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Re: Moulin de la caille
Publié : sam. sept. 02, 2006 9:30 pm
par grain
Bonsoir à tous.
Quelqu'un a t'il des documents (Photos de Monument, ou reçis relatant les combats du Moulin de la Caille en 1914.
J'avais lu étant "gamin" dans un READERS DIGEST un sujet relatant le pelerinage d'une veuve d'officier , tué dans ces combats 50 ans auparavant
.Qui disait , que cet officier fut surpris avec ses hommes traversant un ruisseau, et qu'ils furent massacrés, que l'eau etait couleur sang .
Et ce temoignagne me marqua l'esprit, et fut un declic pour mon interet pour cette periode, j'avais 13 ans, je crois.
Merçi d'avance
Martial
Re: Moulin de la caille
Publié : sam. sept. 02, 2006 11:07 pm
par Eric Mansuy
Bonsoir à tous,
Bonsoir Martial,
Ci-dessous ce que l'Alsace a publié de plus intéressant sur les combats du moulin de la Gaille :
MONTREUX-JEUNE
En souvenir des combats
Une cérémonie du souvenir au moulin de la Gaille a rendu hommage dimanche aux soldats morts durant les combats du 13 août 1914.
Qu’importe les circonstances, le déroulement et les conséquences de ces combats, c’est aux acteurs qu’il faut penser ». Les acteurs en question, ce sont les soldats français qui ont battu le 13 août 1914 deux divisions allemandes sur le front de Montreux-Jeune et Chavannes-sur-l’Étang.
Comme chaque année, l’Association amicale des anciens des 35e R.I. et 235e R.I. organisait dimanche une cérémonie du souvenir devant le monument du Moulin de la Gaille à Montreux-Jeune. A l’issue d’une messe en l’église de Montreux-Jeune, les porte-drapeaux des associations patriotiques et les maires des communes avoisinantes, se sont rendus en procession jusqu’au monument, sur la route de Magny. Après la sonnerie aux morts et une minute de silence, le président de l’association, le lieutenant-colonel Perrin a pris la parole. Entouré par le lieutenant-colonel Philippe, commandant par intérim du 35e R.I. et du maire de Montreux-Jeune, Jean-Joël Gallet, il a demandé que l’exemple et le sacrifice des acteurs des combats du 13 août 1914 « nous poussent à œuvrer pour la paix ».
Barrer la route de Belfort
Et d’adresser une pensée particulière au bataillon du 35e R.I. aux ordres du lieutenant-colonel Boone, qui stationne depuis le début du mois d’août en Bosnie, justement pour accomplir cette mission de paix et de solidarité. La cérémonie de l’année prochaine sera un peu particulière a annoncé le lieutenant-colonel Perrin. En effet, ce sera le 85e anniversaire des combats. A cette occasion, un rappel précis des circonstances sera fait. Le 13 août 1914, les soldats français ont contenu une attaque des troupes badoises et wurtembergeoises. Grâce à cette victoire, ils ont barré la route de Belfort aux Allemands et les ont empêchés de progresser pendant près d’un moins et demi. Revers de la médaille, le coup humain de la victoire. Plusieurs centaines de soldats français ont été blessées ou tués le 13 août 1914.
[Les anciens des 35e et 235e RI ont rendu hommage aux soldats qui avaient barré la route de Belfort aux Allemands en 1914.]
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Montreux : le combat de la Gaille
Une « querelle de moulins » oppose anciens combattants et patoisans : le moulin de Montreux-Jeune, lieu d’héroïques combats en 1914, est-il celui de la Caille ou de la Gaille ?
Une solution de compromis pourrait convenir aux tenants des deux appellations du célèbre moulin de Magny – Montreux-Jeune : le moulin de la « Gaille » désignerait l’ancien moulin à eau, dont la construction, sur l’actuelle commune de Magny, remonte bien au-delà du XVIIe siècle, et le moulin de la « Caille », le lieu-dit de Montreux-Jeune où fut inauguré en 1927 le monument aux morts de la bataille du 13 août 1914. Donner deux noms différents à un même lieu est évidemment absurde. Surtout, cela ne saurait satisfaire les patoisans, qui nomment le moulin « de la Gaille », ni l’amicale des anciens des 35e et 235e RI dont les soldats sont tombés au moulin « de la Caille».
