Re: La Butte des Zouaves à nouveau menacée...
Publié : dim. nov. 16, 2014 1:33 am
Bonjour à tous,
Cette publication pour informer tous les membres de ce forum (du moins ceux qui ne le sauraient pas déjà) d'un nouveau rebondissement dans l'affaire de la Butte des Zouaves et du ravin de Puisaleine, au nord du saillant de Quennevières, haut-lieu de la Grande Guerre dans l'Oise...
Il y a quatre ans, j'avais déjà alerté les membres de ce forum de la menace qu'une société de traitement des déchets ménagers et industriels faisait peser sur le site de Puisaleine, au nord du saillant de Quennevières... Après une longue et pénible bataille juridique, les instances politiques (préfet de l'Oise et une partie des élus locaux), institutionnelles et administratives (tribunal administratif d'Amiens et cour d'appel administrative de Douai) ont donné raison (courant 2013) à l'exploitant de cette société, contre les arguments des rares élus locaux et associations historiques et écologistes fermement opposés à ce projet de nouvelle décharge, qui non seulement constitue une menace pour la préservation des paysages et de la faune, pour la santé publique, la zone étant située sur des points de captage d'eau notamment de la commune de Tracy-le-Mont (une partie de cette zone étant d'ailleurs classée "Natura 2000" depuis 2004), mais une insulte à la mémoire des combattants qui ont lutté sur ces lieux, à ceux qui y ont été blessés ou qui y ont été tués entre 1914 et 1918. Ces arguments, s'appuyant sur de nombreuses décisions, réglementations et constatations de terrain (actés ou non par écrit), sur de nombreux documents historiques et sur le témoignage de descendants de soldats ayant combattu en ces lieux, n'ont pas été retenus par les politiques, les institutions (CODERST, etc), ni surtout par la justice administrative, qui ont permis l'implantation de cette décharge sur ce lieu de mémoire (je vous renvoie, pour ceux qui ne seraient pas au fait de cette "affaire", à l'excellent article paru dans le numéro de ce mois-ci de 14-18 Magazine, qui fait la synthèse de la douloureuse problématique de ce champ de bataille). Cette implantation a été rendue possible grâce à la promesse faite par l'exploitant de cette décharge de respecter un périmètre de protection de 500m, qui, s'il n'a pas épargné la partie nord-est du Bois Saint-Mard (autre lieu emblématique de la Grande Guerre dans l'Oise), rogné une nouvelle fois, pour permettre de construire une voie d'accès aux camions venant déverser leur cargaison en ces lieux, ni le chemin de Bernanval à Puisaleine, qui était une des principales artères permettant les relèves de troupes françaises sur ce front, chemin aujourd'hui coupé à hauteur de cette nouvelle installation, était supposé préserver la fameuse Butte des Zouaves, ultime vestige encore visible de cette partie du front isarien, entre Noyon et l'Aisne... Au terme de ces longues discussions et débats techniques et juridiques, dont seuls quelques acteurs, politiques, institutionnels et "privilégiés" connaissent le contenu et les termes exacts, l'Union des Zouaves, qui avait été déboutée jusque-là par les instances locales dans sa volonté d'édifier sur place un grand mémorial national des Zouaves tant que sa position n'était pas "claire" sur ce dossier, avait tout-à-coup vu la situation se décanter et s'est vue "offrir" un terrain providentiel pour y implanter ce fameux mémorial national des Zouaves, finalement inauguré en grandes pompes en 2013. De fait, ce monument a été installé non pas à la Butte elle-même mais au nord de cette dernière, sur un terrain non classé, appartenant à un propriétaire privé qui a accordé un bail emphytéotique de 99 ans à cette association d'anciens combattants (ce que beaucoup de personnes analysent, rétrospectivement, comme un moyen d'obtenir leur silence non seulement sur ce projet de décharge, mais aussi sur tout projet d'extension à venir)...
Cette Butte des Zouaves, ultime résurgence du champ de bataille, préservée après les défrichements successifs de ce théâtre des combats, peu à peu repris par l'ancien propriétaire, afin de le remettre en culture, dans le courant des années 1970 et 1980, a été protégée, croyait-on "définitivement", en avril 2002 en étant classée par la DRAC à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques...
