Re: Parcours de vie d’Arthur CORNUAU, cultivateur et soldat vendéen...
Publié : mer. nov. 02, 2016 11:36 am
Bonjour,
Arthur Louis « Julien » Cornuau naquit le 28 janvier 1897 à Vix en Vendée. Sur son livret matricule n’apparaît pas le nom de son père, seulement la mention « fils de feu Cornuau Marie Louise Augustine » et un peu plus loin la mention « Tuteur ».
En fait, il semblerait, d’après les documents familiaux, que Arthur était sous tutelle de sa grand-mère, femme de fort caractère.

Le cahier de morale et d’instruction civique de Arthur « Julien » Cornuau. A la dernière page de ce cahier, le chapitre sur le Service militaire. Le jeune Arthur ne sait pas encore qu’il fera partie des appelés de la Grande Guerre !

Chapitre 29 : Le service militaire


Arthur, qu’on appelle également « Julien », prénom qui n’apparaît pas à l’Etat-Civil, est, au moment de l’entrée en guerre, un jeune cultivateur vendéen qui semble notamment avoir travaillé également du côté de Saint-Ouen d’Aunis en Charente-Maritime (distant de Vix d’environ 25 km). Il est amoureux de Marie Josèphe Élise RENAUD qui deviendra sa femme en 1916, pendant la guerre. Ils auront deux enfants, Georgette et Julien, qu’Arthur n’aura pas le temps de voir grandir puisqu’il trouvera la mort le 18 avril 1918 dans les combats de la Somme, sept mois avant la fin de la guerre.
Arthur et Marie

A l’entrée en guerre, en 1914, Arthur n’a que 17 ans. L’année suivante, à ses 18 ans, il passe au Conseil de révision et va se retrouver inscrit sous le n°27 de la liste du canton de Maillezais, classé dans la première partie de la liste en 1915, Matricule 151-Fontenay-le-Comte, classe 1917.
Il est décrit ainsi : « Cheveux châtains foncés, yeux marrons clairs, front moyen, nez rectiligne, visage long, mesure 1,72m, degré d’instruction : 3 ».
Il est classé « Bon pour le service armé » en mai 1915. Incorporé au 32ème régiment d’infanterie à compter du 7 janvier 1916 il arrive au Corps le 7 janvier 1916.
Il passera ensuite au 66ème d’infanterie puis au 77ème d’infanterie le 1er avril 1918 soit 17 jours avant sa mort aux combats du bois de Sénécat dans la Somme.
Dans les quelques lettres retrouvées de sa correspondance avec sa femme, entre 1916 et 1918, Arthur parle assez peu de la guerre mais plutôt du temps qu’il fait, des anecdotes avec les copains, de sa santé, (il est malade suite aux vaccinations qu’il reçoit), de ce qu’il mange, en fait Arthur semble surtout préoccupé par son projet de mariage avec Marie. Sous tutelle de sa grand-mère (il n’a que 19 ans), celle-ci refuse de lui donner son accord pour le mariage avec Marie, lui disant qu’il le fera après la guerre, ce qui le met en colère, l’exprimant dans certaines de ses lettres où il dit vouloir rencontrer le maire et le notaire afin de se faire émanciper, également qu’il ne mettra plus les pieds chez sa grand-mère !
Le 30 avril 1916 il écrit à Marie que lors de sa dernière permission il est allé voir son oncle et sa tante de Saint-Jean pour leur demander leur appui afin de là convaincre d’autoriser le mariage, ce en quoi ils sont favorables.
Les choses semblent s’arranger puisque le 31 mai 1916, alors que le bataillon d’Arthur se prépare à rejoindre le front le mariage est évoqué. Le 13 juin également, il semble que les choses se précisent, il évoque l’achat des alliances. Il écrit à Marie « Envoyez-moi la date fixée pour le mariage parce qu’il ne faut pas badiner pour ma permission, afin d’avoir un certificat… »
Il semble que le mariage fut prononcé à l’été 1916.
Carte postale envoyée à Marie où il évoque ses projets de mariage

21 janvier 1916 : Arthur, marqué ici d’une croix, est en garnison de Châtellerault pour ses classes où il retrouve son ami Mirabeau Fallou.