Le différend aurait apparu à la réédition du livre de l’abbé Behra, « Les trois Montreux », au début des années 1980 : alors que les archives départementales et les plans cadastraux de Magny au XIXe siècle, réfèrent indifféremment à la « Caille » et à la « Gaille », l’ouvrage ne mentionne que le moulin de la Caille. Les patoisans de Montreux-Jeune, dont Etienne Geiss, le maire de l’époque, ont tenu à corriger cette « erreur de prononciation » de la Gaille, « chiffon, habit, vieux linge » en patois.
Gaille ?
« Depuis des temps immémoriaux, les gens sont venus laver leurs gailles au moulin. Un fait certain est qu’il n’y a jamais eu de caille dans le coin.» René Pierre, dont un ancêtre suisse a acquis le moulin en 1789, est un ardent défenseur du parler patois, et donc de l’appellation historique du lieu. « Les actes de vente, les registres paroissiaux, la tradition orale ne laissent pas de doute, il s’agit du moulin de la Gaille. En 1871, même, les Allemands l’ont appelé Lumpenmühle, Gaillemühle. Beaucoup de fonctionnaires allemands ou alsaciens ont déformé le mot du patois roman et prononcé à l’identique la gaille et la caille.» Etienne Geiss attribue également la « Caille », qui apparaît aujourd’hui sur toutes les cartes, à une erreur de prononciation : « Le moulin de la "Caille" est devenu d’usage courant après la bataille du 13 août 1914 : la plupart des soldats venaient de la France de l’intérieur, et donc pour eux la « gaille » n’avait aucun sens.» Et René Pierre d’ajouter que « la "caille" est une insulte à ceux qui sont morts, car ce sont les Allemands qui finalement ont déformé ce mot ».
Caille ?
Dans la tradition du 235e RI, le moulin de Montreux-Jeune reste celui de la « Caille », sous le nom duquel il figure dans les archives départementales, dans les coupures de presse... Le lieutenant-colonel Noël Perrin, président de l’amicale des anciens, reconnaît que « l’usage des deux noms est partagé, mais que la tradition de l’armée s’en tient à la Caille ». Tradition à laquelle s’attache indéfectiblement Georges Poure, journaliste honoraire : « Le nom de "gaille" n’est avancé que depuis quelques années seulement, par des historiens du village qui n’ont rien de mieux à faire que de remuer des vieux papiers.» Selon lui, un changement de nom irriterait les anciens du 235e RI au point qu’ils iraient alors rendre hommage à leurs disparus à Dornach... La querelle de moulins semble plutôt amuser les maires de Magny, Roland Ménétré, et de Montreux-Jeune, Jean-Joël Gallet. « Le nom du moulin de la Caille, ou de la Gaille, est utilisé à titre de provocation gentille entre les uns et les autres. Le monument ne porte pas le nom du lieu-dit. L’hypothèse patoisane est plus anecdotique. Elle semble cohérente.» Lors de notre visite sur les lieux, un oiseau s’envole. « C’est une caille », explique le maire de Montreux-Jeune... Caille ou Gaille, peu importe : la visite de Jean-Joël Gallet montre que l’ancien moulin a plus besoin d’une restauration que d’un nom.
S.C.
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Le monument de Montreux-Jeune porte les noms de quatre capitaines du 235e R.I. : CAZENAVE, DUBAIL, JAPY, MATHIEU.
Je vous poste une suite demain.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Re: Moulin de la caille
Publié : dim. sept. 03, 2006 8:54 am
par alain
Vous pouvez aussi visiter ce site, il y a quelques infos
http://perso.orange.fr/guerres-sundgau/Souvenir.htm
bonne journee
Alain
Re: Moulin de la caille
Publié : dim. sept. 03, 2006 11:45 am
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Voici la suite annoncée : le discours prononcé lors de l'inauguration du monument, et une relation de la bataille (source inconnue : est-ce le J.M.O. du 235e R.I. ?). Un très bon ouvrage traite en partie de ces combats : La Grande Guerre dans le Territoire de Belfort, de Jean-Christophe TAMBORINI et Laurent TATU.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Discours prononcé le 6 novembre 1927 par le Capitaine Bousquet à l’inauguration du Monument de Montreux-Jeune, en présence des Autorités Civiles, Militaires et Religieuses, sous la présence effective de M. Tardieu, Ministre des Travaux Publics et Député de Belfort.
