Forum PAGES 14-18

Bonjour à toutes et à tous,

A la mémoire du soldat Félix SIMONIN, 160e R.I., mort pour la France le 2 novembre 1914 à l’Hôpital mixte de Vannes (Morbihan), des suites d’un tétanos consécutif à une plaie du pied gauche traversé par une balle de fusil.

« Le chapitre de la thérapeutique du tétanos déclaré et aigu reste ouvert ; celui qui le clôturera aura bien mérité du pays. »

Une étude devait concentrer l’attention des chercheurs et la guerre actuelle a fourni, hélas ! un champ d’investigation d’une étendue plutôt inquiétante.
Une erreur assez répandue, dans le public, consiste à croire que l’injection de sérum antitétanique est le remède souverain de cette terrible complication. Mais, comme M. le docteur Roux, directeur de l’Institut Pasteur, l’a très bien expliqué, l’action du sérum est simplement préventive et elle n’a d’effet utile que si elle est pratiquée quelques heures au plus après la blessure. Or, on sait qu’à la guerre, cette condition n’est malheureusement pas toujours réalisable.

La médecine militaire se trouve donc appelée à combattre, trop souvent, des cas de tétanos déclaré qu’il n’a pas été possible de prévenir.
Des diverses méthodes préconisées dans ce but, l’une des plus intéressantes est celle appliquée avec succès par les docteurs Caillaud et Corniglion, et qui a fait l’objet d’une note présentée récemment, à l’Académie des Sciences, par S. A. S. le prince de Monaco, et, à l’Académie de Médecine, par M. le Professeur Raphaël Blanchard.
A l’hôpital complémentaire de Beausoleil, ces deux praticiens ont eu six cas de tétanos parmi un contingent de deux cents blessés. Les deux premiers cas traités par le sérum et le chloral se terminèrent par la mort au bout de trois jours. L’insuccès de ce traitement engagea MM. Caillaud et Corniglion à en essayer un autre pour les quatre cas qui suivirent, d’ailleurs, presque simultanément.
Deux de ces cas, d’intensité moyenne, furent soumis à la méthode de Baccelli (injections intramusculaires d’acide phénique au centième), modifiée par Grasset ; les deux autres, très graves, furent traités par la même méthode, combinée avec des injections intraveineuses de lantol ou rhodium colloïdal. Tous les quatre aboutirent, en quinze à vingt jours à une guérison complète. Il est difficile de préciser, toutefois, quelle part revient au lantol dans le succès des deux cas très graves auxquels il a participé.
Quoiqu’il en soit, l’application du même traitement à cinq cas de tétanos, dans un service à Cannes, où la mortalité devenait considérable, donna cinq guérisons, soit, au total, neuf guérisons sur neuf cas traités. Ce résultat, des plus encourageants, confirme la valeur de la méthode appliquée par les docteurs Caillaud et Corniglion.

(Article paru dans les Annales n°1646/1915)

Cordialement.
J.Didier

Bonsoir

On peut encore trépasser du tétanos de nos jours. J'ai connu une jeune femme qui en est décédée suite à une piqûre de rosier, pas de chance elle n'avait pas fait son service militaire our bénéficier d'un rappel. La terre de Lorraine serait une des plus infestées par cette spore.
De nos jours encore, la première question que nous posons devant une plaie est "êtes vous à jour de vaccins?".
Dans le moindre doute un quick-test est effectué et s'il n'est pas franchement positif, on injecte des immunoglobulines appelées encore en langage courrant "sérum" (gammatétanos) suivies d'un vaccin.
Le plus triste est que la profession la plus exposée, agriculteur, est la moins suivie... Comme je m'amuse à leur dire," il faudrait vous donner une subvention pour les vaccins, ils seraient faits!"

Le sérum de 14 était-il à base de sang de cheval?

Le grand enseignement de la Grande Guerre en ce domaine est la généralisation du vaccin dans toutes les armées, comme cela se faisait en 1918 dans l'allemande.
Il est intéressant de noter que l'un des plus grands chercheurs sur ce bacille (qui porte son nom) a été démis de ses fonctions par les nazis parce qu'il n'était pas aryen...

Cordialement
JLK

Bonjour

J'ai dans ma famille un grand oncle qui a à ma connaisssance reçu un obus en pleine poitrine et des allemand l'ont retrouvé entre les morts cependant, lui était entre la vie et la mort dans un état plus que critique mais pour vous dire : il y a survecu

Il a été ramené et soigné avec des piqûres dont j'ignore la dose cependant entre le temps où il a sauté sur un obus et le moment où il a été déouvert au milieu des cadavres et des mourant, il a eu le téténos et la gangrène mais si il est resté vivant c'est grace à des asticots qui lui ont "mangé" la blessure et ça l'a aidé à tenir jusqu'à ce que les allemands le découvre.

Il faisait des bons énorme à chauqe piqûre du x produit jusqu'à ce qu'il ne réagisse plus à la piqûre et beaucoup ont été surpris qu'il survivent à une telle blessure

Il avait tempérament de cheval !
Et puis si tu t'es Boissier, y en a d'autres qui le sont !