Arthur et Mirabeau

Mirabeau Fallou sera tué le même jour que lui au même endroit. Il est inhumé en la Nécropole de Montdidier dans la Somme. Arthur Cornuau y repose probablement mais n’est pas répertorié dans la liste des soldats inhumés en cette nécropole.
Extraits de ses lettres à Marie dont je n’ai gardé que les passages parlant de sa vie militaire :
« …, nous continuons toujours à faire l’exercice, ils nous font jouer à toute sorte de jeux, à saute-mouton, au barres etc… on nous fait même faire des exercices idiots, tourner la tête à droite, à gauche, en arrière, en avant, mouvements de bras et il y a de quoi se tordre. Maintenant on va toucher des fusils parce que les copains ont été en chercher 240 à la manufacture et nos caporaux nous ont dit que c’était pour nous, alors gare, on va trimer…, les officiers nous ont même dit que si on va au front, ce sera nous qui partirons en premier et au feu ce sera pas la même chose, on sortira les premiers mais il ne faut pas que ça vous épouvante, on n’est pas sûr d’y aller et ce n’est pas à cause que l’on sort le premier que l’on est tué… ! »
6 février 1916, Châtellerault : « …, nous avons touché le fusil vendredi dernier et hier nous avons fait une marche avec et demain on commence à manœuvrer avec. Il est facile à manœuvrer parce qu’il est une fois moins lourd que le fusil Lebel, nous autres on a un nouveau modèle qu’on appelle fusil à chargeur…, on nous a enlevé nos pantalons rouges et nos capotes bleues, on va en toucher des noires… »
17 mai 1916 : « …, je suis classé dans les mitrailleurs, ma foi si on va sur le front je ne serai pas plus en danger que les autres, même les mitrailleurs ne vont pas à la baïonnette… »
Le 4 octobre 1916, ils partent en manœuvres dans l’Oise, direction Amiens puis Chaumont-en-Vexin :
« …, j’arrive de l’exercice…, ce soir on nous a appris à monter des tentes, comme quand on nous apprenait à faire l’exercice les premiers temps qu’on était à Châtellerault… »


Marie lui envoie une photographie de son frère, Henri Renaud, incorporé au 78ème d’infanterie.

Octobre 1916 : il part avec le 32ème d’infanterie rejoindre les troupes combattantes. Dans ses lettres à Marie on comprend que leur petite fille est née très peu de temps après leur mariage (on comprend mieux l’insistance qu’avait Arthur dans ses lettres, à officialiser son union avec Marie !)
18 octobre 1916 : « …, je suis à la gare du Bourget…, j’ai trouvé ce départ plus dur que les autres, j’ai le cafard mais enfin j’espère qu’il va me quitter quand j’aurai retrouvé les copains…, je termine en t’embrassant tendrement, embrasse bien des fois tendrement notre petit ange… »

Il apprend, par une lettre de Marie, la mort à la guerre de l’un de ses bons copains, Théodule Rondeau, de Saint-Ouen d’Aunis. Théodule avait 20 ans : « Sur votre autre lettre j'ai lu la mort de ce pauvre Théodule, ça m'a coupé les bras, c'est malheureux de voir partir une si belle jeunesse comme cela. Maintenant son père est un homme perdu, ce pauvre Théodule, il vaudrait bien mieux qu'il serait prisonnier depuis le début qu'il n'a pu venir chez lui. C'est quand même malheureux, maintenant Saint-Ouen ne sera pas ce qu'il a été... »
Sur cette carte postale que lui envoie Marie en 1917 on aperçoit le contre-torpilleur Bélier. Peut-être quelqu’un de la famille était-il embarqué sur ce navire ?
En 1917 Arthur se rapproche du Front. Il est dans la Marne à Unchair puis au camp de Mailly, enfin son régiment rejoint la Meuse à Reffroy.
Quelques chasseurs dans la rue de l’Église à Reffroy