Monsieur le Ministre, Mon Général, Mesdames, Messieurs, Chers Camarades :
A chaque fois que je suis revenu sur ce terrain, j’étais étreint par une émotion qui m’entraînait à méditer sur l’oubli qui semblait ternir le sacrifice librement consenti par les camarades glorieusement tombés ici.
Aujourd’hui, devant ce Monument qui va enfin commémorer ce que les relations de de guerre appellent le « Combat de Montreux » cette émotion est différente ; je voudrais créer les sentiments de reconnaissance qui m’animent à tous ceux qui nous ont aidé à tenir la promesse – considérée par nous comme une dette sacrée – de rappeler sur la pierre le premier exploit du 235ème et les noms des plus vaillants.
Je dois remercier le Ministre des Travaux Publics, M. André Tardieu, Député de Belfort, ainsi que les personnalités Civiles, Militaires et Religieuses qui ont bien voulu présider à cette cérémonie patriotique du souvenir et rendre en même temps l’hommage qui dû à la population de Montreux-Jeune qui a vécu avec eux, avec nous, ces heures si pleines d’incertitudes.
Merci à vous tous d’être venus assister à cette inauguration qui glorifie nos Morts et de leur apporter avec votre tribut de regrets et de prières, la fidélité du souvenir et l’hommage de votre admiration pour cette journée de résistance opiniâtre où se jouait le salut de Belfort.
Des voix plus autorisées que la mienne magnifieront l’Epopée de nos frères d’armes que je n’ai pu rejoindre après ce Combat, car les survivants de cette journée devaient connaître par la suite, des moments plus pénibles, des batailles plus meurtrières, des journées plus angoissantes, au cours de la lutte farouche opposée à un agresseur déloyal qui croyait chaque jour enfin nous dominer.
Mais toutes les choses ont un début qui influe sur la marche des événements et si le 235ème Régiment d’Infanterie de Réserve, sous les ordres du lieutenant-Colonel Albert, avait failli à sa mission le 13 août 1914, on peut supposer le pire et qu’il me soit permis de dire que si le Combat de Montreux fut petit par son ampleur, il fut grand par ses conséquences.
La mobilisation avait provoqué un élan d’Union Sacrée que nous devrions toujours connaître, pour le plus grand bien de chacun, pour la prospérité matérielle et la grandeur morale de notre Pays (et c’est faire injure à nos 1.500.000 morts de ne pas la continuer).
Sans distinction de condition, de religion, de parti, tous les Français couraient aux Armes ; jeunes et vieux, ils répondaient avec une virile résolution à l’appel qui les arrachait brusquement à leurs travaux, à leurs affections, pour défendre leurs foyers et la Patrie attaquée.
C’est à un régiment de Belfort, notre 235ème, qu’échut le périlleux honneur de barrer la route de la Forteresse, de « tenir la Porte du Vallon fermée » comme une boutade le faisait dire aux « petits rejetons »…
C’était une raison de plus pour que chacun du Colonel jusqu’au simple soldat, ait conscience de la lourde et noble tâche qu’il fallait accomplir pour que l’ennemi ne passe pas, le mot « Devoir » devait prendre nom « Sacrifice ».
Oui... ils sont tombés pour éviter à la France une amputation nouvelle, pour que Belfort ne subisse pas à son tour le joug prussien ; le sol arrosé de leur sang ne devait plus connaître l’ombre des couleurs allemandes et je les entends encore exhaler ces mots suprêmes : Dieu, France, Maman…
Ils ont prêché par l’action et donné le plus bel exemple à leur génération et aux générations futures ; ils ont fait jaillir à nouveau les impérissables vertus qui sont depuis des siècles l’apanage de notre race.
Aujourd’hui nous les enveloppons tous, simples soldats ou capitaines du même respect et de la même tendresse, car la même auréole de gloire les couvre dans la majesté de la Mort et l’admiration de la Patrie.
Il serait trop long de rappeler les exploits de chacun d’entre eux, pourtant permettez-moi d’en évoquer quelques-uns :
C’est le Capitaine Fernand Japy que son âge et sa situation n’appelaient pas au premier rang, qui donne le plus bel exemple de courage et d’abnégation ;
C’est le Sergent Gangloff qui, sous des rafales de balles, ramène à l’arrière le corps du Capitaine Mathieu ;
C’est le petit Caporal mitrailleur Ferriot qui tombe à son tour, après son frère et après son cousin.
