Forum PAGES 14-18

Bonsoir,

Un de nos grand père nous a laissé un fascicule de mobilisation « modèle Z 56 »

1ere page intérieure indique

« Ministère de l’armement et des fabrications de guerre «
« Etablissement travaillant pour la Défense Nationale »


Carnet d’identité


Nom Prénom
Grade Caporal 168°RI
Né le 5 juin 1986
Profession Mécanicien
Classe de recrutement 1906 Classe de mobilisation 1902

Affecté à l’usine : « Société des Forges de Châtillon - Commentry - Neuves Maison »

Corps d’affectation « 156 ° RI »

En qualité d’ « ajusteur »
Tampon du : « contrôle de la main d’œuvre militaire secteur de Nancy»

Plus loin :

Dépôt du 168 ° RI Sens le 10 octobre 1916 Tampon « 168° RI »

Affecté à l’usine « St Jacques de Montluçon depuis le 17 novembre 1916 »
Tampon « Contrôle de la main d’œuvre militaire Montluçon

Détaché à l’usine « Châtillon Commentry Neuves Maison à Neuves Maisons »
« Service électricité en qualité d’ajusteur
depuis le 13 novembre 1917
venant de St Jacques O/CMO Montluçon 6 novembre
Tampon « Inspection des Forges de Paris
Contrôle de la main d’œuvre militaire »

«Par décision ministérielle du 11 octobre 1914, Cet homme est autorisé à circuler en ville, mais ne peut quitter l’usine à laquelle il est attaché sous aucun prétexte. En cas de maladie, d’accident ou de cessation de travail dans ladite usine, le soussigné doit se présenter sans délais au dépôt du 168 ° RI sinon il sera recherché comme déserteur. »

Cette situation était-elle courante ? après 2 années de combats
Qu’est ce qui a pu motiver ce changement ?
Ce travail en usine rentre t- il dans le cadre des « affectations spéciales »

merci pour vos éclaircissements

Bien cordialement

Evelyne et Marc

bonjour à toutes et à tous
bonjour Evelyne,bonjour Marc

la guerre s'installant dans la durée,guerre longue nécessitant des hommes et du matériel,il a fallu multiplier les productions et les effectifs ouvriers
la Loi Dalbiez a fait rappeler 500 000 mobilisés qualifiés (source:14-18 le magazine de la grande guerre n1-avril 2001)
cette loi est connu aussi pour sa "traque" aux embusqués

voici la loi en détail:allez à l'alinéa 6,concernant les dispensés
http://genealogie.dalbiez.free.fr/Loi%20Dalbiez.htm

voici aussi une certaine définition de l'embusqué,car à l'époque ,les ouvriers rappelés dans leurs usines étaient bien enviés et traités d'embusqués par tous ceux qui devaient rester en 1ère ligne
attention, je n'ai pas dit que votre GP l'était!
voici le lien,extraits de mémoires d'un poilu (en bas de page,vous avez la touche retour qui vous redirige sur le personnage):
http://perso.wanadoo.fr/philippe.demonc ... usques.htm

la situation de votre GP était donc courante,mais le rappel de ces ouvriers qualifiés ne suffira pas à la voracité de cette guerre,il faudra se résoudre à faire appel aux femmes qu'on appellera bientôt les munitionnettes

pour info :l'industrie de guerre emploira 1 600 000 personnes début 1918,contre 50 000 en 1914.
(source citée plus haut/14-18 magazine)

amicalement,
Mireille

Bonjour Mireille,
Bonjour à toutes et à Tous,

Merci Mireille pour votre réponse et la référence à la Loi Dalbiez, que je ne connaissais pas dans son intégralité.
Effectivement,mon G-P peut correspondre à l'alinéa n°6.
De plus,il était soutien de famille car orphelin à 14 ans (il était l'aîné des enfants.)
Je viens de réussir à décider mon père ,âgé de 84 ans, à me trancrire ce que son père lui a raconté des deux années passées à la division des Loups, l'Argonne et le Bois le Prêtre.
Je peux tout à fait comprendre le terme" d'embusqué "utilisé.
Il n'a fait que deux ans, les autres quatre.Et il était sûr de rester en vie.
Son petit frère a eu moins de chance,il y est resté,comme tant d'autres.

Pour moi, cela m'a donné le privilège de le connaître et de l'apprécier.
Et d'être sur ce forum pour apprendre et mieux comprendre.

Merci encore.
Bien cordialement.
Evelyne.

Bonjour
Outre les munitions, la loi Dalbiez a été utilisée pour affecter des ouvriers qualifiés à la fabrication des avions et moteurs d'avions,
"« Une crise grave est à prévoir en ce qui concerne les tourneurs et les fraiseurs en raison du développement du programme de l’aviation. » (Résumé périodique à l’Usage des Inspecteurs Régionaux des Sursis . N°1 décembre 1915 au 1er janvier 1916 p 22 "
mais aussi dans des domaines où on est plus surpris de la trouver, je veux parler de la fabrication de sabots pour laquelle mon grand-père a bénéficié d'un sursis.

