En Saxe, face à face lourd de menaces

ALVF
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Re: En Saxe, face à face lourd de menaces

Message par ALVF »

Bonsoir,

La question posée par Xavier hier et relative à la Haute-Silésie m'a fait ressortir une petite photographie provenant d'un artilleur du 218ème R.A.C qui accompagna la 46ème Division "bleue", composée surtout de Chasseurs, dans cette zone contestée entre l'Allemagne et la Pologne en vue d'assurer le maintien d'un semblant d'ordre pendant les plébiscites prévus par le traité de Versailles.
Nous sommes le 31 janvier 1920 en Saxe sur les quais de la gare de Görlitz, des artilleurs du 218ème R.A.C sont à mi-chemin de leur trajet vers la Haute-Silésie.Après une nuit de train à travers l'Allemagne, ils sont sortis de leur wagon de 3ème classe des chemins de fer de l'Etat prussien et se dégourdissent les jambes en prenant un "jus".Deux soldats allemands patrouillent sur les quais, raides comme la justice, sans un regard vers les français qui les regardent d'un oeil mi-amusé, mi-réprobateur.Le soldat allemand au premier plan porte au bras gauche l'insigne des "mitrailleurs d'élite", son attitude en dit plus long que bien des discours d'Aristide Briand!
Lui ou ses fils se rappelleront à notre bon souvenir moins de vingt ans plus tard!
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A Görlitz, en route vers la Haute-Silésie, les vainqueurs regardent les vaincus!

Cordialement,
Guy François.
ALVF
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Re: En Saxe, face à face lourd de menaces

Message par ALVF »

Bonsoir,

Je rajoute deux photographies à ce sujet ancien datant de 2011, suite à une demande récente:

-tout d'abord le wagon transportant l'état-major du 218e R.A.C en janvier 1920, en route pour Gleiwitz:
Wagon EM du 218e RAC janvier 1920.jpg
Wagon EM du 218e RAC janvier 1920.jpg (226.92 Kio) Consulté 2980 fois
-en mars 1920, à Gleiwitz,dans un quartier rebaptisé "Quartier Foch", l’Étendard du 218e R.A.C va sortir du quartier pour participer à une revue passée par le général Sauvage de Brantes, commandant la 46e Division d'Infanterie à Gleiwitz. La 46e Division est une Division composée de Chasseurs. Les personnels du 218e R.A.C, régiment venu d'une Division d'Infanterie et affecté à la 46e D.I en remplacement du Régiment d'Artillerie organique de la 46e D.I, ont adopté le béret des "Alpins":
Etendard du 218e RAC mars 1920.jpg
Etendard du 218e RAC mars 1920.jpg (194.74 Kio) Consulté 2980 fois
Cordialement,
Guy François.
ALVF
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Re: En Saxe, face à face lourd de menaces

Message par ALVF »

Bonsoir,

Intéressante question que "la surveillance de l'Armée allemande" (de 100.000 hommes rappelons-le) dans ces années cruciales.
Trouvez la réponse chez les thuriféraires et les disciples d'Aristide Briand qui pullulent jusqu'à nos jours inclus!
Cordialement,
Guy François.
pierreth1
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Re: En Saxe, face à face lourd de menaces

Message par pierreth1 »

Bonjour,

L'armee allemande de la république de Weimar était plus que surveillée, Adolescent en 1970/1971, j'avais lu un livre (qui était un recueil de photos) emprunté à la bibliotheque des offciers de Fort de france publié dans les années 20 sous l'égide du 2eme bureau
Tout y était, les modèles de canons, leur nombre offciel et le nombre estimé
ce n'est pas la surveillance qui a fait defaut c'est la volonté politique qui a fait defaut (cela n'absout pas l'armee française de sa "gestion catastrophique" en 1939/1940 de la guerre)
Mais on savait déja dans les années 20 que l'Allemagne camouflait son matériel et se réarmait. Contrairement à une idee reçu, le réarmement allemand ne date pas des nazis dès 19 l'allemagne triche,

Pour ce qui est des insignes et décorations le traite de Versailles ne les interdisait pas le port de l'insigne des mitrailleurs d'élite etait "légal"
pierre
humanbonb
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Re: En Saxe, face à face lourd de menaces

Message par humanbonb »

Bonjour et merci pour ce joli cliché qui sort des sentiers battus.

Concernant l'insigne de manche, il ne s'agit que d'un modèle de spécialité ( Maschinengewehr Scharfschützen )... ni plus, ni moins.