Ce sont les mitrailleurs du lieutenant Bousquet, qui a reçu l’ordre de se tenir jusqu’au bout au Moulin de la Caille, qui, jusqu’au dernier remplacent les servants et les tireurs hors de combat. le plus fougueux est le mitrailleur Roussel ; il est blessé, mais tel un surhomme, par ses ricanements et les terribles moulinets de son fusil, il stupéfie et détourne de leur triste besogne nos adversaires déchaînés qui, sons pitié, tiraient à bout portant sur les blessés qui avaient la malchance de se trouver devant eux.
Cette sauvagerie nous faisait craindre pour les habitants de Montreux-Jeune, dont certains ont accompli des actes héroïques auxquels on doit rendre publiquement hommage.
Le facteur Pourre et sa famille risquaient les plus grands dangers dans leurs biens et leurs personnes en donnant asile à des nôtres ;
Et comment remercier ce brave, le père Coquerille, qui n’hésita pas à prendre part au combat en attelant son char pour transporter des munitions sur la ligne de feu et qui eut la chance de revenir sans blessures.
Aussi nous avons la certitude que ce modeste Monument, symbole du mur des poitrines contre lequel se brisa l’attaque allemande, sera vénéré et entretenu avec ferveur par les habitants de la Commune à qui nous en avons confié la garde en le remettant à M. Walter, maire de Montreux-Jeune."
"COMBATS DU MOULIN DE LA CAILLE
13 AOÛT 1914
Le 13 Août 1914, le 235e Régiment d’Infanterie a livré à MONTREUX-JEUNE son premier et meurtrier combat de la Grande Guerre.
Le 235e R.I. était le Régiment de réserve du 35e Régiment d’Infanterie. Dès le 2 Août 1914, premier jour de la mobilisation générale, il avait commencé à se constituer à Belfort, aux casernes de Rethenans (celles occupées actuellement par le 74° R.A.).
Le 12 Août, il reçut la mission d’empêcher les forces allemandes venant d’Alsace de tourner Belfort par le Sud. Pour remplir cette mission, un bataillon du 235e R.I. se porta sur une ligne MONTREUX-JEUNE, MOULIN DE LA CAILLE sur laquelle il s’installa.
Le 12 vers 16 heures on apprit que l’ennemi occupait VALDIEU.
Vers 17 heures le bataillon du 235e R.I. arriva à MONTREUX-JEUNE. Le chef de bataillon alla lui-même reconnaître le MOULIN de la CAILLE qui comprenait alors deux grands corps de bâtiment. Il décida d’y installer deux compagnies : la 22e compagnie commandée par le Capitaine Japy et la 24e Compagnie. Les 21e et 23e Compagnies restèrent à MONTREUX-JEUNE.
Les hommes cantonnèrent dans les habitations et s’installèrent dans les vergers. La température était chaude. Le chef de bataillon resta au MOULIN de la CAILLE. Quelques tranchées légères furent creusées.
Le 13 août 1914 dès le matin le chef de bataillon envoya la 24e compagnie occuper MAGNY qui venait d’être évacué. La compagnie Japy resta seule au moulin. Une barricade fut organisée sur la passerelle qui franchit la Suarcine. Une tranchée pour deux mitrailleuses fut aménagée un peu plus haut, à 30 mètres des bâtiments. A l’extrémité Est de MONTREUX-JEUNE deux mitrailleuses furent également installées dans la maison de la douane. A 4 heures du matin une patrouille envoyée du MOULIN de la CAILLE vers ROMAGNY rencontra un petit groupe ennemi dans le village.
Entre 8 et 9 heures un régiment allemand, le 110e Régiment d’Infanterie Badois, atteignit ROMAGNY, prit position dans les champs d’avoine face à MAGNY et le combat s’engagea immédiatement. Vers 11 heures le feu cessa ; le 110e Régiment d’Infanterie Badois battit en retraite et évacua ROMAGNY. Les habitants enhardis sortirent de leurs maisons et comme la moisson pressait, beaucoup allèrent aux champs.
En résumé la matinée s’était soldée par des rencontres de groupes isolés et l’ennemi semblait battre en retraite.
A 14 heures une patrouille allemande revint à ROMAGNY, fit prisonnier le maire et l’emmena.
Un peu avant 15 heures 4 canons débouchèrent de la route de DANNEMARIE et prirent position à l’Ouest du bois de MANSPACH, 500 à 600 mètres de ROMAGNY.