13 mars 1917 : « … je suis fatigué, nous avons parcouru les champs toute la journée avec les mitrailleuses… »
8 juillet 1917 : il évoque sa petite fille « … j’attends votre photo avec grande impatience, je serai très heureux d’avoir cette belle petite ange avec moi en photo, on est bien forcé de se contenter de la voir comme ça puisqu’on ne peut pas autrement…, Mille baisers à notre petite chérie si mignonne... »
Arthur a envoyé cette carte postale à Marie où l’on voit un soldat et un enfant, il a raturé l’inscription au bas de la carte « A mon petit gars » et l’a remplacée par « A ma petite fille », puis remplacé les « il » par des « elle ».

Le 14 juillet 1917 il écrit : « Je suis de garde contr’avion et je t’assure qu’on a du boulot…, on n’entend pas un obus, c’est calme comme à l’arrière aussi on s’en fait pas…, ici c’est toujours pareil, nous montons en 1ère ligne ce soir, mais comme ils disent, ceux qui y sont c’est aussi tranquille qu’ailleurs. Encore 7 jours à passer là-dedans et peut-être 7 autres encore, ça paraît long quand même, j’en ai marre, enfin là-haut nous ferons pas de corvées, il y aura la garde à prendre à la pièce mais dans des secteurs comme cela ce n’est pas dur…, quand on sera en 1ère ligne enfin, on sera bien forcé d’y rester…, je suis toujours en bonne santé…

22 février 1918 (il lui reste moins de 2 mois à vivre) :
« Ma femme chérie, je viens de recevoir ton aimable lettre avec le colis qui m’ont bien fait plaisir de vous savoir en bonne santé…, aujourd’hui j’ai été en corvée et je t’assure qu’on ne s’est pas fait de bile, nous avons fait au moins 70 km en auto….
Le 1er avril 1918, Arthur, qui jusque là n’a pas été confronté aux combats, passe au 66ème d’infanterie puis est engagé dans la bataille au sein du 77èmed’infanterie. Ce sont les combats de la Somme qui font rage, l’armée allemande qui sent venir son déclin ne veut encore rien lâcher et continue à se battre jusqu’au bout contre les troupes françaises et leurs alliés britanniques.
17 jours plus tard, à 300 mètres de la lisière Est du bois de Sénécat entre Castel et Rouvrel près Moreuil dans la Somme, Arthur Cornuau est tué à l’ennemi. Il laisse une femme et deux enfants, Georgette, âgée de 2 ans et Julien qu’il n’aura pas connu.
La mairie de Vix recevra son avis de décès.
Marie elle, se retrouvera veuve et recevra un beau diplôme d’Hommage à la Nation à la mémoire de CORNUAU Arthur Louis. Leurs deux enfants, deviendront pupilles de la Nation.
19 mai 1919, Georgette et Julien Cornuau « orphelins de guerre »

La fiche Mémoire des Hommes d’Arthur Cornuau

Moreuil dans la Somme, pas très loin de l’endroit où fut tué Arthur.

On ne trouve pas trace d’Arthur dans la base Sépulture de guerre, contrairement à son copain Mirabeau Fallou.
Arthur est-il inhumé en cette nécropole de Mondidier, comme Mirabeau, mais sous la mention « Inconnu » car non-identifié après le ramassage des corps de soldats tués sur le champ de bataille ?
Peut-être son corps gît il encore dans la terre de la Somme comme tant d’autres soldats qui ne furent pas retrouvés.
Questions qui restent, jusqu’à ce jour, sans réponses.
Arthur Cornuau fut décoré de la Médaille militaire ainsi que de la Croix de guerre avec une étoile de bronze.
Son nom apparaît sur le Monument aux morts ainsi que sur le Livre d’or des pensions de la commune de Vix (85).

