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Re: permissions accordées
Publié : mer. mai 24, 2006 4:50 pm
par ernest thorel
bonjour à tous,
quelqu'un peut-il me renseigner sur les permissions accordées aux soldats se trouvant au front pendant la guerre de 14 - 18 ? En avaient-ils plusieurs et combien de jours ? Merci pour vos réponses à bientôt.
Re: permissions accordées
Publié : mer. mai 24, 2006 5:32 pm
par rohmer
Bonjour Magali,
Je n'ai pas de réponse précise à vous amener.
De ce que j'ai lu, elles dépendaient étroitement des engagements sur le terrain et de l'arrivée de la relève.
En lisant les carnets de soldats, que vous trouverez sur les sites, vous pourrez vous faire une petite idée sur la question.
Mais nos spécialistes ne manqueront pas de nous donner d'avantage de précisions, voir des textes ou bouquins sur le sujet.
Avez-vous essayé de prendre "recherche " en haut à droite ?
Cela donne un aperçu et d'autres précisions, en général.
Mais quand on débute, on n'y pense pas systématiquement.
Bonne recherche.
Bien cordialement.
Evelyne.
Re: permissions accordées
Publié : mer. mai 24, 2006 5:58 pm
par ernest thorel
J'ai regardé effectivement les autres messages sur ce sujet mais il n'y avait pas de réponses. je continue à chercher et peut-être...
cordialement.
magali
Re: permissions accordées
Publié : mer. mai 24, 2006 9:42 pm
par Gerard Laurence
Bonjour à toutes et à tous,
Curieux que ce sujet, qui fut pourtant une des grandes préoccupations des soldats ne suscite pas beaucoup de réponses. J'avais moi-même posé la question il y a quelques mois et Mireille m'avait envoyé la reproduction des pages du "Manuel d'infanterie (...)" de 1914. C'était donc la situation qui prévalait en temps de paix. Mais en temps de guerre les choses sont différentes.
Le cas suivant est assez typique de ce que fut le système des permissions durant la guerre. Clément Élie, sous-officier au 69e RIT, a consigné dans ses carnets de guerre ses différentes permissions. Il lui a fallu attendre 15 mois après sa mobilisation pour rentrer chez lui 6 jours en novembre 1915 . Il a été en permission 41 jours en 4 ans de guerre , à quoi il faut ajouter une permission de 13 jours en septembre 1917 à titre agricole , plus 30 jours de convalescence après avoir été blessé en août 1918.
Ce cas illustre assez bien le régime des permissions durant la Grande Guerre.
D'abord, il a fallu effectivement attendre août 1915 avant que soient accordées les premières permissions. Elles avaient été suspendues dès la mobilisation, la guerre promettant d'être courte ! Ce qui ne fut pas...
Le 30 juin 1915, le GQG, à contrecoeur,accorde 8 jours de congé aux soldats; réduits à 6 jours en août ! J'ignore si on avait établi une fréquence quelconque. Il semble en tout cas que le système ne satisfait pas les soldats ( lenteur des départs, arbitraire dans l'attribution des congés, suppression durant les périodes de grande activité militaire,etc). Grogne. Pression des députés : le 28 septembre 1916, une circulaire appelée "Charte du permissionnaire" entérine implicitement l'idée que le soldat-citoyen n'a pas seulement des devoirs, mais aussi des droits, dont le droit à des permissions. Sont dès lors accordées 3 permissions annuelles de 7 jours à prendre au cours de chaque période de 4 mois à partir du ier octobre 1916. La mesure est suivie d'effets : tous les combattants du front occidental obtiennent une permission entre le 1er octobre 1916 et le 30 janvier 1917.
Mais le système s'enraye quelque peu . Lors de l'offensive Nivelle les permissions sont suspendues pendant un mois ; elles ont pris un grand retard sur le tour qui doit s'achever le 31 mai. Elles constituent une des revendications des révoltés du printemps 1917. Aussi, lorsque Pétain prend les commandes, il comprend la nécessité de faire appliquer avec plus de rigueur la règlementation préexistante, en faisant explicitement reconnaître le "droit" des soldats aux permissions. La question est ainsi réglée et n'est plus sujet de plaintes même quand elles sont suspendues ou limitées en 1918.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les modalités pratiques ( trains spéciaux de permissionnaires à partir de septembre 1915, décompte des jours commençant à la gare d'arrivée, etc.) Je passe sur les permissions pour raison agricole ou pour convalescence . Celles pour événements familiaux importants ( naissance d'un enfant ou décès d'un très proche ) sont accordées avec très grande parcimonie à partir de 1915.
On a calculé que les mieux lotis ont bénéficié au maximum de 60 jours de permissions sur 1500 jours de guerre...le temps de refaire le stock de chaire à canon.
Voilà pour l'essentiel. peut-être cette réponse suscitera-t-elle des corrections, compléments et discussions.
Bonne soirée à tous.