De 15 heures à 15 heures 20 les obus tombèrent sur ROMAGNY, le village prit feu. En même temps une vingtaine d’obus furent tirés sur MAGNY.
Toujours vers 15 heures des canons arrivés à proximité de LUTRAN, ouvrirent le feu sur MONTREUX-VIEUX et MONTREUX-JEUNE.
A ROMAGNY arriva de nouveau le 110e Régiment d’Infanterie Badois accompagné du 109e Régiment d’Infanterie Badois, qui ouvrirent aussitôt le feu sur MAGNY. L’action se développa avec violence sur tout le front. L’artillerie française riposta avec vigueur. L’artillerie allemande continua de bombarder MONTREUX-VIEUX et MONTREUX-JEUNE.
A MONTREUX-JEUNE les deux Compagnies du 235e occupèrent les maisons en lisière et creusèrent en hâte de légères tranchées.
Pendant près d’une heure la Compagnie de MAGNY, la 24e, défendit avec opiniâtreté la position, mais se voyant menacée de front par un ennemi très supérieur en nombre et de flanc par l’artillerie, elle battit en retraite et prit position 500 mètres à l’Ouest du village où elle retrouva un bataillon du 260e R.I. qui avait pu creuser des emplacements individuels.
A 6 heures les Allemands occupèrent MAGNY.
La position du MOULIN de la CAILLE tenue par la 22e Compagnie dominée à 300 mètres par l’ennemi devint intenable. Le chef de bataillon en personne dirigeait la défense, l’un des bâtiments était en feu.
L’ennemi se précipita sur les pentes qui descendent à la Suarcine laquelle peut être franchie facilement en cette saison. Le combat fut dur, violent, au corps à corps. La compagnie Japy se défendit avec acharnement mais là aussi l’ennemi était par trop supérieur en nombre et à 17 heures la compagnie se replia. Retraite difficile à travers un terrain dépourvu d’abris. La compagnie subit de grosses pertes, le capitaine Japy fut tué. Les Allemands occupèrent alors le Moulin.
Pendant ce temps devant le bois de CHAVANNES le combat était aussi violent. Nous cédons peu à peu le terrain sans pour autant laisser les Allemands prendre l’initiative. Se voyant impuissant à obtenir le succès, l’ennemi se replia sur le village de MAGNY.
A MONTREUX-JEUNE le 5e Bataillon était venu renforcer la défense Nous tenions solidement les lisières ; des tranchées étaient peu à peu creusées ; le combat continua ainsi jusqu’à 19 heures. A ce moment là les troupes allemandes qui s’étaient emparées du Moulin de la Caille et de MAGNY contournèrent MONTREUX-JEUNE par le Sud, se heurtant au 21e et 22e compagnies qui exécutèrent une contre-attaque au cours de laquelle les capitaines CAZENAVE et DUBAIL furent tués. Les débris des deux compagnies se replièrent ; dès lors la position de MONTREUX-JEUNE devenait intenable. Ordre fut donné au 5e Bataillon de battre en retraite.
La nuit venue, les Allemands entrèrent prudemment dans MONTREUX-JEUNE mais, craignant un retour offensif de nos troupes, ils ne poursuivirent pas leur avance. Après avoir occupé pendant 1 heure ½ environ la rue principale il se replièrent vers VALDIEU et DANNEMARIE. Pendant ce bref séjour ils terrorisèrent la population et obligèrent le maire à leur donner des charrettes pour transporter leurs morts et leurs blessés, leurs pertes étant très élevées.
Quant au 235e il continua sa retraite vers l’Ouest et aux environs de minuit il se reforma à VEZELOIS.
Les pertes furent lourdes. Sur les 8 capitaines commandants les compagnies, 7 furent mis hors de combat (4 tués, 3 blessés) ; on put transporter 7 officiers et une soixantaine de sous-officiers et soldats blessés mais il manqua 300 hommes, portés disparus, parmi lesquels se trouvaient bon nombre de tués et de blessés.
Dans ce combat 4 officiers, 10 sous-officiers, 131 caporaux clairons et soldats du 235e Régiment d’Infanterie furent tués."
P.S. les troupes allemandes ayant effectivement participé à l’attaque étaient le Grenadier-Regiment 110 et le Leib-Grenadier-Regiment 109.
