Re: Entre les lignes...
Publié : ven. janv. 05, 2007 10:39 pm
Havre, le 13 janvier 1915
Monsieur le Général Cherfils.
Je m’adresse à vous Monsieur car je voudrais bien éclaircir une affaire qui ne me semble pas du tout naturelle.
En deux mots voici la chose. Mon mari caporal dans un régiment d’infanterie actuellement au front m’écrit la lettre suivante:
“Tu t’étonnes ma chère femme que nous ayons si souvent besoin d’argent, et bien je t’assure que sans faire de folie il nous faut bien nous procurer tout ce dont nous avons besoin tel que, bougies, allumettes, journaux, tabac quand nous en manquons, et voir même complément de nourriture, et il faut que je te dise que le ravitaillement ne nous vend pas ces choses très bon marché, ainsi les journaux 0,10 au lieu de 0,05, les allumettes également 0,10 toujours au lieu de 0,05, le paquet de tabac à 0,50 nous est vendu 0,75. Et mon mari ajoute, que veux-tu, c’est cela ou rien, nous paierons ces choses n’importe quel prix encore bien heureux de les avoir.
Et bien, moi Monsieur, je trouve que, le soldat qui na pas d’argent doit être bien malheureux, et il doit y en avoir beaucoup comme cela, car les pauvres femmes qui n’ont que leur allocation pour vivre ne doivent pas pouvoir en envoyer bien souvent à leurs maris.
Mais Monsieur, chose qui me semble le plus extraordinaire c’est qu’il y a des soldats employés au service de ravitaillement qui envoient de l’argent dans leurs foyers, et de cela je suis très sure, mais je comprends maintenant la chose, car aux prix que ces gens vendent les marchandises aux pauvres soldats, ils peuvent réaliser de gros bénéfices.
Si cette situation est normale, Monsieur, je n’aurai qu’à m’incliner mais sans toutefois regretter que les choses fussent ainsi faites.
Recevez Monsieur le Général mes salutations les plus respectueuses.
Madame G. Fauvel 12 les Halles Centrales Havre.
Monsieur le Général Cherfils.
Je m’adresse à vous Monsieur car je voudrais bien éclaircir une affaire qui ne me semble pas du tout naturelle.
En deux mots voici la chose. Mon mari caporal dans un régiment d’infanterie actuellement au front m’écrit la lettre suivante:
“Tu t’étonnes ma chère femme que nous ayons si souvent besoin d’argent, et bien je t’assure que sans faire de folie il nous faut bien nous procurer tout ce dont nous avons besoin tel que, bougies, allumettes, journaux, tabac quand nous en manquons, et voir même complément de nourriture, et il faut que je te dise que le ravitaillement ne nous vend pas ces choses très bon marché, ainsi les journaux 0,10 au lieu de 0,05, les allumettes également 0,10 toujours au lieu de 0,05, le paquet de tabac à 0,50 nous est vendu 0,75. Et mon mari ajoute, que veux-tu, c’est cela ou rien, nous paierons ces choses n’importe quel prix encore bien heureux de les avoir.
Et bien, moi Monsieur, je trouve que, le soldat qui na pas d’argent doit être bien malheureux, et il doit y en avoir beaucoup comme cela, car les pauvres femmes qui n’ont que leur allocation pour vivre ne doivent pas pouvoir en envoyer bien souvent à leurs maris.
Mais Monsieur, chose qui me semble le plus extraordinaire c’est qu’il y a des soldats employés au service de ravitaillement qui envoient de l’argent dans leurs foyers, et de cela je suis très sure, mais je comprends maintenant la chose, car aux prix que ces gens vendent les marchandises aux pauvres soldats, ils peuvent réaliser de gros bénéfices.
Si cette situation est normale, Monsieur, je n’aurai qu’à m’incliner mais sans toutefois regretter que les choses fussent ainsi faites.
Recevez Monsieur le Général mes salutations les plus respectueuses.
Madame G. Fauvel 12 les Halles Centrales Havre.