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Re: Novembre 1994, des tombes chinoises « mises au jour » par des écoliers

Publié : sam. nov. 12, 2011 1:21 pm
par genealogie-baert

Novembre 1994, des tombes chinoises « mises au jour » par des écoliers de SainsActualité Béthune
Novembre 1994, des tombes chinoises « mises au jour » par des écoliers de Sains

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Beth ... x du Nord
En 2003, à Béthune, Serge Thomas (à droite) rencontre l'écrivain spécialiste de la guerre 14-18, Pierre Miquel. COPYRIGHT GAUHERIA | ON EN PARLE |
La mémoire est sélective et la grande histoire qui éclaire nos manuels peut comporter des zones d'ombre. Les 49 tombes chinoises auraient pu continuer à dormir paisiblement au « Fosse 10 Communal Cemetery » de Sains-en-Gohelle. Basculant aussi sereinement que sûrement dans l'oubli. Si ce n'est qu'un jour de novembre 1994, un instituteur et ses élèves ont eu « la curiosité d'aller au fond du cimetière ».

PAR DAVID CIERNIAK
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Ce jour-là, Serge Thomas ne sait pas encore que ses quelques pas supplémentaires le mèneront dans une enquête qui va durer 5 ans et déboucheront sur une exposition au centre de la paix à Souchez, des publications, un film. Car sur ces stèles se trouvent des noms comme Chaw Chang Mai, Kao Wen Kang et Liu Ch'un Yung. Pas vraiment British. Les élèves prennent des notes : 9 morts en 1917, 8 en 1918 et 32 en 1919. Les recherches débutent. En poste comme « maître de CM 1 » depuis 1983 à l'école Jaurès-Curie de Sains-en-Gohelle, Serge Thomas n'avait jamais entendu parler de cette histoire. « Personne ne savait rien ! », se souvient-il. Archives départementales, Commonwealth War Graves Commission, Historial de Péronne... sont appelés en renfort. En vain. « L'enquête a duré 5 ans et chaque année, les élèves changeaient », évoque l'instituteur désormais à la retraite. « Nous recevions parfois une lettre, un document ou une photo... puis, plus rien pendant plusieurs semaines », raconte Serge Thomas.
Les enfants s'accrochent à ce fil rouge de l'histoire locale. Et mettent finalement le doigt sur Le Chinese Labour Corps ou l'histoire des travailleurs chinois dans la Première Guerre mondiale. Concrétisant les accords passés entre gouvernement chinois et britannique, en 1916, pour enrôler des ouvriers chinois en France. Une main-d'oeuvre bon marché, 1 F par jour pour 10 heures de travail, 7 jours sur 7, durant 3 ans. Les coups des soldats britanniques, tout comme les mauvaises conditions de vie, étant compris dans le tarif. Les estimations portent à 2 000 le nombre de coolies morts pendant la guerre. La grippe espagnole fera aussi son oeuvre.
« Les premiers Chinois arrivèrent en avril 1917 », écrivirent les écoliers des années 90 sur les panneaux d'une exposition, intitulée Les Oubliés. « Ils seront 96 000 en 1918 (...) ils déchargeaient le matériel militaire des bateaux et des trains, soignaient les chevaux, réparaient les routes accédant au front. Ils remblayaient les tranchées, déminaient... », peut-on encore lire.
« La chance fut de trouver l'emplacement d'un camp chinois à Bouvigny-Boyeffles », assure Serge Thomas. « On a découvert des dessins gravés sur les troncs d'arbres, comme la jonque, l'éléphant... Ils sont uniques en France », ajoute-t-il (photo ci-dessus).
Près d'un siècle après les faits et 17 années après le début de l'enquête, Serge Thomas continue d'enrichir « ses cartons de documents ». « Nous avons encore des choses à découvrir », assure-t-il. •