Or, cet exploitant a précisément décidé voici quelques semaines de revenir à la charge et d'attaquer purement et simplement cet arrêté de classement, qui, selon son point de vue, celui de ses avocats et d'un "historien local" qui lui est tout dévoué et lui fournit constamment depuis plus de dix ans la "matière historique" pour permettre ces actions (en allant faire ses "recherches au Service Historique de la Défense à Vincennes"), que la Butte des Zouaves avait été indûment classée, soulevant des vices de forme et de procédure réels ou supposés, et qu'il entend désormais faire déclasser... Le but est clair : le déclassement de la Butte des Zouaves et la minoration de l'intérêt historique du site de Puisaleine dans son entier, lui permettrait de s'étendre à présent au-delà du périmètre de protection de 500 mètres, voire de supprimer purement et simplement cette butte si gênante et d'étendre sa décharge à tout le ravin de Puisaleine, dont cet exploitant s'est d'ailleurs rendu propriétaire...
Les réactions ne se sont pas faites attendre, et l'on s'attend à un nouveau pugilat administratif et juridique avec l'exploitant de cette société. DRAC, élus locaux et associations entendent s'opposer à ce qui n'apparaît pas autrement que comme une nouvelle provocation, d'autant plus mal ressentie en ce début de centenaire de la Grande Guerre. Problème : un certain nombre de ces associations, de ces administrations et de ces élus qui veulent aujourd'hui faire barrage à ce projet ont eux-mêmes rendu cette situation invraisemblable possible, en donnant leur accord ou leur blanc-seing à l'implantation de cette décharge sur ce lieu de mémoire, moyennant la mise en place de ce périmètre de protection, dont on ne pouvait pas ne pas douter que l'exploitant le contesterait tôt ou tard, le ravin de Puisaleine, aux multiples stigmates des combats de la Grande Guerre, lui offrant surtout des possibilités d'extension pratiquement sans limite... Situation kafkaïenne, puisque chacun sait qu'il est plus difficile d'obtenir une autorisation d'implanter une décharge (d'autant plus sur un lieu de mémoire et d'histoire) que d'obtenir le droit d'étendre ce type de structure, celle-ci une fois implantée. Or, le personnage est coriace, il est prêt à tout et à dépenser beaucoup d'argent et d'énergie pour arriver à ses fins et chacun sait qu'il ne s'avouera pas vaincu, même si les autorités administratives et politiques venaient à lui refuser ce déclassement et toute autorisation d'extension de sa nouvelle installation sur le champ de bataille de Puisaleine...
Eh oui, cette affaire nous ramène à un triste constat et à une triste réalité : quand les élus et les autorités politiques décident dans d'autres départements de créer de grands musées et de grands mémoriaux consacrés au souvenir de la Grande Guerre, ou de réhabiliter ceux existant (notamment dans le Nord, l'Aisne ou la Meuse), ces lieux étant des vecteurs forts d'un tourisme renouvelé autour de l'histoire et de la mémoire de cette dramatique période, le département de l'Oise a quant à lui préféré se doter, pour le centenaire de la Grande Guerre, d'une nouvelle décharge sur un champ de bataille de la Grande Guerre, dont l'utilité reste à démontrer (la majeure partie des déchets devant être déversés sur cette zone ne provenant ni du Noyonnais, ni même de l'Oise, mais à priori de région parisienne, du moins d'après les informations dont je dispose actuellement !!!) lorsque l'on sait qu'un grand incinérateur est installé en région creilloise et qu'il fonctionne aujourd'hui encore en sous-capacité, décharge donc "offerte" aux habitants du nord-est de l'Oise, en guise de nouveau mémorial sur un des champs de bataille les plus emblématiques de cette époque dans ce département... Bien évidemment, tous nos décideurs ne sont sans doute pas coupables de cette situation infamante pour la mémoire des hommes et des lieux de la Grande Guerre, mais aucune voix, parmi celles qui comptent dans ce département, ne s'est jusqu'ici élevée pour dire haut et fort que cela suffisait et pour mettre un coup d'arrêt définitif à toute cette mascarade qui dure depuis maintenant tant d'années... Le département compte pourtant quelques députés et sénateurs et quelques personnalités dont la parole compte, mais les populations locales et les élus qui ont décidé de combattre ce projet et cette nouvelle suite, se sentent bien seuls dans ce combat inégal, qui semble ne jamais devoir connaître de fin...
Voilà donc, en tout cas, un nouvel épisode du feuilleton "Puisaleine/Butte des Zouaves" qui s'ouvre et qui promet de nous tenir encore en haleine pour quelques années...
