Bonjour à tous,
Bonjour Alain,
Quid des Sections Sanitaires Automobiles (françaises, anglaises et américaines) ?
Amicalement,
Eric
Bonjour Eric,
Il y a effectivement dans ce même et remarquable livre de nombreux passages les concernant, je ne peux tous les citer. Amicalement,
Alain MC
Un petit exemple :
La Vie Quotidienne des Ambulanciers
Les ambulanciers sont les conducteurs des sections automobiles comportant théoriquement 20 véhicules (mais souvent réduites) à base surtout de Ford légères, de Fiat plus lourdes, de Panhard. parfois de Delahaye. Ils avaient pour mission de charger les blessés aux points d'évacuation, têtes de ligne des autos sanitaires, pour les emmener vers les ambulances et les formations hospitalières. Dans Le Vrai Visage du combattant, le docteur Mercier écrit :
- Hissé dans l'auto sanitaire, le blessé, avec la course sous les obus,connaît les cahots des routes défoncées, si meurtrissants pour les plaies. Il doit aussi s'imposer le refrenement de ses besoins 1es p!us naturels, ce qui fait comprendre pourquoi des voitures laisent échapper un sillage de sang et d'urine. On se sent profondément remué par les cris qui s'échappent de certains véhicules: le concert d'imprécations et d'invectives au conducteur n'est que la réaction de ces malheureux à l'exarcerbation de leurs souffrances -
Ces ambulances étaient le plus souvent de couleur verte. Leur vie quotidienne a été évoquée dans le récit de Pierre Muenier, affecté a la section automobile. Il a bien décrit des « coulisses » en quelque sorte, les transports et évacuations impossibles ou qui relèvent de l'exploit; les embouteillages sur les routes verglacées et encombrées alors que les postes de secours débordés, désespèrent de voir arriver les véhicules; les baraquements d'hôpitaux, bondés, refusant des blessés supplémentaires; les médecins exténués et les brancardiers à bout de forces; les voitures d'ambulances atteintes par les obus avec leur chargement de douleur; les chauffeurs fiévreux grappillant une heure de sommeil ici et là; l'ennuyeux arrimage des brancards et couvertures, sans compter les marmites et le bois de cuisine, les archives et les caisses de bureau, les sacs de légumes secs de l'ordinaire, les pneus, les caisses d'essence et d'huile et les hardes de quelque trente-cinq hommes... (op. cit. p. 86) Ainsi, après le pont de Verdun:
_ Arrêt à 500 m à peine du feu. Devant nous, une bifurcation... Des fantassins qui reviennent du feu, épars. pressés, haletants, car ils ont traversé le barrage au pas de gymnastique, nous distinguant: et criant : - Les autos ' Prenez à droite ' n’allez pas à gauche ! Ça tape, ça brûle. Et les voitures s’enfoncent dans les trous de marmites, rebondissent, tressautent à se briser... - -Dans une misérable ferme en torchis dis-joints • s'entassent 1es blessés à embarquer. - Une à une les voitures doivent tourner plus loin en dehors du village... là où elles sont dissimulées par une haie artificielle en fascines. - Et surtout, nous recommande un brancardier, surtout pas de bruit, Ne faites pas ronfler le moteur. Pas de lanternes. Ici un ne doit pas même voir de lampe électrique... Il y a là cinquante automobiles de cinq ou six sections différentes et même une section arrêtée au complet pour embarquer une masse de blessés venant de subir un choc d’artillerie gigantesque et qui sont là. pêle-mêle entassés das la pénombre. Couchés, accroupis, assis au hasard, debout, adossés au mur, à côté d'un amoncellement de fusils, de casques et de ceinturons.
Les évaluations vont se faire vers la caserne Chevert à Verdun et de là à Baleycourt. Ces trajets assez courts cependant demandent des heures et plus loin (à Bras), il donne cette précision :
-On met jusqu'à dix heures pour couvrir 31 km. _ -Les chocs qui soulèvent les ambulanciers de leurs sièges accroissent la souffrance des blessés qui crient. Les brancardiers n'en peuvent plus. Il faut surtout évacuer le plus grand nombre de blessés sur la rive gauche de la Meuse. Voilà le but . Voilà le devoir -(op. cit. p. 62) - Les excellentes petites Panhard filent, s'insinuent et si l'on peut dire filtrent au travers des pires obstacles... Nous, chauffeurs de sanitaires, qui devont marcher seuls presque toujours, reconnaître seuls nos itinéraires à nos risques et périls, aux risques et périls de nos blessés, nous nous sentons terriblement responsables. Et notre charge de vies est si grave que chaque heure perdue, quoique nous fassions l'impossible, nous est lourde comme un remords. - (op. cit. p. 65)