Re: Le droit du blessé de refuser des interventions ou opérations....
Publié : ven. févr. 29, 2008 4:12 pm
Bonjour,
Toujours piochant dans les mines que sont les Cr de l'académie de Médecine ou les Cr de l'académie des sciences publiés sur Gallica j'ai trouvé ce texte:
Le droit, pour le blessé, de refuser des interventions ou opérations reconnues nécessaires pour le diagnostic ou le traitement,
par M. J. GRASSE, Chef du Centre neurologique de la XVIe région.
Je me permets de communiquer à l'Académie quelques faits qui montrent bien l'importance de la question mise à son ordre du jour « le droit, pour le blessé, de refuser des interventions ou opérations reconnues nécessaires pour le. diagnostic ou le traitement » et l'extrême urgence qu'il y a à obtenir du ministre ou du législateur une précision et un complément de l'instruction du 5 avril 1915.
D'abord cette Instruction ne vise que les traitements ou opérations de nature à procurer au sujet, soit l'immunisation, soit la guérison totale ou partielle (réduction de l'incapacité de travail créée par la blessure). Elle ne vise nulle part les intervenions qui ont surtout pour but le diagnostic.
D'autre part, quand elle définit les méthodes « simples et non sanglantes de traitement», que le blessé n'a pas le droit de refuser, l'Instruction nomme « la massothérapie, la mécanothérapie, la thermothérapie, l'électrothérapie». Quoique terminée par un etc., cette énumération paraît limitative et permet des interprétations fâcheuses chez les blessés.
En fait, au centre neurologique de la XVIe région, nos psychonévrosiques refusent une série d'in interventions nécessaires pour le diagnostic et le traitement Je ne parle ni de l'anesthésie, dont le refus est noté partout, ni de la bande d'Esmarch qui n'a pas encore été refusée.
Mais plus de 50 malades nous ont refusé la ponction lombaire; que nous voulions faire systématiquement chez tous nos rachis névrosiques. C'est là une pratique qui nous est très utile, dans beaucoup de cas, pour établir le diagnostic de ce que nous appelons les signes lésionnels ou. non simulables des psycho-névroses.
Un malade a refusé le vidage dé son œdème par les tubes de Southey, c'est là une pratique, souvent utile au malade, en tout cas inoffensive et nécessaire pour l'examen du liquide ...
Quatre sujets ont refusé la prise de sang nécessaire pour le Wassermann. On peut prévoir des refus semblables pour les séro-diagnostics ...
Enfin, plusieurs malades ont refusé le plâtrage ...
Ces refus ne sont formulés que par les psychonévrosiques. Les lésionnels acceptent beaucoup plus facilement ces divers moyens. Dès lors, on comprend la facilité avec laquelle ces refus se propagent dans un grand service de psychonévrosiques comme le nôtre. Nous assistons à l'éclosion de véritables épidémies de relus et sommes désarmés pour les combattre; l'autorité militaire nous a dit en effet que nous n'avions pas le droit, notamment, d'imposer la ponction lombaire.
De ce que je viens de dire il ns faudrait pas conclure que tous ces malades qui refusent sont des simulateurs qui craignent de
voir dépister leur tricherie: le vrai simulateur se laissera plâtrer et anesthésier par ce qu'il sait que I'anesthésie fait momentanément disparaître les contractures non simulées et que le plâtrage n'empêche pas les contractures de se produire après.
La psychologie des malades qui refusent est plus complexe. Il ya d'abord ceux, tr 's nombreux, qui sont hyperémotifs et qui ont une véritable phobie de la douleur et de toute intervention nouvelle qui pourrait accroître ou renouveler celle douleur. Il y a ensuite ceux, encore plus nombreux, qui, ayant fait campagne longtemps et ayant eu la chance de recevoir une blessure qui les immobilise loin du front, ne mettent aucune bonne volonté à hâter la guérison et à diminuer l'importance de l'indemnité à laquelle ils peuvent avoir droit.
En tout cas - et c'est le seul point sur lequel je veux attirer l'attention de l'Académie et de la Commission qu'elle a nommée - il y a une extrême urgence à ce que la question soit souverainement et explicitement réglée. Il faut que les malades et nous sachions très nettement ce que nous avons le droit et ce que nous n'avons pas le droit d'imposer. L'imprécision actuelle de l'Instruction du 5 avril 1915 qui nous régit menace, si elle se prolongeait, de faciliter et de multiplier les refus d'une manière absolument inquiétante; dans les centres neurologiques de l'arrière nous prévoyons le jour où on nous refusera, non seulement "anesthésie, la ponction lombaire et le Wassermann, mais encore toute espèce de prise de sang, une saignée, des ventouses scarifiées ou même une injection hypodermique.
Dans ce texte il est fait mention d'une instruction (ministérielle ?) du 5 avril 1915, je voudrais bien la retrouver ...
Ce texte est intéressant a plus d'un titre, tant du point de vue éthique qu'éclairant sur les pratiques neurologiques, ainsi que sur la recherche des simulateurs. vaste sujet.
