Calvaire d'Esnes-en-Argonne (proche cote 304)

[Arnaud Carobbi]

" (...) Gauthier faisait partie de ma section, et a été blessé non loin de moi, alors que la compagnie progressait à la côte 260, lors d’une relève en plein jour. C’était le 19 mai vers 11 heures du matin, une grosse marmite de 150 ou 210 a tombée non loin de lui, un camarade l’a entendu dire « Je dois avoir les reins cassés ». puis comme je me suis abrité contre les talus, j’ai vu les brancardiers l’emporter au Poste de secours, un instant après (...). "


" (...) Il est tombé tout près du Calvaire du Village d’Esnes, alors qu’il s’engageait avec sa section dans le boyau de communication qui part de la Côte 310 pour aller à la Côte 304.
J’aurai voulu comme vous me le demandez consulter les brancardiers qui l’ont transporté. Malheureusement ces derniers sont aussi morts ou blessés. Pendant dix minutes que nous avons restés dans cet endroit, pensant y trouver un abri nous avons laissé là, la moitié des camarades. Il s’en ai suivi un moment d’affolement, tant à peine si les brancardiers parvenaient à panser les nombreux blessés. (...) Cependant, Chère Madame, vous aurez la grande consolation de pouvoir retrouver son corps après la guerre. Bon nombre des héros qui sont tombés n’auront pas de sépulture, ou alors ce sera la fosse commune ce qui n’est guère plus consolant.
D’après vos informations je vois qu’il est mort quelques moments après son arrivée à l’Ambulance. Il n’aura, selon toute probabilité pas eu à souffrir bien longtemps ; quelques heures à mon avis. (...) "


Bonjour à tous,

Voici deux extraits de lettres envoyées par des camarades de mon AGP à son épouse. Mon AGP, soldat au 3e bis zouave (12e compagnie), est mort le 19 mai 1916. La diffusion de ces extraits, en plus du témoignage qu'ils représentent, a pour objectif de trouver le lieu où se trouvait exactement le calvaire en 1916. J'ai déjà eu l'occasion d'aller me recueillir près de ce calvaire, mais depuis peu j'ai un sérieux doute sur sa localisation.

La première carte (ci-dessous) n'en fait pas mention (dommage, elle n'est pas datée...).



La carte IGN (de 1992) du secteur le montre près du cimetière où il est actuellement.



Mais la récente lecture du Guide Michelin des champs de bataille : Verdun ; édition 1936 (page 118) montre une carte où le calvaire est au croisement au nord d'Esnes. Une carte de la récente publication "les 300 jours de Verdun" le localise à ce même endroit.



Je suis donc perdu entre les deux, vu que les témoignages que j'ai pu lire sur le sujet ne sont pas assez précis pour trancher.
Où se situait le calvaire en 1916 ? Le calvaire a-t-il été déplacé vers son emplacement actuel ? Peut-être les détails donnés par les lettres parleront-ils à certains d'entre vous. J'espère que vous pourrez m'aider.

Cordialement,

A. Carobbi

[Alain Dubois-Choulik]

" La première carte (ci-dessous) n'en fait pas mention (dommage, elle n'est pas datée...).

Bonjour,
Il me semble pourtant distinguer un oratoire au même emplacement que sur la carte IGN.
Cordialement
Alain

[Pat ROCHET]

Bjr.

Une autre piste ? : à 800 m au nord de la cote 310 (aujourd'hui 308) se trouve un calvaire à la sortie d'Esnes sur la route de Thierville D38 (à la patte d'oie 235,6 de la TOP 25 Forêt de Verdun Mort-Homme). Le monument dans le coude de la D38 au nord d'Esnes était - de toutes façons - un oratoire (carte au 10 000e - Verdun - Général Palat) et le calvaire à l'est dont je parle figure dans un canevas de tir d'août 1917.

Cdlt. Patrick ROCHET.

