Bonsoir à tous,
■ Historique (complément).
― 20 septembre 1905 : Est victime d’un incendie à Marseille alors qu’elle se trouvait dans le bassin de radoub afin d’y subir des réparations.
• L’Ouest-Éclair – éd. de Rennes –, n° 3.117, Jeudi 21 septembre 1905, p. 2.
« CHOSES DE LA MARINE. — Le feu à bord de la Mingrélie. — Marseille, 20 septembre. — Cette nuit, un violent incendie s’est déclaré à bord du vapeur Mingrélie de la compagnie Paquet. Ce navire était entré hier soir, vers quatre heures et demie, dans le bassin de radoub pour y subir des réparations. Vers minuit, le feu se déclarait sur l’avant, dans le poste de l’équipage. Aussitôt l’alarme fut donnée et divers postes de pompiers, munis de pompes à vapeur, accourus sur les lieux, attaquèrent le feu avec énergie. Bientôt la Moselle arrivait sur les lieux du sinistre, mais à ce moment le feu avait pris une telle intensité qu'il fallut mettre la Mingrélie à flot en ouvrant les portes du bassin de radoub. Vers trois heures, les pompiers arrivèrent enfin à faite la part du feu. »
― 27 septembre 1910 : Est abordée par le navire austro-hongrois Flenck.
• Le Rappel, n° 14.815, Lundi 3 octobre 1910, p. 3.
«
Les Suites d’un Abordage. — Marseille, 1er octobre. — Le commandant du vapeur Mingrélie vient de déposer au consulat d’Autriche une plainte contre le commandant du navire autrichien Flenck.
Celui-ci, à la date du 27 septembre, à huit heures du matin avait abordé le vapeur Mingrélie par suite d’une inobservation des règlements maritimes, et lui occasionnait des avaries. »
― 20 ou 21 décembre 1912 : Embarque en toute urgence à Casablanca et débarque à Mogador – aujourd’hui Essaouira –, dans des conditions de mer très difficiles, un contingent de 800 hommes et de 250 chevaux appartenant au
1er Régiment de zouaves du Maroc, qui était commandé par le lieutenant-colonel
Simon GODCHOT, puis par la suite par le général de brigade
Jean Marie Joseph Armand BRULARD. Ce contingent avait pour mission de se porter au secours de la «
Colonne Massoutier » – du nom du commandant
Marcel Ernest MASSOUTIER –, unité constituée de deux compagnies du
3e Régiment de zouaves, d’une compagnie de tabor marocain et de quelques artilleurs et cavaliers, qui était encerclée et assaillie dans le borj de Dar-el-Kadi par des insurgés marocains. Ces derniers furent repoussés le 24 décembre 1912 au combat de Bou-Tazzert.
[• Colonel Simon GODCHOT : « Le combat de Bou-Tazzert », Librairie Auguste Picard, Paris, 1924, 20 p.
—> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... 2.image.r= ]
• L’Écho d’Alger, n° 531, Jeudi 28 août 1913, p. 4.
« Un HÉROS de la MER. — Notre confrère La Liberté d’Oran, publie l’intéressant article suivant que nous reproduisons avec d’autant plus de plaisir que nous connaissions déjà l’acte héroïque du commandant Got pour lequel tout le monde en Algérie est unanime à réclamer le ruban rouge, qu’il a si vaillamment mérité :
La promotion de la Légion d’Honneur de Juillet laissa bien perplexe le monde maritime ; on comptait en effet lire sur la liste des nouveaux promus le nom de M. Got, le sympathique commandant du vapeur Mingrélie, de la Cie Paquet.
Par son intermédiaire, par son énergie, la colonne Massoutier lui doit la vie ; les faits quoique connus méritent d'être signalés de nouveau, afin que l’autorité compétente se
rende un compte exact de la valeur militaire de l’acte accompli.
Le 19 décembre dernier, le vapeur Mingrélie était en charge en rade de Casablanca, prenant marchandises et passagers pour Oran.
L’état-major par télégraphie sans fil reçut de Mogador des nouvelles alarmantes.
Deux compagnies de zouaves, sous les ordres du commandant Massoutier étaient encerclées par une horde écrasante de Marocains dans le Dar-el-Cadi.
C’était pour nos braves zouzous, la mort à bref délai, cette mort horrible que les Marocains font subir à leurs ennemis.
En hâte, le commandant Got fut appelé à l’état-major, qui lui demanda s’il pouvait partir de suite pour Mogador avec un contingent d’hommes et de chevaux ?
Prenant sous sa responsabilité ce voyage supplémentaire, ne pensant qu’aux soldats qui allaient rougir de leur sang le sol marocain, le brave marin accepta ; et c’est avec
800 hommes et 250 chevaux embarqués à la hâte que le Mingrélie, à toute vitesse, cingla sur Mogador.
La mer était démontée ; à ceux qui connaissent les effets de la grande bleue pendant l’équinoxe d’hiver, sur la côte marocaine, je laisse le soin d’apprécier ce que fut ce voyage.
Impossible d’approcher de la côte, sous peine d’aller se briser sur les rochers.
Il aurait été facile au commandant Got, assurant avant tout la sécurité de son précieux chargement, de mentionner sur son rapport de mer l’impossibilité d’un débarquement et
de reprendre le large dans l’attente d’une accalmie.
Mais là, tout près, dans la brume de la côte, des frères se battent.
Il faut coûte que coûte débarquer le contingent de secours.
Un arrêt subit de la machine et s’en est fait du navire, c’est l'écrasement irrémédiable sur les rochers traîtreusement dissimulés sur la côte.
Péniblement, luttant contre la mer en furie, le Mingrélie approche. Accroché à sa passerelle, sans souci de la terrible responsabilité qui pèse sur ses épaules, le commandant Got engage son navire dans le dédale des roches à fleur d'eau. Comme un coursier, le vapeur se cabre, mais une main habile le maintient dans la bonne voie.
Le contingent, après maints efforts, put débarquer ; il était temps : nos braves soldats à bout de forces allaient être écrasés sous le nombre ; bravement, malgré la fatigue éprouvée au cours de cette émouvante traversée, le contingent de secours se mit à l’œuvre, et c’est sous les balles meurtrières de nos tirailleurs et nos zouzous que les Marocains à la débandade, rejoignirent la montagne, laissant derrière eux de nombreux morts et blessés.
Un bout de ruban rouge, n’aurait pas été de trop pour récompenser un acte de bravoure qui est un véritable fait d’armes, un véritable acte d’abnégation, car en somme, si au cours de ce voyage non prévu dans sa charte partie, le commandant Got avait jeté son navire à la côte, il aurait du s’il n’avait pas disparu lui-même dans le naufrage, payer de sa situation cet acte de courage.
Il est à espérer que cet oubli sera réparé, et que bientôt nous aurons le plaisir de lire dans la nouvelle promotion, le nom du sympathique commandant Got.
R. OLIVI DE BAILLEUL. »
Nota : Même article dans La Revue mondaine oranaise, n° 537, du Dimanche 31 août 1913, p. 7.