représenté par Mohamed Effendi Wahby, Dr Amin Effendi Attalia, inspecteur sanitaire de Markaz.
- Un service a eu lieu à l’église et le corps a été enterré.
- 21 coups de canon ont été tirés pendant les funérailles
- Une croix de bois portant l’inscription mentionnée sur la plaque ci-dessus a été érigée sur la tombe.

Signé : Ahmed HAMDY, Officier Coats guards de Brullos district

(Nota : Brullos est la région du lac situé dans l’Est de Damiette, aujourd’hui lac Burullus)

Note manuscrite envoyée au CA Commandant la Division de Syrie le 7 Juin 1918 par le LV chargé de la récupération des munitions du vapeur LA LOIRE

J’ai l’honneur de vous rendre compte que le 4 Juin une caisse de munitions provenant de LA LOIRE a pris feu spontanément en fusant. Cette caisse, jetée à la mer, s’est éteinte. Comme elle flottait, je l’ai récupérée pour vérifier son contenu. Elle renfermait des charges que je pense être de la mélinite destinée à charger les grenades à main. Les munitions que l’on retire actuellement de LA LOIRE ne sont plus visitées. Un artificier de la base militaire qui avait été envoyé autrefois par le sous-intendant du service de transport sur les lieux pour faire les visites nécessaires, n’y est plus.
J’estime qu’il est indispensable de mettre des spécialistes pour faire le triage et mouiller aussitôt les munitions dangereuses. En les conservant quelque temps hors de l’eau, certaine matières explosives comme la mélinite fermentent, s’échauffent et deviennent dangereuses. La mélinite en particulier est susceptible d’être altérée par l’eau de mer. J’ai donc fait mouiller les munitions contenant cette matière, et qui auraient pu être mouillées. J’ai dit à l’entrepreneur chargé du sauvetage du matériel de rejeter à l’eau toutes les munitions de ce genre. Mais il n’a pas les connaissances voulues pour faire un triage judicieux.
Ci-joint, un procès verbal désignant les munitions que j’ai faites mouiller en eau profonde comme inutilisables, dangereuses ou douteuses. J’ai conservé bien sûr les récipients utilisables comme caisses en cuivre ou douilles. Quant aux obus à mélinite, la vérification de leur contenu exigeait le démontage de la fusée, opération interdite en dehors des pyrotechnies comme particulièrement dangereuse. Je n’ai pas cru devoir les conserver et les ai rejetées à la mer.

Rapport de la commission d’enquête

Ce long rapport reprend tout le déroulement des faits et souligne les points suivants :

- Il semble résulter de certaines déclarations que dès l’explosion, de nombreux marins ont rempli les embarcations. La commission s’est particulièrement attachée à ce point et a acquis la conviction qu’il y a là une exagération, sans doute sincère, mais incompréhensible. Il est vrai que quelques hommes, marins passagers et indigènes de LA LOIRE sont montés dans les embarcations sitôt l’explosion, une dizaine peut-être dans une embarcation et une vingtaine dans une autre. Il fut assez difficile de leur faire entendre raison. Mais ce sont des marins qui se sont occupés de tous les autres canots et ils furent obéis rapidement.
- Par ailleurs, tous les hommes gagnèrent leur poste d’abandon fixé par le rôle et aucun n’alla aux canots 1 et 2, comme prévu.
- Le canot 7 resta engagé sur un radeau près de ¾ d’heure et un garant du canot 6 ne fut largué qu’avec retard. Toutes les embarcations furent amenées en même temps. Ceci n’est pas compatible avec le fait que de nombreux marins auraient envahi les embarcations par méconnaissance de leur devoir.
- Les embarcations firent le va-et-vient en remorquant les radeaux de LA LOIRE vers les convoyeurs ce qui contredit les déclarations affirmant que les marins ne firent pas leur devoir et auraient embarqué sur les torpilleurs en refusant de remorquer les radeaux et de faire le va-et-vient. La commission a reconstitué les trajets effectués par chaque canot et a constaté qu’un seul n’a pu faire de va-et-vient et remorquer des radeaux, ceci parce qu’il s’était rempli d’eau.
- Selon les témoignages des officiers de l’infanterie coloniale qui ont désigné, une fois sur les torpilleurs les armements de secours, tous les marins se sont présentés pour en faire partie.
- En réalité, s’il y eut quelques défaillances individuelles, elles furent très peu nombreuses et l’évacuation des passagers fut exécutée aussi rapidement que possible. A 09h20 elle était complètement terminée et le dernier blessé quittait le bord.
- Le torpillage de LA LOIRE a causé la mort de 2 hommes : le soldat ZEQUEVITZ 19617 du 4e d’infanterie coloniale, tué par l’explosion dans le faux pont et dont le corps n’a pas été retrouvé, et le marin CAUTIN Jean, 16990.4, dont le corps a été rejeté à la côte et qui s’est probablement noyé soit en tombant à la mer, soit en sautant prématurément à la mer 5 à 10 minutes après l’explosion. 13 hommes ont été blessés dans le faux pont, dont 2 grièvement. Tous étaient juste au dessus de la cale 1, au dessus du point de l’explosion.
- Quelques membres de l’équipage, principalement des indigènes, ont évacué en même temps que les passagers. Dès que le commandant en fut averti, il les fit rallier le bord avec les embarcations qui faisaient le va-et-vient. Quelques uns de ces indigènes furent retrouvés ivres sur le torpilleur japonais. Ils s’étaient enivrés avec le vin pris à la cambuse de LA LOIRE, dont la porte fut retrouvée fracturée.
- Les embarcations furent hissées à bord, le commandant espérant faire route par ses propres moyens ou se faire remorquer.
- Le commandant a quitté le bord le dernier n’est monté à bord du torpilleur japonais, qu’appelé par le commandant de ce petit bâtiment.
- Il est certain qu’il y a eu quelques défaillances individuelles, particulièrement en ce qui concerne le personnel de la machine qui a presque entièrement quitté son poste dès l’explosion. Mais les dépositions ne sont pas suffisamment concordantes pour qu’il soit possible d’établir les fautes de chacun.
- La commission ne propose de sanction que pour le chef de quart, le 2e mécanicien MASSIP. Elle signale la belle conduite du chauffeur ALLAIN qui, resté seul à son poste, a assuré la manœuvre des machines, et celle du chef mécanicien GUILLOU qui a eu assez d’autorité pour faire redescendre la plus grande partie de son personnel et a mis aussitôt en œuvre les moyens de préservation d son bâtiment.
- Il est certain également que quelques marins de l’armement des pièces ont évacué le bâtiment de façon définitive avec les passagers. La commission a décidé de les faire bénéficier comme les autres hommes de l’équipage qui sont partis aussitôt après le torpillage, du doute relatif à la transmission sur l’arrière de l’ordre donné à l’équipage de rester à bord.

