Re: Une pensée...
Publié : jeu. juil. 06, 2006 9:52 pm
Bonjour à toutes et à tous,
Aujourd'hui, 6 juillet, jour un peu particulier pour moi.
Aujourd'hui, il y a 90 ans, le 6 juillet 1916, au sommet de la Tête des Faux (Buchenkopf) dans les Vosges un bombardement terrible, français dans un premier temps, allemand ensuite provoquera la mort de neuf jeunes hommes.
Voici quelques mots pour ne pas oublier.
Les noms qui suivent occupent mon esprit depuis plusieurs années maintenant...
Je ne développerai pas ici les raisons pour lesquelles, Theodor, Pierre, Sebastian, Victor, Martin, Jean-François, Josef-Baptist, Jean-Marie et Magnus ont vu leur vie s'arrêter un soir d'été sur ce sommet des Vosges. Leurs noms sont gravés pour l'éternité, sur ces deux monuments visibles sur les pentes de cet éperon rocheux. Victimes de la folie des hommes, ces mêmes hommes qui leur rendront l'hommage suprême, rendu aux camarades de souffrance, l'érection d'un monument.


Le médecin auxiliaire Joseph ESPAGNE, était originaire de mon village, Aumessas dans le Gard. Des pentes cévenoles aux pentes vosgiennes son histoire fait maintenant partie de mes pensées.
Permettez moi d'avoir une pensée pour lui, pour eux… il y a exactement ce soir 90 ans.
Voici une lettre adressée à la famille ESPAGNE par le capitaine Jean BRIGNOLI.

8 Août 1916
Aux Armées
Monsieur
J'ai passé 25 jours à la Tête de Faux en Alsace, avec votre fils qui remplissait alors, à ma Cie, les fonctions de médecin auxiliaire, le 26e jour je fus remplacé mais, des raisons de service ne permirent pas de faire ce jour là la relève de votre enfant. Hélas, ce fut son arrêt de mort et lorsque, un peu en arrière de la ligne, j'appris que votre fils était tombé j'en ai été profondément attristé. J'avais pu pendant nos repas surtout dans ma cagna (nous étions toujours seuls en tête à tête) apprécier les qualités de votre enfant, c'était un noble cœur, un homme parfait en tous point et qui vous faisait honneur ; nous le pleurons tous au bataillon et croyez bien que nous garderons de lui un souvenir ému et sincère. Sa citation à l'ordre de l'armée vient de paraître le commandant du bataillon nous l'enverra certainement.
Permettez moi de vous offrir, Monsieur mes condoléances bien sincères et respectueuses, elles seront pour vous une petite consultation car elles sont accompagnées par l'attestation de nous tous de la bravoure de votre enfant ; il est tombé comme tombent ceux qui sont réellement braves et qui font honneur à leur pays et à leur famille. Vous pouvez être fier de votre enfant.
Je l'ai photographié un jour, il me photographiait à son tour devant ma cagna, je me permets de vous envoyer quelques photos avec le cliché qui vous permettra d'en tirer d'autres ; je me permets également de joindre la mienne prise au même endroit, c'est-à-dire à quelques mètres de l'endroit ou votre fils est tombé en brave.
Avec mes condoléances renouvelées je vous prie d'agréer, Monsieur, mes respectueuses salutations.
J.Brignoli
Capitaine au 62e Bon de chasseurs, secteur 184.
Le capitaine Jean BRIGNOLI trouvera à son tour la mort, quelques mois après, lors des offensives sur la Somme, comme l'aumônier du bataillon Jean DAUDEZ, son commandant, Paul HUOT, son ami, médecin comme lui au bataillon, Marie VELLUET et comme tant d'autres…
Bien cordialement à toutes et à tous,
Guilhem LAURENT
Aujourd'hui, 6 juillet, jour un peu particulier pour moi.
Aujourd'hui, il y a 90 ans, le 6 juillet 1916, au sommet de la Tête des Faux (Buchenkopf) dans les Vosges un bombardement terrible, français dans un premier temps, allemand ensuite provoquera la mort de neuf jeunes hommes.
Voici quelques mots pour ne pas oublier.
Les noms qui suivent occupent mon esprit depuis plusieurs années maintenant...
Je ne développerai pas ici les raisons pour lesquelles, Theodor, Pierre, Sebastian, Victor, Martin, Jean-François, Josef-Baptist, Jean-Marie et Magnus ont vu leur vie s'arrêter un soir d'été sur ce sommet des Vosges. Leurs noms sont gravés pour l'éternité, sur ces deux monuments visibles sur les pentes de cet éperon rocheux. Victimes de la folie des hommes, ces mêmes hommes qui leur rendront l'hommage suprême, rendu aux camarades de souffrance, l'érection d'un monument.
- Si un jour vous arpentez le chemin muletier qui monte au sommet de la Tête des Faux, à quelques mètres du rocher du sphinx vous tomberez nez à nez sur un monument imposant.

