Re: Entre les lignes...
Publié : ven. janv. 26, 2007 11:56 pm
72ème régiment d’infanterie
2ème bataillon
Compte-rendu des événements survenus dans la nuit du 28 au 29 juin 1917
Le 28 juin vers 20 heures15 un bombardement violent se déclenchait sur les lignes françaises situées vers l’ouest de Cerny. En moins de cinq minutes le bombardement, gagnant vers l’est, englobait tout le saillant de la Bovelle et augmentait d’intensité. Une fusée à trois globes, tirée sur la gauche du bataillon, déclenchait le tir de barrage de nos batteries. Pendant de longues heures, le tir des Boches ne se ralentit pas un instant, bouleversant les boyaux et les tranchées du secteur coupant toutes les communications téléphoniques et balayant le terrain.
Vers 3 heures 30, les premiers renseignements arrivèrent de la 6ème Cie. Le Lieutenant Prost me rendait compte que ses tranchées de première ligne étaient bouleversées près du boyau de Béthune et que sa deuxième ligne était sans cesse marmitée. Les deux sections en ligne avaient éprouvé de fortes pertes tandis que les sections en réserve, qu’il portait en première ligne pour se renforcer, avaient été très peu éprouvées. Je donnai l’ordre à une section de la 7ème Cie d’aller renforcer la 6ème Cie.
La liaison était assurée entre les deux Cie de première ligne et le commandant du 1er bataillon me faisait prévenir que sa droite était en liaison avec nous.
Vers 4 heures 30 je reçus des nouvelles de la 5ème Cie. Elle n’avait été que très peu éprouvée et les hommes, veillant sans relâche, se tenaient prêts à tout événement.
Vers 5 heures, le bombardement dont l’intensité ne s’était pas ralenti depuis la veille cessa tout à coup et le secteur redevint calme.
J’allai me rendre compte de l’état du secteur. Tout est absolument nivelé : plus trace de boyaux ou de tranchées.
Les pertes éprouvées par le bataillon sont les suivantes :
5ème compagnie : 3 tués et 4 blessés
6ème compagnie : environ 60 hommes tués, blessés, disparus
2/72 : 2 blessés.
Parmi les tués de la 6ème Cie figurent deux sergents qui ont été atteints par notre 75. Depuis deux jours, on se plaint à l’artillerie que ses barrages sont trop courts mais elle n’en a cure. Ces accidents ont un effet déplorable sur le moral des hommes.
Le sous-lieutenant Le Toquin, blessé légèrement hier et qui n’avait pas voulu être évacué, a été blessé grièvement cette nuit.
Je dois dire qu’à la 6ème Cie s’est passé le fait suivant :
Ce matin vers trois heures 30 le sous-lieutenant Noël parcourait la tranchée de première ligne pour encourager ses hommes. Les deux sergents venaient d’être tués par le 75. Un sergent d’une autre section arrive à lui; il l’envoie prendre le commandement des hommes qu’il venait de quitter. Le sergent part et quelques instants après revient en déclarant qu’il n’y avait personne dans la tranchée. Le sous-lieutenant Noël bondit au parapet et aperçoit une dizaine de ses hommes qui, sans équipements et sans armes se rendaient aux tranchées ennemies où des Boches leur faisaient signe de venir. Il déchargea sur eux son revolver.
On ne peut expliquer ces faits que par l’affolement et l’épuisement des hommes. Depuis deux jours ils subissent un bombardement intensif sans avoir un abri. De plus, ils en sont à leur neuvième jour de tranchée et sont exténués. Leur moral est très affecté et je crois qu’il serait urgent de les relever. Je les crois incapable de pouvoir supporter encore un effort comme celui qu’ils viennent de fournir depuis deux jours.
CCM 25/1/2007
2ème bataillon
Compte-rendu des événements survenus dans la nuit du 28 au 29 juin 1917
Le 28 juin vers 20 heures15 un bombardement violent se déclenchait sur les lignes françaises situées vers l’ouest de Cerny. En moins de cinq minutes le bombardement, gagnant vers l’est, englobait tout le saillant de la Bovelle et augmentait d’intensité. Une fusée à trois globes, tirée sur la gauche du bataillon, déclenchait le tir de barrage de nos batteries. Pendant de longues heures, le tir des Boches ne se ralentit pas un instant, bouleversant les boyaux et les tranchées du secteur coupant toutes les communications téléphoniques et balayant le terrain.
Vers 3 heures 30, les premiers renseignements arrivèrent de la 6ème Cie. Le Lieutenant Prost me rendait compte que ses tranchées de première ligne étaient bouleversées près du boyau de Béthune et que sa deuxième ligne était sans cesse marmitée. Les deux sections en ligne avaient éprouvé de fortes pertes tandis que les sections en réserve, qu’il portait en première ligne pour se renforcer, avaient été très peu éprouvées. Je donnai l’ordre à une section de la 7ème Cie d’aller renforcer la 6ème Cie.
La liaison était assurée entre les deux Cie de première ligne et le commandant du 1er bataillon me faisait prévenir que sa droite était en liaison avec nous.
Vers 4 heures 30 je reçus des nouvelles de la 5ème Cie. Elle n’avait été que très peu éprouvée et les hommes, veillant sans relâche, se tenaient prêts à tout événement.
Vers 5 heures, le bombardement dont l’intensité ne s’était pas ralenti depuis la veille cessa tout à coup et le secteur redevint calme.
J’allai me rendre compte de l’état du secteur. Tout est absolument nivelé : plus trace de boyaux ou de tranchées.
Les pertes éprouvées par le bataillon sont les suivantes :
5ème compagnie : 3 tués et 4 blessés
6ème compagnie : environ 60 hommes tués, blessés, disparus
2/72 : 2 blessés.
Parmi les tués de la 6ème Cie figurent deux sergents qui ont été atteints par notre 75. Depuis deux jours, on se plaint à l’artillerie que ses barrages sont trop courts mais elle n’en a cure. Ces accidents ont un effet déplorable sur le moral des hommes.
Le sous-lieutenant Le Toquin, blessé légèrement hier et qui n’avait pas voulu être évacué, a été blessé grièvement cette nuit.
Je dois dire qu’à la 6ème Cie s’est passé le fait suivant :
Ce matin vers trois heures 30 le sous-lieutenant Noël parcourait la tranchée de première ligne pour encourager ses hommes. Les deux sergents venaient d’être tués par le 75. Un sergent d’une autre section arrive à lui; il l’envoie prendre le commandement des hommes qu’il venait de quitter. Le sergent part et quelques instants après revient en déclarant qu’il n’y avait personne dans la tranchée. Le sous-lieutenant Noël bondit au parapet et aperçoit une dizaine de ses hommes qui, sans équipements et sans armes se rendaient aux tranchées ennemies où des Boches leur faisaient signe de venir. Il déchargea sur eux son revolver.
On ne peut expliquer ces faits que par l’affolement et l’épuisement des hommes. Depuis deux jours ils subissent un bombardement intensif sans avoir un abri. De plus, ils en sont à leur neuvième jour de tranchée et sont exténués. Leur moral est très affecté et je crois qu’il serait urgent de les relever. Je les crois incapable de pouvoir supporter encore un effort comme celui qu’ils viennent de fournir depuis deux jours.
CCM 25/1/2007