William McAleer rejoint d’autres soldats britanniques tombés à Loos-en-Gohelle
(VIDÉO)
La Voix du Nord du 15/03/2014 par FRÉDÉRIC CAMUS
http://www.lavoixdunord.fr/region/willi ... b0n1987789
http://www.dailymotion.com/video/x1gxnk ... neurs_news
Loos-en-Gohelle, aux portes de Lens… Terre de batailles âpres en ce mois de septembre 1915. Au Loos British Cimetery, les autorités britanniques ont inhumé jeudi dix-neuf soldats inconnus. Hier matin, le soldat William McAleer les a rejoints au cours d’une émouvante cérémonie.
Le révérend Colin Mcleod a ouvert la cérémonie par une homélie en anglais. - A + Il est 10 h et le brouillard matinal très british renforce le côté solennel en enveloppant la cérémonie de son linceul. Sur le cercueil du soldat William McAleer, porté par six hommes en tenue, l’Union Jack rappelle le lourd tribut consenti ici par les Britanniques en 1915. Lui est tombé le 26 septembre, le même jour que John Kipling, fils unique de l’écrivain Rudyard Kipling (1), à huit cents mètres de là. Le son de la cornemuse amplifie l’émotion vécue par les Royal Scot Fusiliers.
Jeudi, en fin d’après-midi, un gros obus de 155 a encore été trouvé en préparant la cavité destinée à recevoir les dix-neuf autres soldats britanniques. Car c’est près de cet endroit, aux confins de Loos-en-Gohelle et de Vendin-le-Vieil, que les divisions composées des Northumberland Fusiliers, du York and Lancaster Regiment, des Queen’s Own Cameron Highlanders et des Royal Scot Fusiliers avaient pour mission de prendre le versant ouest de Lens aux Allemands qui convoitaient cette position stratégique, proche des puits de mine.
Baïonnettes et têtes d’obus
Sur le lieu nommé la côte 70, la bataille fut terrible. « Ce fut un véritable massacre, avec des milliers de morts des deux côtés et la ville de Loos-en-Gohelle totalement anéantie », raconte le maire, Jean-François Caron. Pas étonnant donc de retrouver dans ce secteur des vestiges de ces combats abominables. « Avant la construction du centre de détention de Vendin-le-Vieil, qui a d’ailleurs pris huit mois de retard, on a remonté à la surface des bidons, des baïonnettes, 5 000 têtes d’obus non explosées sur 4 hectares et… ces vingt malheureux soldats britanniques mais aussi des Allemands », commente Alfred Duparcq, le président du musée « Loos sur les traces de la Grande Guerre ».
Il est maintenant 10 h 15 et le soleil commence à poindre et à baigner la foule de sa douce lumière. Le révérend Colin Mcleod ouvre la cérémonie par une homélie de circonstance, tout en anglais : « Aujourd’hui nous honorons la mémoire du soldat William McAleer et de dix-neuf autres dont le nom est connu de Dieu et qui, comme tant d’autres, ont répondu à l’appel de leur pays, le servant avec honneur et donnant leurs vies au service de leur nation. Rendons donc hommage à leur sacrifice… »
Plusieurs personnalités militaires interviennent ensuite, comme le lieutenant-colonel Robin Lindsay et le brigadier Stephen Shirley, en poste à Lille, dont les réflexions sur les paradoxes de la vie se terminent par « There is a time for war and a time for peace » (« Il y a un temps pour la guerre, un pour la paix. »). La guerre et la paix, des notions hélas toujours d’actualité un siècle tout juste après la Première Guerre mondiale.
Drapeau plié avec un soin immense… C’est l’inhumation. Tels des bruits que l’on ne voudrait plus jamais entendre, des coups de fusil claquent dans le ciel loossois. La sonnerie aux morts et l’instant du recueillement, partagé par des groupes d’anciens combattants français, laissent place au dépôt des couronnes par les sommités militaires britanniques. Elles sont composées de dizaines de pétales de coquelicots rouges, évidemment, comme lors du Remembrance Day, le jour du Souvenir, célébré dans tous les pays du Commonwealth.
1. Rudyard Kipling a inventé l’inscription qui figure sur la tombe des soldats inconnus britanniques : « Known unto God » (« Connu de Dieu »).