Forum PAGES 14-18

Bonjour à tous,

Cherchant à reconstituer le parcours militaire de mon arrière-grand-père lors de la grande guerre, je bute sur une période de son parcours.

Voici les éléments à ma disposition :

ROQUIN Charles Anatole, matricule n°1079 au recrutement de Commercy (Meuse).
Dirigé le 16 novembre 1904 sur le 154ème RI, arrivé au corps et soldat de 2ème classe ledit jour.
Caporal le 24 septembre 1905.
Sergent le 21 septembre 1906.
Rengagé pour 13 mois le 20 décembre 1906 à compter du 1er octobre 1907.
Rengagé pour 3 ans le 11 juillet 1908 à compter du 1er novembre 1908.
Rengagé pour 3 ans le 19 octobre 1911 à compter du 1er novembre 1911.
Sergent fourrier le 1er décembre 1911.
Sergent major le 16 décembre 1913.
Passe au 166ème RI du 15 avril 1913.

Charles Anatole commence donc la guerre dans le 166ème RI. Il est blessé au combat de Maucourt (Meuse) le 10 octobre 1914. Le JMO du 166 me fait découvrir par la même occasion qu'il est adjudant. Son retour au régiment a lieu le 7 janvier 1915 d'après sa fiche matricule. Le JMO ne mentionne rien de ce retour.
Jusqu'au mois d'octobre 1915, le 166ème est positionné dans la Woëvre.

C'est à partir d'ici que ça coince : en effet, selon le JO du 22 octobre 1915, il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire et muté au 168ème RI à compter du 20 octobre 1915.

Le JMO du 166ème ne relate rien concernant son départ.
Celui du 168ème à la date du 27 octobre 1915 porte bien la mention du JO mais nulle trace de son arrivée dans les jours qui suivent. Pourtant, le JMO du 168ème parait complet sur ce point car il a le mérite de mentionner l'affectation des officiers arrivants.

Poursuivons un peu. Grâce à la fiche matricule, le Lieutenant ROQUIN est muté au 369ème RI le 6 juin 1916.
En parcourant le JMO du 369ème, on découvre que les nouveaux arrivants proviennent du 368ème RI dissous la veille et dont les effectifs sont répartis entre le 367ème et le 369ème RI.
Je reprends donc le JMO du 368ème RI et constate que mon aïeul est muté au 4ème bataillon du 369ème RI à compter du 6 juin 1916 (il appartenait à la 20ème compagnie 5ème bataillon du 368ème RI).

Une première question se pose : en l'absence de traces dans les JMO correspondants, comment puis-je retracer son parcours entre octobre 1915 et juin 1916 ?

Une information sur sa fiche matricule pourrait servir de piste : il y est mentionné qu'il a participé aux combats du Bois-le-Prêtre de février à juillet 1916.
Tout porte à croire qu'il n'aurait jamais été affecté au 168ème mais directement au 368ème ?
Une autre piste à laquelle je pense : le 168ème RI pourrait avoir été réorganisé; dans ce cas, on peut envisager le détachement complet d'un bataillon appartenant au 168ème qui passerait dans le giron du 368ème.

Comment savoir ce qui s'est passé dans ce laps de temps ?

J'espère avoir été assez complet dans la livraison des informations que je possède à ce jour.
Pour l'instant, j'ai cherché, en vain, la solution à cette énigme. Peut-être que les habitués de ce forum me donneront des pistes complémentaires ou des informations précises.

Cordialement.

Eric

Ce sujet a été déplacé de la catégorie Forum Pages d'Histoire vers la categorie Soldats de la Grande Guerre par Arnaud Carobbi

Bonjour,

Le retour au corps après blessure, le 7 janvier 1915, s'est très probablement effectué au dépôt du 166e, et non pas directement aux armées. Ce qui expliquerait qu'il n'en soit pas fait état dans le JMO, les JMO ne concernant que la partie active du régiment, pas le dépôt.
Les détails relatifs aux campagnes dont il est crédité sont-ils portés sur la fiche matricule ? Si oui, il faudrait nous les communiquer, car là se trouve sans doute la réponse aux questions que vous vous posez.
L'hypothèse que je pense vraisemblable est qu'il a été affecté au 168e alors qu'il se trouvait encore au dépôt du 166e ; qu'il a donc rejoint le dépôt du 168e, commun avec celui du 368e ; et qu'il est reparti aux armées avec un renfort non pas pour le 168e, mais pour le 368e ; ce qui était tout à fait dans les pratiques normales.
La clé est donc dans la date à laquelle il est reparti aux armées.
Cordialement
Bernard

Merci Bernard pour vos explications.
Cependant, mon aïeul avait déjà réintégré son régiment lorsque le JO l'a promu sous-lieutenant (JO du 22 octobre 1915, retour au régiment le 7 janvier 1915).
Donc, votre hypothèse ne semble pas correspondre à son cas.

Je vous communique les détails des campagnes figurant sur sa fiche matricule :

aux armées du 02.08.1914 au 09.10.1914
blessé du 10.10.1914 au 06.01.1915
aux armées du 07.01.1915 au 23.10.1917
intoxiqué du 24.10.1917 au 05.01.1918
aux armées du 06.01.1918 au 19.05.1918
intoxiqué du 15.05.1918 au 29.06.1918
aux armées du 30.06.1918 au 11.11.1918


Cordialement

Eric

Bonjour Eric.

