Re: HOE 15 à Poperinghe - 1re utilisation des gaz à Ypres
Publié : sam. mai 10, 2008 1:01 pm
Bonjour à tous,
Le journal des marches et opérations de l’HOE 15 décrit l’arrivée des 1ers blessés de la 1re attaque au gaz allemande à Ypres.
Le 22 avril 1915, les premiers blessés par les gaz suffocants parviennent à l’HOE 15 vers 20 heures en provenance du front au nord d’Ypres. Le médecin-chef Bompaire de l’HOE 15 rapporte que « à 17 h 30 surprise soudaine des Allemands contre notre front au nord d’Ypres, par bombes asphyxiantes et production de vapeurs délétères à base de chlore. Les premiers malades, en état de suffocation plus ou moins grave, arrivent à l’hôpital vers 20 heures. Leur nombre augmente rapidement. Une attaque très vive ayant succédé à la surprise, les blessés arrivent par groupes nombreux. Tout le personnel reste en fonction toute la nuit pour assurer les évacuations. Beaucoup de blessés arrivant directement du front sans pansement, un poste de secours est installé dans la salle de pansement de l’hôpital et fonctionne avec intensité. Les blessés graves et intransportables sont envoyés à l’hôpital temporaire de Poperinghe. »
Le 22 avril 1915, le nombre des évacués est de 1154 ; il atteint 1276, le 23 avril 1915. Il n’y a plus guère d’asphyxiés à partir du 25 avril 1915.
Dans le même temps, le médecin-chef Pouy de l’hôpital temporaire de Poperinghe (consigné dans le même JMO) rapporte que « Dans la soirée du 22 avril 1915, à 17 heures, un bombardement des plus violents se fait entendre sur une grande longueur du front. Ce sont les Allemands qui préparent une attaque. Elle est précédée, au dire des soldats qui ont pris part à l’action, d’une manœuvre toute spéciale de l’ennemi, qui a consisté à projeter sur les tranchées un nuage de gaz asphyxiant. Le gaz, dégagé en quantité tellement abondante qu’il forme un nuage, est poussé par le vent qui souffle de l’est à l’ouest sur nos tranchées dans lesquelles, en raison de sa densité, il pénètre et s’y maintient. Les hommes sont immédiatement suffoqués et tombent en grand nombre. D’autres, affolés, s’enfuient en proie à des phénomènes d’intoxication plus ou moins violents. La panique s’étend avec le gaz toujours roulé par le vent et gagne l’épaisseur de nos lignes qui sont aussitôt abandonnées.
Près de 500 malades, ainsi intoxiqués, arrivent à l’hôpital de Poperinghe et à l’hôpital d’évacuation n° 15. Ils présentent dans leur ensemble et à des degrés divers les signes suivants :
Toux répétée et quinteuse
Douleur au niveau du creux épigastrique
Vomissements
Respiration difficile et douloureuse
Expectoration avec quelques filets sanglants
Larmoiement et rougeur érythémateuse de la face
État de prostration
Pas d’élévation de la température
Pouls à peu près normal, parfois accéléré
Les symptômes s’amendent peu à peu et ne laissent, après 8 ou 10 heures, qu’un peu de dyspnée avec encore un léger abattement. Nous les avons vus cependant s’aggraver chez deux malades et entraîner la mort par asphyxie (face vultueuse, cyanosée, respiration stertoreuse, pouls petit, agitation, refroidissement des extrémités). L’un d’eux est décédé 10h après, l’autre 20h après l’intoxication.
Tous, officiers et soldats, victimes de cette intoxication, sont unanimes à affirmer qu’elle est due au chlore (odeur caractéristique, couleur jaune verdâtre du gaz) mais le mécanisme de la formation du gaz est diversement interprété. Pour les uns, l’ennemi a projeté en avant de ses premières tranchées un nombre considérable de grenades ou d’obus asphyxiants qui ont dégazé un long nuage, de couleur jaune verdâtre, d’une certaine densité, puisqu’il ne s’élève que de quelques mètres au-dessus du sol, et qui cache entièrement la ligne allemande. Pour d’autres, les obus lancés par les grosses pièces allemandes, en dehors de leurs effets explosifs normaux, contiennent une poudre qui dégaze des vapeurs de chlore. Cette déclaration nous est faite, en dehors de beaucoup d’autres, par un capitaine, qui se trouvait au poste de commandement de l’artillerie divisionnaire (45e division) et qui nous a affirmé qu’un obus de gros calibre en effondrant une maison avait dégazé le gaz toxique. »
Bonne journée
Hervé Baltenneck
Le journal des marches et opérations de l’HOE 15 décrit l’arrivée des 1ers blessés de la 1re attaque au gaz allemande à Ypres.