Ci-dessous un lien vers un document qui apporte quelques éléments de compréhension expliquant comment a été rendue possible l'implantation de cette décharge à Puisaleine (p.3 à 6) :
http://asso-roso.org/wp-content/uploads ... uin-09.pdf
Le dernier article paru autour de ce nouveau rebondissement, dans l'édition du 12 Novembre 2014 du journal Oise Hebdo :

Cordialement,
Jean-Michel
Cette publication pour informer tous les membres de ce forum (du moins ceux qui ne le sauraient pas déjà) d'un nouveau rebondissement dans l'affaire de la Butte des Zouaves et du ravin de Puisaleine, au nord du saillant de Quennevières, haut-lieu de la Grande Guerre dans l'Oise...
Il y a quatre ans, j'avais déjà alerté les membres de ce forum de la menace qu'une société de traitement des déchets ménagers et industriels faisait peser sur le site de Puisaleine, au nord du saillant de Quennevières... Après une longue et pénible bataille juridique, les instances politiques (préfet de l'Oise et une partie des élus locaux), institutionnelles et administratives (tribunal administratif d'Amiens et cour d'appel administrative de Douai) ont donné raison (courant 2013) à l'exploitant de cette société, contre les arguments des rares élus locaux et associations historiques et écologistes fermement opposés à ce projet de nouvelle décharge, qui non seulement constitue une menace pour la préservation des paysages et de la faune, pour la santé publique, la zone étant située sur des points de captage d'eau notamment de la commune de Tracy-le-Mont (une partie de cette zone étant d'ailleurs classée "Natura 2000" depuis 2004), mais une insulte à la mémoire des combattants qui ont lutté sur ces lieux, à ceux qui y ont été blessés ou qui y ont été tués entre 1914 et 1918. Ces arguments, s'appuyant sur de nombreuses décisions, réglementations et constatations de terrain (actés ou non par écrit), sur de nombreux documents historiques et sur le témoignage de descendants de soldats ayant combattu en ces lieux, n'ont pas été retenus par les politiques, les institutions (CODERST, etc), ni surtout par la justice administrative, qui ont permis l'implantation de cette décharge sur ce lieu de mémoire (je vous renvoie, pour ceux qui ne seraient pas au fait de cette "affaire", à l'excellent article paru dans le numéro de ce mois-ci de 14-18 Magazine, qui fait la synthèse de la douloureuse problématique de ce champ de bataille). Cette implantation a été rendue possible grâce à la promesse faite par l'exploitant de cette décharge de respecter un périmètre de protection de 500m, qui, s'il n'a pas épargné la partie nord-est du Bois Saint-Mard (autre lieu emblématique de la Grande Guerre dans l'Oise), rogné une nouvelle fois, pour permettre de construire une voie d'accès aux camions venant déverser leur cargaison en ces lieux, ni le chemin de Bernanval à Puisaleine, qui était une des principales artères permettant les relèves de troupes françaises sur ce front, chemin aujourd'hui coupé à hauteur de cette nouvelle installation, était supposé préserver la fameuse Butte des Zouaves, ultime vestige encore visible de cette partie du front isarien, entre Noyon et l'Aisne... Au terme de ces longues discussions et débats techniques et juridiques, dont seuls quelques acteurs, politiques, institutionnels et "privilégiés" connaissent le contenu et les termes exacts, l'Union des Zouaves, qui avait été déboutée jusque-là par les instances locales dans sa volonté d'édifier sur place un grand mémorial national des Zouaves tant que sa position n'était pas "claire" sur ce dossier, avait tout-à-coup vu la situation se décanter et s'est vue "offrir" un terrain providentiel pour y implanter ce fameux mémorial national des Zouaves, finalement inauguré en grandes pompes en 2013. De fait, ce monument a été installé non pas à la Butte elle-même mais au nord de cette dernière, sur un terrain non classé, appartenant à un propriétaire privé qui a accordé un bail emphytéotique de 99 ans à cette association d'anciens combattants (ce que beaucoup de personnes analysent, rétrospectivement, comme un moyen d'obtenir leur silence non seulement sur ce projet de décharge, mais aussi sur tout projet d'extension à venir)...
Cette Butte des Zouaves, ultime résurgence du champ de bataille, préservée après les défrichements successifs de ce théâtre des combats, peu à peu repris par l'ancien propriétaire, afin de le remettre en culture, dans le courant des années 1970 et 1980, a été protégée, croyait-on "définitivement", en avril 2002 en étant classée par la DRAC à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques...
