Forum PAGES 14-18

Bonsoir,
Cet après-midi, lors d'une visite à la Nécropole Nationale de LIHONS (Somme), j'ai photographié sans raison la tombe n° 2016 de BADO TIASO, tombe musulmane au milieu des croix.


De retour à la maison j'ai cherché sur le site Mémoire des Hommes sa fiche sans succès. Seul le site Sépultures de guerre le répertorie.
Tiaso BADO
Mention Mort pour la France
Sépulture : Lieu de sépulture LIHONS (Somme)
Nom du site de sépultureNécropole Nationale de "LIHONS"
Type de sépulture : tombe individuelle
Numéro de la sépulture : 2016

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 61&debut=0

Je suppose que le nom inscrit sur la tombe comporte des omissions ou des fautes ce qui empêche de le trouver facilement ou inversement la fiche MdH est erronée. L'un de vous aurait-il une piste pour redonner un peu plus d'identité à ce soldat venu mourir sur le sol picard ?

Cordialement
Eric Abadie

Bonsoir,
Recherche pas évidente à mener Eric ; j’ai quelques cas de ces hommes venus d’Afrique, bon gré, mal gré, mais qui ne savaient pas ce qui les attendaient les pauvres, quittant leur Soudan, Sénégal, Dahomey, Niger et j’en passe, pour qui on n’a souvent qu’un nom, un prénom parfois, généralement mal orthographiés, sans date ni lieu de naissance où bien tellement aléatoires… C’est vrai qu’on aimerait bien leur redonner une existence, une trace à suivre pour peut-être qu'un jour, un descendant de Bado Tiaso ou d'un autre, à la recherche de l’arrière arrière grand-père oublié, puisse refaire le parcours… (une piste infime peut-être: il me semble que BADO est un nom du Burkina Faso...?)
Cordialement
BB
Et celui là, qui n'a même pas de nom...

Bonsoir Bruno,
Merci pour votre témoignage.
Je pense comme vous que le patronyme BADO vient du BURKINA FASO, autrefois Haute-Volta ou de l'ancien Soudan français (Sud Mali).
Quant au prénom (mais est-ce un prénom ?), Tiaso, il semble peu usité parmi les combattants des Bataillons de Tirailleurs Sénégalais. Un seul trouvé avec un prénom approchant "TIABO".
A suivre donc
cordialement
Eric Abadie

Bonsoir à tous,
Comme je le pressentais, la réponse du service des sépultures militaires de la Somme à ma demande sur le soldat BADO Tiaso est négative :
"Suite à votre demande, je vous informe que mon service ne détient aucun renseignement complémentaire concernant BADO TIASO inhumé à la nécropole nationale de Lihons, tombe 2016."

A noter qu'un lieu porte ce nom. En effet, Bado est une commune située dans le département de Tenkodogo de la province de Boulgou dans la région du Centre-Est au Burkina Faso.

Les chances de retrouver des renseignements sur celui-ci sont quasi nulles. Quels bataillons de tirailleurs sénégalais ont combattu dans la Somme dans la région de Lihons ou légérement au nord de ce village ? Mais à quelle date ? 1916 ?

En hommage au tirailleur BADO Tiaso dont on ne sait rien, voici le poème de Leopold Sedar Senghor, Hosties noires (Tour, 1938) :

Aux Tirailleurs Sénégalais morts pour la France

Voici le Soleil
Qui fait tendre la poitrine des vierges
Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards
Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.
J’entends le bruit des canons — est-ce d’Irun ?
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
On vous promet 500 000 de vos enfants à la gloire des futurs morts, on les remercie d’avance, futurs morts obscurs
Die schwarze Schande !

Ecoutez-moi, Tirailleurs Sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux, sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres du village
Ecoutez-moi, tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.

Nous n’avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de vos femmes anciennes
Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l’ardeur des vivants.
Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes comme en saison sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres oublieuses.

Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mourriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l’amitié de vos camarades d’âge.
Ah ! puissé-je un jour d’une voix couleur de braise, puissé-je chanter
L’amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons.
Ecoutez-nous, morts étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est.
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs Sénégalais
Morts pour la République

Voir dans la Somme :

Passage d'un bataillon de tirailleurs sénégalais à Boves (Somme) le 21 juin 1916
https://www.photo.rmn.fr/archive/06-506 ... PZSRB.html

Avec les Sénégalais dans la Somme, en juin 1916.
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/avec-l ... -1916.html


Cordialement
Eric ABADIE