Re: H.C. n° 20 de Lannion – Collège Saint-Joseph.
Publié : ven. août 19, 2011 12:33 am
Bonsoir à tous,
● Charles Le Goffic : « Bourguignottes et pompons rouges », Éd. Georges Crès & Cie, Paris–Zurich, 1916, p. 34 à 36.
« [...] ordre est venu de tenir l’hôpital prêt pour mardi prochain (*). On l’a installé dans les dortoirs du pensionnat Saint-Joseph, qui a remplacé le petit séminaire de Tréguier, désaffecté dans les conditions qu’on sait : il comporte trois cent cinquante lits ; un médecin-major, le docteur Le Gueut, procède, depuis une semaine, à son aménagement. Dans chacune de nos petites villes de l’Ouest, il y aura un hôpital analogue ; les blessés ne seront pas entassés, comme en 70, dans quatre ou cinq grandes agglomérations urbaines ; on espère conjurer ainsi les épidémies, conséquence presque fatale de l’encombrement des locaux sanitaires.
Sans les Augustines, cependant, comment eût-on fait pour soigner les 350 blessés prévus par l’administration (**) ? Lannion ne possède pas de section de la Croix-Rouge. J’entends bien que les improvisations du cœur féminin sont capables de tous les miracles : dès qu’on a su que Lannion recevrait les blessés, la plus louable émulation s’est emparée des dames de la " société ", comme on appelle ici la classe dirigeante. C’était à qui de ces dames s’inscrirait comme infirmière. On ne voyait qu’elles matin et soir, dans la rue qui mène à Saint-Joseph. Les femmes sont comme ce héros d’un conte oriental qui ne pouvait rien toucher qu’il ne changeât en or : du plus ingrat des devoirs sociaux, elles font une fête, presque un sport, l’équivalent d’une partie de tennis ou de croquet. Il faut être une sœur de charité ou une brevetée de la Croix-Rouge, comme Mme d’Affry et Mlle Huon de Penanster, fille de l’ancien sénateur des Côtes-du-Nord, les seules de ces dames qui possèdent leur diplôme d’infirmière, pour se douter du long apprentissage, des connaissances spéciales, de la force d’âme à toute épreuve que requiert le traitement des blessés, surtout des " contagieux "... [...]
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(*) C’est l’hôpital temporaire complémentaire n° 20.
(**) Chiffre qui a pu être sextuplé par la suite, grâce à l’annexion de l’hospice municipal et aux ambulances créées un peu partout dans l’arrondissement. ― Le 17 juillet 1915, une affection contractée au chevet des blessés, qu’elle soignait avec un dévouement admirable, emportait Mlle Le Huérou, en religion Sœur Saint-Yves. La ville, reconnaissante, associée au représentant du gouvernement et à la municipalité, lui fit des obsèques imposantes. »
● « La preuve par le sang. Livre d'or du clergé et des congrégations (1914 ~ 1922 », Bonne Presse, Paris, 1925, Tome II., p. 117 et 118.
« + LE HUÉROU (Marie), Sr St-Yves, des Religieuses Hospitalières de la Miséricorde de Jésus de Lannion.
Née à Campervern (C.-du-N.), le 23 juin 1881 ; inf. Hôp. Compl. n° 20 et n° 75 à Lannion (1914).
+ le 18 juill. 1915, de maladie contractée en service.
1° – Félicitations Médecin-chef Place de Lannion, Juill. 1915 : " Pendant six mois, nous avons pu apprécier, à l’H.C. n° 20 et, plus tard, à l’H.C n° 75, le dévouement le plus absolu, l’abnégation la plus complète de Sœur Saint-Yves ; fatiguée depuis longtemps de par son service, auquel elle donna toute son énergie, elle alla jusqu’au bout, ne cédant que devant une infection redoutable contractée au chevet du malade. Elle a succombé sur la brèche, à son poste de combat. Nos blessés perdent en elle le secours moral et physique sous la forme la plus pure ; le Service de santé militaire de la Place de Lannion une aide d’un zèle toujours ardent et averti."
2° – Méd. Hon. Ép. Posthume argent, 14 mai (J.O., 2 juin 1918). »
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Bien amicalement à vous,
Daniel.