Ile de La Réunion : 1914-1918

bernard berthion
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par bernard berthion »

Bonjour,
voici un article du journal de L'ile de La Réunion de ce 11 novembre 2006 :


La Grande guerre des réunionnais :

En ce 11 novembre, La Réunion rend hommage à ses Poilus, tous disparus aujourd’hui. Grâce aux travaux d’une jeune historienne de Saint-Denis, on apprend beaucoup de choses sur le sort des appelés de l’île durant la guerre 14-18. Et notamment, que sur les 10 355 partis au front, 1 698 n’en sont pas revenus.


Au moment où le film Indigènes semble rafraîchir la mémoire élyséenne sur le sort des anciens combattants de l’armée coloniale, une jeune Réunionnaise extirpe de l’oubli un pan presque oublié de l’histoire de l’île, en relation avec le premier et plus meurtrier des grands conflits du XXe siècle. Rachel Mnémosyne vient en effet de décrocher le titre de docteure en histoire contemporaine pour ses travaux de recherche sur les soldats réunionnais dans la Grande guerre. Et du coup, le 88e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, fêté aujourd’hui devant tous les monuments aux morts, prend un relief particulier. Car la thèse de cette étudiante dionysienne, soutenue récemment, démontre d’abord que l’unique département français de l’océan Indien a payé un tribut non négligeable lors des batailles de ce qui devait être la Der des der. Sur les 14 355 jeunes îliens mobilisés à partir du début du mois d’août 1914, l’ancienne étudiante de l’université de La Réunion en a compté 1 698 qui ne sont pas rentrés du front, disparus, morts au champ d’honneur ou de maladie. Le nombre de victimes équivaut à 1 % des 172 000 habitants recensés sur l’île à l’époque. Ce qui peut paraître peu, mais représente tout de même plus d’un combattant réunionnais sur six, puisqu’en effet sur les 14 355 conscrits, 10 355 seulement sont allés au front. “Près d’un quart des garçons en âge d’effectuer leur service militaire a été réformé, à cause de leur santé précaire et parce qu’ils ne correspondaient pas aux critères établis pour les jeunes métropolitains, d’une stature généralement plus imposante et mieux alimentés”, explique Rachel Mnémosyne. “Certains n’y sont pas allés aussi du fait de leur illettrisme : leur lettre d’appel est restée lettre morte”, ajoute-t-elle.

CONSÉQUENCE DE LA GUERRE : L’ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE JAUNE

Pour les Réunionnais qui passent avec succès la sélection du conseil de recrutement, la situation est à la fois différente et semblable à celle des autres combattants français. D’abord, ils sont envoyés à Madagascar, où ont lieu les sélections et les formations. Car il ne faut pas oublier qu’au moment de l’entrée en guerre, il n’y a que trois officiers en poste dans ce qui est aujourd’hui la caserne Lambert, le gros de la troupe française dans l’océan Indien étant stationné sur la Grande île. Là, certains sont maintenus dans les casernes malgaches pour tenir les positions stratégiques qu’occupaient précédemment des militaires repartis en France. On a aussi besoin d’eux pour contenir des troubles qui se manifestent sporadiquement dans certains secteurs de Madagascar. Après quelques mois de navigation, une fois dans les ports français, ceux qui ont été désignés pour aller au front sont répartis sans distinction dans les différents régiments. Mais, pour les Réunionnais comme pour les autres soldats issus des colonies, le premier hiver se révèle une catastrophe. Le froid auquel ils ne sont pas habitués leur est parfaitement insupportable. Il est décidé de les envoyer dans des camps d’hivernage en Algérie, au Maroc ou dans le sud de la France. Ce ne sont pas des vacances. Là encore, ils occupent des fonctions laissées vacantes par les soldats engagés sur les différents champs de bataille. Pensant éviter le problème d’acclimatation, l’État-major décide d’envoyer près des deux tiers des Réunionnais sur le front d’Orient, dans les Dardanelles. On pense aussi qu’ils seront plus résistants au paludisme qui sévit dans ces régions où il s’agit de prêter main-forte à la Serbie face aux armées de l’empire austro-hongrois et de la Turquie. Cela se révèle un échec total. L’hiver est à peine moins rude dans cette partie de l’Europe et le paludisme étant lié à un parasite, les Réunionnais sont aussi affectés que les autres soldats par la maladie. Et nombreux sont ceux qui périront près de Salonique, en Grèce, au tristement célèbre “Camp de la fièvre”. Arrive l’année 1917, celles des grades mutineries et des permissions qui sont accordées en réponse aux volontés d’insoumission. Pour les soldats de La Réunion, c’est encore plus délicat parce que pour 23 jours de permission, il y a un mois de mer à l’aller et autant au retour, avec tous les risques que cela comporte en pleine guerre sous-marine. Rachel Mnémosyne a comptabilisé 771 Réunionnais en permission dès février, puis en juin, août et pour finir novembre. Ils repartiront au front pour certains, la plupart dans l’infanterie ou l’artillerie. D’autres sont affectés dans les services de l’arrière et de la logistique. L’armistice est signé le 11 novembre 1918. Les Réunionnais repartent au début de l’année 1919, infecté sans le savoir du virus de la fièvre espagnole, importée en Europe par les troupes américaines. Les conséquences seront terribles pour l’île : 7 451 personnes périront en deux mois dont la plupart dès les premiers jours de l’épidémie. “Je n’ai pas vraiment approfondi le sujet, mais ce qu’il ressort dans certains écrits de l’époque c’est qu’en vertu de ce sang versé, certains membres de l’élite réunionnaise demanderont la départementalisation. Ils n’auront pas de réponse”, conclut la docteure en histoire en contemporaine, dont les travaux offrent un commencement d’explication à des événements plus récents.