Le 22 avril 1915, les premiers blessés par les gaz suffocants parviennent à l’HOE 15 vers 20 heures en provenance du front au nord d’Ypres. Le médecin-chef Bompaire de l’HOE 15 rapporte que « à 17 h 30 surprise soudaine des Allemands contre notre front au nord d’Ypres, par bombes asphyxiantes et production de vapeurs délétères à base de chlore. Les premiers malades, en état de suffocation plus ou moins grave, arrivent à l’hôpital vers 20 heures. Leur nombre augmente rapidement. Une attaque très vive ayant succédé à la surprise, les blessés arrivent par groupes nombreux. Tout le personnel reste en fonction toute la nuit pour assurer les évacuations. Beaucoup de blessés arrivant directement du front sans pansement, un poste de secours est installé dans la salle de pansement de l’hôpital et fonctionne avec intensité. Les blessés graves et intransportables sont envoyés à l’hôpital temporaire de Poperinghe. »
Le 22 avril 1915, le nombre des évacués est de 1154 ; il atteint 1276, le 23 avril 1915. Il n’y a plus guère d’asphyxiés à partir du 25 avril 1915.
Dans le même temps, le médecin-chef Pouy de l’hôpital temporaire de Poperinghe (consigné dans le même JMO) rapporte que « Dans la soirée du 22 avril 1915, à 17 heures, un bombardement des plus violents se fait entendre sur une grande longueur du front. Ce sont les Allemands qui préparent une attaque. Elle est précédée, au dire des soldats qui ont pris part à l’action, d’une manœuvre toute spéciale de l’ennemi, qui a consisté à projeter sur les tranchées un nuage de gaz asphyxiant. Le gaz, dégagé en quantité tellement abondante qu’il forme un nuage, est poussé par le vent qui souffle de l’est à l’ouest sur nos tranchées dans lesquelles, en raison de sa densité, il pénètre et s’y maintient. Les hommes sont immédiatement suffoqués et tombent en grand nombre. D’autres, affolés, s’enfuient en proie à des phénomènes d’intoxication plus ou moins violents. La panique s’étend avec le gaz toujours roulé par le vent et gagne l’épaisseur de nos lignes qui sont aussitôt abandonnées.
Près de 500 malades, ainsi intoxiqués, arrivent à l’hôpital de Poperinghe et à l’hôpital d’évacuation n° 15. Ils présentent dans leur ensemble et à des degrés divers les signes suivants :
Toux répétée et quinteuse
Douleur au niveau du creux épigastrique
Vomissements
Respiration difficile et douloureuse
Expectoration avec quelques filets sanglants
Larmoiement et rougeur érythémateuse de la face
État de prostration
Pas d’élévation de la température
Pouls à peu près normal, parfois accéléré
Les symptômes s’amendent peu à peu et ne laissent, après 8 ou 10 heures, qu’un peu de dyspnée avec encore un léger abattement. Nous les avons vus cependant s’aggraver chez deux malades et entraîner la mort par asphyxie (face vultueuse, cyanosée, respiration stertoreuse, pouls petit, agitation, refroidissement des extrémités). L’un d’eux est décédé 10h après, l’autre 20h après l’intoxication.
Tous, officiers et soldats, victimes de cette intoxication, sont unanimes à affirmer qu’elle est due au chlore (odeur caractéristique, couleur jaune verdâtre du gaz) mais le mécanisme de la formation du gaz est diversement interprété. Pour les uns, l’ennemi a projeté en avant de ses premières tranchées un nombre considérable de grenades ou d’obus asphyxiants qui ont dégazé un long nuage, de couleur jaune verdâtre, d’une certaine densité, puisqu’il ne s’élève que de quelques mètres au-dessus du sol, et qui cache entièrement la ligne allemande. Pour d’autres, les obus lancés par les grosses pièces allemandes, en dehors de leurs effets explosifs normaux, contiennent une poudre qui dégaze des vapeurs de chlore. Cette déclaration nous est faite, en dehors de beaucoup d’autres, par un capitaine, qui se trouvait au poste de commandement de l’artillerie divisionnaire (45e division) et qui nous a affirmé qu’un obus de gros calibre en effondrant une maison avait dégazé le gaz toxique. »
Bonne journée
Hervé Baltenneck