Je me renseignerai auprès de mon cousin et vous en reparlerai !

Cordialement
Sylvain

Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Jacques et Sylvain,

Trouvé dans le livre du Dr J-J SCHNEIDER "Le Service de Santé de l'Armée Française - Verdun 1916" ( voir dans la rubrique Pages du Bibliophile) à propos du tétanos.
" Donnée médicale.
Cette toxi-infection est due au bacille de Nicolaier, du nom du biologiste qui, en 1889, mit ce germe en évidence. Ce bacille séjourne dans la terre sous forme de spores très résistantes. Ces spores pénètrent dans l'organisme par une effraction cutanée et, y trouvant des conditions favorables de développement, se transforment en bacilles pathogènes sécrétant une toxine. Après une incubation silencieuse (un laps de temps sans signes cliniques) de 8 à 15 jours, la maladie débute par le trismus (contraction musculaire des mâchoires rendant impossibles la mastication et l'ouverture de la bouche). Les contractures musculaires s'étendent en quelques jours à la face provoquant l'apparition du "rire sardonique". Bientôt les muscles assurant les fonctions respiratoires et cardio-vasculaires sont touchés, entraînant la mort du patient par asphixie et défaillance cardiaque. A aucun moment n'apparaissent des troubles de la conscience. Le patient vit son agonie."

Cordialement.
Jean RIOTTE.

A propos du tétanos. (suite et fin)

"L'affection une fois déclarée, il n'existait aucun traitement curatif. Seule l'administration préventive de sérum anti-tétanique, au plus près de l'instant de la blessure, permettait de prévenir l'apparition de la maladie. La mise au point de ce sérum avait été réalisé par Emile ROUX et Louis VAILLARD en 1882. A partir de 1915, le sérum anti-tétanique, c'est-à-dire une solution riche en anticorps spécifiques capables de lutter contre le bacille en cause, fut systématiquement injecté à tout blessé. L'efficacité de ce traitement dépendait de trois conditions:
- précocité de de la première injection,
- dosages élevés,
- et injections répétées.
Ces injections étaient pratiquées dans la mesure du possible dès les P.S. bataillons ou régimentaires. La première dose s'élevait à 20 ou 30 centimètres cubes et pouvait être augmentée en cas de blessures graves ou particulièrement souillées de terre. Une deuxième injection était pratiquée après un délai de 8 jours et si l'opération était retardée, une troisième injection la précédait. L'immunité induite persistait durant huit jours, aussi les injections devaient être pratiquées tous les 15 jours en cas de plaies anfractueuses et souillées de terre. L'injection de sérum en cas de tétanos déclaré se révélait totalement inefficace et l'évolution létale (entraînant la mort) sévissait dans 65% des cas. Le sérum, contrairement aux immunoglobulines injectées de nos jours, n'était pas présenté sous forme d'ampoules individuelles, aussi au niveau des P.S. la même seringue et la même aiguille servaient-elles pour plusieurs blessés. L'aiguille, dans un but de désinfection, était périodiquement passée à la flamme. Selon des témoignages dignes de foi d'anciens combattants, les sérums firent parfois défaut aux médecins des P.S. et dans ce cas, l'injection était réservée aux officiers blessés.
La vaccination préventive antitétanique sera mise au point en 1927 par RAMON et ZOELLER qui utiliseront de la toxine tétanique neutralisée au formol."
Sources: Le SS de l'AF. Verdun 1916,Docteur J-J SCHNEIDER, Editions Serpenoise.

Cordialement.
Jean RIOTTE.

Bonsoir à tous

Pour en revenir au tétanos, comme je le disais précédement dans mon message, mon grand oncle a dans les début de la guerre 14-18 a perdu une partie du bras (le membre du coude à la main)

Il a été retrouvé au bout d'un certain laps de temps (j'ignore la durée !) Cependant, il a eu le tétanos et la gangraine (c'est bien réel !)
A la suite de sa blessure, lorsqu'on la retrouvé, il y avait des asticots qui dévoraient la plaie et c'est ce qui a empêché l'infectation... Et ce qui l'a sauvé par la même occasion avant de recevoir les premiers soins !

Donc je peux dire qu'il a été reconnu invalide de guerre et a reçu une pension jusqu'à sa mort le 21 décembre 1980...

