les sentiers de la gloire

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Alain Aubril
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Re: les sentiers de la gloire

Message par Alain Aubril »

Bonjour,
Je peux vous confirmer qu'il 'sagit bien de Louis Victor François GIRARD né le 02/10/1886 à Blainville sur Mer.
J'ai repris le registre militaire aux AD de la Manche et il est confirmé qu'il a été fusillé et que sa veuve a perçu 150 francs au titre de la circulaire ministérielle du 17 février 1915.

Alain AUBRIL
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bonjour à toutes et à tous

hier soir j'ai regardé les sentiers de la gloire en DVD (de Stanley Kubrick)
c'est un film dérangeant et bien noir;
la scène de la montée à l'assaut est un modèle du genre.

pour ceux qui le connaissent,il y a quand même des trucs qui me chiffonnent là dedans,dont ceci:

-est-il avéré,point de vue historique, qu'un général ait ordonné le bombardement sur ses propres troupes afin de les faire sortir quand même de la tranchée ?
un tel gradé,aussi dérangé,a t'il pu exister et agir aussi impunément ?

-la scène un peu bizarre de la fin avec cette jeune femme allemande terrorisé,exibée devant un parterre de soldats,telle une squaw ,obligée de chanter (en allemand),voilà que tous reprennent en fredonnant l'air de cette chanson:est-ce un air connu ? (ça m'a fait penser à la chanson Lili Marlene pendant la 2ème guerre que tout le monde connaissait...y a t'il l'équivalent en 1916 comme semble suggérer cette scène ?)
est-ce qu'une telle scène (une femme allemande attrapée on ne sait où,contrainte de chanter devant des militaires français qui la sifflent à qui mieux mieux) a pu se produire?

amicalement,
Mireille
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jochari 33
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Re: les sentiers de la gloire

Message par jochari 33 »

Bonsoir a tous,
Je voudrais juste dire cela:lorsque l'on dit 640 fusillés ce n"est pas je pense 640 fusillés pour l'exemple; ou alors il y en a eu beaucoup plus .N'y a t'il pas là pelle méle des deserteurs ,des traitres, des hommes qui ont "craqués" limite demences dut au stress,des pillards ET des fusillés (injustement) pour l'exemple ? Si ces condamnations a morts sont TOUTES terrifiantes, devons nous toutes les envisager de la meme façon ? Ne risquons nous pas de tomber dans une lecture grand publique de l'histoire qui ,au hasard des modes (et des films) nous fait des cow boys supers heros et 20 ans plus tard de braves indiens ecolos ? Mon fils en 3é a eu 4 points de moins sur sa copie d'histoire ,car il n'avait pas mentionné les fusillés pour l'exemple sur une copie ,d'une demi page ,resumant la grande guerre .....?
Si vous savez dite le moi ,car pour ma part je me pose ces question .
bonsoir a tous
cordialement Richard
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stcypre
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Re: les sentiers de la gloire

Message par stcypre »

Bonjour Mireille,

Il faut préciser effectivement que l'artillerie tirait souvent, hélas, dans le dos des poilus, d'où la rancoeur des fantassins envers les artilleurs. Ceci pour deux raisons:
- L'officier observateur d'artillerie devait aller en première ligne pour diriger le tir, souvent il n'allait pas dans ces secteurs dangereux !!
- Pour éviter le recul éventuel des troupes en 1ere ligne, les artilleurs avaient ordre de tirer juste derrière la tranchée occupée par les fantassins.
- Le commandement avait doté, dans certains régiments, les poilus d' un carré de toile blanche agrafé dans le dos, pour repérage par l'artillerie (j'ai une CP sur cette pratique...)
J'aurais beaucoup à dire sur l'artillerie, en France à cette époque.
Bien cordialement.
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Eric Mansuy
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Re: les sentiers de la gloire

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Pour rebondir sur ce qu'écrit Guillaume (que je salue au passage), un intéressant extrait du JMO de la 66e D.I. concernant les liaisons entre l'infanterie et l'artillerie, à l'issue des attaques successives sur l'Hartmannswillerkopf. Le ton de l'ensemble laisse dubitatif au regard des "erreurs de tir" ayant eu lieu dès le 13 mars (un coup de 220 tombé sur les assaillants du 13e B.C.A.), puis réitérées le 26 (des coups de 75 sur le 152e R.I.) :

« Enseignements tirés de l’affaire de l’Hartmannswillerkopf et paraissant utilisables dans toute action offensive »

Les attaques de l’Hartmannswillerkopf ont abouti à un succès très net et très rapide, dont les raisons essentielles paraissent être les suivantes :

1) Préparation minutieuse et longue par un réglage très précis de l’action de l’artillerie qui a précédé l’attaque d’infanterie, action d’artillerie (composée d’une proportion à peu près égale d’artillerie de campagne et d’artillerie lourde) caractérisée par un tir lent, précis, de longue durée (4 heures), dont le résultat a été destruction complète des défenses accessoires, dénudation complète du terrain d’attaque, bouleversement des tranchées ennemies au point de supprimer à peu près complètement toute riposte par le feu d’infanterie et de mitrailleuses et par suite, assaut facile et rapide de notre infanterie qui ne rencontre aucun obstacle et dont le moral est fortement exalté par cette préparation soignée à laquelle elle a assisté.