Arthur Louis « Julien » Cornuau naquit le 28 janvier 1897 à Vix en Vendée. Sur son livret matricule n’apparaît pas le nom de son père, seulement la mention « fils de feu Cornuau Marie Louise Augustine » et un peu plus loin la mention « Tuteur ».
En fait, il semblerait, d’après les documents familiaux, que Arthur était sous tutelle de sa grand-mère, femme de fort caractère.

Le cahier de morale et d’instruction civique de Arthur « Julien » Cornuau. A la dernière page de ce cahier, le chapitre sur le Service militaire. Le jeune Arthur ne sait pas encore qu’il fera partie des appelés de la Grande Guerre !

Chapitre 29 : Le service militaire


Arthur, qu’on appelle également « Julien », prénom qui n’apparaît pas à l’Etat-Civil, est, au moment de l’entrée en guerre, un jeune cultivateur vendéen qui semble notamment avoir travaillé également du côté de Saint-Ouen d’Aunis en Charente-Maritime (distant de Vix d’environ 25 km). Il est amoureux de Marie Josèphe Élise RENAUD qui deviendra sa femme en 1916, pendant la guerre. Ils auront deux enfants, Georgette et Julien, qu’Arthur n’aura pas le temps de voir grandir puisqu’il trouvera la mort le 18 avril 1918 dans les combats de la Somme, sept mois avant la fin de la guerre.
Arthur et Marie

A l’entrée en guerre, en 1914, Arthur n’a que 17 ans. L’année suivante, à ses 18 ans, il passe au Conseil de révision et va se retrouver inscrit sous le n°27 de la liste du canton de Maillezais, classé dans la première partie de la liste en 1915, Matricule 151-Fontenay-le-Comte, classe 1917.
Il est décrit ainsi : « Cheveux châtains foncés, yeux marrons clairs, front moyen, nez rectiligne, visage long, mesure 1,72m, degré d’instruction : 3 ».
Il est classé « Bon pour le service armé » en mai 1915. Incorporé au 32ème régiment d’infanterie à compter du 7 janvier 1916 il arrive au Corps le 7 janvier 1916.
Il passera ensuite au 66ème d’infanterie puis au 77ème d’infanterie le 1er avril 1918 soit 17 jours avant sa mort aux combats du bois de Sénécat dans la Somme.
Dans les quelques lettres retrouvées de sa correspondance avec sa femme, entre 1916 et 1918, Arthur parle assez peu de la guerre mais plutôt du temps qu’il fait, des anecdotes avec les copains, de sa santé, (il est malade suite aux vaccinations qu’il reçoit), de ce qu’il mange, en fait Arthur semble surtout préoccupé par son projet de mariage avec Marie. Sous tutelle de sa grand-mère (il n’a que 19 ans), celle-ci refuse de lui donner son accord pour le mariage avec Marie, lui disant qu’il le fera après la guerre, ce qui le met en colère, l’exprimant dans certaines de ses lettres où il dit vouloir rencontrer le maire et le notaire afin de se faire émanciper, également qu’il ne mettra plus les pieds chez sa grand-mère !
Le 30 avril 1916 il écrit à Marie que lors de sa dernière permission il est allé voir son oncle et sa tante de Saint-Jean pour leur demander leur appui afin de là convaincre d’autoriser le mariage, ce en quoi ils sont favorables.
Les choses semblent s’arranger puisque le 31 mai 1916, alors que le bataillon d’Arthur se prépare à rejoindre le front le mariage est évoqué. Le 13 juin également, il semble que les choses se précisent, il évoque l’achat des alliances. Il écrit à Marie « Envoyez-moi la date fixée pour le mariage parce qu’il ne faut pas badiner pour ma permission, afin d’avoir un certificat… »
Il semble que le mariage fut prononcé à l’été 1916.
Carte postale envoyée à Marie où il évoque ses projets de mariage

21 janvier 1916 : Arthur, marqué ici d’une croix, est en garnison de Châtellerault pour ses classes où il retrouve son ami Mirabeau Fallou.