Toujours piochant dans les mines que sont les Cr de l'académie de Médecine ou les Cr de l'académie des sciences publiés sur Gallica j'ai trouvé ce texte:
Le droit, pour le blessé, de refuser des interventions ou opérations reconnues nécessaires pour le diagnostic ou le traitement,
par M. J. GRASSE, Chef du Centre neurologique de la XVIe région.
Je me permets de communiquer à l'Académie quelques faits qui montrent bien l'importance de la question mise à son ordre du jour « le droit, pour le blessé, de refuser des interventions ou opérations reconnues nécessaires pour le. diagnostic ou le traitement » et l'extrême urgence qu'il y a à obtenir du ministre ou du législateur une précision et un complément de l'instruction du 5 avril 1915.
D'abord cette Instruction ne vise que les traitements ou opérations de nature à procurer au sujet, soit l'immunisation, soit la guérison totale ou partielle (réduction de l'incapacité de travail créée par la blessure). Elle ne vise nulle part les intervenions qui ont surtout pour but le diagnostic.
D'autre part, quand elle définit les méthodes « simples et non sanglantes de traitement», que le blessé n'a pas le droit de refuser, l'Instruction nomme « la massothérapie, la mécanothérapie, la thermothérapie, l'électrothérapie». Quoique terminée par un etc., cette énumération paraît limitative et permet des interprétations fâcheuses chez les blessés.
En fait, au centre neurologique de la XVIe région, nos psychonévrosiques refusent une série d'in interventions nécessaires pour le diagnostic et le traitement Je ne parle ni de l'anesthésie, dont le refus est noté partout, ni de la bande d'Esmarch qui n'a pas encore été refusée.
Mais plus de 50 malades nous ont refusé la ponction lombaire; que nous voulions faire systématiquement chez tous nos rachis névrosiques. C'est là une pratique qui nous est très utile, dans beaucoup de cas, pour établir le diagnostic de ce que nous appelons les signes lésionnels ou. non simulables des psycho-névroses.
Un malade a refusé le vidage dé son œdème par les tubes de Southey, c'est là une pratique, souvent utile au malade, en tout cas inoffensive et nécessaire pour l'examen du liquide ...
Quatre sujets ont refusé la prise de sang nécessaire pour le Wassermann. On peut prévoir des refus semblables pour les séro-diagnostics ...
Enfin, plusieurs malades ont refusé le plâtrage ...
Ces refus ne sont formulés que par les psychonévrosiques. Les lésionnels acceptent beaucoup plus facilement ces divers moyens. Dès lors, on comprend la facilité avec laquelle ces refus se propagent dans un grand service de psychonévrosiques comme le nôtre. Nous assistons à l'éclosion de véritables épidémies de relus et sommes désarmés pour les combattre; l'autorité militaire nous a dit en effet que nous n'avions pas le droit, notamment, d'imposer la ponction lombaire.
De ce que je viens de dire il ns faudrait pas conclure que tous ces malades qui refusent sont des simulateurs qui craignent de
voir dépister leur tricherie: le vrai simulateur se laissera plâtrer et anesthésier par ce qu'il sait que I'anesthésie fait momentanément disparaître les contractures non simulées et que le plâtrage n'empêche pas les contractures de se produire après.
La psychologie des malades qui refusent est plus complexe. Il ya d'abord ceux, tr 's nombreux, qui sont hyperémotifs et qui ont une véritable phobie de la douleur et de toute intervention nouvelle qui pourrait accroître ou renouveler celle douleur. Il y a ensuite ceux, encore plus nombreux, qui, ayant fait campagne longtemps et ayant eu la chance de recevoir une blessure qui les immobilise loin du front, ne mettent aucune bonne volonté à hâter la guérison et à diminuer l'importance de l'indemnité à laquelle ils peuvent avoir droit.
En tout cas - et c'est le seul point sur lequel je veux attirer l'attention de l'Académie et de la Commission qu'elle a nommée - il y a une extrême urgence à ce que la question soit souverainement et explicitement réglée. Il faut que les malades et nous sachions très nettement ce que nous avons le droit et ce que nous n'avons pas le droit d'imposer. L'imprécision actuelle de l'Instruction du 5 avril 1915 qui nous régit menace, si elle se prolongeait, de faciliter et de multiplier les refus d'une manière absolument inquiétante; dans les centres neurologiques de l'arrière nous prévoyons le jour où on nous refusera, non seulement "anesthésie, la ponction lombaire et le Wassermann, mais encore toute espèce de prise de sang, une saignée, des ventouses scarifiées ou même une injection hypodermique.
Dans ce texte il est fait mention d'une instruction (ministérielle ?) du 5 avril 1915, je voudrais bien la retrouver ...
Ce texte est intéressant a plus d'un titre, tant du point de vue éthique qu'éclairant sur les pratiques neurologiques, ainsi que sur la recherche des simulateurs. vaste sujet.