(A suivre)

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Re: LA LOIRE - Société Nantaise de Navigation à Vapeur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Récompenses. Sanctions

Citation à l’Ordre de l’Armée

DE LANGLAIS Olivier Commandant. CLC. LV auxiliaire

A montré des qualités remarquables de sang froid et d’énergie et a ordonné les manœuvres les plus judicieuses pour la préservation de son bâtiment et pour assurer le sauvetage de ses passagers et de son équipage. Malgré l’ordre que lui avait donné le commandant du chalutier JERICHO d’évacuer son bâtiment après l’échouage, est resté pour en assurer la garde, la conservation et le sauvetage.

ALLAIN Henri 1er chauffeur Cancale 1535

A fait preuve d’un sang froid et d’un esprit de discipline remarquable en restant seul dans les machines et chaufferies et en assurant à lui seul la mise en arrière des machines ordonnée par le commandant

Citation à l’Ordre du Corps d’Armée

GUILLOU Célestin Chef mécanicien Nantes 498

Par son attitude calme et énergique, a ramené à son poste le personnel de la machine qui était monté sur le pont. A assuré ainsi l’exécution des ordres du commandant. A déployé de réelles qualités de sang froid dans la mise en œuvre des moyens de préservation du bâtiment.

Citation à l’Ordre de la Division

POITEVIN Jean Marie Second capitaine Cancale 1989

A secondé son commandant avec le plus complet dévouement et le plus grand sang froid, se dépensant sans compter pour rassurer les passagers, organiser leur sauvetage et mettre en œuvre tous les moyens de préservation du bâtiment.

CARADEC François Maître d’équipage Morlaix 34872

A toujours conservé le plus grand calme. A contribué à maintenir l’ordre à bord. A pris part au sauvetage des blessés.

LE NENAN Camille Second maître d’équipage Tréguier 20541

A fait preuve de beaucoup de sang froid et d’un dévouement remarquable en descendant aussitôt après le torpillage dans le faux pont bouleversé par l’explosion pour y rechercher les blessés. Les a élingués et faits hisser sur le pont.

Citation à l’Ordre de la Brigade

VIERON Médecin de 2e classe de la Marine. Passager

S’est employé activement au sauvetage des blessés et a assuré leur évacuation. A ensuite aidé les officiers du bord dans leurs efforts pour sauver le bâtiment et ne l’a abandonné qu’avec eux. A fait l’admiration de tous par son sang froid et son entrain.

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

Capitaine PIGEAUD 22e d’infanterie coloniale Commandant les troupes embarquées
Capitaine GRENET Chef d’Etat-major du détachement français de Palestine

Ont refusé d’évacuer le bâtiment avec les passagers et sont restés toute la nuit sur la passerelle auprès du commandant, donnant à tous l’exemple du calme et du sang froid et dirigeant l’évacuation de leurs hommes avec le plus grand ordre. Le capitaine Grenet n’a quitté LA LOIRE que pour diriger l’évacuation dans les embarcations et sur le torpilleur, puis est ensuite retourné à bord.

THIBAUDET Médecin de 1ère classe de la Marine. Passager

A soigné les blessés avec le plus grand sang froid et le plus grand dévouement aussitôt après l’explosion, sans songer à sa propre sécurité.