Arthur et Mirabeau

Mirabeau Fallou sera tué le même jour que lui au même endroit. Il est inhumé en la Nécropole de Montdidier dans la Somme. Arthur Cornuau y repose probablement mais n’est pas répertorié dans la liste des soldats inhumés en cette nécropole.
Extraits de ses lettres à Marie dont je n’ai gardé que les passages parlant de sa vie militaire :
« …, nous continuons toujours à faire l’exercice, ils nous font jouer à toute sorte de jeux, à saute-mouton, au barres etc… on nous fait même faire des exercices idiots, tourner la tête à droite, à gauche, en arrière, en avant, mouvements de bras et il y a de quoi se tordre. Maintenant on va toucher des fusils parce que les copains ont été en chercher 240 à la manufacture et nos caporaux nous ont dit que c’était pour nous, alors gare, on va trimer…, les officiers nous ont même dit que si on va au front, ce sera nous qui partirons en premier et au feu ce sera pas la même chose, on sortira les premiers mais il ne faut pas que ça vous épouvante, on n’est pas sûr d’y aller et ce n’est pas à cause que l’on sort le premier que l’on est tué… ! »

6 février 1916, Châtellerault : « …, nous avons touché le fusil vendredi dernier et hier nous avons fait une marche avec et demain on commence à manœuvrer avec. Il est facile à manœuvrer parce qu’il est une fois moins lourd que le fusil Lebel, nous autres on a un nouveau modèle qu’on appelle fusil à chargeur…, on nous a enlevé nos pantalons rouges et nos capotes bleues, on va en toucher des noires… »
17 mai 1916 : « …, je suis classé dans les mitrailleurs, ma foi si on va sur le front je ne serai pas plus en danger que les autres, même les mitrailleurs ne vont pas à la baïonnette… »
Le 4 octobre 1916, ils partent en manœuvres dans l’Oise, direction Amiens puis Chaumont-en-Vexin :
« …, j’arrive de l’exercice…, ce soir on nous a appris à monter des tentes, comme quand on nous apprenait à faire l’exercice les premiers temps qu’on était à Châtellerault… »


Marie lui envoie une photographie de son frère, Henri Renaud, incorporé au 78ème d’infanterie.

Octobre 1916 : il part avec le 32ème d’infanterie rejoindre les troupes combattantes. Dans ses lettres à Marie on comprend que leur petite fille est née très peu de temps après leur mariage (on comprend mieux l’insistance qu’avait Arthur dans ses lettres, à officialiser son union avec Marie !)
18 octobre 1916 : « …, je suis à la gare du Bourget…, j’ai trouvé ce départ plus dur que les autres, j’ai le cafard mais enfin j’espère qu’il va me quitter quand j’aurai retrouvé les copains…, je termine en t’embrassant tendrement, embrasse bien des fois tendrement notre petit ange… »

Il apprend, par une lettre de Marie, la mort à la guerre de l’un de ses bons copains, Théodule Rondeau, de Saint-Ouen d’Aunis. Théodule avait 20 ans : « Sur votre autre lettre j'ai lu la mort de ce pauvre Théodule, ça m'a coupé les bras, c'est malheureux de voir partir une si belle jeunesse comme cela. Maintenant son père est un homme perdu, ce pauvre Théodule, il vaudrait bien mieux qu'il serait prisonnier depuis le début qu'il n'a pu venir chez lui. C'est quand même malheureux, maintenant Saint-Ouen ne sera pas ce qu'il a été... »
Sur cette carte postale que lui envoie Marie en 1917 on aperçoit le contre-torpilleur Bélier. Peut-être quelqu’un de la famille était-il embarqué sur ce navire ?

