Bonsoir à tous,
Je me devais de mettre mon grain de sel, forcément !...
Alors Gaudy ? Oui bon...
J'ai trois bouquins, "Le chemin des Dames en feu", "L'agonie du Mont-Renaud", "Le drame à Saconin et l'épopée sur l'Ingon". Chez Plon, années 30 à 34. Me manque "Les trous d'obus de Verdun".
Ils m'ont surtout servi à faire des recoupements avec d'autres sources... (Le livre du Cdt Couraud, de 1925, directement "pompé" sur le JMO du régiment, forcément, Couraud en était). Le style de Gaudy... C'était l'époque... Et le tri n'est pas aisé à faire entre la gloriole et la vérité des faits.
Parfois, parfois seulement mais quand même, des choses vécues nous sautent en pleine poire:
Verdun, mai 1916 (La guerre racontée par les combattants, tome II, Ducasse)(puisque je n'ai pas "Les trous d'obus de Verdun", que j'ai cependant lu dans les années 80, BU Aix, annoté par Norton Cru...)
"
Parenteau a ramené son sac sur sa tête, et chaque fois qu'une explosion trop proche nous lance au visage sa brulûre, comme une gueule de four ouverte et refermée très vite, je l'entends dire: "Ah ! mon dieu... Ah ! mon Dieu !" Mais ce n'est là chez lui, qu'une exclamation machinale. Aucune prière, aucun espoir ne s'exprime par ces paroles... Oh! mourir ainsi sur ces lieux dépouvante, il nous semble que c'est davantage mourir que de s'éteindre sur un lit..., avec des pleurs d'amis sur vos derniers regards. Préparé pour la tombe...,le mort garde la calme apparence du sommeil. Les planches de son cercueil le préservent pour un temps de la décomposition finale.
Mais ici, ceux qui s'affaissent, les os brisés par des morceaux de fer coupant comme des haches, le crâne vidé d'un seul coup de son sang, la chair déchirée, loques sans rien d'humain avec leur horrible visage tordu...ceux qui resteront là, des jours, des semaines, débris sans sépultures sous la pluie, le soleil..., dans l'enfer des marmites qui s'acharnent à les broyer encore comme s'ils n'étaient pas assez morts, ceux-ci sont vraiment le symbole du sombre anéantissement.
Les avoir vus, les sentir autour de soi, être là tête courbée sous l'affreuse tuerie, vivant qui, d'un seul coup, peut devenir cadavre sous le tonnerre d'une flamme d'obus, c'est une angoisse qui mord le coeur à faire crier."
Gaudy, parfois, c'est ça. Mais Verdun les a tellement marqué, à tous, que la vérité peut surgir, tout à coup, sortie directement du fond des tripes.
Pour en revenir au Gaudy de ebay, c'est une édition de 1957 (Nouvelles Editions latines). Mais les trois premières pages "Brèves refexions sur sept livres de guerre" qui ne figurent pas dans l'édition de chez Plon sont à lire. Je les scannerai demain ou prochainement...
A bientôt,
Bernard