Bonjour à tous,
Voici un court récit illustré (source l'Illustration) du torpillage du SUSSEX, vu depuis le paquebot transmanche.
Commandé par le capitaine Mouffet, le transmanche SUSSEX avait quitté Folkestone le 24 Mars 1916 à 13h30 et faisait route sur Dieppe par beau temps et mer calme.
Vers 15h00, le capitaine aperçut une torpille faisant route vers lui et tenta de manoeuvrer pour l'éviter. La torpille explosa sur l'avant du SUSSEX et sectionna la coque à 2 m sur l'avant de la passerelle. Toute la partie avant disparut immédiatement dans les flots, mais le navire continua à flotter. Le commandant fit mettre la machine en arrière toute pour soulager la pression s'exerçant sur la cloison étanche. Le navire s'enfonça légèrement sur l'arrière, faisant émerger suffisamment cette cloison pour éviter l'envahissement.
Le mât avant s'abattit, entrainant l'homme de vigie placé dans la hune, et démolit en partie la timonerie. L'antenne TSF étant aussi tombée, il fut impossible d'envoyer un SOS.
Tous les passagers qui se trouvaient dans le salon des 1ère classes hommes furent tués, ainsi que beaucoup de ceux situés dans la salle à manger des 1ère classes. Parmi ces victimes se trouvait le prince Barham de Perse.
Voici cette salle à manger photographiée au retour à Boulogne.
Après un moment de panique, les survivants s'assemblèrent sur le pont arrière. (Ce cliché est l'un des plus connu de la tragédie).
Les passagers prirent finalement place dans les embarcations
- sur tribord arrière
- et sur bâbord arrière (où on les voit en train d'embarquer)
Mais l'une des embarcations, surchargée, chavira le long du bord, engloutissant presque tous ses passagers, à l'exception de quelques uns qui parvinrent à remonter sur la coque retournée.
Vers 17h00, l'opérateur radio qui avait réussi à remettre en service une antenne de secours put enfin lancer un SOS qui fut entendu à Boulogne. La machine n'ayant pas été envahie, les dynamos pouvaient fonctionner.
Les passagers réfugiés dans les embarcations remontèrent alors à bord.
Le premier navire arrivé sur les lieux fut le chalutier patrouilleur MARIE-THERESE, capitaine au long cours Bourgain, enseigne de vaisseau auxiliaire. Vers 22h00, il aperçut une rangée de feux blancs et deux fusées qui étoilèrent le ciel.
Le temps était orageux, la brise de SW était devenue forte et des averses de grêle s'abattaient sur la mer devenue aussi agitée à forte.
Le transfert des naufragés par chaloupe s'avérant impossible, le capitaine Bourgain décide d'accoster le SUSSEX, en gardant deux chaloupes tampons le long de son bord, qui s'écrasent littéralement, servant en quelque sorte d'amortisseurs.
Bien que les chocs entre les deux navires soient d'une violence inouïe, les naufragés passent en moins d'une heure sur le chalutier. L'un des sabords du paquebot est à hauteur du pont du chalutier ce qui facilite les opérations. D'autres passagers sont transférés au moyens de cordages tendus entre les deux navires. Le transfert des blessés est particulièrement difficile.
Vers minuit, le chalutier s'écarte du paquebot et un destroyer anglais prend sa place pour terminer l'évacuation.
Le 25 Mars à 02h00, le MARIE-THERESE entre à Boulogne.
Pour ce difficile sauvetage, le capitaine Bourgain sera cité à l'ordre du jour du front de mer.
Parmi les victimes du torpillage à signaler le compositeur et virtuose espagnol Enrique Granados y Campina, connu à l'époque, ainsi que son épouse. Né à Lérida en 1867, il était l'auteur de pièces pour piano (danses espagnoles) d'opéras et de zarzuelas.
Voici sa photo
Cdlt
Olivier