Texte Renaud Guiliani




Ines Joron, fille de poilu : “La première fois qu’ils voyaient un noir...”

“Mon papa allait juste avoir 20 ans quand la guerre a éclaté. Il est parti à la fin de l’année 1914 et n’est revenu qu’après l’armistice. Entretemps, il s’est battu à Verdun et sur le Chemin des dames”, raconte Inès Camatchy, née Joron en 1923 à Saint-Pierre. Presque 90 ans après ces batailles qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de jeunes gens, dans sa jolie petite case de Saint-Denis, la fille de Victor Roch Joron - seul garçon de la famille mobilisé dès les premiers jours de la Grande guerre - se rappelle certaines histoires que lui racontait son père, mort en 1946, trop jeune pour bénéficier d’une pension d’ancien combattant. “Même s’il nous racontait avoir porté dans les tranchées le corps blessé ou inanimé de quelques-uns de ses camarades, il ne semblait avoir gardé que de bons souvenirs de cette période, dit-elle. La chose l’ayant le plus marqué, c’est la curiosité de ces camarades de tranchées qui voyaient pour la première fois une personne de couleur noire. Certains, m’a-t-il raconté, n’en croyaient pas leurs yeux et lui demandaient de se frotter la peau, pour voir si la couleur résistait. “On l’appelait le “petit négrillon”, mais ça ne se voulait pas méchant. Il ne l’a jamais pris pour du racisme car les relations qu’il avait avec les uns et les autres étaient apparemment toutes très agréables. Ainsi, par exemple, il a gardé longtemps de bons contacts avec sa marraine de guerre qu’il a rencontrée dans des conditions étonnantes. Quand il a su où il était affecté, juste avant que ne démarre le train dans lequel il partait pour le front, il a écrit son nom et adresse sur un morceau de papier qu’il a jeté sur le quai. Une dame l’a ramassé. Elle lui a envoyé des lettres régulièrement. Lui est allé la voir lors de quelques permissions. Ils ont continué à correspondre après qu’il soit revenu à La Réunion. Pour la naissance du premier enfant, elle avait envoyé un bonnet pour le bébé. “Vraiment, il parlait de la guerre avec décontraction. Avec mes frères et sœurs, quand nous étions petits, il lui arrivait même de nous amuser avec le masque à gaz qu’il avait rapporté”, précise Inès qui semble avoir hérité de la bonne humeur de son papa Poilu.


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Anne-Marie Rivière, au Tampon : “Papa est revenu privé de ses deux jambes !”