« République française
Ministère de la guerre
Etat-major de l’armée
(Bureau des sursis)
N° 27.676-S711
LE MINISTRE DE LA GUERRE
À MM. les généraux Inspecteurs Généraux
les inspecteurs Régionaux des Sursis
Les Préfets des Départements
Sursis de sabotiers
Mon attention a été appelé sur l’intérêt que présenterait la mise en sursis d’appel d’un certain nombre d’hommes exerçant la profession de sabotiers, les populations rurales de certaines régions ayant particulièrement à souffrir du manque de sabots.
Pour remédier à cette situation j’ai estimé qu’il serait possible d’accorder, jusqu’au 1er mars, des sursis d’appel aux Militaires exerçant la profession de sabotier, dans les conditions suivantes :
1°- Les Inspecteurs Régionaux des Sursis se mettront immédiatement en rapport avec les Préfets des départements producteurs de sabots et leur demanderont de vouloir bien établir des listes de propositions.
2°- Pourront seuls être proposés pour un sursis d’appel les hommes appartenant au Service Auxiliaire (toutes classes des réserves) et les réservistes de l ‘Armée Territoriale n’occupant pas des fonctions spéciales dans les corps où ils sont affectés, ne travaillant pas en usine et n’étant pas déjà placés en sursis d’appel.
3°- Les Inspecteurs des Sursis fixeront après avis des Préfets et suivant les régions, l’époque de l’expiration des sursis.
4°- Les hommes affectés aux dépôts et services de l’Intérieur seront placés en sursis aux Armées, les Inspecteurs Régionaux des Sursis établiront des listes de propositions qui me seront adressées sous le présent timbre, et qui, après consultation du Général Commandant en Chef des Armées du Nord et du Nord-est seront retournées aux Inspecteurs avec mention des décisions prises.
5°- On devra tenir compte dans l’établissement des propositions des charges de famille des intéressés.
En résumé il y aura lieu de seconder dans la plus large mesure l’action des Préfets pour organiser le travail de fabrication des sabots en complétant par la main d’œuvre mise à leur disposition les ressources locales dont ils pourraient disposer (internés civils prisonniers de guerre, chômeurs etc.…).
Les Inspecteurs Régionaux signaleront les hommes placés en sursis à la gendarmerie et celle-ci devra veiller avec soin à ce qu’ils consacrent tout leur temps au travail pour lequel ils ont été mis en sursis. Ceux d’entre eux, dont le rendement serait insuffisant, seront signalés aux Inspecteurs et leur sursis sera immédiatement annulé.
Les Inspecteurs Régionaux des Sursis devront faire parvenir sous le timbre « Etat-major de l’Armée (Bureau des Sursis) » pour le 15 février prochain, le compte-rendu numérique établi par département des hommes placés en sursis d’appel en vertu des dispositions qui précèdent.
Pour le Ministre et par son Ordre
LE GENERAL
Chef d’Etat-major Général
DUPORT »
Ce que dit pas cette note, c'est que c'est l'armée elle-même qui a besoin de milliers de sabots et qu'elle en passe commande.

Le dossier concernant les sursis au SHD à Vincennes est à cet égard très intéressant.(16N 448 PS 5 et P6 -PRINCIPES SURSIS)
Cordialement

Bonjour,

Un grand merci pour ce complément d'information,et texte bien intéressant.
L'alinéa n° 5 pourrait avoir concerné le cas de mon G-P.
"Je tombe de trois marches !" = l'armée a besoin de sabots.....?.J'étais naïvement loin de m'imaginer cela.....

Ceux qui travaillaient dans les usines d'armement portaient effectivement les sabots, avec des chiffons entortillés autour du pied et de la cheville.(protection contre le minerais incandescent......)Ils appelaient cela "les chaussettes russes."
Ce système, je l'ai encore vu, il y a une trentaine d'années, en sidérurgie.

La population civile, certes, était en sabots dans les campagnes.

Comme quoi on en découvre tous les jours
A chaque sujet, un autre thème rebondit.
J'avoue que ce processus" d'ouverture" me plaît bien sur ce forum.

Bonne journée.
Bien cordialement.
Evelyne.

Re,

Numéro de Dossier concernant les sursis au SHD à Vincennes,que nous retenons pour le jour où.......!
Merci encore.
Evelyne.

Bonjour tout le monde,

Pour preuve que l'armée avait besoin de sabots ( 11ème RI / Montauban / février 1916 ).



Cordialement, adichats.
Daniel

Bonsoir Daniel,

Merci pour cette preuve par.... 18....,
Que faut-il en conclure ?
Les sabots remplacèrent - ils les godillots ?
tout du moins pour l'arrière ?

Bien cordialement
Evelyne et Marc

Bonjour
Les sabots étaient surtout des chaussures de repos, encore que certaines photos montrent des soladats en sabot dans les tranchées.
Les sabots étaient également utilisés par les aviateurs et mécaniciens sur les terrains d'aviation boueux.
Cordialement

Bonjour,
Merci pour vos précisions et réponses.
Bien cordialement.
Evelyne.