2) Préparation également minutieuse du débouché de l’infanterie :
a) par l’établissement de communications très nombreuses entre les abris et les tranchées de 2e ligne, surtout entre les tranchées de 2e ligne et celles de 1re ligne.
b) par la construction de nombreux boyaux partant des tranchées de 1re ligne et aboutissant au-delà des réseaux de fil de fer de nos tranchées.
c) par l’établissement des coupures dans les parapets de nos tranchées de 1re ligne, coupures munies de flanquements qui rendent l’issue invisible à l’ennemi et de plans inclinés ou de gradins qui facilitent la sortie.

Toute cette préparation vise et réalise la soudaineté et la simultanéité du débouché de l’infanterie de l’attaque sur tout le front prévu et dans une formation rationnelle.

3) Liaison constamment maintenue entre l’infanterie et l’artillerie dans la préparation et dans l’exécution de l’attaque grâce à un développement abondant des communications téléphoniques, à la protection de ces communications établies en caniveau, à leur surveillance constante permettant une réparation immédiate, à leur doublement par des coureurs rapides.

4) Soins apportés aux détails de toute sorte, tels que jalonnements des tranchées par des voyants très apparents en vue d’éviter toute atteinte de nos propres tranchées par notre artillerie.
Construction d’abris blindés pour les organes principaux de commandement de l’artillerie , de manière à ce qu’aucune entrave ne soit apportée à l’exercice de leurs fonctions au cours de l’exécution de l’attaque.
Prévision des travaux à faire après l’assaut, de la réunion ou du transport des matériaux exigés par ces travaux, désignation à l’avance de la troupe qui doit les exécuter et surveillance apportée à leur exécution.

En résumé, cette opération est véritablement un modèle de prévision par le commandement de tout ce qui concerne la préparation et l’exécution. Elle s’est passée dans un terrain spécial, a été tout à fait localisée, sans liaison étroite avec un ensemble, et limitée, puisqu’elle n’a pas comporté après la conquête de l’Hartmannswillerkopf une exploitation visant des retranchements successifs et un combats avec des réserves ennemies. Par conséquent les leçons qui en ressortent sont également restreintes mais non moins vraies et applicables à une tentative de rupture d’un front.
Ce qui s’applique intégralement à toute tentative de percement, c’est en particulier ce que nous avons indiqué sous la rubrique 2) en ce qui concerne la préparation du débouché de l’infanterie, sous la rubrique 3) en ce qui concerne la liaison Infanterie – Artillerie, sous la rubrique 4) en ce qui concerne le soin à apporter à tout ce qui peut être prévu à l’avance et sans craindre le détail.

Tout cela paraît possible, réalisable, mais tout cela demande du temps ; ce temps, on le trouvera si on se hâte de créer ou de perfectionner les travaux désirables à partir du jour où une tentative de percement est décidée sur un front donné.
La préparation minutieuse par l’artillerie indiquée ci-dessus sous la rubrique 1) au contraire paraît plus difficilement applicable dans cette forme. D’une façon générale en effet, dans une tentative de percement du front, il faudra viser une grande rapidité d’exécution à partir du moment où commence la préparation directe par l’artillerie, et par suite il ne paraît pas logique de consacrer 4 heures à une préparation à l’aide d’un tir lent, étant donné que ce tir de préparation a été précédé d’un réglage, il semble que rien ne s’oppose à le transformer en tir rapide, certainement désirable.
Toutefois, il faut bien reconnaître qu’une chose est certaine, c’est que le tir lent de préparation, par conséquent toujours corrigible même après un bon réglage, produira toujours des résultats meilleurs qu’un tir rapide après réglage précis mais non corrigible en raison de cette rapidité.
Mais à part cette question de forme, rapidité au lieu de lenteur de l’exécution du tir de préparation précédant le déclenchement de l’infanterie, les préparatifs qui ont conduit à ce tir paraissent tout à fait rationnels, réalisables, et l’attribution aux artilleries intéressées des instruments qui les facilitent (jumelles à ciseaux) est très désirable.
D’autre part, la faible quantité d’artillerie employée comme contre-batterie s’explique sans doute par la présence, sur le front d’en face, d’une artillerie qui n’est pas très nombreuse. Mais il ne faut pas en conclure que dans une tentative de rupture sur une partie du front en terrain ordinaire, il n’en faudra pas une plus forte proportion.

Tels sont les renseignements positifs et précieux, même si certains étaient déjà connus, qui ressortent des attaques de l’Hartmannswillerkopf.

Transmis à M. le lieutenant-colonel commandant l’A.D.66


Bien cordialement,
Eric Mansuy

PS A ce sujet, par certains aspects, et quand bien même l'objectivité de son auteur pourrait parfois être discutable, Le Massacre de notre Infanterie de Percin n'est pas inintéressant.