- Si vous décidez de gravir "Buchenkopf", du côté allemand, dans un petit cimetière vous trouverez deux stèles qui commémore cette soirée tragique.

- leutnant Theodor BLECKEN
- capitaine Pierre DEMMLER
- wehrmann Sebastian LINK
- médecin auxiliaire Victor Joseph ESPAGNE
- wehrmann Martin LEHNER
- brancardier Jean-François BOUVIER
- wehrmann Josef-Baptist HAGE
- brancardier Jean-Marie RENAUD
- wehrmann Magnus SCHINDELE
Le médecin auxiliaire Joseph ESPAGNE, était originaire de mon village, Aumessas dans le Gard. Des pentes cévenoles aux pentes vosgiennes son histoire fait maintenant partie de mes pensées.
Permettez moi d'avoir une pensée pour lui, pour eux… il y a exactement ce soir 90 ans.
Voici une lettre adressée à la famille ESPAGNE par le capitaine Jean BRIGNOLI.


8 Août 1916
Aux Armées
Monsieur
J'ai passé 25 jours à la Tête de Faux en Alsace, avec votre fils qui remplissait alors, à ma Cie, les fonctions de médecin auxiliaire, le 26e jour je fus remplacé mais, des raisons de service ne permirent pas de faire ce jour là la relève de votre enfant. Hélas, ce fut son arrêt de mort et lorsque, un peu en arrière de la ligne, j'appris que votre fils était tombé j'en ai été profondément attristé. J'avais pu pendant nos repas surtout dans ma cagna (nous étions toujours seuls en tête à tête) apprécier les qualités de votre enfant, c'était un noble cœur, un homme parfait en tous point et qui vous faisait honneur ; nous le pleurons tous au bataillon et croyez bien que nous garderons de lui un souvenir ému et sincère. Sa citation à l'ordre de l'armée vient de paraître le commandant du bataillon nous l'enverra certainement.
Permettez moi de vous offrir, Monsieur mes condoléances bien sincères et respectueuses, elles seront pour vous une petite consultation car elles sont accompagnées par l'attestation de nous tous de la bravoure de votre enfant ; il est tombé comme tombent ceux qui sont réellement braves et qui font honneur à leur pays et à leur famille. Vous pouvez être fier de votre enfant.
Je l'ai photographié un jour, il me photographiait à son tour devant ma cagna, je me permets de vous envoyer quelques photos avec le cliché qui vous permettra d'en tirer d'autres ; je me permets également de joindre la mienne prise au même endroit, c'est-à-dire à quelques mètres de l'endroit ou votre fils est tombé en brave.
Avec mes condoléances renouvelées je vous prie d'agréer, Monsieur, mes respectueuses salutations.
J.Brignoli
Capitaine au 62e Bon de chasseurs, secteur 184.
Le capitaine Jean BRIGNOLI trouvera à son tour la mort, quelques mois après, lors des offensives sur la Somme, comme l'aumônier du bataillon Jean DAUDEZ, son commandant, Paul HUOT, son ami, médecin comme lui au bataillon, Marie VELLUET et comme tant d'autres…
Bien cordialement à toutes et à tous,
Guilhem LAURENT