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Re: propos du Gal Nivelle
Publié : jeu. mai 26, 2016 12:42 pm
par Uschen
bonjour à tous
Dans un livre allemand, je relève la note "que le général Nivelle annonça que ses fantassins pourront avancer la cigarette en bouche"
Relatif aux préparatifs franco-anglais avant la bataille d'Arras en 17 et l'offensive sur la nouvelle ligne défensive allemande.
On connait les discours de salon du général, mais ceci me choque par sa désinvolture et je cherche une confirmation du propos.
Vos connaissances du personnages me seront bienvenues.
A vous lire.Merci
Re: propos du Gal Nivelle
Publié : jeu. mai 26, 2016 8:10 pm
par b sonneck
Bonjour,
Ce n'était pas forcément de la désinvolture, mais peut-être aussi une excessive confiance dans l'efficacité de la préparation d'artillerie, dont il pensait qu'elle aurait entièrement déblayé le terrain et totalement anéanti les défenses adverses dans le secteur d'attaque.
Les Britanniques avaient entretenu la même illusion lors de l'offensive de la Somme, le 1er juillet 1916, ordonnant à leurs fantassins de progresser en marchant, sans courir.
Les Allemands, de leur côté, croyaient bien vivre le même scénario le 21 février à Verdun et avaient assuré à leur infanterie qu'elle avancerait ce jour là l'arme à la bretelle, en marchant sur des cadavres.
Cela relevait de l'action psychologique à usage interne, pour galvaniser les troupes en leur insufflant une confiance totale dans le succès de l'entreprise. Rien que du très classique.
Cordialement
Bernard
Re: propos du Gal Nivelle
Publié : ven. mai 27, 2016 12:21 pm
par Uschen
merci Bernard
Les Allemands en 15 (au fait c'était qui à l'origine de cette avancée l'arme à la bretelle?)
Les Anglais en 16 à la Somme sans se presser et au son de la cornemuse
Les Français en 17 offensive de Nivelle
Décidément, il y a unanimité pour affirmer que les grands chefs vivent dans un nuage. Aucun d'eux ne tira les conséquences de l' analyse d'un échec.
Ceci ne veut pas dire qu'aux échelons inférieurs l' inexistence d'une vue plus réaliste ne fut faite.
Le pourquoi de ma question:
Je travaille à la traduction d'un texte en français. Je pense qu'il est de mon devoir de traduire l'auteur mais en cas de contradiction historique et autre d'ajouter un commentaire vérifié avec citations des sources.
D'habitude je cherche par moi même mais je suis en retard suite à des pb médicaux et désire boucler le travail sans le bâcler .
Cordialement
Re: propos du Gal Nivelle
Publié : ven. mai 27, 2016 4:17 pm
par air339
Bonjour Uschen,
Si le général Nivelle a prononcé cette phrase, je ne la retrouve pas dans "Les fantassins du chemin des Dames" de R. Nobécourt, "L'offensive du 16 avril" de Pierrefeu, "La bataille de l'Aisne" du lt colonel Rousset, "L'offensive française de 1917" de H. Galli, "Le chemin des Dames" de P. Miquel.
Peut-être à chercher dans les "Carnets secrets" de D. Haig, à propos de la rencontre de janvier 1917 ?
"Avancer la cigarette en bouche" n'est pas correct, il faudrait dire "avancer la cigarette à la bouche" ou encore "la cigarette aux lèvres", ce qui sous-entend une comme une promenade où l'on a le temps de fumer.
Cette métaphore n'a rien de trivial, elle a pu être utilisée pour convaincre facilement un auditoire, mais il faudrait pouvoir le certifier !
Bien cordialement,
Régis
Re: propos du Gal Nivelle
Publié : ven. mai 27, 2016 4:25 pm
par b sonneck
Bonjour,
Pour les Allemands, c'était en 16, à propos de Verdun ; pas en 15. J'ai lu cela il n'y a pas bien longtemps, mais je n'ai pas pris note de celui qui le promettait.
Dire qu'aucun grand chef n'a jamais analysé les raisons de l'échec de ses offensives ni tiré les conséquences est tout à la fois inexact et injuste. Plusieurs exemples.
Dès le 24 août 1914, prenant acte du résultat désastreux des charges inconsidérées à la baïonnette du 22 août, une directive du GQG prescrivait de nouvelles orientations tactiques, plus réalistes. Il faudra du temps pour qu'elle soit intégrée dans les mentalités...
Lors de la première offensive d'Artois et du début de la première offensive de Champagne, les troupes entassées trop près des premières lignes avaient subies des pertes importantes du fait de l'artillerie ennemie. On en tint compte lors de la préparation de la deuxième offensive d'Artois. Résultat : la percée réalisée pour de bon le 9 mai 1915 par la division marocaine dans le secteur du 33e corps d'armée, vers Givenchy, ne put être exploitée, faute de réserves suffisamment proches pour pouvoir intervenir à temps. L'analyse des causes de l'échec conduisit, pour la 3e offensive, et la deuxième bataille de Champagne qui démarrait le même jour, le 25 septembre, à faire marcher les réserves sur les talons des troupes d'attaque. Sans plus de succès, à cause cette fois de l'encombrement et des embouteillages dans les boyaux d'acheminement...
Dans la note du 27 décembre 1915, qui tirait les leçons de l'échec, le GQG (et donc Joffre) écrivait explicitement, je cite : "Devant une infanterie enterrée et protégée par des fils de fer, l'infanterie seule est impuissante... La notion enlever coûte que coûte, enlever à tout prix, est une erreur. Il est faux de croire que si un régiment échoue sur des fils de fer restés intacts, deux régiments obtiendront le résultat recherché".
Cordialement
Bernard
Re: propos du Gal Nivelle
Publié : ven. mai 27, 2016 11:09 pm
par Uschen
bonsoir à tous
Grand merci pour vos réponses et sources.
Oui la phrase "la cigarette en bouche" est du mauvais français, c'est aussi pour cela que je cherche confirmation de la phrase réelle.. A priori je vois mal Nivelle s'exprimer en ces termes. Je vais donc émettre une réserve au texte.
En ce qui concerne les hauts gradés, là aussi une constante apparait. Dans le cas de l'Allemand von Boehm et des Stosstrupps, la leçon des Flandres n'a pas suffit à prévoir suffisamment de troupe et appro. pour suivre l'avancée lors de la 2e bataille de Champagne. Idem lors de la Kaiserschlacht.
Mais je me pose la question; pouvait-il encore le faire compte tenu des moyens nécessaires.?
Pour le QG Français, oui bien sûr et heureusement il y a eut analyse et modifications de tactiques. Il reste toutefois le Chemin des Dames et son lourd tribut. L' analyse approfondie du terrain avec l'expérience acquise du passé aurait dû engendrer une tactique autre.
En dernières pages du livre de D. Richert, ce dernier raconte qu'après sa désertion, il passa chez les gradés Français qui lui montrèrent la maquette du terrain avec les postes de mitrailleuses allemandes. Le Kriegspiel avait donc conquit l'armée française et lors de mon SM en 65, on nous enseignait la réalisation d'une configuration de terrain dans la fameuse caisse à sable. Es-ce encore le cas actuel?
Je dépasse mon niveau d'incompétence et risque de blesser par ignorance, ce qui est nullement recherché.
cordialement