Lieutenant SAVELLI 22e régiment d’infanterie coloniale Passager

Par son attitude calme et énergique, a maintenu l’ordre et la discipline dans son personnel, dont il a ainsi assuré le sauvetage. A fait preuve de beaucoup de sang frois et de dévouement dans l’évacuation des blessés.

VIAUD Amédée 1er lieutenant Nantes 402
BONAMY Henri 2e lieutenant Le Croisic 3349
DOUAUD René 4e mécanicien Saint Nazaire 2308

Ont fait leur devoir avec sang froid, initiative et énergie.

BLOUIN François Quartier maître de timonerie

A rendu les plus grands services en restant toute la nuit sur la passerelle auprès du commandant pour la transmission des signaux au convoyeur et des ordres

POIRAUD Joseph Quartier maître de manœuvre du JAUREGUIBERRY. Ile d’Yeu 1001

A fait preuve du plus grand dévouement en revenant à bord du bâtiment après avoir commandé une embarcation lors du sauvetage et en se mettant aux ordres des officiers du bord pour les manœuvres auxquelles il a donné son aide avec une grande ardeur.

CLUZEL Henri Quartier maître commis du POTHUAU ANEKKE 58268.3
RENAUD Charles Quartier maître mécanicien du JAUREGUIBERRY 44968.5
PAIN Pierre Matelot canonnier du REQUIN
JEANNIN Louis Conducteur de la section automobile du détachement français de Palestine
SEIGNAUREL Maxime Soldat du 22e d’infanterie coloniale
LACREST Ange Soldat du 22e d’infanterie coloniale
BADEZ Pierre Soldat du 22e d’infanterie coloniale

Passagers à bord d’un bâtiment torpillé, sont restés spontanément à bord alors que l’évacuation du bâtiment par les passagers avait été ordonnée, et ont fait preuve de courage et de dévouement en descendant dans les faux ponts bouleversés par l’explosion pour y porter secours aux blessés.

DUPAIN Auguste Matelot timonier du NORD CAPER
CALVEZ Jean Matelot fusilier AMBC
LE GOFF Yves Matelot de LA LOIRE
DUVAL Jean Marie Matelot de LA LOIRE
GOMIS Joseph Matelot d LA LOIRE
MALLET Honoré Graisseur de LA LOIRE
LOFFICIAL Joseph Electricien de LA LOIRE
MATECAT Ferdinand Electricien de LA LOIRE

Se sont distingués par le courage et le dévouement avec lesquels ils ont rempli leur devoir, donnant à tous l’exemple du calme et du sang froid.

Blâme du Ministre


MASSIP Maurice Second mécanicien Bordeaux 9124

Pourtant chef de quart dans la machine, a cru pouvoir, aussitôt après l’explosion, quitter son poste pour aller prendre sa ceinture de sauvetage dans sa cabine située au parquet supérieur de la machine. De ce fait, ne s’est pas trouvé présent au moment où est arrivé l’ordre urgent de manœuvrer les machines.

Voici quelques certificats de récompenses accordés à des hommes de LA LOIRE

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johntoutain
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Re: LA LOIRE - Société Nantaise de Navigation à Vapeur

Message par johntoutain »

Bonjour,

je partage plusieurs ressources sur La Loire trouvées au fil de mes propres recherches :

1/ Fiche du paquebot La Loire sur le site Internet du ministère de la culture :
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/ ... IM76006030

2/ Liens vers un site de particuliers :

http://francois.delboca.free.fr/port/fslaloir.html
http://bagnedeguyane.canalblog.com/arch ... 37069.html

3/ Site Internet des archives départementales de Loire - Atlantique
Tous les rôles de bord y ont été numérisés
Accueil > Chercher > Archives numérisées > Marine > Rôles de bord > Rôles de bord (recherche par navire)

4/ Des dizaines de photos issues d'un reportage photo à bord de La Loire par Léon collin
https://criminocorpus.org/fr/ref/118/17/
http://www.archivesnationales.culture.g ... ollin.html#

En espérant que cela puisse vous être utile
Rutilius
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Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

LA LOIRE — Transport pénitenciaire — Compagnie nantaise de navigation à vapeur, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Dernier rôle d’équipage du transport La Loire

Réquisitionné le 20 mai 1915 aux Îles du Salut (Guyane française) ; déréquisitionné à compter du 27 jan-vier 1918. Armé au cabotage international le 17 octobre 1916 à Lorient, n° 135 ; permis de navigation délivré le 18 dans le même port. Passé au long-cours le 10 mai 1917. Désarmé administrativement le 23 février 1918 à Nantes, n° 65.

Inscription maritime ― Quartier maritime de Nantes ― Rôles des bâtiments de commerce — Désarme-ments, n° 65, 23 février 1918 : Archives départementales de Loire-Atlantique, Cote 7 R 4 / 490 (Février 1918).
Dernière modification par Rutilius le mar. mars 21, 2023 6:52 am, modifié 3 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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