Bonjour à tous,
Un petit complément sur le torpillage de l’AMIRAL OLRY .
L’AMIRAL OLRY, vapeur mixte de 5567 tx JB, immatriculé au Havre, fut réquisitionné par la Marine du 10 Octobre 1915 au 24 Mai 1917.
Par lettre du 6 Mars 1917, le Ministère de la Marine avait décidé de remettre le navire à la disposition des Chargeurs Réunis dans le port de Marseille après avoir fait procéder aux réparations et à la remise en état complète de l’AMIRAL OLRY.
Les travaux avaient eu lieu à Toulon et le carénage à Marseille.
Le 30 Mai 1917, AMIRAL OLRY était en état d’effectuer une traversée Marseille-Oran-Le Havre. La compagnie des Chargeurs Réunis, qui avait repris le contrôle du navire décida de l’affecter à la ligne d’Extrême Orient.
C’est ainsi que le navire quitta Le Havre pour l’Indochine le 1er Juillet 1917 sous le commandement du capitaine au long cours Guibert. Il quitta Marseille le 21 Juillet et toucha successivement Bône, Bizerte, Malte, Navarin et Milo. Il appareilla de Milo le 1er Septembre, escorté par la canonnière BOUFFONNE, à destination de Port Saïd. Les escales suivantes devaient être Colombo, Singapour, Saïgon, Tourane (actuelle Danang) et Haïphong.
Le torpillage
Voici quelques extraits du rapport manuscrit du lieutenant de vaisseau Antoine Fourtoul, commandant de BOUFFONNE, qui reprennent en grande partie le post ci-dessus de Daniel.
Ils sont illustrés par des petits schémas explicatifs.
AMIRAL OLRY et son escorteur font route à 12 nœuds sur Port Saïd.
12h10
Peu avant la méridienne, BOUFFONNE se laisse glisser sur l’arrière tribord d’AMIRAL OLRY afin de lui permettre de relever le soleil. Le point de la méridienne donne 35°40,2 N 25°49,2 E
12h28
AMIRAL OLRY reçoit une torpille par tribord milieu et vient en grand sur la gauche. BOUFFONNE voit le sillage de la torpille et celui du sous-marin qui s’est placé entre les deux navires.
12h29
BOUFFONNE vient sur bâbord, rejoint le sillage du sous-marin et lance six grenades réglées entre 15 et 35 m. Une seule explose.
AMIRAL OLRY flotte toujours et met à l’eau radeaux et embarcations. Sous l’effet du vent, ceux-ci dérivent et se dispersent. BOUFFONNE, qui craint d’être torpillée, récupère rapidement, par petits groupes, des naufragés et remet en route à grande vitesse après chaque récupération.
14h45
Arrivée du sloop anglais LILY.BOUFFONNE lui demande de remorquer AMIRAL OLRY et l’informe que 4 torpilleurs vont arriver. LILY prend une remorque pour la passer sur OLRY. LA BOUFFONNE met son youyou à l’eau et décide de renvoyer sur OLRY les hommes d’équipage récupérés.
16h10
BOUFFONNE aperçoit à 100 m sur son tribord la tache glauque du sous-marin et canonne son périscope.
Mais une torpille passe à 50 m sur son avant et vient frapper AMIRAL OLRY sur tribord arrière. BOUFFONNE vient sur tribord et lance deux grenades. Aucune n’explose.
Le youyou étant à 40 m du point d’explosion , les hommes qui l’arment sont projetés en l’air et retombent à la mer. Aucun n’est blessé. Ils reviendront à bord très fiers et raconteront leur impressions avec force rires à leurs camarades.
LILY largue la remorque et contourne OLRY par l’avant. Pour éviter une collision, BOUFFONNE vient en grand sur bâbord, puis à nouveau en grand sur tribord. Les deux navires rejoignent le sillage du sous-marin. LILY lance des grenades.
17h20
BOUFFONNE reprend l’équipage de l’OLRY puis fait route sur Milo.
17h44
AMIRAL OLRY se mâte et coule par l'arrière
Le LV Fourtoul signale que les grenades avaient été embarquées neuves à Sidi Abdallah le 19 Avril et régulièrement visitées avec soins depuis cette date. Ce sont des grenades au perchlorate avec clapet retardateur.
Liste d’équipage et passagers AMIRAL OLRY
Les blessés furent transférés sur le navire hôpital BIEN HOA.
Il semble qu’AMIRAL OLRY transportait en tout 265 passagers. En plus des soldats arabes et des soldats annamites, il y avait un détachement d’Arméniens.
Récompenses
Tout en citant plusieurs officiers et marins de son équipage qui se sont distingués lors du torpillage, le commandant Guibert insiste particulièrement sur les deux élèves officiers pont .
James WOTTLER (ou KETYLER nom très difficilement lisible), élève de la Marine Marchande faisant fonction de 3e lieutenant. De quart au moment du torpillage, s’est activement employé à empêcher la panique. A empêché les Arabes de couper les garants des baleinières. Est resté l’un des derniers à bord d’AMIRAL OLRY et a sauvé un chauffeur anglais blessé qui était resté dans les emménagements après l’abandon.
René CARAMAN , élève de la Marine Marchande, officier revenant du front et qui avait été blessé à Verdun. S’est montré très courageux. A assuré la mise à l’eau des embarcations, a aidé le médecin à panser les blessés et les a transportés dans les canots.
Cités à l’ordre de l’armée
GUIBERT Jean Baptiste LV auxiliaire Commandant (déjà cité en 1915)
LE DUC Yves Sd maître de manœuvre
Cités à l’ordre de la division
JEZEQUEL Joseph 1er lieutenant
LANSELEUR Yves Médecin
Cités à l’ordre de la brigade
SALMON François 2e capitaine
LECADE Joseph 2e lieutenant
MOSSET Adolphe Chef mécanicien
MOYON Eugène 2e mécanicien
ABADIE Jean Intendant
MARTELIERE Charles Enseigne de Vaisseau
ARNAUD Noé QM canonnier
LAFOREST Eugène 3e mécanicien (blessé)
COUTAS Albert Graisseur (blessé)
ANDULAH Ismaël Graisseur (blessé)
Cités à l’ordre du régiment
WOTTLER James Elève officier
CARAMAN René Elève officier
MAINGUY Félix TSF
FAVRE Jean Maître équipage
HEURTEL Benjamin Charpentier
PREVERT Joseph Maître d’hôtel
TOS du Ministre
LE CHAPPOTEC Albert 1er chauffeur
LE FLEM Michel Graisseur
DERRIEU Joseph Graisseur (aussi appelé DERRIEN ?)
VAILLANT Jérôme Matelot
GAUBERT François Mousse
TOS du Ministre pour le navire dans son ensemble.
Toutes les citations sont en général pour le courage, le dévouement et l’énergie dont chacun a fait preuve lors du torpillage. Signalons que l’AMIRAL OLRY avait déjà rencontré un sous-marin précédemment ce qui avait valu une citation au 1er lieutenant JEZEQUEL et au médecin LANSELEUR.
Cdlt