Bonjour,
J'ai appris récemment qu'un parent éloigné était mort le 3 mars 1916 dans l'Oise, dans le secteur de la ferme de Quennevières. Il faisait partie du 205ème RI, et avait alors 40 ans.
Je sais que ce secteur de l'Oise a plus particulièrement été "chaud" en juin 1915. Mais il est par contre considéré comme un secteur "calme" par la suite, et ce jusqu'en 1918. Quelqu'un saurait-il donc me dire si des évènements particuliers s'y sont déroulés début mars 1916 (assaut ? coup de main de part ou d'autre ?...), ou cet ancêtre a t'il plus probablement été victime d'un bombardement ou d'un tir isolé ?
Je précise que j'ai jeté un oeil sur le JMO du 205ème RI du site "mémoire des hommes", mais les comptes rendus sur la période sont réduits au strict minimum.
Merci
Freebee
Bonjour,
Je suis le co-auteur de l'ouvrage paru sur Quennevières... Cette histoire de votre aïeul tué sur ce front m'intéresse bien entendu... Nous possédons également quelques informations au sein de notre association... Vous serait-il possible de me communiquer, soit en réponse à ce message, soit par MP, le nom de votre aïeul ?
Je vais procéder à quelques recherches afin d'élucider, entre autres, les circonstances de son décès, de tenter de déterminer le lieu exact de sa mort, etc...
Le front de Quennevières est en effet réputé calme du point de vue du commandement, qui, ayant décidé de ne plus entreprendre aucune offensive d'envergure dans le secteur, après la scabreuse offensive Nivelle de juin 1915, y envoyait se "reposer" et se "refaire une santé" tous les régiments qui, de février à décembre 1916 sont passés soit par le théâtre d'opération de Verdun, soit par celui de la Somme (d'ailleurs un certain nombre de régiments qui tenaient le front de l'Oise, sur la rive droite ou la rive gauche, entre 1914 et 1916, sont allés se battre sur l'un de ces fronts avant de revenir "en repos" sur ce secteur de l'Oise - je pense notamment aux régiments des 49e et 50e brigades, qui auront passés quasiment les 3 premières années de la Grande Guerre sur l'un des deux secteurs du front de l'Oise, avant d'aller se battre sur la Somme ou à Verdun)...
Il faut que je revérifie mes informations, mais de mémoire, le 205e faisait partie de la 53e DI, qui occupe la rive gauche de l'Oise (et qui combattra par ailleurs de longs mois, là encore sur les deux rives de l'Oise)...
Il faut savoir que bon nombre de témoignages combattants infirment les rapports officiels et le point de vue du commandement... Certes, le saillant de Quennevières, qui prend "sa source" au Bois Saint-Mard, et se prolonge, vers le nord, jusque vers Autrêches, ne fut pas une "fournaise" telle que celle de Verdun ou de la Somme, mais les bombardements y étaient quotidiens... On y reçoit toutes sortes de projectiles : obus lourds, obus de campagne, projectiles de mortiers, grenades à fusil et grenades à main (par endroits, les lignes n'étaient distantes que de quelques mètres seulement)... Les tireurs d'élite y font des "cartons" réguliers... On assiste également, courant 1916, aux derniers soubresauts de la guerre de mines sur le front de Puisaleine et devant Quennevières même... Les Français y expérimentent des attaques au gaz chloré par nappes dérivantes... Et on y mène une guerre de patrouilles extrêmement active, afin de rechercher du renseignement, de faire des prisonniers ou tout simplement de tuer les occupants des postes d'écoute et d'observation (les guetteurs) et ce, jusqu'au repli allemand sur la ligne Hindenburg (pour le secteur qui nous intéresse, vers Coucy-le-Château), le 17 mars 1917 ; ce n'est qu'à partir de cette date que le secteur redevient vraiment calme... La guerre se réinstallera sur ces mêmes positions en juin 1918, avec le repli de la 15e DI, sur les tranchées de 1914 à 1917... Voilà en quelques lignes ce qu'on appelle un "secteur calme" en somme (mais où l'activité de secteur, qui lui valut le privilège du "communiqué" bien postérieurement à l'offensive Nivelle de juin 1915, fit néanmoins des victimes quasiment quotidiennement, même si, Dieu merci, toutes ne succombèrent pas à leurs blessures)...
Même si le front de Quennevières est aujourd'hui pollué par l'installation d'une nouvelle décharge, il reste de très beaux vestiges à y découvrir...
Au plaisir donc de vous y rencontrer un jour !
Cordialement,
Jean-Michel
PS : je vous invite à aller feuilleter les albums photos mis en ligne sur le lien ci-dessous : vous y découvrirez quelques-uns des sites proches de Quennevières, par où est passé le 205e RI...
http://www.facebook.com/pages/Patrimoin ... 7147351979