Cordialement
Sylvain

Bonjour
Comme a mon habitude, le mercredi est journée consacrée aux archives, après avoir travaillé sur l'histoire de la radiologie, la dernière heure fut consacrée à reprendre la collection de la presse médicale.
Je n'ai exploré la table des matières que de l'année 1914, je vous livre les références

Etiologie et prophylaxie chez les blessés de guerre MC Walter p:642 n°70 08/10/14
trois cas guéris par les injections sous cutanés de sérume antitétanisue; Mj Comby; p:647; n°71;15/10/14; Société médicale des Hôpitaux
Traitement par des doses élévées de Chloral;Demmler; p:671; n°74; 05/12/14; académie de médecine séance du 3 novembre
Traitement; p:677; n°75 12/12/14; Communications à l'académie des sciences
Traitement par injection intrarachidienne de sérum antitétaniqu; p:679; n°75; 12/12/14; Com. société de biologie
Traitement par acide phénique; p:684; n°76; 19/11/14; Observations malades civils
TT préventif du tétanos par la désinfection précoce et radicale et le pansement aseptique; p:713; n°78; 03/12/14
TT préventif du tétanos; p:725; n°79; 10/12/14; Academie de médecine du 8 décembre
A propos du tétanos;p:734: n°80 17/12/14;Academie des sciences du 14 décembre
Sur le traitement du tétanos déclaré; p:748;n°81; 24/12/14; Société de médecine de Paris le 11 décembre

je n'ai pas exploré les tables des autres années (ah la fermeture )
il est possible de retrrouver sur gallica les articles citée; je pense de même pour l'académie de médecine avec la BIUM.
Pour les autres il faut aller dans à la péche dans les archives et bibliothèques idoines, j'en connais une

J'ai photographié la conclusion de l'article sur étiologie et prophylaxie, je dois en faire la retranscription avant la publication, je n'ai pas le droit de publier les photos faites aux archives (j'ai signé ! ) patience.

Bonjour,
Chose promise....

Résumé du traitement préventif du tétanos.

1° Le tétanos doit être combattu préventivement par le sérum antitétanique, la désinfection précoce et radicale des plaies, faite dans les vingt-quatre ou quarante-huit hcures;

2~ Protégez vos blessés contre le froid et les contacts impurs (terre, fumier, paille, écuries, chevaux, matériel d'écurie) :

3° Pansez à l'iodoforme les érosions des mains et des pieds, excisez toutes les croûtes et escarres superficielles ou profondes et les trajets des piqûres par instruments sales (clous, fourches, baïonnettes) ;

4° Amputez le plus tôt possible les membres broyés; en attendant, pansez-les à l'iodoforme;

5° Incisez tous les trajets à orifice unique pour en extraire les corps étrangers;

6° Les trajets à deux orifices béants seront débridés, excisés, grattés et bourrés à l’iodoforme, si vous êtes pressé par le temps, bourrez seulement le trajet à la gaze à l'iodoforme, après débridement fait sous ou sans chloroforme;

7°' Les fractures compliquées de comminution, corps étrangers, hernie musculaire, sphacèle ou infection seront opérées d'urgence (ablation des esquilles, résection des biseaux et bourrage iodoformé. Si vous êtes pressé, introduisez seulement des mèches iodoformées entre les pansements (drainage interfragmentaire); .

8° Les plaies profondes infectées de la main et du pied seront traitées par l'épluchage (excision systématique de tous les tissus d'aspect anormal et larges résections osseuses, pour éviter l'infection articulaire) ;

9° Les grandes articulations infectées seront arthrotomisées largement et drainées avec des mèches iodoformées ;

10° quand l’iodoforme n’est pas tolérée, vous panserez avec des mèches au peroxyde de zinc ou au bismuth ;

11° Si vous n’avez pas le temps de faire la désinfection radicale, du mois faites la petite désinfection en introduisant des petites mèches iodoformées dans les trajets (mécahge) ;

12° Le tétanos disparaîtra le jour où toutes les plaies douteuses seront désinfectées (petite ou grande désinfection) dans les vingt-quatre ou quarante huit heures au plus tard.

le lien sur TÉTANOS. - Considérations générales sur le traitement des blessures de guerre; par M. E. Delorme
et Note statistique sur le tétanos; par M. Bazy même tome >>>ici<<<

Lisez les commentaires de Laveran, Roux et Landouzy

Bonjour, continuant ce jour mes recherches aux archives, j'ai trouvé dans la Presse Médicale relatant la séance de L'académie des sciences du 14 décembre:

Dr Bazy note statistique sur le tétanos académie des sciences 14 décembre 1914
La statistique limitée au camp retranché de paris , porte sur 10.896 blessé, ayant fourni 129 cas de tétanos, soit 1,164 pour 100t, avec 90 morts, soit 70 pour 100 des cas. Le tétanos peut apparaître très tardivement après la blessure (jusqu'à vingt sept jours après) ; le plus grand nombre de cas s'est déclaré six a huit jours après; Dans les formations sanitaires où les chirurgiens font systématiquement des injections préventive à tous les blessés au moment de leur entrée, la morbidité par le tétanos est de 0,418 pour cent; dans les formation où cette injection n'est faite qu'au malade suspect, elle est de 1,279 pour 100, soit trois fois plus forte. Sur les 129 cas de tétanos, il y en a eu 120 à la suite d'éclats d'obus ou de Schrapnell, 9 à la suite de plaie par balle.
Il faut donc faire des injections préventives à tous les blessés.

je suis en train de compiler les entrées de la table des matières sur ce sujet entre les années 1915 18 et suivante.
Je les mettrais en lignes dè que j'en aurais terminée.
cdtl