Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous,

Le sujet du Village Nègre (camp français installé à 200m des 1ères lignes entre le Chamois et la Chapelotte près de Badonviller (54)) a déjà été traité à de nombreuses reprises sur ce forum, notamment ici:
pages1418/photos-14-18/uniformes/identi ... _705_1.htm

Voici ci-dessous un document acquis il y a peu de temps qui permet d'évoquer le cimetière qui était situé en contre-bas de ce camp:



Un petit zoom sur le panneau qui sert de légende à l'image (ce qui est peu commun...)



Il s'agit donc comme l'indique cette mention, d'infirmiers du 68e RI affairés à l'entretien des tombes du cimetière, probablement vers septembre 1917.
On peut lire quelques noms sur les croix situées au premier plan. Ce sont majoritairement des soldats de la 21e Cie du 349e RI, tombés lors des combats du Gros-Hêtre le 28 février 1916. Ce jour là, l'E.I.R 23 de la XIXe Ersatz Division lance une attaque localisée. Seront engagés du côté français le 28 et les jours qui suivront , les 349, 358, 370 et 217e RI. La 21e Cie du 349e, qui est majoritairement représentée sur ce cliché subit des pertes sensibles lors de la journée du 28 (5 tués, 8 blessés et 11 disparus).

Sur le cliché, on aperçoit de gauche à droite, les tombes de:
- JEANDON Marie Joseph Georges Nicolas, soldat à le 21e Cie du 349e, né le 25 février 1882 à Lépanges (88), domicilié à Val et Châtillon et tué le 28/02/16
- JOSSE Emile dit Jules, caporal à la 21e Cie du 349e, né 2 février 1890 à Jonvelle (70), tué le 28/02/16. Son corps repose toujours à la nécropole de Badonviller, tombe n°1033.
- LEGRAS Louis, soldat à la 21e Cie du 349e, né le 13 mars 1879 à Haréville sur Montford (88) et tué le 28/02/16.
- NOIRJEAN Paul (sur le cliché la croix est marquée NOIRGEAN), soldat à la 21e Cie du 349e, né le 3 juillet 1886 au Thillot (88), son corps repose toujours à la nécropole de Badonviller, tombe n°???
- BARTHELEMY Etienne, soldat à la 18e Cie du 370e, né le 25 avril 1891 à St Christophe (15), tué le 29/02/16. Son coprs repose toujours à la nécropole de Badonviller, tombe n°1037.

Voici d'autres vues du cimetière:





Cette dernière vue a été prise par un sous-officier de la CHR du 358e en 1915. Il indique que c'est lui qui a fait faire la grande croix qui domine le cimetière.

