Un soldat russe, mort au combaten 1917, mis au jour à Cormicy
Marne
Le corps d’un soldat de la Grande Guerre a été découvert dans un champ,
près du mont Spin et de la célèbre Cote 108. Il s’agit d’un Russe tué en avril 1917.
l est allongé sur le dos, dans un champ de luzerne, à seulement une cinquantaine de mètres de la Départementale 32, à mi-chemin entre les villages de Cormicy dans la Marne, et d’Aguilcourt dans l’Aisne. Cet homme repose ici depuis cent ans. Il a été fauché un après-midi de printemps, pendant la désastreuse offensive Nivelle, en 1917.
Si son tronc semble intact, le bas de son corps est disloqué. Il manque des éléments du bassin. La jambe droite est démantibulée. La mâchoire est cassée. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas mort sur place. Il a été déplacé peu de temps après son décès, ou en tout cas avant sa décomposition. Car on ne trouve aucune trace de son paquetage de combat.
Des anthropologues de Marseille dépêchés sur place
En ce mardi 5 septembre, trois anthropologues venus de Marseille sont au chevet de ce soldat depuis le début de la matinée. Munis de nombreux outils, ils grattent, balaient et aspirent la terre calcaire pour mettre au jour, avec patience et minutie, chaque partie du squelette. À leurs côtés, Yves Desfossés, conservateur général du patrimoine au service de l’archéologie de la Drac du Grand Est, observe chaque détail. Et s’il ne tire aucune conclusion hâtive, il relève plusieurs points.
Un bouton avec l’aigle bicéphale, symbole
de la Russie, découvert
au niveau du dos
« Le casque que l’on vient de trouver près du corps est un modèle français Adrian. Or, les soldats du corps expéditionnaire russe, qui ont combattu dans ce secteur en avril 1917, portaient des uniformes russes mais des casques français sur lesquels avait été ajouté l’aigle bicéphale, le symbole de leur pays. L’aigle n’est ici pas visible mais ça ne veut pas dire qu’il n’a pas été présent… Nous venons aussi de repérer, au niveau de l’épaule droite, un bouton dont le nom du fabricant est écrit en cyrillique. » Autre découverte de taille : au pied droit du soldat qui a été déséquipé – il n’a ni brêlage ni cartouchière –, on peut voir un reste de botte en cuir. « S’il y a une plaque en fer sous le talon, on saura qu’il s’agit d’un Français ou d’un Allemand. Car les Russes n’en avaient pas… », souligne l’un des anthropologues. Après la longue opération de dégagement de ce reste de botte, le verdict tombe : il n’y a pas de plaque métallique. L’hypothèse du soldat russe se précise... Si les chercheurs sont déçus de ne pas voir de plaque militaire à l’un des poignets, qui pourrait confirmer la nationalité du soldat, ils vont, plus tard dans l’après-midi, faire une découverte de poids : cet homme est bien un Russe car un bouton orné de l’aigle bicéphale se dissimulait sous sa cage thoracique.
Un membre de la 3e brigade du corps expéditionnaire russe
Cet homme, mort au combat sur les premières lignes allemandes, que l’on ne pourra malheureusement pas identifier et donc rendre à d’éventuels descendants, devait sûrement faire partie de la 3e brigade du corps expéditionnaire russe. Car c’est cette dernière qui s’est battue en avril 1917 dans ce triangle formé entre Cormicy, Berry-au-Bac et Aguilcourt, tandis que combattait, du côté de Courcy, la 1re brigade. Les restes du soldat vont désormais être analysés par les spécialistes de l’Unité mixe de recherche ADES de Marseille. Reste à savoir si le soldat sera inhumé à la nécropole russe de Saint-Hilaire-le-Grand ou si le gouvernement russe, très attaché au Centenaire, souhaitera le rapatrier à Moscou.
http://www.lunion.fr/48146/article/2017 ... ur-cormicy