"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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croc-5962
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Re: les sentiers de la gloire

Message par croc-5962 »

Bonjour à tous
Petit commentaire.

mireille s alvi écrit:
je pense que le réalisateur a voulu faire un lien -par cet air fredonné-entre la guerre en 1916 et la guerre en 1957 (date de sortie du film) -guerre d'Algérie: même guerre d'appelés,même risque d'absurdité,d'injustice militaire..

en télescopant le passé par l'image de poilus représentés par un uniforme et des visages anciens (peut-être réels) et le présent,par cet air chanté dans les rangs des soldats en Algérie,je pense que le réalisateur a voulu passer un message de mise en garde qui serait selon moi:
attention! voilà ce qui s'est produit,voilà des témoins; attention! ça risque de se reproduire,il y a une guerre en ce moment qui ne dit pas son nom,mais c'est une guerre..
c'était il y a 40 ans,c'est aujourd'hui,ce sera demain....
C'est donné beaucoup de réflexion sur la guerre d'Algérie à Kubrick. Je ne pense pas qu'à l'époque, l'Algérie interressait beaucoup de cinéastes, sauf ceux de Moscou peut-être et pour certaines raisons.
Quant à "Marjolaine", on ne peut la comparée à "Lily Marlène", les fellaghas ne chantaient ce genre de ritournelle, croyez moi. D'autre part, la seule chanson qui a marqué les anciens d'Algérie, c'est "Je ne regrette rien" d'Édith Piaf.
Et si, par hasard, Kubrick l'aurait fait, la 2° GG ou l'indochine auraient été plus approprié.
Je suis revenu 'Algérie en 62, mon père est décédé en 67, jamais nous n'avons comparé nos expériences réciproques, jamais.
On peut comparer certaines actions de la résistance avec l'indochine ou l'Algérie, certains combats entre 39-45 et l'indochine, mais pas avec 14-18 et ses millions de morts et de blessés.

La Première Guerre Mondiale est unique dans l'histoire de l'humanité.

Un film est un film, ce n'est ni un documentaire, ni une enquète précise d'un évènement. Un film est une supposition et une suite de situations prisent ensemble. Les cinéastes et écrivains ne peuvent que supposer, donc ne peuvent prétendrent à être vrai et exact.
Pour cela, même les historiens sont prudents. Voyez avec Norton Cru lui-même.
Ne donnons pas trop de rigueurs et de valeurs à tout ce que l'on nous montre.
A bientôt
croc-5962
martinez g
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Re: les sentiers de la gloire

Message par martinez g »

j'ai lu dans la RHA que l'un des généraux parmi les responsables de l'artillerie estimait à 75000 poilus tués par notre artillerie il s'agit d'une estimation . il n'est pas acceptable de laisser dire que des officiers d'observation et de réglage de tir n'aient pas fait leur devoir il ne faut pas a partir de cas certainnement marginaux généraliser. Je peux apporter les témoignages d'officiers d'infanterie qui relatent les actions de ces officiers qui allaient jusquà passer 24h d'observaztion au dela des 1eres lignes pour repérer et contre battre les pieces ennemies ils ont été nombreux a le payer de leur vie. le phénomène américanisé sous le vocable friends fire s'explique par le développement exponantiel de l'artillerie qui n'a pas pu donner la formation adéquate meme accéléree aux officiers frais émoulus avant 14 je vous rappelle que le processus passait par l'école polytechnique et par de nombreuses années de pratique. d'autre part la qualité des armements et des munitions expliquent ces bavures une étude faite à l'époque démontrait qu'entre 2 lots d'obus l'écart moyen pouvait etre de 600m! quant à la fabrication des canons avec les moyens mécaniques de l'époque n'avaient la qualité de nos armements actuels. les tranchées étant souvent séparées de dizaines de mètres et avec les dispersions d'obus ces tirs fratricides étaient inévitables
cordialement
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Jean RIOTTE
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Re: les sentiers de la gloire

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
Effectivement, je pense que bon nombre de malheureux et regrettables tirs fratricides de l' artillerie sont à mettre au compte de la loi de la dispersion ( coups anormaux), à la non homogénéité au plan de la qualité des matériels et des munitions, à la quasi absence de coordination inter-armes ( en l' occurrence infanterie/artillerie), aux insuffisances des liaisons avant/arrière et aux inévitables....erreurs humaines. Entre autres raisons. Non, je ne pense pas que nos grands-parents artilleurs (quel que soit leur rang) méritent un jugement sans nuance. Même si le chiffre de 75000 victimes (évaluation, je le rappelle) est énorme.
Quant aux observateurs qui "hésitaient à aller dans les endroits dangereux"....non, je n' y crois pas. Mais comme dans toute activité humaine il y a parfois des "défaillances" que je n' occulte pas.
Chaque poilu n' était pas de la graine de héros. Ce n' étaient que des hommes.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
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