Bonjour à Tous,
Je voudrais apporter quelques précisions concernant l'intervention de FVB avec laquelle je me montrerai en général d'accord.
Au sujet du Bois des Loges, le projet "privé" agréé par l'Etat et sa kyrielle de fonctionnaires aux ordres, devait être créé en 2004/2005 sur 33 des 110 ha du Bois des Loges à Beuvraignes Somme. Dans l'ordre, les communes voisines de l'Oise, Fresnières et Crapeaumesnil, se déterminèrent contre le projet, puisque localités situées très près du site choisi et de plus sur les accès prévus. Une association principalement constituée d'habitants et élus de ces 2 villages isariens fut constituée. L'association des anciens combattants du canton isarien de Lassigny, en alliance avec la délégation cantonale du Souvenir Français de Ressons-sur-Matz/Lassigny (Oise), se déterminèrent ouvertement contre le projet. L'association "Patrimoine de la Grande Guerre Oise" impliquée dans un vague et fumeux "Comité Ethique et Mémoire" co-présidé par le Souvenir Français de la Somme et un cadre du promoteur du projet, se considérant pris en otage, "sortit" en démissionnant tout simplement pour ne pas cautionner le dossier.
La communauté des 47 communes du Pays des Sources soutint l'opposition et tenta de faire arrêter le projet, en vain. Préfecture de Région, Conseil Régional, Conseil Général 80, élus nationaux, ministères de tutelles, sollicités ne purent ou ne firent RIEN afin d'arrêter. Ce fut les tribunaux, Administratifs d'Amiens, plusieurs fois, l'Appel Administratif de Douai, 2 fois, le Conseil d'Etat. Des rapports, des requêtes, des soliloques, des plaidories, au cours desquels de temps en temps, revinrent quelques mots évocateurs : combats meurtriers, disparus en ces lieux, profanation, respect de l'humain avant et après sa mort, respect des mémoires.
Sur la position des communes directement concernées par le projet, dans le cadre de l'enquête publique, 7 communes étaient de l'Oise et leurs municipalités opposées au projet, et sur les 2 autres, de la Somme, seul le conseil municipal de TILLOLOY était POUR, celui de BEUVRAIGNES, en séance publique, s'était prononcé CONTRE !!
Il fallait que ce soit rappelé, tout comme la position d'un président d'une association d'anciens combattants de la Somme qui s'associa avec celle d'un collègue de l'Oise pour attaquer auprès des instances juridiques les décisions préfectorales.
Ni les uns ni les autres, y compris les populations opposées au funeste projet, ne peuvent être honteuses de ce qu'ils ont fait : s'ils l'ont fait c'est pour les anciens à respecter et les plus jeunes à protéger, pas ou peu pour eux.
Bonjour Vigie,
Bonjour à tous,
J'interviens ici en tant que secrétaire de l'association
Patrimoine de la Grande Guerre et, bien qu'ayant suivi cette affaire du Bois des Loges de plus ou moins loin à l'époque (où je n'étais encore que simple "adhérent" à cette association et non membre du bureau, comme aujourd'hui), et bien que ne disposant pas nécessairement, pour cette raison, de tous les éléments pour répondre précisément, j'ai nettement le souvenir effectivement de la création de ce "comité éthique et mémoire", les représentants d'Onyx Valnor ayant à l'époque fait miroiter qu'ils pourraient intervenir dans la création d'un musée de la Grande Guerre (ou d'une structure de ce type) pour rappeler les combats dans le secteur du Bois des Loges entre 1914 et 1918. Au demeurant, si nous n'étions pas dupes au point de croire que cette proposition n'était rien d'autre qu'un écran de fumée pour permettre à Onyx-Valnor d'installer sa décharge dans ces lieux en toute quiétude (ce que confirma d'ailleurs très rapidement la suite des événements), il faut rappeler que "l'adhésion" à ce "comité éthique et mémoire" nous permettait surtout de nous ouvrir les portes du chantier qui avait été ouvert pour le compte de cette société dans le Bois des Loges et ainsi de surveiller les pseudo-fouilles qui étaient prétendument effectuées par cette société (surveillance et accès à la zone de travaux qui étaient bien entendu interdits aux opposants déclarés à ce projet)... Cet accès nous a ainsi permis de constater de nombreuses irrégularités sur le chantier, comme la mise à jour de cagnas encore pourvus de leur mobilier et équipement, laissés en état depuis 1918 et éventrées sans ménagement par les pelleteuses d'Onyx-Valnor, ou encore le dégagement de munitions et de vestiges ferreux qui étaient stockés dans des bennes à ordures interdites d'accès aux membres de ce "comité de surveillance des travaux"...
Notre association ne s'est pas sentie "prise en otage" (si ce n'est que ses allers et venues sur le chantier étaient constamment placés eux aussi sous la surveillance de gens travaillant pour le compte d'Onyx-Valnor) et elle n'est pas "sortie" de ce projet de son propre gré, mais a été évincée par la société Onyx-Valnor, qui gênée par les inspections et les constats faits sur site par notre président, qui a pu observer et relever par lui-même de très nombreuses irrégularités, s'est vu interdire l'accès au chantier après quelques jours seulement, sous le motif fallacieux qu'il était délibérément sorti des zones balisées qu'il ne fallait dépasser sous aucun prétexte et qu'il avait donc mis sa sécurité et celle des employés du chantier en danger ! Voilà comment notre association est sortie de cette affaire (il faut reprendre la presse de l'époque et lire les interviews de notre président, qui n'a pas mâché ses mots sur ce sujet)...