Voici un exemplaire d'un fabricant de Strasbourg :

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Bonne fin de journée.
Bien cordialement.
ALVF
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Re: En Saxe, face à face lourd de menaces

Message par ALVF »

Bonsoir,

Pour en revenir au désarmement de l'Allemagne après la signature du Traité de Versailles, quelques remarques basées sur des recherches approfondies que j'ai effectuées aux Archives Nationales à une époque où le sujet du désarmement était à l'ordre du jour après la 1ère Guerre d'Irak et au "désarmement de l'Irak" (ce qui nous reporte plus de 25 ans en arrière!).
Tout d'abord, je précise que les archives de la Commission Militaire Interalliée de Contrôle (CMIC), de 1920 à 1924 surtout, sont incroyablement précises et que les liasses de documents que j'ai consultées n'avaient pas été lues depuis au moins 50 ans car elles étaient recouvertes de moisissures épaisses qui nécessitaient un bon lavage des mains après consultation!
De tout ceci, il appert que:

-les allemands ont profité de la période 11 novembre 1918 à début 1920 pour camoufler les matériels les plus divers car les Commissions Interalliées n'ont commencé à fonctionner qu'à partir du début de l'année 1920, date de leur entrée à l'intérieur du territoire allemand.

-que les missions d'officiers alliés ont trouvé des masses de matériels, par exemple quelques centaines de tubes de Minenwerfer dans des grands hangars de 150 m de long mais dont les dimensions intérieures ne faisaient que 130 m avec fausses cloisons, etc...

-que nos bons alliés britanniques ont laissé les canons lourds allemands d'artillerie lourde sur voie ferrée pour un service présenté comme "défensif" sur les côtes en fermant les yeux sur quelques "détails édifiants":
...boggies confiées aux chemins de fer allemands au titre des "transport spéciaux".
...affûts raccourcis ne demandant qu'un travail simple pour leur restituer leur caractère de poutre-affût d'artillerie lourde sur voie ferrée.
...tout ceci autorisé par les britanniques à la grande fureur des généraux français (dont le général Nollet) qui avaient anticipé ce qui allait suivre.
...c'est ainsi qu'en 1936, le "programme d'urgence" (Sofort Programm)) de Hitler a pu produire en six mois des matériels lourds d' artillerie lourde sur voie ferrée dont la construction demande deux ans environ au grand "étonnement" de nos alliés! La "Reichsbahn" avait précieusement gardé dans ses dépôts les boggies spéciaux, de grands propriétaires de Prusse avaient camouflé les délicats organes de visée, les agrès, etc...

-que jusqu'en 1921 au moins, les effectifs réels des forces armées allemandes étaient de l'ordre de 300.000 hommes de troupes sur-entraînées au lieu des 100.000 prévus par le Traité. On comprend mieux les "hésitations" des gouvernements français.

-les dossiers de camouflage des engins de guerre de toute nature pullulent mais nos gouvernants, surtout à partir de 1924, ont préféré "couper les ailes" de la CMIC avant de la faire disparaître.

-ne pas oublier non plus que les puissances "vertueuses" comme la Suède ont fait le meilleur accueil aux ingénieurs de Krupp et Rheinmetall qui ont fait profiter la firme Bofors de leur connaissances, que le prix Nobel de Chimie a été attribué au bon Doktor Fritz Haber, pionnier des gaz asphyxiants, provoquant une timide "remontrance" de la France appuyée en cette occasion et pour la dernière fois par la Grande-Bretagne, qu'un "modèle de démocratie", la Suède, a reçu tous les militaires auteurs du Putsch de Kapp, etc...

Pour ceux qui douteraient encore, je les invite à consulter les archives de la CMIC aux Archives Nationales, aux Archives des Affaires Etrangères pour la "Conférence des Ambassadeurs" qui avait la haute main sur le "désarmement de l'Allemagne" entre autres pouvoirs, aux Archives post-1945 du Procès de Nuremberg en ce qui concerne les grands industriels Krupp, etc...
Tous ces dossiers témoignent douloureusement des actions de ceux "qui ont prêché dans le désert" et en tout premier lieu des militaires français et de ceux qui sont encore fêtés comme les "apôtres de la Paix" ou ceux qui se présentent comme nos "fidèles" alliés, etc...

Bref, voilà pourquoi le regard des artilleurs de la 46e D.I sur le militarisme allemand sur la photographie en tête du sujet en dit plus long que bien des dissertations passées, actuelles et futures sur les responsabilités du drame de l'Europe des années 1920 à 1945!
Cordialement,
Guy François.
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