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Re: Mon AGP Bonne année 1916 et 2016

Publié : ven. janv. 01, 2016 7:50 pm
par fred S
Meilleurs vœux à toutes et tous,


Un petit hommage symbolique pour moi, une carte de vœux adressée il ya un siècle, jour pour jour, à mon AGM par mon AGP (conducteur au 52ème RAC 8ème batterie 3ème groupe) , son unité était alors dans le secteur de St Clément, à Domjevin (54) en soutien de la 128e DI.Il ne le sait pas mais il ne lui reste qu'un an à vivre, le 6 janvier 1917 il s'éteindra dans un asile lyonnais.

"Chère petite amie
Tu pourras me trouver suffisamment négligent
avoir attendu jusqu'a ce jour pour t'envoyer cette petite carte mais que veux tu faire
chère amie ici on n'a pas toujours ce qu'il faut pour ca. Car je puis te dire chère amie
que voila plusieurs fois que nous marchons nuit et jours pour faire les transports de bois
pour la division d'infanterie qui marche avec nous. Et puis avec tout ca je t'assure que nous
en avons assez
Chere amie je termine en bonne santé et en souhaitant que ma carte te trouve a toi ta chere
enfant et toute la famille de même

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Extrait de l'historique du 52e RAC:



Si le combat proprement dit n'est pas terrible, la fatigue n'en est pas moins considérable, surtout
pour les pauvres conducteurs qui méritent d'être particulièrement signalés pendant cette période.
Chargés d'exécuter des corvées pour l'infanterie, ils doivent errer jour et nuit dans des terrains
affreusement boueux et fréquemment battus par des tirs de surprise. Le gros travail est le transport
des matériaux jusqu'en première ligne.
Les chevaux n'en peuvent plus ; ils travaillent avec peine dans la glaise collante et sont difficilement
sortis des trous d'obus dans lesquels ils glissent. Tâche ingrate pour les conducteurs que de sauver
ces pauvres animaux. Quand la corvée est finie, hommes et bêtes sont recouverts d'une couche épaisse de boue gluante qui donne aux corvées retour du front une physionomie bien particulière.
Les transports étant fréquents, c'est à peine si entre deux sorties le conducteur peut reprendre figure
humaine, à peine s'il a le temps de décrotter sommairement son attelage.
Jamais de découragement ni de récriminations au milieu de cet océan de boue ; les corvées sont
pénibles et dangereuses, rien n'y fait ; le conducteur bon enfant accepte tout, faisant en maintes
circonstances preuve de courage et d'énergie, bien que personne ne soit là pour l'assister et le
féliciter. Héros obscurs, ces braves conducteurs n'ont vu que très rarement leur abnégation
récompensée. Cette fois-ci, quelques belles citations sont décernées à ceux qui ont fait preuve de
sang-froid et d'héroïsme.

Re: Mon AGP Bonne année 1916 et 2016

Publié : ven. janv. 01, 2016 7:59 pm
par Skellbraz .
bonjour à toutes et tous,
ils étaient adorables ces hommes!
merci à vous fred, pour le partage de ce moment émouvant.
Bien à vous
Brigitte

Re: Mon AGP Bonne année 1916 et 2016

Publié : ven. janv. 01, 2016 8:04 pm
par zabmarcus
Bonjour.
oui merci du partage d'un bout de votre histoire familiale.
A bientôt

Re: Mon AGP Bonne année 1916 et 2016

Publié : sam. janv. 02, 2016 12:24 pm
par fred S
Bonjour,

Lassitude certainement: Parti à la mobilisation générale, il n'a obtenu, semble-t-il, qu'une permission tardive, consécutive,écrit il, à son transfert du 21 au 52e RAC. Aucun tabou pour moi: Un courrier du 26 septembre 1916 de Paul PETIT montre que tout va bien, le suivant en ma possession est daté du 28 octobre: Envoyé d'un hôpital mixte, il nous apprend qu'il était auparavant dans un hôpital de COMMERCY, il écrit:

"Ainsi hier je t'ai ecrit que je m'étais levé pour la première fois hier 27 octobre, aujourd'hui je me suis encore levé je fait cette lettre installé sur ma table de nuit mais maintenant je ne souffre pas presque rien je n'ai plus qu'a me remettre je compte donc sortir du 10 au 15 prochain de l'hopital."


Il sera ensuite dans un hôpital de TOUL, du 6 novembre à au moins la fin du mois. Il écrit:
"Pour la question de sortir je ne puis te fixer aucune date ce matin encore j'ai demande au major s'il pretendait que je serais evacue encore sur un autre hopital il m'a repondu qu il ne pouvait trop m en rendre compte mais qu'il tacherait me prevenir quelques jour avant."

Le courrier suivant, envoyé depuis l'hôpital complémentaire 9 de LYON est du 15 décembre 1916:
"ne te fait pas de bile pour moi en ce moment je passe du meilleur temps que toi il en faut pas que ca t-etonne car en raison du temps passer depuis le debut de la guerre tu peut croire mon cheri que aillant un bon lit nourrit a peut près et entendre tomber l'eau a coté de soit la nuit et le jours c'est deja une bonne chose en raison du temps passé"

Le 3 janvier, il est réformé "2" et le médecin-chef de l'hôpital précité, le Docteur Lucien OLIVIER précise qu'il est atteint d'aliénation mentale et valide son transfert à l'asile d'aliénés de BRON (Le Vinatier) conformément à la demande du médecin A.SALIN faisant mention "d'état de délire hallucinatoire"(service central de psychiatrie XIVe région, hôpital complémentaire 9). Transféré le jour même, il décèdera dans cette institution le 6 janvier à 10h20 à l'âge de 30 ans.

Ni sa fiche matricule, ni son livret militaire (conservé aux archives du Rhône avec d'autres pièces de son dossier du Vinatier ) n'en disent plus. Le service de LIMOGES n'a rien le concernant, reste l'histoire familiale:
Mon AGM parlait de tuberculose (elle l'a eu également, et ma grand-mère en est morte en 1942), on sait que son père a rendu visite à mon AGP à LYON et que celui ci pleurait dans son lit car il était conscient qu'il ne reverrait pas sa femme, sa fille, sa ferme.

Sa fiche MDH NMPLF précise "maladie aggravée en service", probablement relatif à la tuberculose et le "délire aigüe" en est un des symptômes.Tuberculose attrapée en service? Ou pas? Nous ne saurons jamais je pense, même s'il se plaint d'un problème à l'épaule dans un courrier du 6 mai 1916 .Blessure mal guérie? En tout cas on ne meurt pas de "délire aigüe".
J'ajouterai pour mémoire qu'il écrit le 13 juillet 1916 avoir subi une attaque au gaz (à 22h le 10 juillet 1916 avec dissipation du nuage toxique vers 8h le 11 dixit le JMO de la batterie):" je puis te dire qu'il y a deux jours nous etions en pleine nuit a ravitailler nos pieces nous avons été arosé de gaz asphixiants par les boches je t-assure chère amie je n'aurais jamais cru que c'etait aussi mauvais Beaucoup de camarades ont plus souffert que mois encore il y en a qui ont gardé un ettouffement continuel pour ca il y en a même beaucoup qui ont été evacué pour avoir respirer les gazs. Je t-assure chère amie que ca met dans un drole d'etat"

Re: Mon AGP Bonne année 1916 et 2016

Publié : sam. janv. 02, 2016 12:42 pm
par CD9362
Triste histoire !