Bien qu’elle soit née en 1936, Anne-Marie Rivière en connaît un rayon sur la Grande guerre, et plus particulièrement sur les événements qu’a vécu son père. Cette habitante du Tampon a même décidé de consacrer un livre entier à l’histoire de son papa, le soldat Léon Clain, qui a perdu ses deux jambes le 9 décembre 1916 sur le front des Dardanelles, en Serbie. “Blessé au cours d’un assaut, il est resté cinq jours et cinq nuits abandonné sur le champ de bataille, avant d’être récupéré par des ambulanciers. De là, il a été évacué vers Marseille. Mais la mitraille et le froid avaient fait leur œuvre. Les médecins n’ont pas pu faire autrement que de lui amputer une jambe aux deux tiers et l’autre sous le genou. “Il ne parlait pas beaucoup de sa guerre, sauf pour dire c’est moche, explique la fille de Léon. D’ailleurs, en 1939, quand il a appris que la France était de nouveau engagée dans un conflit, il s’est enfermé pendant plusieurs jours dans sa chambre et quand il en est ressorti, il semblait désespéré. Quand il évoquait cette période, il évoquait l’hôpital de la Timone et la maison de repos marseillaise où il est resté jusqu’à sa démobilisation en 1919. Il racontait que son regard était fixé sur Notre-Dame-de-la-Garde, et qu’il priait beaucoup. Moi je suis allé voir sur place cet endroit. J’ai rassemblé des éléments sur ses années de guerre. C’est comme ça que j’ai appris qu’il s’était d’abord battu sur les bords de la Meuse, au sein du 3e Régiment d’infanterie coloniale. Après ces batailles très meurtrières, il est parti pour la Serbie. Il a été décoré de quatorze médailles. Ce qui me laisse penser qu’il n’a pas dû manquer de courage. Ce courage, il en a encore fait la démonstration à son retour. Malgré son handicap, il n’a eu de cesse de travailler la terre, sur sa charrette à bœuf qu’il utilisait pour faire le chemin entre Cilaos et Palmiste. Il faisait son vin et son miel. Nous l’aidions à monter sur son attelage avec les appareils sur lesquels reposaient ses moignons. Ma mère aussi a démontré un grand courage. Ils ont eu onze enfants, neuf seulement ont vécu.” Pour rendre hommage à ce père depuis disparu et témoigner de ces leçons de courage qui ont jalonné son enfance, Anne-Marie Rivière a écrit un livre, “Le mutilé de Cilaos”, un des rares témoignages des conséquences de la Grande guerre à La Réunion

Cordialement BB




bernard berthion
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par bernard berthion »

Bonjour,

photo du MaM de La Plaine des Palmistes :

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Roland Garros était de La Réunion :

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Cordialement BB

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Jean RIOTTE
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour Bernard,
Pas de photos sur mon écran... dommage... La Réunion est une très belle île... et Roland Garros fut un pionnier de l' aviation...
Cordialement.
Jean RIOTTE.
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Terraillon Marc
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

Voici une image de la caserne de Saint Denis de la Réunion :

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En attendant les images de Bernard :D

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Terraillon Marc
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

Et voici une autre image de la Caserne Lambert (non datée mais plus récente ;) )

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A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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Jean RIOTTE
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
Merci, Bernard d' avoir rétabli la liaison.
Et merci Marc d' avoir patienté en ta compagnie.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
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garnier jean pierre
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par garnier jean pierre »

Bonjour

15e Bataillon d'Infanterie de Marine.

Cdlt
bernard berthion
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par bernard berthion »

Bonsoir,
Roland Garros sur le Barachoix à Saint Denis :

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Pour réver en cette journée humide, voici les canons du Barachoix ( mais hélas, rien à voir avec ceux du site de Bernard Plumier ) :

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Cordialement BB
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machault
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par machault »

message privé en déshérence pour B Berthion en provenance de La Réunion.
bernard berthion
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Re: Ile de La Réunion : 1914-1918

Message par bernard berthion »

Bonjour,
avec Jean-Luc Arnould, nous commençons le recensement des soldats de La Réunion tués en Champagne .
Hier, je suis passé à Orfeuil dans les Ardennes ( combats de septembre-octobre 1918 ) :

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Il y a aussi les soldats : Georges Joseph, Maillot Louis, Sery Firmin . Et nous continuons les recherches .
Cordialement BB

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