Re: Moulin de la caille
Publié : dim. sept. 03, 2006 12:28 pm
par Eric Mansuy
Et si vous lisez l'anglais, vous pouvez même en savoir un peu plus grâce à cette autre source : l'officier auquel l'article du Readers' digest devait faire allusion était le donc le capitaine Japy, et c'est sa veuve qui fit le pèlerinage.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
LE MOULIN DE LA CAILLE: “THE GREAT FIGHT.”
The wind always blows here; it was a good place the windmill they called Le Moulin de la Caille—The Windmill of the Quail. There are no cars on the clingy winding road, no passers-by or motorbikes. It is said that along the line of the western front from Belfort to Ostend there has been an emptiness and silence since 1918, and in this place it does seem so. There is nothing nomadic about the French, and no new people have moved here. And most of the boys who lived here in 1914 are now dead, and their sons and daughters who-might-have-been have never lived. So it is very quiet where the French and the Germans fought the battle of Le Moulin de la Caille.
The storehouse of the mill stands, although the mill has fallen into ruins. The son of the farmer who owned it in August of 1914 when the Germans came can remember very well how it was in his father’s day: there were the same trees, and the stream was the same. Perhaps the area under cultivation was larger, and less of the countryside was given over to forest. Perhaps it was less lonely. But the fight was like this: The French lived in the mill——there. A worker was cutting hay with a scythe across the stream. He saw the Germans. He came running to the mill, where marked above the door is the date of its construction: 1781. He banged with his scythe on the door—one sees in imagination the grandmothers of these chickens one hundred times removed running to get out of his way—and cried, “The Germans!” And here is the man: a scraggly mustache, sunken cheeks, watery eyes. When he knocked, the French captain came out and quickly had his men turn over the carriages and carts here by the stream so that there would be a barricade. The captain was around thirty-five years old; his name was Japy. So the French got down by the carriages under this red tile roof which juts out from the walls in order to protect the wood piled up for winter, and they began to shoot. The Germans fired back. Look, here are the bullet marks on the wall. It was very hot and about three in the afternoon. They fought for five hours or so, until dusk. The next day the French left the Moulin de la Caille and went back about a mile and began to cross this canal. They thought the Germans were still back by the mill, but the Germans had followed them. They were wading through the water when the firing began. It was a carnage. The youngboy-who-was has a thin, lined neck, and it works as he talks. And he says the water was red—really red. And Captain Japy was dead. When Lieutenant Bolle came from Belfort the Germans fired at him and he lost his arm. And so it was over. One still finds cartridges in the fields.
Captain Japy’s widow lived until a few years ago. All through Poincaré and Clemenceau, through Léon Blum and the Popular Front, through Pétain and the Resistance, through Liberation and Indochina and Algeria, she lived on, coming Sunday after Sunday, birthday after birthday, Armistice Day after Armistice Day, to visit the place where her husband died for France. She never remarried. Lieutenant Bolle recovered from the loss of his arm and became a teacher and head of the boys’ school in Beaucourt, a few miles away. He lived until very recently. His wife remained friendly with Madame Japy, and each Armistice Day they went together with all the other people to hear Professor Bolle, for so he was called, deliver a speech at the little monument by the Moulin de la Caille. The one-armed professor’s war had lasted less than one hour, but for forty-five years he gave a talk each November 11. The newspaper of the town always reported that he was eloquent as he described the fight as “glorious” and said that France was proud of her “beautiful soldiers” who fell there. Girls sold, and sell, little decorations made by the Friends of the 235th Regiment of Infantry, which, as it says on the monument, “valiantly fought to forbid elements of the 109th and 110th Divisions of Germany access to the soil of France.” There was and is fired a salvo of one hundred shots from an artillery piece at dawn. There was a parade, the marchers fewer each year, even though the veterans of the Second War also go to the ceremony in a body. (They have few monuments of their own and never go to the places where they fought in 1940.) Children get up early and collect flowers from the farmers. And the wind blows across the empty fields and parts itself at the little monument with the names of the dead men, and stirs the shrubs and moves the bouquets placed in the wire holders attached to the monument when it was erected, and stings the eyes of those looking at the raised lettering: “Time removes everything but the memory”; “But these are in peace.” When the day is finished there is a dinner and the distribution of prizes from the little lottery that has raised money for the Friends of the 235th Regiment of Infantry, which fought and lost 164 soldiers of France at this skirmish, this one of a million tiny encounters, this unimportant affair which France and the world have long forgotten but which in this little area near the town of Montreux-Jeune is called the big battle, the great fight.