En 1917 Arthur se rapproche du Front. Il est dans la Marne à Unchair puis au camp de Mailly, enfin son régiment rejoint la Meuse à Reffroy.


Quelques chasseurs dans la rue de l’Église à Reffroy


13 mars 1917 : « … je suis fatigué, nous avons parcouru les champs toute la journée avec les mitrailleuses… »
8 juillet 1917 : il évoque sa petite fille « … j’attends votre photo avec grande impatience, je serai très heureux d’avoir cette belle petite ange avec moi en photo, on est bien forcé de se contenter de la voir comme ça puisqu’on ne peut pas autrement…, Mille baisers à notre petite chérie si mignonne... »
Arthur a envoyé cette carte postale à Marie où l’on voit un soldat et un enfant, il a raturé l’inscription au bas de la carte « A mon petit gars » et l’a remplacée par « A ma petite fille », puis remplacé les « il » par des « elle ».

Le 14 juillet 1917 il écrit : « Je suis de garde contr’avion et je t’assure qu’on a du boulot…, on n’entend pas un obus, c’est calme comme à l’arrière aussi on s’en fait pas…, ici c’est toujours pareil, nous montons en 1ère ligne ce soir, mais comme ils disent, ceux qui y sont c’est aussi tranquille qu’ailleurs. Encore 7 jours à passer là-dedans et peut-être 7 autres encore, ça paraît long quand même, j’en ai marre, enfin là-haut nous ferons pas de corvées, il y aura la garde à prendre à la pièce mais dans des secteurs comme cela ce n’est pas dur…, quand on sera en 1ère ligne enfin, on sera bien forcé d’y rester…, je suis toujours en bonne santé…

22 février 1918 (il lui reste moins de 2 mois à vivre) :
« Ma femme chérie, je viens de recevoir ton aimable lettre avec le colis qui m’ont bien fait plaisir de vous savoir en bonne santé…, aujourd’hui j’ai été en corvée et je t’assure qu’on ne s’est pas fait de bile, nous avons fait au moins 70 km en auto….
Le 1er avril 1918, Arthur, qui jusque là n’a pas été confronté aux combats, passe au 66ème d’infanterie puis est engagé dans la bataille au sein du 77èmed’infanterie. Ce sont les combats de la Somme qui font rage, l’armée allemande qui sent venir son déclin ne veut encore rien lâcher et continue à se battre jusqu’au bout contre les troupes françaises et leurs alliés britanniques.
17 jours plus tard, à 300 mètres de la lisière Est du bois de Sénécat entre Castel et Rouvrel près Moreuil dans la Somme, Arthur Cornuau est tué à l’ennemi. Il laisse une femme et deux enfants, Georgette, âgée de 2 ans et Julien qu’il n’aura pas connu.
La mairie de Vix recevra son avis de décès.

Marie elle, se retrouvera veuve et recevra un beau diplôme d’Hommage à la Nation à la mémoire de CORNUAU Arthur Louis. Leurs deux enfants, deviendront pupilles de la Nation.

19 mai 1919, Georgette et Julien Cornuau « orphelins de guerre »

La fiche Mémoire des Hommes d’Arthur Cornuau

Moreuil dans la Somme, pas très loin de l’endroit où fut tué Arthur.

On ne trouve pas trace d’Arthur dans la base Sépulture de guerre, contrairement à son copain Mirabeau Fallou.
Arthur est-il inhumé en cette nécropole de Mondidier, comme Mirabeau, mais sous la mention « Inconnu » car non-identifié après le ramassage des corps de soldats tués sur le champ de bataille ?
Peut-être son corps gît il encore dans la terre de la Somme comme tant d’autres soldats qui ne furent pas retrouvés.
Questions qui restent, jusqu’à ce jour, sans réponses.
Arthur Cornuau fut décoré de la Médaille militaire ainsi que de la Croix de guerre avec une étoile de bronze.
Son nom apparaît sur le Monument aux morts ainsi que sur le Livre d’or des pensions de la commune de Vix (85).