Dois-je en outre rappeler pour mémoire qu'elle est aussi à l'origine de la création du monument commémoratif du Bois des Loges, qu'elle a été de toutes les manifestations contre cette décharge, tout comme elle l'a été de toutes celles contre l'implantation de la décharge à Moulin-sous-Touvent ?
Cela lui a d'ailleurs également valu quelques soucis de ce côté-là, ayant été "évincée" plus ou moins officiellement de ce secteur, où elle a pourtant beaucoup oeuvré dans le passé, au profit d'associations plus complaisantes et plus conciliantes avec Gurdebeke et ses néfastes projets. Cela lui vaut aujourd'hui encore de n'être pas nécessairement la bienvenue dans ces lieux (ou, à tout le moins d'être tout juste "tolérée"). La bataille juridique qui se poursuit toujours actuellement, et à laquelle notre association a apporté son concours (en faveur du collectif contre la décharge) lui a surtout enfin permis de constater que tous ses arguments appuyés sur des documents d'archives ont toujours été systématiquement rejetés par les élus locaux et par les juridictions administratives (TA d'Amiens et CAA de Douai) au bénéfice d'arguments avancés notamment par un pseudo historien local, fouilleur notoirement connu localement, dont la parole, mise au service de la société Gurdebeke et de ses "conseils", semble toujours avoir plus de crédit et de poids que la nôtre, lequel "historien", auteur d'un ouvrage sur "la guerre de mines dans l'Oise" dans lequel il rappelle lui-même l'intensité de cette guerre de 1915 à 1916 du Bois Saint-Mard à Quennevières, n'a paradoxalement jamais cessé de plaider en faveur d'un front calme, siège d'une "guerre qui n'y aurait jamais eu lieu" (il est l'un des inventeurs de la théorie d'une guerre qui se serait déroulée dans le Bois Saint-Mard et à Quennevières, mais pas à Puisaleine, bien que ce secteur relie précisément ces deux points du front !)...
Cette opposition affichée, sans compromis, ni compromission (considérant qu'il n'est pas plus tolérable d'implanter une décharge à Puisaleine qu'au Bois des Loges, ni sur aucun autre point du front de l'Oise), a aussi valu à notre association (et pour cause !) d'être systématiquement écartée de tous les pourparlers entre l'Union Nationale des Zouaves, la société Gurdebeke, les autorités préfectorales et d'autres associations implantées localement, en vue de l'établissement du futur monument national des zouaves qui, suite aux arrangements trouvés dans le courant de l'année dernière entre les élus locaux, les représentants de l'Union des Zouaves, les anciens combattants, la préfecture de l'Oise et associations locales, sera inauguré au nord de Puisaleine, au début de septembre prochain, près de l'actuelle Butte des Zouaves...
Notre association, eu égard à la tournure des événements (désistement des anciens combattants, rejet systématique de tous les arguments avancés, bien qu'appuyés sur des sources archivistiques fiables - JMO, rapports, plans d'époque et témoignages de combattants français et allemands !, pressions exercées, accusations à la limite de la diffamation portées par les uns ou les autres) a finalement décidé de prendre du recul avec cette bataille, considérant qu'après tout, nous avions largement fait tout ce que notre petite association historique pouvait faire pour contrebalancer les arguments de ce pseudo historien, imbu de sa personne bien que sans la moindre qualification universitaire, fort exclusivement de son expérience de fouilleur et du réseau de relations qu'il s'est tissé au fil des années, dont les arguments semblent avoir été toujours plus en symbiose avec les attentes des juridictions administratives, de celles de l'entrepreneur et avec la volonté d'un certain nombre de décideurs politiques, que les nôtres... Nous avons dépensé beaucoup d'énergie pour tenter de convaincre des gens résolument déterminés à considérer qu'il n'y a eu aucun événement historique important à Puisaleine et qui n'ont (et pour cause !) jamais changé d'opinion, malgré toutes les évidences apportées par les archives de guerre...
Les associations écologistes ont elle aussi avancé de nombreux arguments, qui peuvent faire la différence devant les juges, plus sûrement que l'argument historique qui a été systématiquement débouté et balayé par les différents arrêts du TA d'Amiens et de la CAA de Douai (notre ami Yves Buffetaut, historien, auteur et éditeur qu'il n'est, je pense, utile de présenter à personne sur ce forum tant le sérieux et la qualité du travail ne sont plus à démontrer, a lui même rédigé un très beau courrier à destination de la juridiction administrative, qui n'en a pas moindrement tenu compte !)... C'est pourquoi là encore, nous avons décidé de leur laisser la parole et de nous recentrer sur notre travail de recherche historique et d'écriture, qui sera certainement plus profitable à la collectivité et aux passionnés, que de continuer à perdre notre temps à rédiger des mémoires seulement destinés à une poignée de juristes, qui se moquent éperdument de la Grande Guerre et des hommes qui l'ont faite, et dont l'opinion semble déjà faite avant même d'avoir lu notre argumentaire...
J'ai été un peu long. Mais, bien que conscient que mes écrits ne vont une fois encore pas m'attirer que des amis, j'espère avoir rétabli un certain nombre de faits qu'il me semblait important de rappeler, de préciser ou d'éclairer, pour éviter de dire et d'écrire tout et n'importe quoi et de se laisser aller à des amalgames qui n'ont aucun lieu d'être... Notre position, en tant qu'association historique, soucieuse de la préservation des sites et de la mémoire de nos anciens combattants, a toujours été très claire et n'a jamais varié d'un iota, au fil de toutes ces années : pas de décharge ici, ni ailleurs, sur aucune autre partie du front... Qu'on se le dise...
Cordialement,
Jean-Michel