Un détail : il est dit "aux armées" dès le 2 août 1914, premier jour de la mobilisation. Cela est dû au fait que le dépôt du 166e RI, régiment d'active affecté au 2e secteur de défense de Verdun, était dans la zone des armées.
Je sais par ailleurs que le dépôt commun des 166e et 366e RI n'a quitté Verdun qu'en février 1916, au déclenchement de l'offensive allemande. Je le sais pour la simple raison que ce dépôt est venu s'installer à Château-Gontier, en Mayenne.
Donc, être "aux armées" le jour du retour au corps ne prouve pas de façon absolue qu'il est arrivé ce jour au 166e plutôt qu'au dépôt ; ou au 366e.
Le 166e et le 366e faisaient, à cette époque, tous les deux partie de la division de marche de Verdun (division de Morlaincourt, devenue 132e DI le 1er juillet 1915). On pouvait donc passer sans autre forme de procès du dépôt à l'un des deux régiments, voire d'un régiment à l'autre, tout en restant "aux armées".
Il sera donc très difficile de savoir où il s'est exactement trouvé entre le 7 janvier 1915 et le 6 juin 1916, date à laquelle vous savez qu'il est passé du 368e au 369e ; il y a deux incertitudes successives :
- du 7 janvier au 27 octobre 1915 : 166e ou 366e RI ?
- du 27 octobre 1915 au 6 juin 1916 : 168e ou 368e RI ?
Mais cela n'a rien de surprenant ; de façon générale, il est souvent très difficile de déterminer si un soldat était au régiment d'active ou à son homologue de réserve.
Cordialement
Bernard

Merci Bernard.

Je ne connaissais pas cette possibilité de "basculer" d'un régiment d'active à son homologue de réserve.
Je m'en vais aller jeter un oeil sur les JMO du 366e RI au cas où.

Pour le 168e et le 368e RI, j'ai déjà parcouru les JMO et pas moyen de savoir à quel moment il serait passé de l'un à l'autre, ceci dans l'hypothèse où il aurait intégré le 168e RI comme stipulé dans le JO.

Cordialement.
Eric

re,

Ce que j'ai écrit relativement au passage du régiment d'active au régiment de réserve ne vaut que pour le couple 166-366, ou pour les binômes, 164-364 et 165-365, car tous ces régiments faisaient partie de la même division (division de marche de Verdun) et, de plus, étaient employés à proximité immédiate de leur dépôt. La double proximité, des deux régiments entre eux et avec leur dépôt, facilitait certainement les ajustements d'effectifs par transfert de l'un à l'autre.
Sorti de ces régiments là, j'avoue mon ignorance et je me garderai bien d'affirmer quoi que ce soit. Dans le cas général, régiment d'active et régiment de réserve appartenaient à des grandes unités différentes et le passage de l'un à l'autre se faisait après transit au dépôt, au gré des besoins en renforts exprimés par l'un ou l'autre des deux régiments alimentés par le dépôt.
Cordialement
Bernard

Pour compléter vos propos, le couple 168-368 a été séparé assez vite.
C'est comme cela que j'avais remarqué quelque chose qui clochait dans la fiche matricule de mon aïeul : le 168e RI où il était censé avoir été muté en octobre 1915 n'était pas présent au Bois-le-Prêtre de février à juillet 1916, alors que la fiche matricule de mon agp mentionnait cette campagne. Avec ces infos, j'ai en principe la confirmation qu'il devait être présent au 368e RI au moins à partir de février 1916 jusqu'à la dissolution du 368.

Cordialement.
Eric

Je viens de finir de parcourir les JMO du 366e RI jusqu'à octobre 1915.
Plusieurs mentions de militaires promus y figurent, mon agp n'y est pas. Cela conforterait le JO qui mentionnait qu'il appartenait au 166e RI.

En revanche, rien sur un éventuel retour de sa part au 366e après sa blessure contractée en octobre 1914 et retour aux armées en janvier 1915.

Je reste persuadé qu'il a certainement dû réintégrer son régiment d'origine, le 166e RI.


Autre question :
étant donné que mon aïeul était militaire de carrière, j'ai pensé à consulter les inventaires en ligne du SHD de Vincennes afin de savoir si son dossier est archivé.
Autre problème : bien qu'ayant fait valoir ses droits à retraite en 1936, avec une date de radiation des cadres le 14.12.1936, son nom n'apparait pas dans la sous-série 6Ye, série des dossiers des officiers ayant quitté le service entre 1926 et 1940.
Ayant été démobilisé en 1939, on peut supposer que son dossier n'a pas été classé dans la sous-série 6Ye mais peut-être dans la suivante, la 8Ye (1941-1969)
L'inventaire en ligne après 1940 n'étant pas disponible, je ne suis pas en mesure de savoir si son dossier militaire est bien archivé à Vincennes.
Existe-t-il un moyen d'accéder à cet inventaire autrement qu'en se déplaçant à Vincennes ?

Cordialement.
Eric

re,

Pour la série 8Ye, non hélas. L'inventaire se présente sous la forme d'un tableau Excel, consultable uniquement sur place, sur une des consoles de la salle des inventaires. C'était du moins le cas la dernière fois que je m'y suis rendu, ce qui remonte maintenant à un an.
Cordialement
Bernard