Or, cet exploitant a précisément décidé voici quelques semaines de revenir à la charge et d'attaquer purement et simplement cet arrêté de classement, qui, selon son point de vue, celui de ses avocats et d'un "historien local" qui lui est tout dévoué et lui fournit constamment depuis plus de dix ans la "matière historique" pour permettre ces actions (en allant faire ses "recherches au Service Historique de la Défense à Vincennes"), que la Butte des Zouaves avait été indûment classée, soulevant des vices de forme et de procédure réels ou supposés, et qu'il entend désormais faire déclasser... Le but est clair : le déclassement de la Butte des Zouaves et la minoration de l'intérêt historique du site de Puisaleine dans son entier, lui permettrait de s'étendre à présent au-delà du périmètre de protection de 500 mètres, voire de supprimer purement et simplement cette butte si gênante et d'étendre sa décharge à tout le ravin de Puisaleine, dont cet exploitant s'est d'ailleurs rendu propriétaire...
Les réactions ne se sont pas faites attendre, et l'on s'attend à un nouveau pugilat administratif et juridique avec l'exploitant de cette société. DRAC, élus locaux et associations entendent s'opposer à ce qui n'apparaît pas autrement que comme une nouvelle provocation, d'autant plus mal ressentie en ce début de centenaire de la Grande Guerre. Problème : un certain nombre de ces associations, de ces administrations et de ces élus qui veulent aujourd'hui faire barrage à ce projet ont eux-mêmes rendu cette situation invraisemblable possible, en donnant leur accord ou leur blanc-seing à l'implantation de cette décharge sur ce lieu de mémoire, moyennant la mise en place de ce périmètre de protection, dont on ne pouvait pas ne pas douter que l'exploitant le contesterait tôt ou tard, le ravin de Puisaleine, aux multiples stigmates des combats de la Grande Guerre, lui offrant surtout des possibilités d'extension pratiquement sans limite... Situation kafkaïenne, puisque chacun sait qu'il est plus difficile d'obtenir une autorisation d'implanter une décharge (d'autant plus sur un lieu de mémoire et d'histoire) que d'obtenir le droit d'étendre ce type de structure, celle-ci une fois implantée. Or, le personnage est coriace, il est prêt à tout et à dépenser beaucoup d'argent et d'énergie pour arriver à ses fins et chacun sait qu'il ne s'avouera pas vaincu, même si les autorités administratives et politiques venaient à lui refuser ce déclassement et toute autorisation d'extension de sa nouvelle installation sur le champ de bataille de Puisaleine...
Eh oui, cette affaire nous ramène à un triste constat et à une triste réalité : quand les élus et les autorités politiques décident dans d'autres départements de créer de grands musées et de grands mémoriaux consacrés au souvenir de la Grande Guerre, ou de réhabiliter ceux existant (notamment dans le Nord, l'Aisne ou la Meuse), ces lieux étant des vecteurs forts d'un tourisme renouvelé autour de l'histoire et de la mémoire de cette dramatique période, le département de l'Oise a quant à lui préféré se doter, pour le centenaire de la Grande Guerre, d'une nouvelle décharge sur un champ de bataille de la Grande Guerre, dont l'utilité reste à démontrer (la majeure partie des déchets devant être déversés sur cette zone ne provenant ni du Noyonnais, ni même de l'Oise, mais à priori de région parisienne, du moins d'après les informations dont je dispose actuellement !!!) lorsque l'on sait qu'un grand incinérateur est installé en région creilloise et qu'il fonctionne aujourd'hui encore en sous-capacité, décharge donc "offerte" aux habitants du nord-est de l'Oise, en guise de nouveau mémorial sur un des champs de bataille les plus emblématiques de cette époque dans ce département... Bien évidemment, tous nos décideurs ne sont sans doute pas coupables de cette situation infamante pour la mémoire des hommes et des lieux de la Grande Guerre, mais aucune voix, parmi celles qui comptent dans ce département, ne s'est jusqu'ici élevée pour dire haut et fort que cela suffisait et pour mettre un coup d'arrêt définitif à toute cette mascarade qui dure depuis maintenant tant d'années... Le département compte pourtant quelques députés et sénateurs et quelques personnalités dont la parole compte, mais les populations locales et les élus qui ont décidé de combattre ce projet et cette nouvelle suite, se sentent bien seuls dans ce combat inégal, qui semble ne jamais devoir connaître de fin...
Voilà donc, en tout cas, un nouvel épisode du feuilleton "Puisaleine/Butte des Zouaves" qui s'ouvre et qui promet de nous tenir encore en haleine pour quelques années...
Ci-dessous un lien vers un document qui apporte quelques éléments de compréhension expliquant comment a été rendue possible l'implantation de cette décharge à Puisaleine (p.3 à 6) :
http://asso-roso.org/wp-content/uploads ... uin-09.pdf
Le dernier article paru autour de ce nouveau rebondissement, dans l'édition du 12 Novembre 2014 du journal Oise Hebdo :

Cordialement,
Jean-Michel