Re: permissions accordées
Publié : jeu. mai 25, 2006 12:14 pm
par mireille salvini
bonjour à toutes et à tous
bonjour Magali
bonjour Gérard
pour illustrer vos propos très intéressants Gérard,et pour vous faire oublier les textes officiels parfaitement imbuvables que je vous ai passé en février et depuis engloutis (heureusement)par un des accidents qu'a subi ce forum,
voici l'un des 2 articles que j'ai retrouvé au sujet des permissions et des permissionnaires,articles que j'avais déjà en ma possession depuis longtemps mais que j'avais oublié,la honte..
ils sont distrayants et instructifs bien que vous ayez déjà tout dit:
le 1er,extrait de
14-18 le magazine de la grande guerre,numéro 2,juin-juillet 2001
la suite avec le 2ème article ce soir
amicalement,
Mireille
Re: permissions accordées
Publié : jeu. mai 25, 2006 11:19 pm
par mireille salvini
bonsoir à toutes et à tous
j'ai un petit problème pour mettre le 2ème article sur le forum,désolée..
en attendant, voici un lien sur un récit d'époque,un genre de reportage,
c'est comme si on y était..
je le tire du site belge cité par Louis sur un autre fil
vous verrez,c'est une tranche de vie du poilu:
http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... mis_01.htm
amicalement,
Mireille
Re: permissions accordées
Publié : ven. mai 26, 2006 12:30 am
par KROLE
Bonsoir au forum,
bonsoir Mireille,
Merci pour les articles bien instructifs et le lien... on se retrouve presque plongée en perm avec eux.
Permission de détente... DETENTE !! Après tout ce qu'ils enduraient !! L'appellation me choque un peu. Sachant qu'en plus ils devaient y retourner !
Pour ces permissions il y avait (en tout cas en début de guerre) la lourde impression que le moral de l'arrière était bien inférieur à celui du front ; les femmes des camarades ne voyaient pas d'un très bon œil ceux qui paraissaient valides, séjourner trop longtemps à l'arrière, pendant qu'elles avaient leurs maris sur le front. Ce qui ne devait pas être facile à vivre pour les permissionnaires.
Amicalement
Carole
Re: permissions accordées
Publié : ven. mai 26, 2006 12:54 am
par Bruno Tardy
Bonsoir,
Merci Mireille pour ce document passionnant.
Effectivement, il y avait un tour de role, les pères de famille etant les premiers à partir. IL ne devait jamais y avoir plus d'un certain nombre d'absents en même temps. Les permissions étaient suspendues au moment des attaques.
A titre indicatif, mon père mobilisé le 5 sept 14 et libéré le 8 sept 19 a eu une permission en :
Decembre 15
Du 25/5 au 1/6/16 soit 7 jours de covalescence
Janvier 17
Mars 17
Juin 17
Fin aout/début sept 17
Janvier 18
Fin juin/début juillet 18
Fin nov 18
Avril 19
Je ne connais pas la durée, mais on voit tout de suite que la fréquence est variable, en fonction des évenements.
Cordialement
Bruno
Re: permissions accordées
Publié : ven. mai 26, 2006 4:20 pm
par mireille salvini
bonjour à toutes et à tous
me revoilà
merci Carole et Bruno pour vos messages
vous allez lire un article issu de
14-18 le magazine de la grande guerre-numéro 16,octobre/novembre 2003,article de 8 pages,passionnant,qui offre une autre image des permissionnaires...
le titre:
"des lendemains qui ne chantent pas ..pour les permissionnaires!" de Chantal Antier,docteur en histoire
il répond notamment à des questions que je me posais,à savoir comment des hommes,exposés à une violence extrême,à qui on demandait d'être violents par moment,pouvaient arriver à se maîtriser au contact de l'arrière...vous verrez que pour certains d'entre eux,la violence restait leur seul moyen de communiquer,et c'est un aspect méconnu des soldats,mais si logique finalement.
je pense , Carole, que vous trouverez des éléments de réponse à vos questions
enfin,Magali,je pense qu'avec tout ça,vous serez contente
bonne lecture:
amicalement,
Mireille
Re: permissions accordées
Publié : ven. mai 26, 2006 8:06 pm
par Gerard Laurence
Bonjour Mireille et les autres,
Eh bien ! Finalement le sujet a trouvé preneur !
Merci à Mireille qui a toujours la géniale idée de nous fournir les documents "à domicile" . Et les capacités. En ce qui me concerne, je n'ai pas ces compétences ( c.a.d. fournir le document).
À défaut , une référence d'un article très intéressant surt le sujet in
CAZALS,Rémy, PICARD ,Emmanuel et ROLLAND, Denis (sous la direction de ) - La grande Guerre. Pratiques et expériences, Paris, Éditions Privat , 2002 (?), CRONIER, Emmanuelle : " Les permissions (anticipation,expérience et remémoration), un ressort du moral combattant français" (pp.301-309) , 8 pages très éclairantes dans lesquelles j'ai puisé beaucoup des informations que j'ai livrées dans mon message d'avant-hier.
J'ajouterai aussi un article de cette même Emmanuelle CRONIER , "Permissions et permisssionnaires in " Encyclopédie de la Guerre 14-18" (pp. 592 et sq.)
Petite remarques subsidiaire . Avez-vous remarqué les auteurs de ces contributions : Évelyne Desbois, Chantal Antier, Emmanuelle Cronier : 3 femmes ....
Salut à toutes et tous.
Gérard.