[richard.s]

Bonjour à toutes et tous

Quelque photo d'Esnes







Bonne Soirée

Richard .S

[fernande sonntag]

Bonsoir,
scan du guide michelin 1919 : le calvaire appelé aussi à l'époque oratoire se situe bien au croissement de la route Esnes / Avocourt / cote 304 en patte d'oie.
cordialement,
Fernande et Marc

[Pat ROCHET]

ReBonsoir

Quelque chose m'échappe dans cette histoire du calvaire d'Esnes : Si le calvaire en question est bien celui indiqué par le Guide Michelin (sans doute, il figure aux cartes du Péricard et du livre d'Albert Lange "L'Attaque principale contre la cote 304") il a disparu sur les IGN d'aujourd'hui (est-il détruit et non reconstruit ou déplacé ?) alors que l'Oratoire de l'époque, situé dans la courbe (pas indiqué dans le Michelin mais bien dans le Péricard ou le Palat) semble avoir été remplacé par un monument sur les IGN. Quant au calvaire au nord de la cote 310, sur la route de Thierville il n'aurait donc rien a voir...

Cdlt. Patrick ROCHET

[Arnaud Carobbi]

Bonsoir à tous et merci pour vos remarqueset vos images.

Vu l'image du guide Michelin de 1919 (merci Fernande Sonntag) et les autres sources mentionnées par Patrick Rochet, il est donc probable que ce calvaire se trouvait bien au croisement des routes et non dans la courbe où il est aujourd'hui (près du cimetière). J'en viens à douter de l'avoir vu ce calvaire...
De toute manière, un oratoire n'est pas un calvaire. J'ai du mal à croire que les deux auteurs des lettres aient confondu.
Dans les illustrations, ne manquent que ledit calvaire...
Si nous n'arrivons pas à savoir quand ce calvaire a été déplacé, je tenterai ma chance avec un courrier à la mairie de la commune.

Encore merci à tous pour votre aide,
Cordialement,
A. Carobbi

[Alain Dubois-Choulik]

De toute manière, un oratoire n'est pas un calvaire.

Bonsoir
Le distinguo est parfois subtil, l'oratoire est un lieu destiné à la prière, qui peut se réduire à une simple pierre faisant office de prie-dieu, souvent devant un monument... qui peut être un calvaire, parfois une croix très simple comme on en voit beaucoup....
Il suffit que l'usage local ait désigné plutot l'un des vocables que l'autre .
Piqués sur le web :
Oratoire : Calvaire :
Cordialement
Alain

[Arnaud Carobbi]

Bonjour à tous,

Un oratoire peut être un calvaire... soit. Mais je crois avoir vu une photographie dudit calvaire : croix en fer avec un Christ (je dis bien je crois avoir vu, car à force d'en voir, on ne sait plus, et je n'ai pas gardé souvenir de la source de l'image). Et si je ne m'abuse, il y a une rue du clavaire à Esnes. Le mot calvaire pour Esnes est utilisé par les deux soldats qui ont écrit ces lettres, mais aussi par celui-ci :
"C'est un tumulte infernal : fusants perfides, shrapnells diaboliques, marmites terrifiantes ; cela miaule, chante, siffle, rugit et la ferraille éclate, devant et derrière nous. Des cadavres, c'est affreux ce qu'il y en a. J'ai vu, au pied du calvaire de la route d'Esnes à Chattancourt, des morts tombés auprès de nous en montant la côte, et qui étaient à la même place, quatre jours après, à la relève. Ils étaient couverts de sang et de boue ; je n'osais pas les regarder."
Soldat Edouard Bourgine, 3e bis zouave.
Cité dans Lefebvre J.-H. : Verdun, la plus grande bataille de l'histoire racontée par les survivants. Les Editions des Riaux, collection Mémorial de Verdun, 2005 (1erer édition 1988), page 222.

Et il y a aussi un oratoire mentionné sur certaines cartes...

Quoi qu'il en soit, merci par avance à M. Fradet. Votre proposition va bien au-delà de ce que j'espérais en posant mes questions et pourra certainement répondre à nos interrogations.

Bonne journée à tous,
Cordialement,

A. Carobbi