Bien cordialement Sébastien

Bonsoir
Photo très intéressante. Je découvre une part du rôle des brancardiers du 68e.
Concernant le régiment, malheureusement, je ne connais pas de témoignages. Cependant, il est possible d'en retrouver concernant la Division (17e). La division occupe un secteur vers la Chapelotte et la Vezouse (26 août – 30 décembre 1917). Au sein de la Division, on trouve aussi la 290e RI. Le Lieutenant-colonel Eggenspieler, à propos du secteur, rapporte:
Sous-secteur de Badonviller. - Le 23 août (1917), le régiment est transporté en auto-camions dans le secteur de Baccarat.
Le 6e bataillon est cantonné à Baccarat, le 5e à Vacqueville, l'E.-M. et la C.H.R. à Pexonne. Ces trois localités sont échelonnées le long de la voie ferrée de Baccarat à Badonviller. La Brigade était près de nous à Merviller. La Division était à Saint-Nicolas-du-Port, c'était joliment loin, mais dans des secteurs paisibles comme ceux des Vosges cela ne présentait pas d'inconvénient.
Nous sommes venus dans ce secteur pour remplacer la division coloniale du Général Marchand. En prenant mes consignes à l'E.-M. de la Division j'y ai retrouvé le Colonel Larroque, qui avait été notre voisin de secteur au Crassier double devant Lens.
Notre sous-secteur se trouvait dans une région intéressante des Vosges. La cristallerie de Baccarat est universellement connue. Beaucoup de militaires du régiment ont eû l'occasion de la visiter. On y travaillait encore, mais à effectifs réduits
A Badonviller nous étions à la limite des Grandes Vosges. hauteurs de la rive droite de la Plaine (affluent de la Meurthe) cotaient déjà de 5 à 600 mètres. Elles étaient couvertes de magnifiques forêts, traversées elles-mêmes par les belles routes des Vosges encore toutes intactes. Nous avions sur notre droite la pittoresque localité de Pierre-Percée avec les ruines du château de Jérusalem.
La petite ville de Badonviller, toute proche des lignes, était passablement démolie. J'y ai remarqué l'église en forme de temple à colonnes. A l'Est de Badonviller le 6e bataillon occupait le C.R. (centre de résistance) des chasseurs dans un site plaisant au milieu des bois et des rochers. Les chasseurs avaient construit des abris très coquets en forme de châlets. Quel contraste entre ce paysage de verdure et celui du plateau de Californie.
Le 5e bataillon était à gauche du 6e, il était sous bois aussi, mais dans un paysage moins rocheux que celui du 6e. Son secteur portait le nom de « Village nègre ».
La route de Badonviller à la vallée de la Plaine longeait sur un certain parcours les tranchées de première ligne. J'y suis passé à cheval avec le Lieutenant-Colonel colonial que je venais relever. Ce n'était pas banal. Il est vrai de dire que nous étions sous bois. Cela n'empêche que c'était un secteur bien tranquille. Le général Marchand a essayé de le réveiller peu avant notre arrivée. L'inaction ne convenant pas au Général, il s'est mis casser du bois dans les lignes allemandes. La riposte ne s'est pas fait attendre. Les Allemands couvrirent le village nègre d'une avalanche d'obus. Ce sont de pauvres territoriaux qui occupaient le secteur qui ont essuyé la fureur teutonique. Il a fallu venir à leur secours. Cette alerte un peu brutale passée, tout rentra dans le calme habituel.

Cordialement
Jérôme Charraud

Bonjour à tous,

Merci Jérôme pour ce témoignage très détaillé du secteur. Ces récits de militaires découvrant pour la première fois cette partie du front sont généralement très instructifs et ajoutent un oeil neuf sur le sujet.

Afin de compléter ce post, voici quelques vues d'offices religieux dans le secteur du Village Nègre:

Celle-ci au Village Nègre:


Celle-là dans un chaos rocheux proche du Rendez-Vous des Chasseurs:


Enfin, voici une photo acquise il y a peu de temps et montrant une chapelle de fortune. Le sous-bois correspond assez bien au secteur de Badonviller, mais l'appelation "Village Nègre" s'est retrouvée quasiment sur toute la ligne de front et notamment en Argonne.



Un zoom sur la construction:



Bien cordialement Sébastien

Bonsoir à tous,
j'ai des photos du Poste de Secours à-demi enterré du Village Nègre où mon grand-père Fernand Nidergang était médecin aide-major en 1915, en compagnie notamment d'une certain M. Mathieu qui est resté son ami.
Si cela intéresse quelqu'un, je les scanne...
Mad

Bonsoir à tous,

Bonsoir à vous Mad. ^Je viens de voir votre message, bien sûr que vos clichés m'interessent ! Ils permettraient de compléter ce post.

Bien cordialement Sébastien

Bonsoir à tous,
j'ai des photos du Poste de Secours à-demi enterré du Village Nègre où mon grand-père Fernand Nidergang était médecin aide-major en 1915, en compagnie notamment d'une certain M. Mathieu qui est resté son ami.
Si cela intéresse quelqu'un, je les scanne...
Mad

Bonsoir,
Vous serez peut-être contente d'apprendre que ces deux médecins du 349è (Paul Mathieu et Fernand) participent activement à un accouchement à Badonviller.
Ils mettent au monde une Paulette France PIERRE le 05/03/1915, qui sera malheureusement pupille de la nation, se mariera et vivra à Rambervillers.
Je vous échange la photo de l'acte contre celle du village-nègre, près duquel je suis passé ce jour.
Bonne soirée.
Mon adresse mail en MP